Frankly Speaking: Comment expliquer le «ballet diplomatique» en Asie ?

Ci-dessus, Salmane Al-Ansari, un analyste géopolitique saoudien. (Photo, capture d'écran).
Ci-dessus, Salmane Al-Ansari, un analyste géopolitique saoudien. (Photo, capture d'écran).
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Publié le Lundi 24 juillet 2023

Frankly Speaking: Comment expliquer le «ballet diplomatique» en Asie ?

  • L'analyste géopolitique saoudien Salmane Al-Ansari estime que les liens croissants du Royaume avec les économies asiatiques ne doivent pas être considérés comme une menace par les États-Unis.
  • L'Arabie saoudite a accueilli plusieurs dirigeants asiatiques ces dernières semaines, dont le Premier ministre japonais, afin de renforcer son engagement dans la région

DUBAΪ : Le « ballet diplomatique » en cours entre le Royaume et ses voisins du nord et de l'est représente un « tournant saoudo-asiatique », selon Salmane Al-Ansari, un analyste géopolitique saoudien.

Le Royaume « connaît ce genre de marathon passionnant, et j'aimerais l'appeler le tournant saoudo-asiatique », a-t-il déclaré, à la suite de plusieurs séries de visites diplomatiques et d'accords entre Riyad et des pays asiatiques.

Lors de son passage à l'émission hebdomadaire d'Arab News « Frankly Speaking », Al-Ansari a également évoqué les raisons qui poussent le Royaume à établir des liens plus étroits avec les économies d'Asie centrale, d'Asie du Sud-Est et d'Extrême-Orient, et a expliqué comment les relations saoudiennes en plein essor avec la Chine et la Russie devraient être perçues par Washington, son allié traditionnel.

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Salman Al-Ansari, analyste géopolitique saoudien, s'entretient avec Katie Jensen, animatrice de Frankly Speaking. (Photo AN)

Mercredi, l'Arabie saoudite est devenue le 51e pays à signer le Traité d'Amitié et de Coopération avec l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est lors de la visite du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, à Djakarta.

Le TAC est un accord de paix signé en 1976 visant à établir un ensemble de lignes directrices régissant les relations interétatiques dans la région sur la base du respect mutuel de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des uns et des autres.

Outre les dix États membres de l'ANASE, dont les membres influents que sont l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, les Philippines et Singapour, des pays non situés en Asie du Sud-Est ont également adhéré à l'accord.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhane ( à gauche), la ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi ( à droite) et le secrétaire général de l'ANASE Kao Kim Hourn lors de la cérémonie de signature de l'adhésion de l'Arabie saoudite au Traité d'amitié et de coopération en Asie du Sud-Est (TAC) à Jakarta, le 12 juillet 2023. (AFP) 

La Chine et l'Inde ont été les premières à y adhérer en 2003, et les États-Unis et l'Union européenne l'ont rejoint en 2009. « Cet accord renforcera certainement les relations bilatérales du Royaume avec tous les membres de l'ANASE », a précisé Al-Ansari. « C'est pourquoi je l'appelle le tournant saoudo-asiatique ».

Un autre fait diplomatique marquant du mois dernier a été la tournée officielle au Moyen-Orient du Premier ministre japonais, Fumio Kishida, la première depuis son entrée en fonction en 2020. Entre le 16 et le 19 juillet, Kishida s'est rendu en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar.

Bien que la sécurité énergétique ait été l'une des priorités de la tournée de Kishida, les initiatives en matière de technologies vertes et la coopération dans le domaine des technologies et des infrastructures ont également occupé une place prépondérante.

« C'était une visite très importante », a dit Al-Ansari à l'animatrice de l'émission « Frankly Speaking », Katie Jensen. « Plus de 26 accords ont été signés entre le Japon et l'Arabie saoudite dans de nombreux domaines. Notamment, l'eau, les industries de pointe, les technologies, le secteur de la santé et le secteur financier.

« Les relations entre l'Arabie saoudite et l'Asie sont donc très dynamiques. Il ne faut pas oublier non plus que la réunion Asie centrale-CCG s'est tenue il y a quelques jours et que, pour la première fois, les deux blocs ont commencé à consolider leurs relations. »

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Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane ( à droite) rencontre le Premier ministre japonais Fumio Kishida (2e à gauche) au palais Al-Salam à Djeddah, le 16 juillet 2023. (SPA) 

Le 19 juillet, le sommet entre le Conseil de coopération du Golfe et les pays d'Asie centrale (CCG-C5) s'est déroulé dans la ville saoudienne de Djeddah, et a de nouveau renforcé les liens entre les deux blocs régionaux.

« Les pays d'Asie centrale n'ont jamais autant été dans le champ de vision saoudien qu'aujourd'hui », a déclaré Al-Ansari en faisant référence au C5, qui comprend le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizstan et le Turkménistan.

« Ces cinq nations font partie des pays considérés comme très importants au sein de l'OPEP+. Le royaume d'Arabie saoudite, notamment par l'intermédiaire d'ACWA Power Company, gère d'énormes projets d'énergie solaire et d'électricité, en particulier en Ouzbékistan. »

« Ce sommet des cinq pays d'Asie centrale et des six pays du CCG préparera le terrain pour une coopération gagnant-gagnant plus poussée et renforcera sans aucun doute les intérêts stratégiques et économiques des deux blocs. »

« C'est le tournant saoudo-asiatique ».

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Photo de famille des dirigeants de l'Arabie saoudite, du Bahreïn, du Koweït, d'Oman, du Qatar, des Émirats arabes unis, du Kazakhstan, du Tadjikistan, de l'Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Turkménistan lors du sommet du Conseil de coopération du Golfe et des pays d'Asie centrale (CCG-C5) à Djeddah, le 19 juillet 2023. (SPA) 

L’intérêt du Royaume pour l’Orient est en partie motivé par la montée en puissance de la Chine en sa qualité de grand importateur d'énergie et de puissance mondiale en matière d'industrie manufacturière et de technologie.

La Chine est le premier partenaire commercial de l'Arabie saoudite, tandis que le Royaume est le premier partenaire commercial de la Chine au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, avec des échanges bilatéraux dans le domaine de l'énergie et une large gamme de produits industriels.

Mais Pékin joue également un rôle de plus en plus important dans le domaine de la diplomatie au Moyen-Orient.

L'accord conclu en mars entre l'Arabie saoudite et l'Iran, qui a ouvert la voie à la normalisation des relations, a été négocié par la Chine. Est-ce le début d'un rôle plus large pour la Chine dans la région ?

« Il y a quelques années, je me souviens qu'un de mes amis, un diplomate du CCG, se trouvait à Pékin, en Chine, et je lui ai demandé pourquoi nous ne poussions pas les Chinois à faire quelque chose par rapport à l'Iran, » a poursuivi Al-Ansari.

« Il m'a dit qu'ils soulevaient toujours cette question {avec leurs} homologues chinois, et qu'ils ne parlaient jamais que de commerce. »

« C'est donc une phase très importante pour le gouvernement chinois, qui ne se concentre plus seulement sur le commerce, mais aussi sur les accords de sécurité et le parrainage politique ».

« Je pense que c'est un grand pas pour la Chine, pour l'Iran, pour les pays du CCG et l'Arabie saoudite, c'est certain ».

L'engagement plus profond de l'Arabie saoudite auprès des puissances non occidentales a suscité des spéculations de la part de politiciens et de commentateurs à Washington, selon lesquels Riyad a choisi de se ranger du côté de la Chine et de la Russie plutôt que du côté de ses alliés traditionnels américains et occidentaux.

Selon Al-Ansari, il est tout à fait naturel que l'Arabie saoudite, en tant que nation souveraine, diversifie ses relations diplomatiques et commerciales, mais cela ne signifie pas que le Royaume ait renoncé à son partenariat stratégique avec les États-Unis, qui est d'une importance vitale.

Dans le même temps, a-t-il ajouté, Washington ne devrait pas essayer de s'immiscer dans les relations de nations souveraines, ni imposer une politique de deux poids deux mesures, selon laquelle il est permis d'entretenir des relations commerciales avec la Chine tout en empêchant d'autres pays de le faire.

« Les États-Unis sont le principal partenaire commercial de la Chine.  Dicter à d'autres pays la manière dont ils doivent mener leurs affaires et avec qui ils doivent le faire n'est pas la voie à suivre », a souligné Al-Ansari.

« Il y a trente ans, la Chine était le principal partenaire commercial de vingt pays. Aujourd'hui, ce nombre s'élève à plus de 130 pays. C'est donc une réalité sur le terrain. C'est l'usine du monde. Travaillons avec la Chine. »

« La Chine n'est pas, comme on le pense, un pays maléfique. Nous ne voulons pas de cette politique de deux poids, deux mesures, ni de cette approche à somme nulle de la part des États-Unis.

Nous voulons que le monde vive en harmonie et, en même temps, nous voulons un accord gagnant-gagnant avec tout le monde, que ce soit avec la Chine, la Russie, nos amis européens ou les États-Unis, et c'est le rôle que l'Arabie saoudite veut jouer, être un égalisateur, se situer au milieu et faire des affaires avec tout le monde. »

Selon Al-Ansari, l'importance que l'Arabie saoudite accorde à l'idée de souveraineté n'est pas nouvelle et les États-Unis n'ont rien à craindre des tractations diplomatiques unilatérales de Riyad.

« Les Saoudiens ont toujours eu cette idée que la souveraineté est essentielle pour l'Arabie saoudite et pour tous les pays qui souhaitent être amis avec l'Arabie saoudite », a-t-il déclaré. « Les Saoudiens n'ont pas changé de cap en ce qui concerne le passage d'un allié à un autre. Ce n'est ni la pratique ni le style du Royaume. Les Saoudiens suivent leurs intérêts depuis leur création. Ainsi, dès le début, les Saoudiens ont travaillé avec les Américains pour faire face aux principaux conflits et adversaires dans le monde. »

Les Saoudiens et les Américains ont combattu le communisme et le terrorisme ensemble, et ils ont stabilisé l'énergie et l'économie mondiales ensemble. Et les Saoudiens sont réellement engagés dans cette relation très stratégique et importante.

« En ce qui concerne les États-Unis, ils sont actuellement considérés comme le deuxième partenaire commercial du Royaume d'Arabie saoudite et également comme le principal partenaire stratégique du Royaume en matière de sécurité, etc. Mais il y a certainement des différences, comme dans toute relation ».

Washington ne devrait pas non plus s'inquiéter de l'engagement de l'Arabie saoudite avec la Russie sur le pétrole, a indiqué Al-Ansari - une démarche qui vise uniquement à aider à stabiliser les marchés mondiaux de l'énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales visant les hydrocarbures russes.

« En ce moment, les Américains sont peut-être contrariés par le fait que nous travaillons avec les Russes dans le cadre de l'OPEP+, mais je ne pense pas qu'ils devraient s’en inquiéter, car nous ne sommes pas là pour aider un pays spécifique contre un autre », a expliqué Al-Ansari.

« Nous sommes là pour stabiliser le marché de l'énergie. Et le seul et unique moyen d'y parvenir est de nous engager et de disposer d'un mécanisme unifié qui nous permette de travailler sur l'offre et la demande. »

Rejetant l'idée d'un alignement géopolitique contre les États-Unis, il a précisé : « Je pense que personne ne croit à l'idée que l'Arabie saoudite se range du côté de la Russie au travers de ses décisions au sein de l'OPEP. Il s'agit simplement d'une information dépassée qui a été lancée par l'administration américaine dans un moment de colère. Et les médias n'ont pas arrêté d'en parler ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Frankly Speaking : Le chef de la Commission saoudienne des droits de l'homme présente son mandat et ses ambitions

L'Arabie saoudite connaît une « énorme transformation » en ce qui concerne l'émancipation des femmes grâce à des réformes globales des droits juridiques, civils et sociaux, a déclaré Hala Al-Tuwaijri, la première femme à diriger la Commission saoudienne des droits de l'homme. (Photo: Arab News)
L'Arabie saoudite connaît une « énorme transformation » en ce qui concerne l'émancipation des femmes grâce à des réformes globales des droits juridiques, civils et sociaux, a déclaré Hala Al-Tuwaijri, la première femme à diriger la Commission saoudienne des droits de l'homme. (Photo: Arab News)
L'Arabie saoudite connaît une « énorme transformation » en ce qui concerne l'émancipation des femmes grâce à des réformes globales des droits juridiques, civils et sociaux, a déclaré Hala Al-Tuwaijri, la première femme à diriger la Commission saoudienne des droits de l'homme. (Photo: Arab News)
L'Arabie saoudite connaît une « énorme transformation » en ce qui concerne l'émancipation des femmes grâce à des réformes globales des droits juridiques, civils et sociaux, a déclaré Hala Al-Tuwaijri, la première femme à diriger la Commission saoudienne des droits de l'homme. (Photo: Arab News)
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  • Hala Al-Tuwaijri cite « des progrès rapides, une énorme transformation » dans l'autonomisation des femmes, en particulier sur le marché du travail
  • Elle décrit la « responsabilité humiliante » que représente le traitement du dossier des droits de l'homme, soulignant la nécessité d'une réforme judiciaire

DUBAÏL'Arabie saoudite connaît une « énorme transformation » en ce qui concerne l'émancipation des femmes grâce à des réformes globales des droits juridiques, civils et sociaux, a déclaré Hala Al-Tuwaijri, la première femme à diriger la Commission saoudienne des droits de l'homme.

Le Royaume a connu des progrès rapides dans la représentation des femmes à des postes de direction, de la princesse Reema Bent Bandar Al-Saoud, première femme ambassadrice saoudienne aux États-Unis, à Sara Al-Suhaimi, première femme présidente de Tadawul, la bourse saoudienne.

En effet, la nomination de Mme Al-Tuwaijri à la présidence de la Commission saoudienne des droits de l'homme, avec rang de ministre, en septembre 2022, est une preuve en soi des changements tectoniques en cours en Arabie saoudite.

« Ce sont des exemples de femmes qui sont arrivées au sommet, mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg », a déclaré Mme Al-Tuwaijri à Katie Jensen, présentatrice de l'émission d'actualité d'Arab News « Frankly Speaking ».

« Ce qui s'est réellement passé en Arabie saoudite est une énorme transformation, en particulier en ce qui concerne la question de l'émancipation des femmes.

Lors d'une interview à bâtons rompus, Mme Al-Tuwaijri a évoqué les progrès dont elle a été témoin depuis son entrée en fonction et a fait face aux critiques émises par les pays occidentaux qui examinent l'authenticité des avancées de l'Arabie saoudite en matière de droits de l'homme.

La transformation des droits des femmes saoudiennes n'est nulle part plus évidente que sur le lieu de travail. Grâce à une série de réformes et de nouvelles protections juridiques, les femmes représentent aujourd'hui une part importante de la main-d'œuvre à tous les niveaux.

« L'approche a été globale », a déclaré M. Al-Tuwaijri. « Nous avons essentiellement élargi tous les droits juridiques, civils et sociaux et examiné la législation, les procédures et tout ce qui faisait obstacle à la progression des femmes a été éliminé.

« La plus grande réussite, je pense, est la façon dont l'émancipation des femmes a changé le visage du pays. Aujourd'hui, on voit des femmes partout, dans tous les domaines. Les voies d'accès à la main-d'œuvre féminine ont toutes été débloquées et, par conséquent, les femmes rejoignent la main-d'œuvre.

« Et cela s'est traduit dans les données relatives à l'autonomisation des femmes et en particulier à la participation des femmes à la main-d'œuvre.

Les meilleurs exemples de cette transformation sont peut-être les Saoudiennes qui progressent dans les domaines de la science, de la technologie, de l'ingénierie, des mathématiques et de la médecine, des carrières traditionnellement dominées par les hommes.

J'utiliserais le cliché « le ciel est la limite », mais après que Rayyanah Barnawi (première astronaute saoudienne) soit allée dans l'espace, je pense que cette métaphore ne décrit pas l'ambition des femmes saoudiennes", a déclaré Mme Al-Tuwaijri.

« Je pense que les Saoudiennes ont prouvé qu'elles étaient efficaces et à la hauteur des postes qu'elles ont occupés.

Depuis 2016, le Royaume a mis en œuvre un ensemble de réformes visant à autonomiser les femmes, de la levée de l'interdiction de conduire et de l'assouplissement de la loi sur la tutelle masculine aux mesures de lutte contre la violence à l'égard des femmes et des filles.

Bien qu'il s'agisse d'un rôle difficile, Mme Al-Tuwaijri affirme que sa nomination à la tête de la Commission des droits de l'homme reflète le sérieux avec lequel le Royaume prend ses obligations et son engagement à l'égard des valeurs partagées par la communauté internationale.

« Cette tâche, qui consiste à s'occuper du dossier des droits de l'homme partout dans le monde, est une énorme responsabilité, une leçon d'humilité », a-t-elle déclaré. « Elle s'accompagne également de la certitude de faire du bien aux gens et à l'humanité en général. Elle s'accompagne également de valeurs et de principes nobles.

« En Arabie saoudite, ce n'est pas différent. Je viens travailler tous les jours en sachant que, d'une part, je fais mon travail. Mais je sais aussi que ce travail comprend la promotion et la protection des droits des personnes vivant en Arabie saoudite, ainsi qu'une contribution à la communauté internationale et aux nouvelles tendances et approches en matière de droits de l'homme.

« La tâche n'est donc pas simple. Elle n'est pas simple. Il ne s'agit pas d'avoir un objectif et de l'atteindre à un moment donné. Non, il s'agit d'un processus continu. Il est dynamique. Et c'est en constante évolution, ce qui nécessite beaucoup d'exposition et de communication avec les autres.

Dans une interview accordée en septembre 2023 au diffuseur américain Fox News, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a admis avoir « honte » des lois du Royaume après qu'un enseignant à la retraite a été condamné à mort pour un message critique sur les médias sociaux.

« Honteusement, c'est vrai. C'est quelque chose que je n'aime pas", a déclaré le prince héritier à Fox News, soulignant les efforts de son gouvernement pour réformer et moderniser le système judiciaire.

« Nous faisons de notre mieux... nous avons déjà changé des dizaines de lois en Arabie saoudite, et la liste compte plus de 1 000 articles. Au sein du cabinet, il n'y a que 150 juristes, alors j'essaie de donner la priorité au changement jour après jour.

Il a ajouté : « Mais nous ne sommes pas satisfaits de cela. Nous en avons honte. Mais (dans) le système de jury, vous devez suivre les lois et je ne peux pas dire à un juge (de) faire cela et d'ignorer la loi, parce que ... c'est contraire à l'État de droit. Mais avons-nous de mauvaises lois ? Oui. Nous sommes en train de les changer, oui.

Interrogé sur ces commentaires, Al-Tuwaijri a déclaré que le prince héritier respecte l'autorité du système judiciaire du Royaume, mais que des réformes sont nécessaires - des mesures avec lesquelles la Commission des droits de l'homme est d'accord.

« Oui, Son Altesse Royale le prince héritier l'a déclaré. Et je pense qu'il s'agit d'une affirmation verbale des grandes initiatives qui ont lieu en termes de transformation du système judiciaire", a déclaré Al-Tuwaijri.

« Trois lois ont été publiées récemment, toutes contrôlant la vie des gens de manière positive - par contrôle, nous entendons une plus grande clarté en termes de système judiciaire et de prévisibilité, bien sûr.

« Le fait que tout cela se produise alors que nous progressons, que nous proposons des initiatives, c'est un peu comme réparer un avion pendant qu'il vole. Et c'est précisément ce qu'a indiqué Son Altesse Royale le Prince héritier.

« Mais dans la même interview que vous avez mentionnée, il a également fait preuve d'un grand respect pour le système judiciaire. Et je pense que tout pays qui se respecte et qui respecte son statut doit également respecter le pouvoir judiciaire.

La Commission saoudienne des droits de l'homme participe à ce processus de réforme « afin que le prisme des droits de l'homme soit toujours appliqué lorsqu'il s'agit de publier une nouvelle loi, d'en réviser une ou de donner des conseils sur une certaine procédure », a déclaré M. Al-Tuwaijri.

« Nous devons également nous assurer que tout ce qui se passe dans le cadre de ce processus de transformation juridique est conforme aux engagements pris en matière de droits de l'homme.

Bien que son programme de réforme soit motivé par un plan de transformation national plus large dans le cadre de Vision 2030, le Royaume s'engage avec des agences internationales et des groupes de défense des droits de l'homme pour déterminer où des améliorations peuvent être apportées - à condition qu'elles soient basées sur des faits plutôt que sur des ouï-dire.

« Dans le cadre de notre mandat, nous travaillons avec toutes sortes de parties, qu'il s'agisse de l'État, d'organisations gouvernementales ou d'organisations non gouvernementales », a déclaré M. Al-Tuwaijri. « Mais la base de ce type d'engagement est la coopération, le dialogue et les efforts constructifs.

« Nous nous engageons avec toutes ces entités tant que l'objectif est d'avoir un dialogue constructif sur un pied d'égalité et, en même temps, de comprendre les différences entre nous. C'est essentiellement ainsi que nous fonctionnons.

Elle a ajouté : « Et bien sûr, nous surveillons ce que les médias traitent en termes de droits de l'homme, ce qui inclut tout. Cela dépend donc de notre relation avec ces entités. Nous nous engageons directement dans la coopération et le dialogue.

« Si nous constatons que les rapports ne sont pas fondés sur des faits, mais qu'ils sont sans fondement, qu'il s'agit de ouï-dire, alors nous nous concentrons sur notre travail sur le terrain, nous essayons de poursuivre notre stratégie et d'atteindre nos objectifs, et nous considérons ce rapport comme l'un des nombreux rapports qui politisent les droits de l'homme et ne s'engagent pas vraiment dans une démarche de coopération.

En janvier, l'ONU a organisé l'examen périodique universel à Genève, au cours duquel M. Al-Tuwaijri a souligné la détermination de l'Arabie saoudite à atteindre les normes mondiales les plus élevées en matière de promotion et de protection des droits de l'homme.

Malgré les progrès significatifs réalisés par l'Arabie saoudite, plusieurs commentateurs occidentaux ont qualifié cet engagement d'opération de relations publiques. M. Al-Tuwaijri a balayé ces critiques en soulignant le bilan positif du Royaume.

L'examen périodique universel « couvre une période où il y a eu, sur le terrain, plus de 100 réformes, et ces réformes (ont été) publiées », a-t-elle déclaré. « Elles sont étayées par des preuves, des données, et il s'agit d'une manifestation réelle des réformes.

« Oui, certaines personnes critiqueront toujours et d'autres seront cyniques par rapport à ce qui se passe. Mais nous restons ouverts en termes de coopération avec les États, les organisations gouvernementales, les organisations non gouvernementales pour aborder ces questions et discuter des domaines d'amélioration.

« Et pour ceux qui doutent, (qui disent) que c'est un coup monté ou que nous ne disons pas la vérité, je les invite à venir visiter le Royaume d'Arabie saoudite et à rencontrer des hommes et des femmes de la communauté saoudienne et à écouter à quel point ils ont bénéficié de toutes ces améliorations et de tous ces changements et développements qui se sont produits sur le terrain ».

À la question de savoir si la perception négative de l'Arabie saoudite par les organisations internationales de défense des droits est influencée par un parti pris politique ou par des attentes irréalistes, M. Al-Tuwaijri souligne les commentaires positifs que le Royaume a également reçus.

« Plus de 135 commentaires ont été adressés à la délégation saoudienne à Genève en janvier dernier. Et ce qui est étonnant, c'est que ces 135 commentaires ont tous été introduits par une reconnaissance de l'amélioration", a-t-elle déclaré.

« Il est évident que par rapport au rapport précédent, il y a une grande amélioration qui a été reconnue par la communauté internationale.

Elle a ajouté : « Oui, malheureusement, il y a des préjugés, non seulement contre le Royaume d'Arabie saoudite, mais en général contre les personnes de cette région. Mais nous essayons d'ignorer les implications négatives de ces préjugés et de voir ce qu'il y a de bon dans ces approches, ces rapports ou ces critiques, et de voir ce que nous pouvons en tirer.

M. Al-Tuwaijri a reconnu que le changement de ces attitudes serait un processus graduel, mais qu'il serait possible d'y parvenir grâce à un engagement continu avec les amis et les détracteurs.

« L'objectif est d'amener les gens à voir par eux-mêmes ce qui se passe en Arabie saoudite », a-t-elle déclaré. « Parce que le récit n'est jamais complet, en fait, si les gens n'en sont pas témoins de leurs propres yeux. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un Américain retrouve sa famille saoudienne après 40 ans – larmes de joie

Eid Alsoumani et sa famille ont finalement été réunis le 9 mai. Plusieurs d’entre eux rencontraient pour la première fois leur proche de 42 ans. (Photo fournie)
Eid Alsoumani et sa famille ont finalement été réunis le 9 mai. Plusieurs d’entre eux rencontraient pour la première fois leur proche de 42 ans. (Photo fournie)
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  • Eid Alsoumani, aujourd’hui âgé de 42 ans, avait deux ans au moment des faits
  • La mère américaine de son frère aîné a rompu les liens avec la famille pour des raisons qui n’ont pas été révélées au public

DJEDDAH: Quatre décennies de recherches ont finalement conduit à d’émouvantes retrouvailles entre un citoyen américain et sa famille saoudienne, mettant fin à une période douloureuse d’attente qui semblait vouée à l’échec.

Eid Alsoumani, aujourd’hui âgé de 42 ans, avait deux ans au moment des faits. La mère américaine de son frère aîné a rompu les liens avec la famille pour des raisons qui n’ont pas été révélées au public.

Elle avait rencontré Saoud Alsoumani alors qu’il était étudiant aux États-Unis. Ils se sont mariés et ont eu deux fils.

Eid Alsoumani et sa famille ont finalement été réunis le 9 mai. Plusieurs d’entre eux rencontraient pour la première fois leur proche de 42 ans. (Photo fournie)
Eid Alsoumani et sa famille ont finalement été réunis le 9 mai. Plusieurs d’entre eux rencontraient pour la première fois leur proche de 42 ans. (Photo fournie)

Après son retour en Alabama avec les garçons, la mère de Eid a coupé toute communication entre leur père – qui est retourné en Arabie saoudite – et eux.

«Pendant cette période, qui a duré 40 ans, les membres de la famille cherchaient leurs proches par l’intermédiaire de l’ambassade américaine. Ils ont essayé de rechercher la famille à plusieurs reprises, mais aucune piste ne leur a été a bénéfique», déclare Bander Alsoumani, le cousin de Eid.


Le prince héritier d’Arabie saoudite rencontre Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane (à gauche), a rencontré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan. (Agence de presse saoudienne/AFP)
Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane (à gauche), a rencontré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan. (Agence de presse saoudienne/AFP)
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  • Au cours de la réunion, les deux dirigeants ont passé en revue les relations stratégiques entre les deux pays et les moyens de les renforcer dans divers domaines
  • La SPA soutient que les efforts visant à trouver une solution crédible à la question palestinienne ont également été abordés

DHAHRAN: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a rencontré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, dans la ville orientale de Dhahran, rapporte dimanche l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Au cours de la réunion, les deux dirigeants ont passé en revue les relations stratégiques entre les deux pays et les moyens de les renforcer dans divers domaines, indique la SPA.

L’agence soutient que les efforts visant à trouver une solution crédible à la question palestinienne, y compris un cessez-le-feu durable et l’entrée sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza, en vue d’une «solution à deux États qui réponde aux aspirations et aux droits légitimes du peuple palestinien», ont également été abordés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com