Instant jazz à la prison de Saint-Quentin-Fallavier

Un détenu joue de la caisse claire avec des musiciens professionnels lors d'un concert de jazz organisé à la prison de Saint-Quentin-Fallavier, dans l'est de la France, le 5 juillet 2023. (Photo Olivier Chassignole / AFP)
Un détenu joue de la caisse claire avec des musiciens professionnels lors d'un concert de jazz organisé à la prison de Saint-Quentin-Fallavier, dans l'est de la France, le 5 juillet 2023. (Photo Olivier Chassignole / AFP)
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Publié le Dimanche 09 juillet 2023

Instant jazz à la prison de Saint-Quentin-Fallavier

  • Les musiciens du collectif lyonnais «Skokiaan Brass Band» n'avaient jamais travaillé en milieu carcéral
  • A mi-parcours de ses quatre ans de détention, un quadragénaire a vécu les sessions jazz comme des «petites apostrophes positives»

SAINT-QUENTIN-FALLAVIER, France : Concentrés, Franck, Seb, Nino, Philippe, Abdelkader, François, Christophe et Jean se lancent, cuivres et percussions, dans un vieux tube de jazz New Orleans. Seuls les cordons rouges des badges «visiteurs» différencient les musiciens professionnels des détenus de Saint-Quentin-Fallavier (Isère).

«Ils poussent bien la chansonnette», apprécie un spectateur, T. Shirt blanc et lunettes noires, sur l'un des bancs installés dans le gymnase du centre pénitentiaire pour le concert de restitution de l'atelier piloté par le festival «Jazz à Vienne».

Nino, un des trois saxophonistes, est la star du jour. Ce détenu de 39 ans, qui n'avait jamais touché un instrument avant cet atelier musical, a composé «Riding my jail» -»chevaucher ma prison» - le troisième titre du court programme.

«Ca fait sept ans que je suis en prison, c'était l’occasion ou jamais d'apprendre à jouer... Le résultat qu'on a eu en 8 séances, c'est énorme!», dit cet amateur de funk. Il s'est mis à composer «comme ça», dans sa cellule, avec, pour la transcription, l'aide d'un co-détenu qui «connaît les notes».

«Franchement Nino, tu as assuré, ton solo était trop bien, ta compo était parfaite», lui lance Franck, le trompettiste. A mi-parcours de ses quatre ans de détention, ce quadragénaire a vécu les sessions jazz comme des «petites apostrophes positives».

François Rigaldies, un des trois musiciens envoyés par «Jazz à Vienne», reconnaît lui-même que Nino est «assez exceptionnel», même si «le saxophone est un instrument dont on peut jouer assez rapidement, contrairement à la trompette ou au trombone».

«C'est une chance énorme d'avoir accès à tout ça en centre de détention, de voir des gens de dehors (...) c'est une bulle qui fait sortir du contexte carcéral», insiste Nino qui a suivi l'atelier avec cinq autres détenus.

«Il n'y a pas beaucoup d'activités», l'instant jazz au gymnase «ça nous permet de nous évader un peu», abonde David, un quinquagénaire aux cheveux ras, parmi la trentaine de détenus admis à la restitution.

Présent au concert, le directeur du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) de l'Isère, Rachid Sdiri, reconnaît volontiers qu'avec 550 détenus et un taux d'occupation de 187% en maison d'arrêt, la surpopulation «crée des tensions» et «grève l'accès au travail, à la formation et aux activités culturelles». Il a trouvé le brassband «formidable» et se félicite de l'initiative des organisateurs du festival de Vienne.

- «Professionnels de l'ennui» -

«C'était stylé», abonde Badir, 39 ans, très content d'avoir eu la permission d'assister au concert. «Quand ils voient que vous êtes tranquilles, ils vous prennent directement, c'est pour ça qu'on est là», dit-il sous les rires.

«Plus d'activités en prison, ça ferait du bien (...), on est devenu des professionnels de l'ennui», insiste Nino. Ca l'énerve que certains «pensent que c'est un privilège de jouer de la musique ou de faire de la boxe: si la prison était aussi facile, il n'y aurait pas cette explosion du nombre de gens qui se suicident».

Les musiciens du collectif lyonnais «Skokiaan Brass Band» n'avaient jamais travaillé en milieu carcéral. «Quand on nous l'a proposé, on ne savait pas ce qu'on allait faire, où on allait mettre les pieds», explique François Rigaldiès.

Mais «la musique est un super moyen pour communiquer (...), il y beaucoup de moments de parole sur ce qu'on fait ici ou dehors», dit-il, en expliquant que l'expérience a «déconstruit (son) image de la prison».

Son collègue Christophe Durand a pour sa part apprécié «l'énergie forte» des répétitions, «pour les détenus, c'est une vraie bouffée d'oxygène, une fenêtre sur l'extérieur».

«C'est un temps d'échange, de partage… On se trouve sur un point musical commun alors qu'on a des avis divergents sur ce qu'on écoute», souligne Franck qui avait appris la trompette dans sa jeunesse mais tout arrêté depuis vingt ans. Exceptionnellement autorisé à garder son instrument en cellule pour l'atelier, il aimerait continuer mais «en maison d'arrêt c'est impossible».

Nino, lui, est reparti au centre de détention avec la promesse qu'il pourra jouer du saxo dans sa cellule.

La musique adoucit les moeurs» et «rien ne s'oppose à ce qu'un détenu garde un instrument (...) mais il faut des garanties sécuritaires», selon le directeur départemental.

 

 


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
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  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
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  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com