Interpellation de Youssouf Traoré: L'IGPN saisie de deux enquêtes

L'activiste et leader du Comité Vérité et Justice pour Adama Assa Traoré s'adresse au public avant un rassemblement pour la «Marche pour Adama Traoré» - sept ans après sa mort - place de la République, à Paris, le 8 juillet 2023 (Photo, AFP).
L'activiste et leader du Comité Vérité et Justice pour Adama Assa Traoré s'adresse au public avant un rassemblement pour la «Marche pour Adama Traoré» - sept ans après sa mort - place de la République, à Paris, le 8 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 13 juillet 2023

Interpellation de Youssouf Traoré: L'IGPN saisie de deux enquêtes

  • Deux enquêtes pour violences volontaires aggravées ont été ouvertes après l'interpellation samedi de Youssouf Traoré lors d'une marche interdite à la mémoire de son frère Adama
  • Ces investigations confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été lancées alors que l'action des forces de l'ordre est à nouveau sous le feu des critiques

PARIS: Deux enquêtes pour violences volontaires aggravées ont été ouvertes après l'interpellation samedi de Youssouf Traoré lors d'une marche interdite à la mémoire de son frère Adama, dont la mort en 2016 a été érigée en emblème des violences policières en France.

Ces investigations confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été lancées alors que l'action des forces de l'ordre est à nouveau sous le feu des critiques, depuis la mort le 27 juin à Nanterre du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.

Après plusieurs nuits consécutives d'émeutes dans toute la France, la préfecture du Val-d'Oise avait interdit la marche annuelle prévue samedi dernier à la mémoire d'Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016.

Sa sœur Assa, à la tête du comité organisateur de la manifestation, a décidé de braver l'interdiction en appelant à un rassemblement place de la République à Paris, à son tour déclaré illégal par la préfecture de police de la capitale.

C'est en marge de cette marche, qui a rassemblé près de 2 000 personnes dont des élus de gauche, que l'un de ses frères a été interpellé et blessé par des policiers.

Youssouf (Yssoufou sur son état civil) Traoré est accusé par les forces de l'ordre d'avoir "porté un coup" à une commissaire au début du rassemblement. Il a été arrêté plus tard par des policiers près de la gare de l'Est, lors de la dispersion dans le calme des participants.

La scène a été filmée par plusieurs témoins et largement relayée sur les réseaux sociaux.

Cette vidéo montre Youssouf Traoré résister avant d'être plaqué et maintenu au sol par plusieurs fonctionnaires de la Brav-M, une unité de police à moto dont le comportement a été très décrié pendant la mobilisation contre la réforme des retraites au printemps.

On voit également sur ces images une femme tomber au sol après avoir été poussée brutalement par un policier, ainsi que trois journalistes projetés à terre.

«Guet-apens»

M. Traoré et la jeune femme ont porté plainte, provoquant l'ouverture de deux enquêtes pour violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de moins de huit jours et commises par personne dépositaire de l'autorité publique, a précisé mercredi le parquet de Paris, contacté par l'AFP.

Cette vidéo a suscité l'indignation de plusieurs élus de gauche. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, leur a répondu qu'il "assumait pleinement" l'interpellation de Youssouf Traoré.

Concernant les violences dénoncées par les journalistes, une enquête administrative a été lancée et deux plaintes pénales encore en cours d'analyse au parquet de Paris.

Pour Assa Traoré, Youssouf Traoré a été victime d'un "guet-apens". La vidéo documentant son arrestation a "réveillé beaucoup de choses. Mon frère (Adama) est mort exactement de la même façon", a-t-elle confié.

Selon le compte rendu médical que l'AFP a pu consulter, le plaquage ventral subi par son frère lui a causé une fracture du nez, un traumatisme crânien avec contusion oculaire, des contusions thoraciques, abdominales et lombaires.

Et selon sa plainte dont l'AFP a eu connaissance, la jeune femme souffre, elle, de contusions à l'épaule droite et aux avant-bras notamment.

Contacté par l'AFP, leur avocat, Me Yassine Bouzrou, n'a pas souhaité commenter l'ouverture des enquêtes.

Des associations, syndicats et partis politiques classés à gauche (parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires) ont appelé à une nouvelle "mobilisation large" contre les violences policières samedi à Paris.

Mais le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a d'ores et déjà annoncé mercredi que ce rassemblement serait interdit, "ainsi que toute autre manifestation en lien direct avec les émeutes" jusqu'au 15 juillet.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.