Elections en Espagne: Pedro Sánchez veut croire en sa «remontada»

Le Premier ministre espagnol et candidat du Parti socialiste espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, prononce un discours lors du rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023 avant les élections générales du 23 juillet. (AFP)
Le Premier ministre espagnol et candidat du Parti socialiste espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, prononce un discours lors du rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023 avant les élections générales du 23 juillet. (AFP)
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Publié le Samedi 22 juillet 2023

Elections en Espagne: Pedro Sánchez veut croire en sa «remontada»

  • Lors d'une interview à la télévision publique, le Premier ministre avait présenté son bilan, plutôt bon en matière économique, comme son «principal argument» pour convaincre les indécis
  • Si le socialiste veut croire en sa «remontada», les enquêtes d'opinion les plus récentes donnent, elles, le PP de son rival Alberto Núñez Feijóo en tête de ce scrutin anticipé

MADRID: Au pouvoir depuis cinq ans, le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez jette vendredi ses dernières forces dans la campagne des législatives, espérant pouvoir faire mentir les sondages qui prédisent une victoire dimanche des conservateurs du Parti populaire.

"Nous allons gagner les élections, et nous allons les gagner haut la main!", s'est-il exclamé vendredi, lors du dernier meeting de sa campagne à Getafe, près de Madrid, sous les acclamations de ses soutiens.

Plus tôt dans la journée, lors d'une interview à la télévision publique, le Premier ministre avait présenté son bilan, plutôt bon en matière économique, comme son "principal argument" pour convaincre les indécis, estimés à environ 20% de l'électorat.

Si le socialiste veut croire en sa "remontada", les enquêtes d'opinion les plus récentes donnent, elles, le PP de son rival Alberto Núñez Feijóo en tête de ce scrutin anticipé, convoqué fin mai par M. Sánchez au lendemain de la déroute de la gauche aux élections locales.

Aucun de ces sondages, dont les derniers ont été publiés lundi, ne voit toutefois le Parti populaire en mesure de conquérir à lui seul la majorité absolue au Parlement. Cela pourrait l'obliger à s'allier avec la formation ultranationaliste Vox et à la faire entrer au gouvernement, ce qui serait une première pour l'extrême droite dans le pays depuis la fin de la dictature franquiste, en 1975.

Une absence de majorité viable et donc de nouvelles élections ne sont pas à exclure, selon les analystes, dans un pays qui a déjà connu une telle instabilité avec quatre élections générales entre 2015 et 2019.

Législatives en Espagne: derrière les polémiques, les programmes

La campagne des législatives de dimanche en Espagne s'est principalement disputée à coup de slogans, esquivant souvent le débat de fond sur les programmes des deux principaux candidats et ceux de leurs alliés des extrêmes, dont ils auront besoin pour gouverner.

Le Parti Populaire (PP, conservateur) d'Alberto Núñez Feijóo, auquel les sondages prédisent la victoire, mais sans majorité absolue au Parlement s'il ne s'allie pas avec le parti d'extrême droite Vox, déroule ses propositions sur 112 pages et 365 mesures sous le titre: "le moment est venu".

"En avant" pour une "meilleure Espagne", peut-on lire dans le programme de 272 pages du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) du Premier ministre sortant Pedro Sánchez, qui veut gouverner avec la gauche radicale de Sumar.

 

Economie: mesures sociales contre baisses d'impôts 

Le PSOE met en avant le bilan économique du gouvernement Sánchez, avec une croissance forte (5,5% en 2022) et une inflation repassée sous les 2% en juin, une performance globalement meilleure que celle de ses voisins européens.

Le PP accuse les socialistes d'avoir négligé le pouvoir d'achat des familles et propose une baisse temporaire de la TVA sur la viande, le poisson et les conserves.

Il promet surtout de "réduire la pression fiscale" pour "les familles, les travailleurs indépendants (et) les entreprises", au moyen d'une "réforme intégrale du système fiscal" qui inclura l'élimination de l'impôt sur les grandes fortunes.

Dans ce domaine, le PSOE envisage la "prolongation" de la taxation temporaire des bénéfices des banques, des fournisseurs d'énergie et des grandes fortunes, que Sumar veut pérenniser.

Après avoir augmenté le salaire minimum et réformé le marché du travail afin de lutter contre la précarité, le PSOE propose un "pacte pour le plein emploi avec les partenaires sociaux" et un plan d'action contre le chômage des jeunes, très élevé en Espagne.

Le PP a admis que la réforme du marché du travail était "substantiellement bonne" et indiqué qu'il ne reviendrait pas dessus.

Il propose aussi de lutter contre l'accroissement de la dette publique, qui dépasse 110% du PIB, et de réduire le déficit budgétaire, après des années d'endettement "incontrôlé".

Le PP veut également abolir la récente loi destinée à freiner la hausse des loyers.

 

Environnement: le clash 

Priorité de l'extrême gauche, "la transition écologique juste" occupe aussi une place de choix chez les socialistes, avec, par exemple, des objectifs chiffrés de protection des espaces naturels, contrairement au PP, dont les députés au Parlement européen ont voté la semaine dernière contre la loi de restauration des écosystèmes, un texte-phare du Pacte vert de l'UE.

Prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires et développement de l'hydrogène vert sont les mesures énergétiques phares du PP, alors que le PSOE, hostile au nucléaire, insiste sur les énergies renouvelables.

Sur la question cruciale de l'eau, dans un pays dont l'agriculture dépend de l'irrigation pour exporter ses fruits et légumes dans toute l'Europe, le leader du PP a promis "d'amener l'eau là où il n'y en a pas". La gauche dénonce des propositions "irréalistes" et insiste sur la nécessité de nouveaux modèles d'agriculture.

Pour sa part, Vox, ouvertement climatosceptique et défenseur acharné de la ruralité et de l'agriculture intensive, prône une sortie de l'Accord de Paris et l'abolition de la loi de 2021 sur le changement climatique et la transition énergétique.

 

Fracture sur la société 

Alberto Núñez Feijóo s'est engagé à "abolir le sanchisme" (du nom de Pedro Sánchez), c'est-à-dire "toutes ces lois inspirées des minorités et qui portent atteinte aux majorités".

Sur l'immigration, les socialistes veulent augmenter les capacités d'accueil, alors que le PP demande un système d'immigration choisie et un renforcement des contrôles aux frontières.

Le PP souhaite enfin abolir la loi dite de "mémoire démocratique", adoptée en octobre 2022 pour réhabiliter la mémoire des victimes de la Guerre civile et du franquisme.

Narcotrafiquant

Pour son dernier meeting, en Galice (nord-ouest), région dont il est originaire et où il a construit sa carrière politique, M. Feijóo s'en est pris à la gauche et a demandé un large appui pour pouvoir gouverner seul: "Ils n'ont pas su arriver, ils n'ont pas su y être, et ils ne savent pas s'en aller. Moi je promets que je saurai arriver, et je vous assure que je veux y arriver seul", a-t-il déclaré, en allusion à Vox.

Abattant ses dernières cartes, le Premier ministre a ressorti ces derniers jours celle de la relation personnelle passée entre M. Feijóo et un narcotrafiquant notoire, Marcial Dorado.

Moquant l'argument de son adversaire sur l'absence à l'époque de Google "pour savoir des choses" sur l'activité de ce trafiquant, M. Sánchez a jugé jeudi que M. Feijóo avait "perdu une opportunité de clarifier réellement sa relation avec ce trafiquant de drogue".

"Je ne m'attendais pas à ce que le chef du gouvernement utilise ces arguments sortis de la poubelle pour jeter l'opprobre sur son adversaire", a réagi vendredi matin le chef du PP, embarrassé depuis des années par des photos le montrant sur le yacht de ce trafiquant galicien.

«Pulsion de changement»

Le PP, chassé du pouvoir en 2018 par le dépôt d'une motion de censure au Parlement par M. Sánchez, veut croire que "le moment est venu" pour lui de revenir aux affaires.

"Je sens une pulsion de changement" dans le pays, a déclaré vendredi, dans une interview au quotidien El Mundo, M. Feijóo, qui a fait campagne sur l'"abrogation du sanchisme", c'est-à-dire l'annulation des réformes adoptées ces dernières années par M. Sánchez et son gouvernement de coalition avec la gauche radicale.

Refusant de participer au dernier débat télévisé mercredi soir, ce qui a été très critiqué, le candidat conservateur pourrait aussi pâtir de ses dernières tergiversations sur les retraites, un sujet sensible dans l'opinion.

Affirmant que son parti avait toujours indexé les pensions sur l'inflation lorsqu'il était au pouvoir, il a été obligé de revenir sur ses propos.

La dynamique du PP a également souffert durant la campagne des négociations avec Vox d'accords de gouvernement dans plusieurs régions, durant lesquelles le parti d'extrême droite a tenu bon sur ses priorités, comme la négation de l'existence de la "violence de genre" ou celle du changement climatique.

Pour la première fois organisé en plein été, ce scrutin a obligé environ 2,5 millions d'électeurs à voter par correspondance. Un chiffre inédit, signe, selon les instituts de sondage, que la participation pourrait être élevée, malgré la chaleur et le nombre d'Espagnols en vacances.


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.