Comment le durcissement de la position britannique sur l'immigration pourrait finir par stimuler l'extrême droite européenne

Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Samedi 22 juillet 2023

Comment le durcissement de la position britannique sur l'immigration pourrait finir par stimuler l'extrême droite européenne

  • Au cours des 15 dernières années, le nombre de premières demandes d'asile en Europe n'a cessé d'augmenter, passant de 121 600 en 2008 à près de 900 000 en 2022
  • Bien que la Cour d'appel ait jugé illégal le projet du gouvernement britannique d'envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda, le gouvernement prévoit toujours de poursuivre cette politique qui fait la une des journaux

LONDRES : En avril, le ministre britannique de l'Immigration a donné un ordre particulier au personnel d'un centre situé dans le Kent, au sud-est de l'Angleterre, destiné aux enfants non accompagnés qui demandent l'asile après être arrivés en Grande-Bretagne à bord de petites embarcations.

Les peintures murales représentant Mickey Mouse et d'autres personnages de dessins animés doivent être repeintes, a-t-il déclaré, car elles sont « trop accueillantes » et envoient un « message erroné » aux demandeurs d'asile, dont certains n'ont pas plus de neuf ans.

Le geste de Robert Jenrick a été largement qualifié d’acte « dépourvu de cœur » d'une « cruauté abjecte » et de tentative cynique de plaire à « la droite enragée » avant des élections partielles qui, selon de nombreux commentateurs, devraient déboucher sur l'éviction de députés conservateurs, augurant d'une défaite catastrophique pour le parti lors des prochaines élections générales.

En fait, vendredi, les conservateurs ont perdu deux des trois sièges qu'ils défendaient.

Mais le « Mousegate » n'est que le symptôme d'un problème plus vaste : la résurgence d'un type de politique de droite dans toute l'Europe, où les partis populistes accusent de plus en plus, et à tort, les réfugiés, les migrants et les demandeurs d'asile d'être responsables de tous les problèmes, qu'il s'agisse des services de santé surchargés, de la pénurie de logements ou de l'augmentation de la criminalité et du chômage.

Dans toute l'Europe, ces partis gagnent du terrain. Les recherches menées par le projet ParlGov montrent que les partis de droite détiennent désormais la majorité des sièges dans les parlements de onze pays, dont ceux qui sont en première ligne de la crise des bateaux de migrants : France, Italie, Grèce et Royaume-Uni.

Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité.

Mais en plus de désacraliser les êtres humains qui se cachent derrière les statistiques et du nombre croissant de morts parmi les personnes suffisamment désespérées pour risquer leur vie en traversant la Méditerranée et la Manche à bord d'embarcations de fortune, l'amalgame de tous ceux qui cherchent un sanctuaire occulte des faits importants concernant leur provenance, leur destination et les raisons de leur départ.

La nature de l'exode est en train de changer, comme l'a révélé le bilan des victimes, le 14 juin, du bateau de pêche surchargé Adriana qui a chaviré au large de la Grèce.

Jusqu'à 700 personnes se trouvaient à bord du bateau, qui était parti de Tobrouk, en Libye, à destination de l'Italie. Parmi les 108 survivants, essentiellement des hommes, se trouvaient des personnes originaires de Syrie, du Pakistan, d'Afghanistan et d'Égypte.

Des centaines d'autres personnes ont péri, dont des femmes et une centaine d'enfants, qui auraient été bloqués sous le pont.

Le lendemain du naufrage de l'Adriana, l'Organisation internationale pour les migrations des Nations unies a publié des données montrant que l'année dernière, 2 761 personnes se sont noyées en Méditerranée en tentant de rejoindre l'Europe depuis le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

Ce rapport a reçu très peu d'attention de la part des médias, contrairement à la couverture à outrance de la recherche, le même mois, de quatre riches touristes perdus dans un submersible qui a implosé alors qu'ils effectuaient une visite guidée de l'épave du Titanic.

Au cours des 15 dernières années, le nombre de premières demandes d'asile en Europe n'a cessé d'augmenter, passant de 121 600 en 2008 à près de 900 000 en 2022.

Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis l'année record de 2015, qui avait été marquée par le conflit en Syrie et avait enregistré 1,28 million de demandes. La tendance étant à la hausse depuis 2020, il est fort probable que ce record alarmant soit bientôt battu.

Les 881 220 demandes en 2022 représentent une augmentation de 64 % par rapport à 2021, année au cours de laquelle 537 355 demandes ont été déposées.

Le suivi de l'évolution de l'origine de ces demandeurs constitue non seulement un baromètre des événements géopolitiques mondiaux, mais aussi un indicateur de la situation dans les pays d'origine.

Par exemple, en 2022, les Syriens, les Afghans, les Vénézuéliens et les Turcs ont déposé le plus grand nombre de demandes d'asile - représentant au total près de 40% de l'ensemble des demandeurs d'asile pour la première fois dans les États de l'UE.

La Syrie est le principal pays dont les citoyens ont demandé l'asile dans l'UE depuis 2013, et les chiffres continuent de grimper, passant de 98 900 en 2021 à 131 970 en 2022.

 

EN BREF

  • 2 761 personnes noyées en Méditerranée alors qu’elles tentaient de rejoindre l'Europe en 2022. 
  • 881 220 Premières demandes d'asile en Europe en 2022 - en hausse de 64 % par rapport aux chiffres de 2021.
  • 80 % Proportion de demandeurs d'asile pour la première fois en Europe en 2022 âgés de moins de 35 ans.

(Source : OIM)

 

La statistique la plus inquiétante est peut-être que parmi les 30 pays dont les citoyens demandent le plus souvent l'asile en Europe, les chiffres ont augmenté dans tous les cas, à une exception près, en 2022.

Les plus fortes augmentations concernent la Syrie, avec 33 070 demandes supplémentaires en 2020, le Venezuela (32 675 de plus), la Turquie (29 405), la Colombie (29 280) et l'Afghanistan (28 940).

Mais la sonnette d'alarme devrait être tirée dans les pays qui ont connu les plus fortes augmentations relatives de demandes en 2022 - notamment l'Inde, avec une augmentation de 605% des demandes d'asile de ses citoyens, le Burundi (536%) et le Pérou (315%).

La seule lueur d'espoir dans les statistiques vient de l'Irak, qui a enregistré 605 demandes de moins en 2022. Avec une baisse de seulement 2,3%, il pourrait s'agir d'une anomalie statistique plutôt que d'une indication de l'amélioration de la situation sociale et économique du pays.

Ce qui est clair, cependant, c'est que de nombreux pays perdent la fleur de leur jeunesse et, avec elle, l'espoir d'un avenir meilleur.

Près de 80% des nouveaux demandeurs d'asile dans l'UE en 2022 avaient moins de 35 ans, la plupart (53,9%) étant âgés de 18 à 34 ans et un quart (25,2%) étant des mineurs de moins de 18 ans. Plus de 18% d'entre eux, dont la moitié sont des filles, ont moins de 14 ans.

Au Royaume-Uni, pendant ce temps, le gouvernement conservateur, ayant décidé que la question représentait sa meilleure chance d'éviter une défaite électorale, est en train de préparer l'exploitation politique de la crise de « l’immigration illégale ».

Bien que la Cour d'appel ait jugé illégal le projet du gouvernement d'envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda, le gouvernement prévoit toujours de poursuivre cette politique qui fait la une des journaux.

Entre-temps, trois péniches sur lesquelles le gouvernement prévoit d'héberger des centaines de demandeurs d'asile ont été louées. Il s'agit d'une tentative de détourner l'attention pour répondre aux allégations de la droite selon lesquelles le gouvernement gaspille de l'argent en logeant des migrants dans des hôtels prétendument « luxueux ».

Malgré les protestations de la Chambre des Lords, le gouvernement a également fait passer au Parlement son projet de loi controversé sur les migrations illégales, une mesure qui, selon les Nations unies, « aura de profondes conséquences pour les personnes ayant besoin d'une protection internationale ».

En substance, selon les termes du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, le projet de loi « met fin à l'accès à l'asile au Royaume-Uni pour toute personne qui arrive de manière irrégulière, après avoir traversé un pays - même brièvement - où elle n'a pas subi de persécution ».

Le projet de loi, qui, de manière perverse, n'offre à ces demandeurs d'asile aucune voie sûre et légale, comme le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est engagé à le faire, est « en contradiction avec les obligations du pays en vertu des droits de l'homme internationaux et de la législation sur les réfugiés « ce qui encourage les bateaux au lieu de les arrêter. 

Alf Dubs, ancien député britannique et membre de la Chambre des Lords, a apporté une contribution particulièrement poignante au débat sur le projet de loi. Dubs, qui a quitté la Tchécoslovaquie en 1939 pour rejoindre la Grande-Bretagne en tant que réfugié juif âgé de six ans, sauvé des persécutions nazies, a condamné le projet de loi et l’a qualifié de « sale besogne ».

Dans toute l'Europe, a-t-il ajouté, « les partis de droite cherchent à exploiter les réfugiés à des fins politiques. Ils ont remporté quelques succès en France, en Grèce, en Autriche, en Hongrie et même en Allemagne ».

Les politiciens et militants britanniques de droite tels que Nigel Farage, artisan du désastreux retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne - qui a été largement motivé par la prétendue nécessité de « contrôler les frontières » - se plaisent à suggérer que le Royaume-Uni subit de plein fouet le grand exode Sud-Nord. Mais ce n'est tout simplement pas vrai.

En 2022, 74 751 demandes d'asile ont été déposées au Royaume-Uni (dont, soit dit en passant, 45% seulement sont arrivées par de petites embarcations).

Mais la destination de loin la plus populaire pour les demandeurs en Europe en 2022 était l'Allemagne, qui a reçu 217 735 demandes d'asile (24,7% du total), suivie de la France (137 510), de l'Espagne (116 135), de l'Autriche (106 380) et de l'Italie (77 200).

En d'autres termes, le Royaume-Uni n'était que la sixième destination la plus populaire pour les personnes fuyant la violence ou la persécution, ou simplement à la recherche d'une vie meilleure.

L'analyse des chiffres du ministère de l'Intérieur concernant la « migration irrégulière » révèle une vérité surprenante qui met à mal l'argument du gouvernement concernant le statut « illégal » des personnes arrivant au Royaume-Uni sur de petites embarcations.

La vérité, que le gouvernement choisit de ne pas rendre publique, est que la majorité des demandes d'asile déposées par des personnes arrivant au Royaume-Uni sur de petites embarcations qui ont été examinées, ont été approuvées.

En d'autres termes, même le ministère de l'Intérieur reconnaît que, loin d'être des migrants « illégaux », la plupart des personnes cherchant refuge au Royaume-Uni ont de solides raisons de le faire en vertu du droit international.

Sur les 88 221 personnes arrivées au Royaume-Uni par petit bateau entre 2018 et mars 2023, 80 989 ont demandé l'asile.

Près des trois quarts de ces demandes (57 371, soit 70%), sont toujours en attente d'une décision, et 3 845 demandes ont été rejetées.

Mais sur les 11 902 demandes qui ont fait l'objet d'une décision jusqu'à présent, le statut de réfugié ou d'autres formes d'autorisation de séjour ont été accordés dans 7 643 cas.

Cela signifie que, selon la propre évaluation du gouvernement, 65% des demandes d'asile déposées par des personnes arrivant sur de petits bateaux et ayant fait jusqu'à présent l'objet d'une décision sont authentiques et ont été avalisées - un chiffre qui serait certainement plus élevé si le gouvernement britannique n'avait pas introduit sa règle controversée des « pays tiers » en 2020.

Sur les 4 259 demandes rejetées, seules 1 266 l'ont été parce qu'elles ne répondaient pas aux critères d'octroi du statut de réfugié. Mais deux fois plus de demandes - 2 993 - n'ont pas été examinées « pour des raisons liées à un pays tiers ».

Cette modification des règles stipule que les personnes doivent demander l'asile dans le premier pays sûr qu'elles atteignent, une exigence qui, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, va à l'encontre de la Convention relative au statut des réfugiés et du droit international.

On craint maintenant que l'approche sélective du gouvernement britannique à l'égard du droit international ne se propage en Europe parmi d'autres partis de droite désireux d'exploiter les demandeurs d'asile à leurs propres fins politiques.

Volker Turk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a exhorté le gouvernement britannique à revenir sur cette loi.

« Le projet de loi crée un précédent inquiétant de désengagement vis-à-vis des obligations liées à l'asile que d'autres pays, y compris en Europe, pourraient être tentés de suivre, ce qui pourrait avoir un effet néfaste sur le système international de protection des réfugiés et des droits de l'homme dans son ensemble. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
Short Url
  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Short Url
  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Short Url
  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.