La Turquie condamne les sanctions européennes, Erdogan veut calmer le jeu

Photo fournie du président turc Recep Tayyip Erdogan assistant à une conférence de presse conjointe avec son homologue azerbaïdjanais, le 10 décembre 2020. (Mustafa Kamaci / Service de presse présidentiel turc / AFP)
Photo fournie du président turc Recep Tayyip Erdogan assistant à une conférence de presse conjointe avec son homologue azerbaïdjanais, le 10 décembre 2020. (Mustafa Kamaci / Service de presse présidentiel turc / AFP)
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Publié le Vendredi 11 décembre 2020

La Turquie condamne les sanctions européennes, Erdogan veut calmer le jeu

  • Les sanctions européennes contre la Turquie surviennent au moment où Ankara risque aussi de se voir infliger des représailles américaines liées à l'acquisition d'un système de missiles russe
  • Nous avons des profondes relations politiques et économiques à la fois avec les Etats-Unis et avec l'UE et aucun des deux ne peut les ignorer ou prendre le risque de les perdre", a déclaré le président Erdogan

ISTANBUL : La Turquie a rejeté vendredi les sanctions de l'Union européenne la visant en lien avec ses activités controversées en Méditerranée orientale, mais le président Recep Tayyip Erdogan les a minimisées tout en cherchant à calmer le jeu.

Les sanctions, dont le principe a été adopté jeudi lors d'un sommet de l'UE à Bruxelles en réponse aux explorations gazières de la Turquie et ses démonstrations de force dans des eaux disputées avec la Grèce et Chypre, surviennent au moment où Ankara risque aussi de se voir infliger des représailles américaines liées à l'acquisition d'un système de missiles russe.

L'ampleur des sanctions européennes et, potentiellement, américaines n'est pas encore connue, mais elles pourraient plomber une économie turque qui bat déjà de l'aile et fragiliser davantage la livre turque, qui a essuyé de nouvelles pertes vendredi.

"Nous rejetons cette attitude biaisée et illégitime figurant dans les conclusions du sommet de l'UE", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Condamnant les actions "illégales et agressives" d'Ankara, les dirigeants de l'UE ont seulement adopté des sanctions individuelles qui devraient viser des noms impliqués dans les activités d'exploration.

Mais l'absence de consensus a empêché l'adoption de sanctions économiques contre des secteurs d'activité et la demande de la Grèce d'imposer un embargo européen sur les armes à la Turquie.

Si le président français Emmanuel Macron, partisan d'une ligne dure face à Ankara, s'est félicité vendredi de ce que l'Union européenne ait "démontré sa capacité à faire preuve de fermeté" face à la Turquie, M. Erdogan a minimisé les mesures adoptées.

"Des pays de l'UE dotés de bon sens ont adopté une approche positive et ont torpillé ce jeu" visant à imposer des sanctions plus sévères, a déclaré le président turc à Istanbul.

"Manque de respect"

"Nous avons des profondes relations politiques et économiques à la fois avec les Etats-Unis et avec l'UE et aucun des deux ne peut les ignorer ou prendre le risque de les perdre", a-t-il ajouté.

Se voulant apaisant, il a affirmé que la Turquie "n'a jamais entrepris et n'entreprendra jamais une quelconque action susceptible de porter atteinte à l'esprit de ces relations".

"Un agenda de sanctions mu par des considérations politiques sur des bases irrationnelles est nuisible pour toutes les parties et ne bénéficiera à personne", a-t-il poursuivi. "Nous croyons qu'il n'existe aucun problème qui ne saurait être résolu à travers le dialogue et la coopération".

Cette volonté apparente de M. Erdogan de calmer le jeu semble destinée à préserver l'économie turque, dont la croissance fut longtemps un pilier de sa popularité, de l'impact potentiellement dévastateur de sanctions américaines et européennes plus musclées.

Dans des déclarations publiées par les médias turcs, M. Erdogan a affirmé que des sanctions américaines contre son pays en lien avec l'acquisition d'un système de missiles russe seraient "un manque de respect", à la suite d'informations de presse sur l'imminence d'une telle mesure.  

"Sous l'administration Obama comme sous celle de Trump, on s'enorgueillissait d'avoir un membre de l'Otan comme la Turquie. Soumettre la Turquie à des sanctions serait un manque de respect de la part des Etats-Unis envers son allié très important au sein de l'Otan", a-t-il dit.

L'achat par Ankara du système de défense aérienne russe S-400 avait envenimé ces dernières années les relations avec Washington qui fait valoir que ces missiles sont incompatibles avec les systèmes de l'Otan.

Le menace de sanctions américaines plane sur la Turquie depuis qu'elle a pris livraison de ces missiles, mais le président Donald Trump, qui entretient de bons rapports personnels avec M. Erdogan, s'est abstenu jusqu'ici de les déclencher.

Pourtant, les mesures punitives d'ordre économique sont inscrites dans une loi adoptée en 2017 par le Congrès, quasiment à l'unanimité, pour "contrer les adversaires de l'Amérique à travers les sanctions" (Caatsa).

Des médias américains, dont le Washington Post, ont affirmé jeudi que l'administration américaine devrait finalement annoncer des sanctions contre la Turquie dans les prochains jours.

 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.