La volte-face d'Erdogan sur l'OTAN: Qu'est-ce que le président turc a à gagner?

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, salue le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors du sommet de l'OTAN à Vilnius, en Lituanie, mardi 11 juillet 2023 (Photo, AP).
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, salue le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors du sommet de l'OTAN à Vilnius, en Lituanie, mardi 11 juillet 2023 (Photo, AP).
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Publié le Mardi 11 juillet 2023

La volte-face d'Erdogan sur l'OTAN: Qu'est-ce que le président turc a à gagner?

  • Erdogan a précédemment conditionné la candidature de la Suède à l'OTAN à l'acceptation par l'UE de la Turquie, candidate à l'adhésion à l'Union depuis 1999
  • La relance des relations de la Turquie avec les États-Unis et l'Europe renforcera l'économie turque, en l'aidant à attirer des investissements étrangers et à soutenir les réserves de la banque centrale

ANKARA: Dans un geste important avant le sommet historique de l'OTAN à Vilnius, la Turquie a lâché du lest par rapport à la candidature d'adhésion de la Suède, soulevant des questions sur les concessions obtenues en retour par Ankara et sur la manière dont son rôle au sein de l'Alliance évoluera à la suite de cette décision cruciale.

Avant cette décision, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a tenu une réunion avec le chef du Conseil de l'Union européenne (UE), Charles Michel, au cours de laquelle les deux hommes ont exploré les possibilités de relancer la coopération entre la Turquie et l'UE et de redynamiser leurs liens.

Erdogan avait précédemment conditionné la candidature de la Suède à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à l'acceptation par l'UE de la Turquie, candidate à l'adhésion à l'Union depuis 1999, dont les négociations d'adhésion sont gelées depuis 2018. La Turquie souligne également l'importance d'assouplir les règles en matière de visas et de mettre à jour les accords d'union douanière.

La relance des relations avec les États-Unis et l'Europe renforcera également l'économie turque, en l'aidant à attirer des investissements étrangers et à soutenir les réserves de la banque centrale.

Ryan Bohl, analyste principal pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord au sein du réseau RANE, a déclaré que la Turquie bénéficiait désormais du soutien total de Stockholm pour ses aspirations à l'adhésion à l'UE.

«Bien qu'il n'y ait pas eu de percée en termes de reprise des négociations avec la Turquie, Stockholm a promis de soutenir les efforts turcs en ce sens. Il semble également qu'Erdogan ait décroché la promesse de renforcer les liens économiques entre la Turquie et la Suède», a-t-il déclaré à Arab News.

EN BREF

Erdogan avait précédemment conditionné la candidature de la Suède à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à l'acceptation par l'UE de la Turquie, candidate à l'adhésion à l'Union depuis 1999, dont les négociations d'adhésion sont gelées depuis 2018. La Turquie souligne également l'importance d'assouplir les règles en matière de visas et de mettre à jour les accords d'union douanière.

En préparation du sommet de l'OTAN, les responsables américains ont mené une diplomatie intensive, organisant plusieurs réunions avec leurs homologues turcs. Avant leur rencontre avec Erdogan mardi soir, le président américain, Joe Biden a exprimé sa volonté de collaborer avec la Turquie pour renforcer la défense et la dissuasion dans la zone euro-atlantique.

L'une des principales priorités d'Ankara est la modernisation de sa flotte de F-16, qu’Erdogan a demandée en octobre 2021 avec l'accord de 6 milliards de dollars qui couvre la vente de 40 avions à réaction ainsi que des kits de modernisation pour 79 avions de guerre turcs.

Selon Bohl, la récente décision de la Turquie sera bien accueillie à Washington et augmentera la probabilité que la Maison Blanche transmette au Congrès le projet de loi relatif à la vente de F-16.

«Des obstacles subsisteront en raison des préoccupations de certains membres du Congrès concernant le respect des droits de l'homme par la Turquie, mais la Maison Blanche usera probablement de son influence pour les surmonter à temps», a-t-il ajouté.

Lundi, le président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, Bob Menendez, a révélé que les discussions entre la Turquie et l'administration Biden concernant la suspension de la vente potentielle de F-16 à Ankara étaient en cours, indiquant qu'une décision pourrait être prise la semaine prochaine.

La Maison Blanche donne également des signaux positifs à ce sujet, Biden étant «clair et sans équivoque» sur l'envoi de F-16 à la Turquie, a déclaré mardi le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, lors d'une conférence de presse à Vilnius.
«Il en va de notre intérêt national et de l'intérêt de l'OTAN que la Turquie obtienne cette capacité», a-t-il ajouté.

Lors d'une conversation avec Fareed Zakaria, de la chaîne CNN, Biden a indiqué qu'il travaillait sur un accord avec la Turquie et la Grèce pour renforcer les capacités de défense de l'OTAN tout en facilitant l'entrée de la Suède dans l'Alliance.

La Turquie présentera bientôt le protocole d'adhésion de la Suède au parlement turc, qui votera ensuite son approbation. Toutefois, aucun calendrier précis n'a été annoncé pour l'adhésion immédiate de la Suède, et le parlement turc, qui est principalement contrôlé par une coalition dirigée par le parti d'Erdogan, sera bientôt en vacances.

La Turquie accuse depuis longtemps la Suède de permettre au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Turquie, d'opérer et de collecter des fonds, tout en critiquant Stockholm pour les récentes manifestations islamophobes, notamment l’autodafé du Coran.

Malgré ces difficultés, les deux pays ont collaboré étroitement pour répondre aux préoccupations de la Turquie en matière de sécurité. La Suède a récemment modifié sa constitution, renforcé ses lois antiterroristes et repris ses exportations d'armes vers la Turquie. La Suède a également coopéré avec les responsables sécuritaires turcs pour traquer les activités terroristes.

Emre Caliskan, chercheur au Foreign Policy Centre, basé au Royaume-Uni, estime qu'il s'agit d'un exemple typique du leadership d'Erdogan, pour qui le processus est toujours plus important que le résultat.

«Son objectif est de montrer que la Turquie est un élément indispensable du système occidental, mais en même temps de clarifier qu’il ne se soumettra pas. Ce faisant, il a forcé les dirigeants occidentaux, qui refusaient de le rencontrer auparavant, à l'appeler une fois par semaine», a déclaré Caliskan.

En outre, la Turquie et la Suède ont convenu d'établir un nouveau pacte de sécurité bilatéral, et Stockholm a présenté une feuille de route pour ses efforts de lutte contre le terrorisme. L'OTAN nommera également un coordinateur spécial pour la lutte contre le terrorisme au sein de l'Alliance.

Selon Bohl, si les efforts de la Turquie pour mettre fin aux boycotts de défense des nouveaux membres de l'OTAN que sont la Finlande et la Suède peuvent renforcer la cohésion au sein de l'Alliance, il est probable que la Turquie maintiendra ses propres relations de travail avec la Russie, ce qui pourrait faire d'Ankara un cas isolé de l'OTAN dans sa confrontation avec Moscou.

Après la victoire d'Erdogan aux élections présidentielles de mai, la décision de ne pas faire obstacle à l'adhésion de la Suède pourrait susciter un optimisme politique et économique important, renforçant sa position dans le contexte de la dépréciation actuelle de la livre turque.

Paul T. Levin, directeur de l'Institut d'études turques de l'université de Stockholm, ne pense pas qu'Ankara puisse tirer parti de l'adhésion de la Suède à l'OTAN pour forcer l'UE à ouvrir des négociations d'adhésion ou pour pousser à la modernisation de l'union douanière et à la libéralisation des visas.

«Par exemple, Ankara n'a pas rempli un certain nombre de critères pour la libéralisation des visas, dont des amendements à sa loi sur le terrorisme. Mais je m'attends à ce que l'accord sur les F-16 soit conclu. Les promesses américaines de renforcer la coopération en matière de défense étaient la condition préalable pour qu'Ankara dise oui à l'adhésion de la Suède», a-t-il précisé à Arab News.

Selon Levin, le pacte de sécurité bilatéral est un moyen pour Ankara et le public turc de se sentir un peu plus détendus face au travail continu de la Suède en matière de lutte contre le terrorisme, après qu'Ankara a levé son veto.

«D'après les conversations que j'ai eues avec les responsables suédois, ils sont déterminés à se montrer durs envers le PKK en particulier et ils ne reviendront pas sur leur lutte contre le terrorisme», a-t-il poursuivi.

Pour Levin, la saga de l'adhésion de la Suède a permis à Erdogan de se positionner au centre des affaires liées à l'élargissement de l'OTAN.

«Mais il s'agit d'une victoire à court terme. À long terme, Erdogan a nui à la position de la Turquie au sein de l'Alliance en apparaissant comme un fauteur de troubles. C'est une arme à double tranchant», a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Un homme inculpé du meurtre de Mohammed Al-Qasim, 20 ans, à Cambridge

Les agents qui ont répondu à des rapports de violence dans le quartier Mill Park de la ville peu avant minuit vendredi ont trouvé Mohammed Al-Qasim (photo), âgé de 20 ans, grièvement blessé. Il est décédé sur place peu après. (Document de la police du Cambridgeshire)
Les agents qui ont répondu à des rapports de violence dans le quartier Mill Park de la ville peu avant minuit vendredi ont trouvé Mohammed Al-Qasim (photo), âgé de 20 ans, grièvement blessé. Il est décédé sur place peu après. (Document de la police du Cambridgeshire)
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  • Un homme a été inculpé de meurtre lundi en relation avec la mort vendredi de Mohammed Al-Qasim, 20 ans, dans la ville anglaise de Cambridge
  • La police considère l'attaque contre le citoyen saoudien, qui effectuait un stage de 10 semaines dans une école de langues de la ville, comme une "attaque non provoquée"

LONDRES : L'ambassade saoudienne à Londres a déclaré lundi qu'elle se coordonnait avec les autorités britanniques pour découvrir toutes les circonstances d'un incident survenu dans la ville anglaise de Cambridge, au cours duquel un citoyen saoudien a été mortellement poignardé.

Des agents ayant répondu à des rapports de violence dans le quartier Mill Park de la ville peu avant minuit vendredi ont trouvé Mohammed Al-Qasim, âgé de 20 ans, grièvement blessé. Il est décédé sur place peu après.

Une autopsie doit être pratiquée mardi.

Chas Corrigan, 21 ans, originaire de Cambridge, a été inculpé de meurtre et de possession d'un couteau dans un lieu public et a comparu lundi devant le tribunal de première instance de Peterborough, a indiqué la police du Cambridgeshire.

Il a été placé en détention provisoire jusqu'à une audience à la Cambridge Crown Court mercredi.

Un homme de 50 ans, également originaire de la ville, qui a été arrêté parce qu'il était soupçonné d'avoir aidé un délinquant, est toujours en détention, a ajouté la police.

L'incident est traité comme une "attaque non provoquée", a également déclaré la police lundi. Al-Qasim étudiait dans une école de langues de la ville dans le cadre d'un stage de 10 semaines, ont-ils ajouté.

L'ambassade saoudienne a déclaré qu'elle suivait l'affaire de l'agression d'un citoyen saoudien qui a entraîné sa mort, et qu'elle restait en contact avec les agences britanniques pour découvrir toutes les circonstances de l'incident et faciliter le rapatriement du corps de la victime en Arabie saoudite.

"L'ambassade et l'ensemble de son personnel présentent leurs sincères condoléances et leur sympathie à la famille du défunt", ajoute le communiqué.

Dans un communiqué, la famille d'Al-Qasim a déclaré qu'il s'agissait d'un "jeune homme débordant d'enthousiasme, de chevalerie et de courage".

La famille a poursuivi : "Il était un fils dévoué, un frère aimant et le chef de la famille en esprit et non en apparence. Il était joyeux, chevaleresque, au cœur pur, prompt à donner et passionné par les autres. Au fil du temps, il est devenu le charisme de la famille, laissant derrière lui un héritage inoubliable à chaque rassemblement. Il était le soutien de son père, son compagnon familier et l'assistant de ses oncles et de ses oncles maternels. Il était la personne la plus compatissante qui ait jamais visité le cœur d'une mère et la plus proche de l'étreinte de ses sœurs".

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Attaques contre des sites nucléaires: Washington doit rendre des comptes, juge Téhéran

Les installations iraniennes devaient rouvrir lundi. (AFP)
Les installations iraniennes devaient rouvrir lundi. (AFP)
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  • « En cas de négociations potentielles, l'un des sujets à l'ordre du jour concernera la nécessité de demander des comptes aux États-Unis et de réclamer des dédommagements a indiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï
  • Washington avait déjà qualifié de « ridicule » la demande de compensations attendues par Téhéran. 

TEHERAN : Un haut responsable a déclaré lundi que Téhéran attendait des États-Unis, en cas de reprise des négociations, qu'ils rendent des comptes et versent des dédommagements pour leurs attaques sur des sites nucléaires iraniens, tout en excluant des pourparlers directs avec Washington.

En juin, Israël avait lancé une offensive sans précédent contre l'Iran, notamment contre ses infrastructures nucléaires. Les États-Unis étaient intervenus en bombardant des sites nucléaires iraniens.

« En cas de négociations potentielles, l'un des sujets à l'ordre du jour concernera la nécessité de demander des comptes aux États-Unis et de réclamer des dédommagements pour l'agression militaire contre les installations nucléaires pacifiques de l'Iran », a indiqué en conférence de presse le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï.

Interrogé sur l'éventualité de pourparlers directs, il a répondu : « non ».

Washington avait déjà qualifié de « ridicule » la demande de compensations attendues par Téhéran. 

Le 13 juin, Israël a lancé une attaque contre l'Iran, bombardant pendant plusieurs jours des sites militaires et nucléaires, ainsi que des zones habitées, faisant plus de 1 000 morts.

Les représailles iraniennes ont fait 29 morts en Israël.

Téhéran et Washington étaient engagés dans des négociations en vue de conclure un nouvel accord sur le programme nucléaire iranien lorsque l'offensive a été lancée, avec pour objectif affiché d'empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique.

Téhéran a toujours réfuté avoir de telles ambitions.

Après la guerre, l'Iran a officiellement suspendu toute coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), estimant que cette agence de l'ONU avait une part de responsabilité dans le déclenchement des frappes israéliennes.

Lundi, M. Baghaï a déclaré que l'Iran restait engagé par le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), tout en critiquant « l'approche politisée et non professionnelle » de l'AIEA.

Le directeur adjoint de l'agence est attendu en Iran « dans moins de dix jours », a précisé le porte-parole. En juillet, son pays s'était dit prêt à reprendre la coopération avec l'AIEA sous « une nouvelle forme ».

Face à la politique d'enrichissement d'uranium de l'Iran, les pays occidentaux menacent Téhéran d'activer un mécanisme permettant de réimposer des sanctions internationales.


En Israël, d'anciens généraux et des maîtres-espions réclament "l'arrêt de la guerre à Gaza"

Cette image, extraite d'une vidéo publiée sur le compte X (anciennement Twitter) officiel du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, le montre en train de s'exprimer devant le Dôme du Rocher, sur le site de la mosquée Al-Aqsa (le Mont du Temple), dans la vieille ville de Jérusalem, le 3 août 2025, à l'occasion de la fête juive de Tisha Be'Av. Le ministre de la Sécurité nationale, d'extrême droite, s'y est rendu tôt le matin du 3 août pour prier, ont rapporté les médias israéliens, précisant qu'il s'agissait de la première fois qu'un membre du gouvernement israélien s'y rendait. (Photo : Itamar Ben Gvir, compte X/AFP)
Cette image, extraite d'une vidéo publiée sur le compte X (anciennement Twitter) officiel du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, le montre en train de s'exprimer devant le Dôme du Rocher, sur le site de la mosquée Al-Aqsa (le Mont du Temple), dans la vieille ville de Jérusalem, le 3 août 2025, à l'occasion de la fête juive de Tisha Be'Av. Le ministre de la Sécurité nationale, d'extrême droite, s'y est rendu tôt le matin du 3 août pour prier, ont rapporté les médias israéliens, précisant qu'il s'agissait de la première fois qu'un membre du gouvernement israélien s'y rendait. (Photo : Itamar Ben Gvir, compte X/AFP)
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  • « Arrêtez la guerre à Gaza ! », exhorte ce courrier du mouvement « Commandants pour la sécurité d'Israël » (CIS), signé par 550 anciens chefs espions, militaires, policiers et diplomates, et rendu public dans la nuit de dimanche à lundi.
  • « Nous avons le devoir de nous lever », alerte Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, dans une vidéo diffusée par le mouvement pour accompagner ce courrier.

JERUSALEM : Près de 600 anciens responsables de l'appareil sécuritaire israélien, notamment du Mossad et du Shin Bet, ont appelé le président américain, Donald Trump, à faire pression sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour mettre fin à la guerre à Gaza et ainsi ramener « les otages chez eux ».

« Arrêtez la guerre à Gaza ! », exhorte ce courrier du mouvement « Commandants pour la sécurité d'Israël » (CIS), signé par 550 anciens chefs espions, militaires, policiers et diplomates, et rendu public dans la nuit de dimanche à lundi.

« Nous avons le devoir de nous lever », alerte Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, dans une vidéo diffusée par le mouvement pour accompagner ce courrier.

« Cette guerre a commencé comme une guerre juste, une guerre défensive. Mais une fois tous ses objectifs militaires atteints et une brillante victoire militaire contre tous nos ennemis, elle a cessé d'être une guerre juste. Elle conduit l'État d'Israël à perdre sa sécurité et son identité », estime M. Ayalon. 

Parmi les signataires de la lettre et les personnes apparaissant dans la vidéo, on compte trois anciens patrons du Mossad (le service de renseignement extérieur) : Tamir Pardo, Efraim Halevy et Danny Yatom, cinq ex-dirigeants du Shin Bet (Nadav Argaman, Yoram Cohen, Ami Ayalon, Yaakov Peri et Carmi Gilon), ainsi que trois ex-chefs d'état-major : Ehud Barak, Moshe Bogie Yaalon et Dan Halutz.

« Chacune de ces personnes a siégé aux réunions du cabinet, opéré dans les cercles les plus confidentiels et participé à tous les processus de prise de décision les plus sensibles et les plus délicats », souligne la voix off de la vidéo diffusée sur X par la radio de l'armée.

À eux seuls, et « ensemble, ils ont plus de mille ans d'expérience en matière de sécurité nationale et de diplomatie », souligne-t-elle. 

« Au bord de la défaite »

« Au nom de CIS, le plus grand groupe d'anciens généraux israéliens de l'armée, du Mossad, du Shin Bet, de la police et des services diplomatiques équivalents, nous vous exhortons à mettre fin à la guerre à Gaza. Vous l'avez fait au Liban. Il est temps de le faire à Gaza également », plaident-ils auprès de Donald Trump.

« Tsahal (l'armée israélienne) a depuis longtemps atteint les deux objectifs qui pouvaient être réalisés par la force : démanteler les formations militaires et le gouvernement du Hamas », estiment les membres du CIS. « Le troisième, et le plus important, ne peut être atteint que par un accord : ramener tous les otages chez eux. »

« Nous considérons, en tant que professionnels, que le Hamas ne représente plus une menace stratégique pour Israël, et notre expérience nous indique qu'Israël dispose de tout ce qu'il faut pour gérer ses capacités résiduelles de terreur, à distance ou autrement », estiment-ils.

« Traquer les derniers hauts responsables du Hamas peut se faire plus tard, mais les otages ne peuvent pas attendre. »

« Votre crédibilité auprès de la grande majorité des Israéliens renforce votre capacité à guider le Premier ministre Netanyahu et son gouvernement dans la bonne direction », ajoutent les signataires, qui poursuivent : « Mettre fin à la guerre, ramener les otages, arrêter les souffrances et former une coalition régionale et internationale qui aide l'Autorité palestinienne (une fois réformée) à offrir aux Gazaouis et à tous les Palestiniens une alternative au Hamas et à son idéologie perverse. »

« Nous sommes au bord de la défaite », commente dans la vidéo l'ancien directeur du Mossad, Tamir Pardo. « Ce dont le monde est témoin aujourd'hui, c'est ce que nous avons fait », déplore-t-il à propos des conditions humanitaires désastreuses dans le territoire palestinien assiégé.

« Nous nous cachons derrière un mensonge que nous avons engendré. Ce mensonge a été vendu au public israélien, et le monde a depuis longtemps compris qu'il ne reflète pas la réalité. »

« Nous avons un gouvernement que les zélotes messianiques ont entraîné dans une direction irrationnelle », estime pour sa part Yoram Cohen (Shin Bet). « Ils sont une minorité (…) mais le problème est que la minorité contrôle la politique. »