Sahara occidental: Paris sous pression du Maroc après la reconnaissance israélienne

 Un soldat marocain est photographié sur une colline le long d'une route entre le Maroc et la Mauritanie à Guerguerat, situé dans le Sahara occidental, le 23 novembre 2020, après l'intervention des forces armées royales marocaines dans la région. (Photo d'illustration, AFP)
Un soldat marocain est photographié sur une colline le long d'une route entre le Maroc et la Mauritanie à Guerguerat, situé dans le Sahara occidental, le 23 novembre 2020, après l'intervention des forces armées royales marocaines dans la région. (Photo d'illustration, AFP)
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Publié le Lundi 24 juillet 2023

Sahara occidental: Paris sous pression du Maroc après la reconnaissance israélienne

  • Rabat et Paris sont en froid depuis des mois, un gel qui dure et s'ancre –- le poste d'ambassadeur du Maroc en France est toujours vacant -- malgré les dénégations françaises
  • A l'origine de cette grave brouille, les restrictions des visas visant les ressortissants marocains, une mesure levée en décembre dernier

RABAT : Après la reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental, la pression s'accentue sur la France pour qu'elle en fasse autant, dans un contexte de crise entre Rabat et Paris.

Rabat et Paris sont en froid depuis des mois, un gel qui dure et s'ancre –- le poste d'ambassadeur du Maroc en France est toujours vacant -- malgré les dénégations françaises.

Pas d'explication non plus côté marocain.

A l'origine de cette grave brouille, les restrictions des visas visant les ressortissants marocains, une mesure levée en décembre dernier.

Autres pommes de discorde: le vote du Parlement européen condamnant la dégradation de la liberté de la presse au Maroc, dans lequel Rabat a vu un complot anti-marocain "orchestré" par les députés macronistes à Bruxelles, des soupçons d'espionnage marocain (cf. l'affaire Pegasus), les tentatives de réconciliation, jusque là vaines, de Paris avec la puissance rivale algérienne...

Au-delà, le Maroc reproche surtout à la France de ne pas s'aligner sur les Etats-Unis et Israël qui ont reconnu la "marocanité" du Sahara occidental, sacrée "cause nationale" par Rabat.

"Les rapports avec les puissances sont appréciés à l'aune de leur position sur le Sahara", rappelle à l'AFP le professeur de sciences politiques, Abdelmoughit Benmessaoud Tredano.

Depuis un demi-siècle, un conflit armé oppose le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l'Algérie, dans ce vaste territoire désertique bordant l'Atlantique, aux eaux poissonneuses et importantes réserves en phosphates.

Rabat, qui en contrôle la majeure partie, prône un plan d'autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU, déjà accepté mais jamais concrétisé.

La décision d'Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental, à l'instar des Etats-Unis, rebat les cartes.

"A qui le tour ?", enjoint l'éditorialiste marocain Aziz Boucetta.

"La position de la France est importante car de cette position dépend celle de l'Europe (...) On peut donc prévoir une pression encore plus forte qu'elle ne l'est déjà de Rabat sur Paris", prédit-il.

Pour Paris, la position de la France, alliée historique du Maroc, est "claire et constante", en faveur d'"une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (CNSU)".

Elle considère le plan d'autonomie marocain comme une base de discussions "sérieuse et crédible" depuis sa présentation en 2007.

"Depuis le départ, notre position est clairement favorable au Maroc", souligne l'ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier. Peine perdue.

Résister aux pressions ?

"La France continuera-t-elle à faire l'autruche ? Elle est dans la duplicité, se servant du dossier du Sahara pour préserver ses intérêts économiques avec l'Algérie", assène la revue Finances News Hebdo.

D'autres sites marocains déplorent le "tropisme algérien" d'Emmanuel Macron, en pleine tension entre Alger et Rabat, sur fond de campagne médiatique anti-française quasi permanente.

"Une certaine presse au Maroc reproche à la France sa frilosité sur la question du Sahara, où sa position est considérée par Rabat comme dépassée", décrypte le politologue Hassan Aourid, ancien porte-parole du palais royal.

Ainsi l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale, a fait volte-face en 2022, jugeant l'initiative marocaine "comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend".

"Le contexte mondial et régional a changé et l'approche française devrait tenir compte de ces changements", plaide Hassan Aourid.

A domicile, la droite française appelle à reconnaître la "marocanité incontestable" du territoire.

"La France qui a toujours été le soutien le plus constant du Maroc sur cette question se trouve débordée 'sur sa droite' par une série de reconnaissances de la marocanité du Sahara Occidental. Que faire ? Suivre et violer les résolutions du CSNU ? Ou résister aux pressions ?", s'interroge l'ex-diplomate et analyste Gérard Araud sur Twitter.

Reste que la France demeure un partenaire incontournable de Rabat.

Elle a été le premier investisseur étranger au Maroc en 2022 et plus d'un million de touristes français ont visité le pays au premier trimestre 2023. Quelque 45 000 Marocains étudient dans l'hexagone, soit le premier contingent d'étudiants étrangers.

"Les affaires diplomatiques doivent être réglées avec délicatesse. L'impulsivité et les egos doivent laisser la place aux intérêts des deux pays", prône le professeur Tredano.

"Il faut laisser le temps au temps. Parfois, ne pas agir ou ne pas réagir est en soi une action", argue l'intellectuel Hassan Aourid, en espérant "un retour à la normalité".


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
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  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.