Anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960, une date décisive pour l’indépendance du pays

Les manifestations se sont déroulées le 9 décembre à quelques jours de la date à laquelle l'Assemblée Générale de l'ONU devait étudier la question algérienne. (Photo fournie)
Les manifestations se sont déroulées le 9 décembre à quelques jours de la date à laquelle l'Assemblée Générale de l'ONU devait étudier la question algérienne. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 11 décembre 2020

Anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960, une date décisive pour l’indépendance du pays

  • «Le peuple algérien a su démontrer à l’opinion internationale et aux institutions comme l’Organisation des Nations unies son adhésion et son soutien au projet de l’autodétermination»
  • «Nos ainés se sont soulevés pour reprendre leur destin en main, pour en finir avec la soumission, l’arbitraire et l’injustice du colonialisme qui a duré trop longtemps»

PARIS: Les manifestations du 11 décembre 1960 représentent une date historique et un tournant majeur dans la revendication du peuple algérien pour l’indépendance du pays. Il y a soixante ans, à la même date, et pendant trois semaines consécutives, l’Algérie, sous colonisation française, a connu un soulèvement populaire général. Une révolte qui a anéanti les projets et les espoirs de tous ceux qui souhaitaient maintenir le pays sous le joug du colonialisme. 

«Les manifestations populaires du 11 décembre qui ont éclaté dans plusieurs villes d’Algérie ont contraint la France coloniale et les Nations unies à reconnaître le droit à l’autodétermination du peuple algérien, lui permettant ainsi d’arracher l’indépendance en 1962», confirme Mathieu Rigouste, un sociologue et chercheur indépendant français dans un entretien accordé à l’Agence presse service (APS). 

Le sociologue explique que les manifestations du 11 décembre 1960 ont mis à terre «le projet de putsch militaire de l’extrême droite-droite coloniale», car, selon le chercheur, le peuple algérien a su démontrer à l’opinion internationale et aux institutions comme l’Organisation des Nations unies son adhésion et son soutien au projet de l’autodétermination. En effet, ces événements se sont déroulés à quelques jours du 19 décembre 1960, date à laquelle l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies devait étudier la question algérienne.

Pour rappel, le 19 décembre, l’Assemblée générale des Nations unies vote la résolution 1573 (XV) reconnaissant au peuple algérien son droit à la libre détermination et à l’indépendance. 

Un peuple déterminé qui aspire à la liberté

Mathieu Rigouste explique que, après «la bataille d’Alger» en 1957, la France pensait avoir «anéanti toute opposition en Algérie», cependant, le 22 décembre 1960, le peuple décide de démontrer le contraire. Des femmes, des hommes et des enfants venus par milliers des quartiers populaires et des bidonvilles défilent dans les quartiers du centre des villes, généralement occupés par les coloniaux. Malgré la répression, la population algérienne maintient ses manifestations durant plusieurs semaines. 

«Le peuple s’est approprié les espaces qui lui étaient interdits par les colons. Nos ainés se sont soulevés pour reprendre leur destin en main, pour en finir avec la soumission, l’arbitraire et l’injustice du colonialisme qui a duré trop longtemps», nous confie Mohammed, un Franco-Algérien qui a vécu ces événements étant enfant. 

«On affronte les Européens, mais on chante et on danse, aussi. En reprenant les rues à l’occupant, on se réapproprie les villes, c’est une manière de commencer à faire exister concrètement l’indépendance en libérant aussi son corps. C’est une insurrection des muscles et des nerfs jusque-là contraints par la domination coloniale telle que la décrit Frantz Fanon dans Les Damnés de la terre», écrit Mathieu Rigouste. 

En effet, selon le sociologue «les troupes de l’armée ont été déployées, et, avec l’accord des autorités politiques, elles ont tiré et tué, raflé et torturé». De leur côté, les autorités publiques ont reconnu officiellement «120 morts, dont 112 Algériens, et des centaines de blessés», explique-t-il. 

Un projet colonial de troisième voie anéanti

Le sociologue français rappelle que ces manifestations se sont déroulées alors que le général de Gaulle effectuait une visite, du 9 au 12 décembre 1960, pour «promouvoir son projet colonial de la troisième voie», un projet «calqué sur les modèles imposés dans les anciennes colonies françaises», explique Mathieu Rigouste, qui «consistait à placer au pouvoir une classe dirigeante inféodée à l’État français et chargée de mettre en œuvre une nouvelle forme de vassalisation économique». 

«Après les soulèvements, l’étau militaire est desserré dans les montagnes. Charles de Gaulle ordonne l’arrêt des exécutions, abandonne le projet de troisième voie et doit se résoudre à négocier avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA)», raconte le chercheur. 

«Un seul héros, le peuple», un travail de recherche de sept ans 

Mathieu Rigouste a mené une longue enquête de sept ans sur cet événement historique. 

Résultat des recherches: un livre, un site, unseulheroslepeuple.org, et un film portant le même titre, Un seul héros le peuple.

À l’occasion de la célébration de la date anniversaire, le film est disponible en accès libre du 10 au 15 décembre 2020 sur le site unseulherolepeuple.org. 

Le chercheur ajoute que cette histoire est méconnue. Hormis la publication de la revue algérienne Naqd, en 2010, à l’occasion du 50e anniversaire, il n’existe aucune enquête socio-historique sur cet événement majeur de l’histoire du pays. Selon Mathieu Rigouste, côté français c’est aussi le statu quo, ces événements ne sont pas reconnus dans l’histoire officielle. 

«Dans la mémoire algérienne, cette histoire est transmise et racontée, car elle représente un symbole fort, le symbole d’un peuple qui a entièrement et totalement épousé la cause», explique Malika, une Franco-Algérienne passionnée par l’histoire commune de l’Algérie et de la France, ses deux pays, qui souhaite que le travail de mémoire entre les deux pays soit mis œuvre au plus vite. «Soixante ans après, il est plus qu’urgent de faire ce travail ensemble, car, encore aujourd’hui, nos destins sont liés, et nos histoires méconnues», ajoute-t-elle. 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.