Exaspéré par sa «diabolisation», Mélenchon prévient qu'il «tiendra bon»`

L'ancien dirigeant du parti de gauche "La France Insoumise" (LFI) Jean-Luc Melenchon parle aux journalistes avant une marche de soutien à l'ancien maire de Saint-Brevin Yannick Morez, qui a démissionné après avoir été visé par des projets concernant un centre de demandeurs d'asile, à Saint-Brevin-les-Pins, dans l'ouest de la France, le 24 mai 2023. (Photo Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)
L'ancien dirigeant du parti de gauche "La France Insoumise" (LFI) Jean-Luc Melenchon parle aux journalistes avant une marche de soutien à l'ancien maire de Saint-Brevin Yannick Morez, qui a démissionné après avoir été visé par des projets concernant un centre de demandeurs d'asile, à Saint-Brevin-les-Pins, dans l'ouest de la France, le 24 mai 2023. (Photo Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)
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Publié le Samedi 29 juillet 2023

Exaspéré par sa «diabolisation», Mélenchon prévient qu'il «tiendra bon»`

  • Niant véhiculer toute violence dans son comportement et ses méthodes, il s'est justifié auprès de ses troupes vendredi: «Croyez à la vertu de la polémique, de l'excès de langage (…) »
  • Malgré le tableau sombre qu'il dresse pour les perspectives insoumises, Jean-Luc Mélenchon bombe le torse: «Il y a des phases où il faut tenir bon», notamment sur la police et l'union de la gauche

ROCHESSON, France : Jean-Luc Mélenchon confie son «exaspération» de se voir «diabolisé» par la macronie, les droites et jusqu'à ses partenaires de la Nupes. Il assure qu'il «tiendra bon» tout en voulant «continuer son retrait» à la rentrée.

Dernier vendredi de juillet, sur la route des Vosges où Jean-Luc Mélenchon va soutenir un militant LFI dont la maison a été incendiée.

L'ancien candidat à la présidentielle, habitué et même amateur des joutes politiques, ne cache pas un profond dépit. La colère, qui enflamme ses discours de meeting, est ici froide, mûrie, remâchée.

Cette «tentative d'assassinat», l'un des motifs de l'information judiciaire ouverte par le parquet d'Epinal, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase après une année compliquée pour M. Mélenchon, entre affaire Quatennens, fronde de figures insoumises et tensions sans fin au sein de la coalition de gauche Nupes.

Pour lui, elle est l'aboutissement d'une «ambiance de banalisation de la violence». Les élus insoumis reçoivent des menaces «innombrables», la dernière en date cette semaine visant le député Thomas Portes.

«En ce moment c'est plein pot», «tous nos copains sont dans l'exaspération», soupire Jean-Luc Mélenchon qui date le début de cette période aux émeutes - les «révoltes urbaines» dans sa bouche -, pendant lesquelles il a été accusé de ne pas avoir appelé au calme.

Niant véhiculer toute violence dans son comportement et ses méthodes, il s'est justifié auprès de ses troupes vendredi: «Croyez à la vertu de la polémique, de l'excès de langage. Car il faut substituer à la violence physique la violence de la parole» qui n'est que «croiser le fer des idées».

A l'inverse, la majorité présidentielle est selon lui coupable de «créer une ambiance qui nous met une cible» dans le dos: «tous ceux qu'elle désigne à la vindicte sont attaqués ensuite par la fachosphère». En outre, les macronistes «prennent nos mots, parlent d'arc républicain. Rien de tout ça n'est une discussion. C'est une bataille rangée», observe Jean-Luc Mélenchon.

De part et d'autre de la tranchée, «tout le monde contre nous», avec l'objectif d'obtenir, assure-t-il, un «front républicain de type Ariège», où LFI a perdu une élection législatives partielle face à une candidate socialiste dissidente soutenue par le camp présidentiel. Bref «la diabolisation des insoumis».

Et celui qui a trois élections présidentielles au compteur de souffler: «La lutte aujourd'hui a un côté implacable, c'est sans fin».

- «Illusion» -

Finissant de l'acculer, les querelles intestines avec le PS, EELV et le PCF augmentent à mesure qu'approchent les élections européennes de 2024 - et avec elles la potentialité d'un rééquilibrage du rapport de force au profit de ces alliés.

L'ancien socialiste affirme qu'il ne «se pose pas trop de questions sur la gauche»... avant de livrer ce qui pour lui est le fond du problème:  non pas les égo mais «une divergence stratégique».

Lui veut convaincre les abstentionnistes tandis que les socialistes, communistes et écologistes, avance M. Mélenchon, «croient à l'existence du centre-gauche, une illusion. Il faudrait que les classes moyennes soient ascendantes, mais elles régressent, la panique gagne».

Aux européennes, «si on est en tête devant tout le monde, on ouvre une séquence jusqu'en 2027 en étant leaders, ça change tout», dit-il. Les sondages donnent pour certains une liste Nupes, improbable après la désignation de chefs de file écologistes et communistes, au coude-à-coude avec Renaissance et le RN.

Malgré le tableau sombre qu'il vient de dresser pour les perspectives insoumises, Jean-Luc Mélenchon bombe le torse: «Il y a des phases où il faut tenir bon», notamment sur la police et l'union de la gauche, car à long terme «des milliers de gens voient qui a tenu bon».

La ligne de crête avec une autre promesse est difficile à tenir, laisser la place en vue de la présidentielle de 2027. A la rentrée? «Je vais essayer de continuer mon retrait. Ca n'a pas été facile» cette année, sourit-il, face à l'accumulation des crises qui ont secoué le pays, la gauche et les insoumis.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.