Ministre «issu de la société civile», le cadeau empoisonné

Le séminaire des cadres politiques du futur parti présidentiel au centre des congrès Robert Schuman a eu lieu à Metz, dans l'est de la France, le 27 août 2022. (AFP)
Le séminaire des cadres politiques du futur parti présidentiel au centre des congrès Robert Schuman a eu lieu à Metz, dans l'est de la France, le 27 août 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 12 juillet 2023

Ministre «issu de la société civile», le cadeau empoisonné

  • Visés, sans être nommés, les titulaires de l’Éducation, de la Santé ou encore des Solidarités, recrutés en 2022 et régulièrement annoncées comme victimes de ce remaniement imminent qui ne vient toujours pas
  • Un ancien ministre se veut plus direct: «on est face à un monde et à une action publique de plus en plus complexe. Dans ce cas-là, dans n'importe quel métier, on fait appel à des pros»

PARIS: Ils étaient portés au pinacle par Emmanuel Macron en 2017, toujours présents dans le gouvernement de 2022 mais concentrent désormais les critiques dans l'attente du remaniement: les ministres dits "de la société civile" peinent à trouver leur place dans un contexte politique explosif.

Ce cadre de la majorité soupire: "je suis contre les ministres de la société civile. A chaque fois, c'est un échec patent". Visés, sans être nommés, les titulaires de l’Éducation (Pap Ndiaye), de la Santé (François Braun) ou encore des Solidarités (Jean-Christophe Combe), recrutés en 2022 et régulièrement annoncées comme victimes de ce remaniement imminent qui ne vient toujours pas.

Elle-même estampillée "société civile" en 2017, bien qu'ex-conseillère de Lionel Jospin à Matignon et ex-directrice de cabinet de Ségolène Royal à l'Environnement, Élisabeth Borne a récemment glissé au Figaro qu'"avec une composition inédite de l'Assemblée nationale sous la Ve République", "les ministres, quel que soit leur parcours, doivent avoir la vision, la capacité à diriger leur administration, à porter des textes au Parlement, à échanger avec les députés et les sénateurs".

"Des qualités plus indispensables que jamais", a insisté la cheffe du gouvernement, dessinant ainsi une critique en creux de ces ministres société civile.

Un ancien ministre se veut plus direct: "on est face à un monde et à une action publique de plus en plus complexe. Dans ce cas-là, dans n'importe quel métier, on fait appel à des pros". Les difficultés de Pap Ndiaye rue de Grenelle? "C'était écrit d'avance. Qu'il n'y arrive pas, ce sont ceux qui l'ont nommé les responsables, pas lui!"

Confier des ministères à des personnalités reconnues pour leur expertise professionnelle, sans engagement partisan de premier plan, n'est pas nouveau, depuis la scientifique Irène Joliot-Curie dans le gouvernement du Front populaire en 1936. Sous la Ve République, la plupart des présidents en ont usé, de Simone Veil pour Valéry Giscard d'Estaing à Christine Lagarde sous Nicolas Sarkozy.

Mais avec plus de quinze ministres de ce profil en 2017, Emmanuel Macron "a poussé le curseur plus loin que ses prédécesseurs", relève Gautier Pirotte, professeur à l'Université de Liège, auteur de "La notion de société civile" (La Découverte).

"On était face à un candidat sans réel appareil de parti structuré derrière lui. La société civile faisait partie de son arsenal électoral", poursuit M. Pirotte.

«Lépreux»

Emmanuel Macron l'avait théorisé en mars 2017, lorsqu'il ambitionnait "non pas l'alternance entre la gauche et la droite" mais "entre l'impuissance et l'efficacité, entre le monde d'hier et le siècle nouveau."

"L'organisation politique" étant à ses yeux le "principal obstacle à la transformation du pays", le futur président avertissait qu'il ne composerait pas son gouvernement "avec les états-majors des partis politiques" et promettait "d'en finir avec les ministres qui n'ont d'autre légitimité que celle d'un apparatchik". Les siens allaient donc être "issus pour une partie conséquente de la société civile, dans toute sa diversité."

Furent donc nommés, entre autres, l'ex-DRH de Danone Muriel Pénicaud (Emploi), l'hématologue Agnès Buzyn (Santé), l'éditrice Françoise Nyssen (Culture) ou encore l'animateur télé vedette Nicolas Hulot (Environnement), qui a démissionné un an plus tard en direct à la radio.

Peu ont traversé le premier quinquennat de part en part, comme Frédérique Vidal (Enseignement supérieur) ou Sophie Cluzel (Handicapés).

Rebelote en 2022. Mais "le problème, c'est de savoir si le président veut des politiques ou s'il veut des collaborateurs. Les collabs', les technos, on en voit quand même les limites au bout de cinq ans", peste un parlementaire Renaissance.

Les principaux intéressés, en privé, goûtent modérément ce statut de cibles faciles, alors qu'à l'exception de quelques ministres-clé, le gouvernement dans son ensemble peine à imprimer.

"C'est ridicule, c'est comme si vous aviez une pancarte de lépreux sur le dos", soupire l'un d'eux.

"Je ne sais pas ce que c'est d'être un ministre politique... On est venu me chercher parce que je suis de la société civile, que je connais les sujets que je traite", renchérit un autre.

"Je pense que la vie politique gagne à diversifier les sources de recrutement et ne pas s'inscrire dans une filière classique, le cursus honorum de l'élu local qui devient député puis ministre", juge un ministre. Un peu comme Emmanuel Macron, jamais élu avant de décrocher l'Elysée.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.