Comment le durcissement de la position britannique sur l'immigration pourrait finir par stimuler l'extrême droite européenne

Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 22 juillet 2023

Comment le durcissement de la position britannique sur l'immigration pourrait finir par stimuler l'extrême droite européenne

  • Au cours des 15 dernières années, le nombre de premières demandes d'asile en Europe n'a cessé d'augmenter, passant de 121 600 en 2008 à près de 900 000 en 2022
  • Bien que la Cour d'appel ait jugé illégal le projet du gouvernement britannique d'envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda, le gouvernement prévoit toujours de poursuivre cette politique qui fait la une des journaux

LONDRES : En avril, le ministre britannique de l'Immigration a donné un ordre particulier au personnel d'un centre situé dans le Kent, au sud-est de l'Angleterre, destiné aux enfants non accompagnés qui demandent l'asile après être arrivés en Grande-Bretagne à bord de petites embarcations.

Les peintures murales représentant Mickey Mouse et d'autres personnages de dessins animés doivent être repeintes, a-t-il déclaré, car elles sont « trop accueillantes » et envoient un « message erroné » aux demandeurs d'asile, dont certains n'ont pas plus de neuf ans.

Le geste de Robert Jenrick a été largement qualifié d’acte « dépourvu de cœur » d'une « cruauté abjecte » et de tentative cynique de plaire à « la droite enragée » avant des élections partielles qui, selon de nombreux commentateurs, devraient déboucher sur l'éviction de députés conservateurs, augurant d'une défaite catastrophique pour le parti lors des prochaines élections générales.

En fait, vendredi, les conservateurs ont perdu deux des trois sièges qu'ils défendaient.

Mais le « Mousegate » n'est que le symptôme d'un problème plus vaste : la résurgence d'un type de politique de droite dans toute l'Europe, où les partis populistes accusent de plus en plus, et à tort, les réfugiés, les migrants et les demandeurs d'asile d'être responsables de tous les problèmes, qu'il s'agisse des services de santé surchargés, de la pénurie de logements ou de l'augmentation de la criminalité et du chômage.

Dans toute l'Europe, ces partis gagnent du terrain. Les recherches menées par le projet ParlGov montrent que les partis de droite détiennent désormais la majorité des sièges dans les parlements de onze pays, dont ceux qui sont en première ligne de la crise des bateaux de migrants : France, Italie, Grèce et Royaume-Uni.

Pour la droite, la crise migratoire du Sud vers le Nord, qui a fait près de 2 000 morts rien que cette année, n'est pas une tragédie, mais une opportunité.

Mais en plus de désacraliser les êtres humains qui se cachent derrière les statistiques et du nombre croissant de morts parmi les personnes suffisamment désespérées pour risquer leur vie en traversant la Méditerranée et la Manche à bord d'embarcations de fortune, l'amalgame de tous ceux qui cherchent un sanctuaire occulte des faits importants concernant leur provenance, leur destination et les raisons de leur départ.

La nature de l'exode est en train de changer, comme l'a révélé le bilan des victimes, le 14 juin, du bateau de pêche surchargé Adriana qui a chaviré au large de la Grèce.

Jusqu'à 700 personnes se trouvaient à bord du bateau, qui était parti de Tobrouk, en Libye, à destination de l'Italie. Parmi les 108 survivants, essentiellement des hommes, se trouvaient des personnes originaires de Syrie, du Pakistan, d'Afghanistan et d'Égypte.

Des centaines d'autres personnes ont péri, dont des femmes et une centaine d'enfants, qui auraient été bloqués sous le pont.

Le lendemain du naufrage de l'Adriana, l'Organisation internationale pour les migrations des Nations unies a publié des données montrant que l'année dernière, 2 761 personnes se sont noyées en Méditerranée en tentant de rejoindre l'Europe depuis le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

Ce rapport a reçu très peu d'attention de la part des médias, contrairement à la couverture à outrance de la recherche, le même mois, de quatre riches touristes perdus dans un submersible qui a implosé alors qu'ils effectuaient une visite guidée de l'épave du Titanic.

Au cours des 15 dernières années, le nombre de premières demandes d'asile en Europe n'a cessé d'augmenter, passant de 121 600 en 2008 à près de 900 000 en 2022.

Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis l'année record de 2015, qui avait été marquée par le conflit en Syrie et avait enregistré 1,28 million de demandes. La tendance étant à la hausse depuis 2020, il est fort probable que ce record alarmant soit bientôt battu.

Les 881 220 demandes en 2022 représentent une augmentation de 64 % par rapport à 2021, année au cours de laquelle 537 355 demandes ont été déposées.

Le suivi de l'évolution de l'origine de ces demandeurs constitue non seulement un baromètre des événements géopolitiques mondiaux, mais aussi un indicateur de la situation dans les pays d'origine.

Par exemple, en 2022, les Syriens, les Afghans, les Vénézuéliens et les Turcs ont déposé le plus grand nombre de demandes d'asile - représentant au total près de 40% de l'ensemble des demandeurs d'asile pour la première fois dans les États de l'UE.

La Syrie est le principal pays dont les citoyens ont demandé l'asile dans l'UE depuis 2013, et les chiffres continuent de grimper, passant de 98 900 en 2021 à 131 970 en 2022.

 

EN BREF

  • 2 761 personnes noyées en Méditerranée alors qu’elles tentaient de rejoindre l'Europe en 2022. 
  • 881 220 Premières demandes d'asile en Europe en 2022 - en hausse de 64 % par rapport aux chiffres de 2021.
  • 80 % Proportion de demandeurs d'asile pour la première fois en Europe en 2022 âgés de moins de 35 ans.

(Source : OIM)

 

La statistique la plus inquiétante est peut-être que parmi les 30 pays dont les citoyens demandent le plus souvent l'asile en Europe, les chiffres ont augmenté dans tous les cas, à une exception près, en 2022.

Les plus fortes augmentations concernent la Syrie, avec 33 070 demandes supplémentaires en 2020, le Venezuela (32 675 de plus), la Turquie (29 405), la Colombie (29 280) et l'Afghanistan (28 940).

Mais la sonnette d'alarme devrait être tirée dans les pays qui ont connu les plus fortes augmentations relatives de demandes en 2022 - notamment l'Inde, avec une augmentation de 605% des demandes d'asile de ses citoyens, le Burundi (536%) et le Pérou (315%).

La seule lueur d'espoir dans les statistiques vient de l'Irak, qui a enregistré 605 demandes de moins en 2022. Avec une baisse de seulement 2,3%, il pourrait s'agir d'une anomalie statistique plutôt que d'une indication de l'amélioration de la situation sociale et économique du pays.

Ce qui est clair, cependant, c'est que de nombreux pays perdent la fleur de leur jeunesse et, avec elle, l'espoir d'un avenir meilleur.

Près de 80% des nouveaux demandeurs d'asile dans l'UE en 2022 avaient moins de 35 ans, la plupart (53,9%) étant âgés de 18 à 34 ans et un quart (25,2%) étant des mineurs de moins de 18 ans. Plus de 18% d'entre eux, dont la moitié sont des filles, ont moins de 14 ans.

Au Royaume-Uni, pendant ce temps, le gouvernement conservateur, ayant décidé que la question représentait sa meilleure chance d'éviter une défaite électorale, est en train de préparer l'exploitation politique de la crise de « l’immigration illégale ».

Bien que la Cour d'appel ait jugé illégal le projet du gouvernement d'envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda, le gouvernement prévoit toujours de poursuivre cette politique qui fait la une des journaux.

Entre-temps, trois péniches sur lesquelles le gouvernement prévoit d'héberger des centaines de demandeurs d'asile ont été louées. Il s'agit d'une tentative de détourner l'attention pour répondre aux allégations de la droite selon lesquelles le gouvernement gaspille de l'argent en logeant des migrants dans des hôtels prétendument « luxueux ».

Malgré les protestations de la Chambre des Lords, le gouvernement a également fait passer au Parlement son projet de loi controversé sur les migrations illégales, une mesure qui, selon les Nations unies, « aura de profondes conséquences pour les personnes ayant besoin d'une protection internationale ».

En substance, selon les termes du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, le projet de loi « met fin à l'accès à l'asile au Royaume-Uni pour toute personne qui arrive de manière irrégulière, après avoir traversé un pays - même brièvement - où elle n'a pas subi de persécution ».

Le projet de loi, qui, de manière perverse, n'offre à ces demandeurs d'asile aucune voie sûre et légale, comme le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est engagé à le faire, est « en contradiction avec les obligations du pays en vertu des droits de l'homme internationaux et de la législation sur les réfugiés « ce qui encourage les bateaux au lieu de les arrêter. 

Alf Dubs, ancien député britannique et membre de la Chambre des Lords, a apporté une contribution particulièrement poignante au débat sur le projet de loi. Dubs, qui a quitté la Tchécoslovaquie en 1939 pour rejoindre la Grande-Bretagne en tant que réfugié juif âgé de six ans, sauvé des persécutions nazies, a condamné le projet de loi et l’a qualifié de « sale besogne ».

Dans toute l'Europe, a-t-il ajouté, « les partis de droite cherchent à exploiter les réfugiés à des fins politiques. Ils ont remporté quelques succès en France, en Grèce, en Autriche, en Hongrie et même en Allemagne ».

Les politiciens et militants britanniques de droite tels que Nigel Farage, artisan du désastreux retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne - qui a été largement motivé par la prétendue nécessité de « contrôler les frontières » - se plaisent à suggérer que le Royaume-Uni subit de plein fouet le grand exode Sud-Nord. Mais ce n'est tout simplement pas vrai.

En 2022, 74 751 demandes d'asile ont été déposées au Royaume-Uni (dont, soit dit en passant, 45% seulement sont arrivées par de petites embarcations).

Mais la destination de loin la plus populaire pour les demandeurs en Europe en 2022 était l'Allemagne, qui a reçu 217 735 demandes d'asile (24,7% du total), suivie de la France (137 510), de l'Espagne (116 135), de l'Autriche (106 380) et de l'Italie (77 200).

En d'autres termes, le Royaume-Uni n'était que la sixième destination la plus populaire pour les personnes fuyant la violence ou la persécution, ou simplement à la recherche d'une vie meilleure.

L'analyse des chiffres du ministère de l'Intérieur concernant la « migration irrégulière » révèle une vérité surprenante qui met à mal l'argument du gouvernement concernant le statut « illégal » des personnes arrivant au Royaume-Uni sur de petites embarcations.

La vérité, que le gouvernement choisit de ne pas rendre publique, est que la majorité des demandes d'asile déposées par des personnes arrivant au Royaume-Uni sur de petites embarcations qui ont été examinées, ont été approuvées.

En d'autres termes, même le ministère de l'Intérieur reconnaît que, loin d'être des migrants « illégaux », la plupart des personnes cherchant refuge au Royaume-Uni ont de solides raisons de le faire en vertu du droit international.

Sur les 88 221 personnes arrivées au Royaume-Uni par petit bateau entre 2018 et mars 2023, 80 989 ont demandé l'asile.

Près des trois quarts de ces demandes (57 371, soit 70%), sont toujours en attente d'une décision, et 3 845 demandes ont été rejetées.

Mais sur les 11 902 demandes qui ont fait l'objet d'une décision jusqu'à présent, le statut de réfugié ou d'autres formes d'autorisation de séjour ont été accordés dans 7 643 cas.

Cela signifie que, selon la propre évaluation du gouvernement, 65% des demandes d'asile déposées par des personnes arrivant sur de petits bateaux et ayant fait jusqu'à présent l'objet d'une décision sont authentiques et ont été avalisées - un chiffre qui serait certainement plus élevé si le gouvernement britannique n'avait pas introduit sa règle controversée des « pays tiers » en 2020.

Sur les 4 259 demandes rejetées, seules 1 266 l'ont été parce qu'elles ne répondaient pas aux critères d'octroi du statut de réfugié. Mais deux fois plus de demandes - 2 993 - n'ont pas été examinées « pour des raisons liées à un pays tiers ».

Cette modification des règles stipule que les personnes doivent demander l'asile dans le premier pays sûr qu'elles atteignent, une exigence qui, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, va à l'encontre de la Convention relative au statut des réfugiés et du droit international.

On craint maintenant que l'approche sélective du gouvernement britannique à l'égard du droit international ne se propage en Europe parmi d'autres partis de droite désireux d'exploiter les demandeurs d'asile à leurs propres fins politiques.

Volker Turk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a exhorté le gouvernement britannique à revenir sur cette loi.

« Le projet de loi crée un précédent inquiétant de désengagement vis-à-vis des obligations liées à l'asile que d'autres pays, y compris en Europe, pourraient être tentés de suivre, ce qui pourrait avoir un effet néfaste sur le système international de protection des réfugiés et des droits de l'homme dans son ensemble. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Ukraine: ce que l'on sait après le sommet Trump-Poutine

Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine arrivent pour tenir une conférence de presse conjointe après avoir participé à un sommet américano-russe sur l'Ukraine à la base militaire Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025. (Photo par Drew ANGERER / AFP)
Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine arrivent pour tenir une conférence de presse conjointe après avoir participé à un sommet américano-russe sur l'Ukraine à la base militaire Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025. (Photo par Drew ANGERER / AFP)
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  • Une feuille de route en vue d'un « accord de paix » prévoyant des concessions territoriales et des garanties de sécurité pour Kiev, mais ni cessez-le-feu ni sanctions contre Moscou
  • L'Ukraine craignait que l'accord d'Anchorage ne la pousse à céder, de jure ou de facto, une partie de ses territoires. L'armée russe occupe actuellement environ 20 % du territoire ukrainien, dans quatre régions du sud et de l'est.

PARIS : Une feuille de route en vue d'un « accord de paix » prévoyant des concessions territoriales et des garanties de sécurité pour Kiev, mais ni cessez-le-feu ni sanctions contre Moscou : voilà ce que l'on sait de la teneur des discussions lors du sommet d'Anchorage entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

- Pas de cessez-le-feu -

« Il a été jugé par tous que la meilleure façon de mettre fin à la guerre (…), c'est d'aller directement à un accord de paix qui mettrait fin à la guerre, et non à un simple accord de cessez-le-feu qui ne tient souvent pas », a déclaré M. Trump sur son réseau Truth Social, en référence aux pourparlers russo-américains, une position à l'opposé de celle de l'Ukraine et de ses alliés.

C'est une victoire pour Vladimir Poutine, dont les troupes ont récemment fait des avancées dans l'est de l'Ukraine. Le président russe exige depuis le début un « accord de paix » plus général, consacré selon lui aux « causes profondes » de la guerre, à commencer par la volonté de l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN. Moscou considère cette alliance militaire comme une menace existentielle qui s'étend à ses frontières. 

- Questions territoriales -

L'Ukraine craignait que l'accord d'Anchorage ne la pousse à céder, de jure ou de facto, une partie de ses territoires. L'armée russe occupe actuellement environ 20 % du territoire ukrainien, dans quatre régions du sud et de l'est (Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia), ainsi qu'en Crimée, annexée en 2014.

Ni M. Poutine ni M. Trump n'ont évoqué ce sujet brûlant directement lors de leurs interventions devant la presse.

Cependant, selon un responsable ayant eu connaissance d'échanges téléphoniques entre le président américain et des dirigeants européens, M. Trump soutiendrait une proposition de la Russie prévoyant un contrôle total des régions de Donetsk et Lougansk, ainsi qu'un gel du front dans celles de Kherson et Zaporijjia.

Quelques mois après le début de l'invasion, la Russie a proclamé, en septembre 2022, l'annexion de ces quatre régions, même si ses troupes n'en contrôlent aucune en totalité.

- Une réunion tripartite est-elle à l'horizon ? -

M. Trump a confirmé qu'il recevrait M. Zelensky lundi à la Maison Blanche. « Si tout se passe bien, nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine », a-t-il ajouté. Il avait auparavant estimé qu'un accord pour mettre fin à la guerre « dépendait vraiment du président » ukrainien.

Ce dernier a cependant jugé que le refus d'un cessez-le-feu par la Russie « compliquait la situation », se disant sceptique quant à la volonté de Moscou d'arriver à une paix durable.

- Sanctions américaines en suspens -

Vendredi, un ultimatum fixé par M. Trump à la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine expirait théoriquement, sous peine de sanctions dites « secondaires », c'est-à-dire visant les pays qui se fournissent auprès de la Russie, en particulier en pétrole et en armes.

Mais « vu comme cela s'est passé aujourd'hui, je ne pense pas que je doive y penser maintenant », a finalement jugé le président américain sur Fox News, après sa rencontre avec M. Poutine.

Les dirigeants européens ont en revanche affirmé qu'ils « continueraient à renforcer les sanctions et les mesures économiques ciblées pour peser sur l'économie de guerre de la Russie, jusqu'à l'établissement d'une paix juste et durable ».

Les forces russes occupent la quasi-totalité de la région de Lougansk et une grande partie de celle de Donetsk, dont leurs capitales régionales.

Ce n'est pas le cas des deux autres, dont les principaux centres urbains sont toujours sous contrôle ukrainien.

On ignore quel serait le statut formel de ces territoires pour l'Ukraine et la communauté internationale, alors que Volodymyr Zelensky a rejeté toute concession territoriale incompatible avec la Constitution ukrainienne. 

- Garanties de sécurité -

Soutenue par les Européens, l'Ukraine exige de telles garanties en cas d'arrêt des hostilités pour éviter toute reprise de l'invasion russe, ce que Moscou refuse catégoriquement.

Dans son compte rendu post-sommet à M. Zelensky et à plusieurs dirigeants européens, M. Trump a évoqué, en faveur de Kiev, une garantie de sécurité similaire à l'article 5 de l'OTAN, mais en dehors du cadre de l'Alliance atlantique, selon deux sources proches du dossier.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a pour sa part indiqué qu'il s'agirait, dans un premier temps, de définir « une clause de sécurité collective qui permettrait à l'Ukraine d'obtenir le soutien de tous ses partenaires, y compris des États-Unis, prêts à agir en cas d'attaque ».

Plusieurs pays européens, notamment la France et le Royaume-Uni, ont indiqué être prêts à contribuer à une force de « réassurance » stationnée en Ukraine, mais pas sur la ligne de front.


La mère d'Austin Tice révèle des informations nouvellement déclassifiées

Debra Tice, mère du journaliste américain Austin Tice, disparu lors d'un reportage en Syrie en août 2012, lors d'une conférence de presse le 20 janvier 2025. (AFP)
Debra Tice, mère du journaliste américain Austin Tice, disparu lors d'un reportage en Syrie en août 2012, lors d'une conférence de presse le 20 janvier 2025. (AFP)
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  • La conférence de presse marque les 13 ans de la disparition de son fils à l'extérieur de Damas.
  • Debra Tice, journaliste indépendant couvrant le conflit syrien pour le Washington Post et d'autres médias américains, a été enlevé dans la banlieue de Damas en août 2012.

WASHINGTON : La mère du journaliste américain disparu Austin Tice, ancien marine américain, a partagé de nouveaux détails tirés de documents du renseignement récemment déclassifiés, affirmant que les dossiers contiennent des informations qui pourraient aider à localiser son fils.

S'exprimant lors d'une conférence de presse marquant le treizième anniversaire de la disparition de son fils à l'extérieur de Damas, Debra Tice a déclaré que les documents suggéraient que les agences américaines disposaient d'informations quasi-quotidiennes sur son état de santé et sa captivité au cours des années qui ont suivi sa disparition en République arabe syrienne.

Les dossiers ont été communiqués au début de l'année par la directrice du renseignement national des États-Unis, Tulsi Gabbard, à la suite d'une demande de longue date de la famille d'accéder aux documents bruts des services de renseignement relatifs à l'affaire.

"Lorsqu'il avait un problème de dents, ils l'emmenaient chez le dentiste. Lorsqu'il avait des problèmes d'estomac, ils l'emmenaient chez le médecin", aurait déclaré Debra Tice au Washington Post. Elle n'a pas précisé les dates ni les lieux.

Debra Tice, journaliste indépendant couvrant le conflit syrien pour le Washington Post et d'autres médias américains, a été enlevé dans la banlieue de Damas en août 2012. Une vidéo publiée peu après sa disparition le montrait les yeux bandés et détenu par des hommes armés. Les autorités américaines soupçonnent depuis longtemps le gouvernement syrien d'être à l'origine de sa disparition, mais Damas a toujours nié son implication.

Debra Tice a déclaré que des fonctionnaires des administrations précédentes lui avaient dit à plusieurs reprises qu'il n'existait pas de nouvelles informations. Mais elle affirme que les dossiers ont révélé le contraire, renforçant sa conviction que son fils est vivant et qu'il peut encore être retrouvé.

Elle a affirmé que le gouvernement syrien avait tenté de faire revenir son fils peu après sa disparition en contactant la secrétaire d'État américaine de l'époque, Hillary Clinton.

"Le gouvernement syrien a contacté Hillary Clinton pour qu'elle vienne chercher Austin en [...] Le gouvernement syrien a contacté Hillary Clinton pour qu'elle vienne chercher Austin en août 2012, et elle a refusé", a-t-elle déclaré, rapporte le Washington Post.

Cependant, la publication a cité d'anciens fonctionnaires américains ayant connaissance de l'affaire qui ont nié qu'une telle offre ait été faite, affirmant que le régime syrien n'a jamais reconnu détenir Tice et "a vigoureusement nié toute connaissance d'Austin jusqu'à la fin".

Les responsables américains ont imputé l'absence de progrès à l'obstruction du régime de Bachar Assad et à la nature très secrète du réseau de détention syrien.

Depuis l'effondrement du régime Assad en décembre 2024, la CIA aurait adopté une évaluation de "faible confiance" selon laquelle Tice est probablement mort - une évaluation que la famille rejette fermement. Debra Tice a déclaré qu'elle restait persuadée que son fils était en vie et que la libération de milliers de détenus des prisons syriennes effondrées n'avait pas encore permis d'obtenir des informations définitives sur son cas.

L'accès de la famille Tice aux dossiers des services de renseignement a été accordé à la suite d'efforts de lobbying. Debra Tice a déclaré que les informations nouvellement déclassifiées avaient renforcé sa détermination à maintenir la pression sur les autorités américaines pour qu'elles résolvent l'affaire.

"Nous savons qu'Austin est vivant. Nous devons le retrouver", a-t-elle déclaré.

Le cas d'Austin Tice reste l'un des plus longs enlèvements non résolus d'un journaliste américain au Moyen-Orient. Les groupes de défense des droits et de la liberté de la presse ont à plusieurs reprises exhorté le gouvernement américain à donner la priorité à la recherche du journaliste et à veiller à ce que ses ravisseurs répondent de leurs actes. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Après son sommet avec Poutine, Trump veut un plan de paix en Ukraine, plus de cessez-le-feu

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky prévoit de rencontrer le président américain Donald Trump à Washington la semaine prochaine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky prévoit de rencontrer le président américain Donald Trump à Washington la semaine prochaine. (AFP)
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  • Lors de son sommet en Alaska, Donald Trump a exclu un cessez-le-feu immédiat entre Russie et Ukraine, préférant viser un accord de paix global, et prévoit de rencontrer Zelensky lundi à la Maison Blanche
  • Les combats se poursuivent sur le terrain, tandis que les dirigeants européens expriment leur soutien à un sommet trilatéral

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a exclu samedi un cessez-le-feu immédiat entre la Russie et l'Ukraine et réclame désormais directement un "accord de paix", au lendemain de son sommet en Alaska avec son homologue russe Vladimir Poutine.

Donald Trump avait assuré vouloir obtenir un cessez-le-feu en Ukraine avant ce sommet annoncé comme décisif vendredi, à l'issue duquel les deux dirigeants n'ont rien dévoilé de leurs discussions pour mettre fin à un conflit meurtrier qui dure depuis trois ans et demi.

"Il a été jugé par tous que la meilleure façon de mettre fin à la guerre horrible entre la Russie et l'Ukraine est d'aller directement à un accord de paix, qui mettrait fin à la guerre, et non à un simple accord de cessez-le-feu, qui souvent ne tient pas," a déclaré M. Trump sur son réseau Truth Social, une fois rentré à Washington.

Il a également confirmé qu'il recevrait le président ukrainien Volodymyr Zelensky lundi après-midi à la Maison Blanche. "Si tout marche bien, nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine", a ajouté Donald Trump, laissant envisager un sommet tripartite.

M. Zelensky -- qui n'avait pas été invité à Anchorage et souhaitait d'abord un accord de cessez-le-feu, comme les Européens -- avait annoncé peu avant qu'il irait lundi rencontrer Donald Trump, et que celui-ci l'avait informé des "principaux points" de ses échanges avec son homologue russe.

"Lundi, je rencontrerai le président Trump à Washington pour discuter de l'ensemble des détails pour mettre fin aux tueries et à la guerre", a indiqué M. Zelensky sur X. "Je suis reconnaissant de l'invitation. Il est important que les Européens soient impliqués à chaque étape afin d'apporter des garanties de sécurité fiables, aux côtés des États-Unis".

Au cours de son vol retour d'Anchorage, M. Trump a eu un "long appel" avec M. Zelensky, selon sa porte-parole. Le président américain s'est également entretenu avec des dirigeants de l'Otan, a précisé la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt.

Cet appel, auquel ont notamment participé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, a duré "un peu plus d'une heure", selon une porte-parole de la Commission européenne.

- "Nous n'y sommes pas" -

Dans un communiqué commun, les dirigeants européens ont ensuite affirmé être "prêts à travailler avec M. Trump et M. Zelensky en vue d’un sommet trilatéral, avec le soutien de l'Europe", tout en maintenant la pression sur Moscou.

"Nous continuerons à renforcer les sanctions et les mesures économiques ciblées pour peser sur l'économie de guerre de la Russie, jusqu'à l'établissement d’une paix juste et durable", ont-ils déclaré.

M. Macron a mis en garde contre "la propension" de la Russie "à ne pas tenir ses propres engagements". Plus optimiste, M. Starmer a estimé que "les efforts" de M. Trump "nous rapprochent plus que jamais" de la fin de la guerre en Ukraine.

Avant de quitter Anchorage, le président américain avait évoqué une réunion "très productive" et Vladimir Poutine un entretien "constructif".

Donald Trump a assuré pendant des déclarations conjointes à la presse qu'il restait "très peu" de points à régler pour trouver une issue à la guerre déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine. "L'un d'entre eux (ces points) est probablement le plus important", a-t-il ajouté, mais sans préciser lequel.

"Nous n'y sommes pas, mais nous avons fait des progrès. Il n'y a pas d'accord jusqu'à ce qu'il y ait un accord", a averti le président des Etats-Unis.

M. Trump s'était fixé pour ambition d'organiser très vite un sommet tripartite avec les chefs d'Etat russe et ukrainien, tout en décrochant un cessez-le-feu.

Dans un entretien sur la chaîne Fox News enregistré juste après les déclarations à la presse, Donald Trump a estimé qu'un accord pour mettre fin à la guerre "dépendait vraiment du président" ukrainien.

- La guerre continue -

Avec son homologue russe, le président américain n'a plus eu le ton quelque peu bravache d'avant la rencontre, lorsqu'il menaçait de claquer la porte en cas d'impasse.

M. Trump, qui avait menacé la Russie de "conséquences très graves" si elle n'acceptait pas de mettre un terme à la guerre, a précisé ne plus envisager de mesures dans l'immédiat. "Vu comme cela s'est passé aujourd'hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant", a-t-il déclaré.

M. Poutine, sur la même tonalité engageante et cordiale, a dit espérer que "l'entente" trouvée en Alaska apporterait "la paix" en Ukraine.

Avec ce sommet, Poutine signe un spectaculaire retour sur la scène internationale, alors que le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale continue.

L'armée russe a lancé 85 drones et un missile sur l'Ukraine pendant la nuit de vendredi à samedi, a affirmé Kiev, assurant en avoir abattu 61, dans les régions de Soumy (nord-est), Donetsk (est), Tcherniguiv (nord) et Dnipropetrovsk (centre-est).

Parallèlement, les forces du Kremlin ont revendiqué samedi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine, autre signe de la poursuite sans relâche des combats.