En Syrie, la grande détresse des pêcheurs de l'Euphrate

Le pêcheur Ali Shebli, 37 ans, tire son filet du lac Assad dans le village d'Al-Tawayhinah, près du barrage de Tabqa dans le gouvernorat de Raqqa en Syrie, le 10 juillet 2023. (AFP)
Le pêcheur Ali Shebli, 37 ans, tire son filet du lac Assad dans le village d'Al-Tawayhinah, près du barrage de Tabqa dans le gouvernorat de Raqqa en Syrie, le 10 juillet 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 27 juillet 2023

En Syrie, la grande détresse des pêcheurs de l'Euphrate

  • Le lac Assad, créé sur l'Euphrate par la construction d'un barrage avec l'aide de l'Union soviétique il y a une cinquantaine d'années, constitue la plus grande réserve d'eau de Syrie
  • La baisse du niveau de l'eau et l'assèchement du fleuve, ainsi que la pollution qui s'aggrave et la pêche illégale ont considérablement réduit la richesse halieutique

DAMAS: Assis sur sa barque échouée sur le rivage, Ismaïl Hilal regarde avec amertume les eaux scintillantes du plus grand lac artificiel de Syrie: ce pêcheur a dû abandonner le métier qu'il pratiquait depuis 37 ans, car l'Euphrate s'assèche et les poissons se raréfient.

"J'ai passé toute ma vie dans le lac, depuis que j'ai douze ans", dit l'homme à la barbe grisonnante. "Mais j'ai été forcé de le quitter cette année. Je ne pouvais plus vivre de la pêche".

Le lac Assad, créé sur l'Euphrate par la construction d'un barrage avec l'aide de l'Union soviétique il y a une cinquantaine d'années, constitue la plus grande réserve d'eau de Syrie. Il se trouve dans les zones qui échappent au contrôle du régime, dans le nord du pays.

Mais la baisse du niveau de l'eau et l'assèchement du fleuve, ainsi que la pollution qui s'aggrave et la pêche illégale ont considérablement réduit la richesse halieutique.

"Beaucoup de pêcheurs ont abandonné le métier, en raison de la réduction du nombre de poissons et de la hausse du coût du matériel", explique Ismaïl Hilal.

"Aujourd'hui, on peut à peine avoir cinq pour cent de ce qu'on pêchait par le passé", dit-il, ajoutant que les pêcheurs ont désormais du mal à trouver certaines variétés de poisson comme le mulet.

A cinquante ans, ce père de sept enfants a dû se résigner à travailler dans un restaurant de la ville de Tabqa, où il écaille patiemment des poissons avant de les faire griller.

Selon PAX, une ONG travaillant pour la paix basée aux Pays-Bas, le niveau de l'eau a baissé de quatre mètres entre 2022 et 2023 dans le lac Assad, qui s'étend sur plus de 600 km2.

L'ONG, qui se base sur des données satellitaires et les rapports sur le terrain de ses partenaires, souligne que "le manque d'eau entraîne des déplacements, des maladies et porte les germes de nouveaux conflits".

Situation désastreuse

Dans la seule région de Raqqa, où se trouve le lac, les chiffres de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) montrent que les précipitations annuelles ont chuté entre 2020 et 2021, passant de 232 mm à 106 mm par mois avant de remonter à 208 mm par mois en 2022.

Depuis plusieurs années, la construction par la Turquie, où les deux fleuves prennent leur source, d'une série de barrages sur le Tigre et sur l'Euphrate a déjà fait diminuer le débit pour ce fleuve de 40% en Syrie.

Au-dessus du lac, des corbeaux tournoient, alors que des poissons morts flottent à la surface. Les correspondants de l'AFP ont constaté une prolifération des algues, qui absorbent l'oxygène selon les experts, provoquant l'asphyxie des poissons.

Sur une des rares barques glissant sur le lac, Ali Chebli, un pêcheur de 37 ans, remonte péniblement ses filets, au soleil couchant. "Par le passé, on pouvait attraper 50 kilos, voire 40 ou 30, et cela était suffisant pour les dépenses familiales", affirme-t-il.

"Mais aujourd'hui, nous pêchons à peine un ou deux kilos, et parfois rien (...) en raison de la baisse du niveau de l'eau et de la pollution du lac", explique l'homme au teint basané.

"La situation des pêcheurs est désastreuse, nous travaillons un jour et nous arrêtons pendant quinze autres jours", ajoute le pêcheur qui fait vivre sa femme, ses trois enfants et son père malade. Il craint de ne pas pouvoir transmettre son métier, menacé de disparition, à ses enfants.

Biodiversité en danger

"Les communautés syriennes ressentent les effets en cascade de la guerre, du changement climatique et de l'échec de l'action multilatérale pour faire face à ces impacts", affirme à l'AFP Wim Zwijnenburg, un chercheur de PAX.

"La pénurie d'eau, aggravée par la pollution (..) entraîne une nouvelle perte de biodiversité le long des lacs et des rivières du nord et de l'est de la Syrie", explique-t-il.

Au marché aux poissons de Raqqa, les vendeurs se plaignent de la baisse de leurs revenus.

Le poisson, placé sur de grands blocs de glace en raison de la chaleur, est vendu à la criée et nettoyé devant les acheteurs.

"Les poissonneries avaient des tonnes de poissons, mais aujourd'hui la plus grande n'en propose pas plus de 200 kilos, à cause de la sécheresse, du manque d'eau et des températures élevées", affirme Ragheb Ismaïl, un vendeur de 45 ans.

"Avant, il y avait de grandes quantités de poissons dans l'Euphrate. Aujourd'hui, il y a des clients mais plus assez de poisson".


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.