Yellen plaide pour un dialogue «direct» entre Washington et Pékin

La secrétaire au Trésor américain Janet Yellen serre la main du vice-Premier ministre chinois He Lifeng lors d'une réunion à la Maison d'hôtes d'État Diaoyutai à Pékin, le 8 juillet 2023. (Photo Pedro Pardo / Pool / AFP)
La secrétaire au Trésor américain Janet Yellen serre la main du vice-Premier ministre chinois He Lifeng lors d'une réunion à la Maison d'hôtes d'État Diaoyutai à Pékin, le 8 juillet 2023. (Photo Pedro Pardo / Pool / AFP)
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Publié le Samedi 08 juillet 2023

Yellen plaide pour un dialogue «direct» entre Washington et Pékin

  • Cette visite de quatre jours, quelques semaines après celle du secrétaire d'Etat Antony Blinken, marque la volonté de l'administration Biden de stabiliser les relations tendues entre les deux premières puissances mondiales
  • La rencontre de cinq heures de Janet Yellen et He Lifeng a été suivie d'un dîner. Vendredi, Mme Yellen s'est également entretenue avec le secrétaire du parti de la Banque centrale de Chine, Pan Gongsheng, a annoncé le Trésor américain

PÉKIN: Les Etats-Unis et la Chine doivent se parler "directement" en cas d'inquiétudes sur des pratiques économiques et collaborer face au changement climatique, a plaidé samedi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, au deuxième jour de sa visite à Pékin.

Cette visite de quatre jours, quelques semaines après celle du secrétaire d'Etat Antony Blinken, marque la volonté de l'administration Biden de stabiliser les relations tendues entre les deux premières puissances mondiales.

"Quand nous avons des inquiétudes concernant des pratiques économiques spécifiques, nous devons les communiquer directement et nous le ferons", a déclaré Mme Yellen lors d'une rencontre avec le vice-Premier ministre He Lifeng, en charge des dossiers économiques.

Et "le fait que, malgré les récentes tensions, nous ayons atteint un niveau record d'échanges commerciaux en 2022 suggère qu'il y a largement la place pour que nos entreprises s'engagent en matière de commerce et investissement", a ajouté la secrétaire au Trésor à Diaoyutai, la villa d'Etat du gouvernement chinois à Pékin.

La rencontre entre les présidents Xi Jinping et Joe Biden à Bali en novembre dernier avait permis de nouer "des consensus importants", a rappelé de son côté le vice-Premier ministre chinois, mais "malheureusement, en raison d'incidents imprévus comme celui du dirigeable, il y a eu quelques problèmes dans la mise en œuvre du consensus atteint par les deux chefs d'État".

Un ballon chinois qui survolait les Etats-Unis avait été abattu en début d'année par Washington, qui l'accusait d'espionnage. L'épisode avait provoqué le report à la dernière minute de la visite d'Antony Blinken à Pékin.

Mais après la visite de Mme Yellen cette semaine et sa rencontre vendredi avec le Premier ministre Li Qiang, He Lifeng a assuré que la Chine allait "mettre sérieusement en œuvre le consensus auquel vous êtes parvenue avec le premier ministre Li Qiang et le traduire en actions concrètes".

La rencontre de cinq heures de Janet Yellen et He Lifeng a été suivie d'un dîner.

Vendredi, Mme Yellen s'est également entretenue avec le secrétaire du parti de la Banque centrale de Chine, Pan Gongsheng, a annoncé le Trésor américain.

Signes d'accalmie 

Plus tôt dans la journée, Mme Yellen avait mis l'accent sur la lutte contre le changement climatique, un domaine-clé de coopération pour Washington, malgré des relations bilatérales tendues.

"Comme nous sommes les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre au monde et les plus grands investisseurs en énergies renouvelables, nous avons à la fois la responsabilité commune - et la capacité - de montrer la voie", a déclaré Mme Yellen, qui effectue son premier déplacement à Pékin depuis sa prise de fonction en 2021.

Qualifiant le changement climatique de "menace existentielle", elle a estimé que "la coopération entre les Etats-Unis et la Chine sur le financement contre le changement climatique est essentielle".

La Chine avait suspendu les discussions sur le climat l'été dernier en protestation contre le déplacement à Taïwan de l'ancienne présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi.

Mais des signes d'accalmie apparaissent désormais: vendredi, un responsable du département d'Etat a indiqué que l'envoyé spécial américain pour le climat, John Kerry, se rendrait en Chine prochainement afin d'y discuter des possibilités de coopération avec Pékin dans la lutte contre le changement climatique.

Plus largement, Mme Yellen a joué l'apaisement vendredi, appelant notamment Pékin et Washington à joindre leurs efforts sur des défis mondiaux comme l'endettement.

Cette rencontre a certainement "donné le ton" du reste de sa visite, note Lyu Xiang, expert de l'Académie chinoise des sciences sociales.

«Liens solides»

Samedi, la secrétaire américaine au Trésor a également partagé un déjeuner avec des femmes économistes, à qui elle a affirmé que les relations entre les États-Unis et la Chine étaient "enracinées dans les liens solides" unissant les deux peuples.

"Il est important que nous continuions à nourrir et approfondir ces liens", surtout au moment où la Chine rouvre son économie après la pandémie, a-t-elle déclaré, soulignant que les États-Unis pouvaient avoir des divergences avec le gouvernement chinois, mais pas avec son peuple.

La question est de savoir si "les sujets qui font partie des défis mondiaux", comme le surendettement et la coopération sur le climat, seront placés en tête des priorités, s'interroge Lindsay Gorman, du cercle de réflexion américain German Marshall Fund.

Vendredi, Janet Yellen avait également rencontré des responsables d'entreprises américaines présentes en Chine. Ces derniers lui ont fait part de leurs inquiétudes dans un climat d'affaires de plus en plus incertain, sur fond de tensions géopolitiques entre les deux grandes puissances.

"Tout ce qui peut contribuer à améliorer les relations entre les Etats-Unis et la Chine, premièrement, aidera les entreprises ici, le climat pour les investissements, et deuxièmement, nous donnera plus d'occasions de coopérer", a déclaré à l'AFP Michael Hart, président de la Chambre de commerce américaine en Chine.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.