L'astronaute émirati Sultan al-Neyadi déclare à Arab News: «C'est une nouvelle ère pour l'exploration spatiale arabe»

Lama al-Hamawi s'adressant à Sultan al-Neyadi depuis le Centre spatial Mohammed ben Rached à Dubaï (Capture d’écran).
Lama al-Hamawi s'adressant à Sultan al-Neyadi depuis le Centre spatial Mohammed ben Rached à Dubaï (Capture d’écran).
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Publié le Dimanche 30 juillet 2023

L'astronaute émirati Sultan al-Neyadi déclare à Arab News: «C'est une nouvelle ère pour l'exploration spatiale arabe»

  • Al-Neyadi rends hommage au prince Sultan, pionnier arabe de l'espace, et se souvient de la rencontre «extraordinaire» avec les astronautes saoudiens Rayyanah Barnawi et Ali al-Qarni à bord de l'ISS
  • Il souligne l'importance des matières de science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) pour préparer et inspirer la prochaine génération d'astronautes arabes

DUBAÏ: Les missions habitées lancées par les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite marquent «une nouvelle ère dans l'exploration spatiale arabe», a déclaré l'astronaute émirati Sultan al-Neyadi à Arab News depuis la Station spatiale internationale.

Premier astronaute arabe déployé dans le cadre d'une mission spatiale de longue durée – Al-Neyadi est arrivé à l'ISS en mars aux côtés de trois Américains et de trois Russes. Il est le premier Arabe à effectuer une sortie dans l'espace en ouvrant la voie à l'industrie spatiale naissante du monde arabe.

«Honnêtement, c'est un grand honneur de suivre les traces des pionniers de l'espace dans le monde arabe: Le prince Sultan ben Salmane, Mohammed Faris et mon collègue Hazzaa al-Mansouri, qui ont voyagé dans l'espace avant moi», a-t-il déclaré lors d'une interview réalisée vendredi depuis le centre spatial Mohammed ben Rached de Dubaï, via une liaison vidéo avec l'ISS.

Al-Neyadi faisait référence au prince Sultan d'Arabie saoudite, qui s'est envolé à bord de la navette spatiale Discovery de la mission américaine STS-51-G en 1985, devenant ainsi le premier Arabe dans l'espace; Faris, le premier Syrien et le deuxième Arabe dans l'espace, voyageant à bord du Soyouz TM-3 vers la station spatiale Mir en 1987; et Al-Mansouri, le premier Émirati dans l'espace, qui a passé huit jours à bord de l'ISS en 2019.

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Adnan al-Rais, directeur général adjoint (secteur des opérations spatiales et de l'exploration) et chef de mission du programme des astronautes des EAU, fait visiter le Centre spatial Mohammed ben Rached à Dubaï à la journaliste d'Arab News Lama al-Hamawi (Photo, AN).

«C'est une grande réussite pour toutes les missions, mais nous devons continuer à relever de nouveaux défis», a indiqué Al-Neyadi.

La mission que nous menons actuellement en est un parfait exemple. Passer six mois à bord de la station spatiale est vraiment important pour participer à l'effort humain visant à repousser les limites de l'exploration spatiale.

«L'EVA (activité extravéhiculaire) que j'ai effectuée est la première du genre dans le monde arabe et ouvrira certainement la voie à de nombreux astronautes», a-t-il expliqué.

Il a ajouté: «C'est sans aucun doute une nouvelle ère. C'est une nouvelle époque pour les explorations spatiales du monde arabe.»

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Lama al-Hamawi s'adressant à Sultan al-Neyadi depuis le Centre spatial Mohammed ben Rached (Photo, AN).

L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont tous deux investi dans leurs industries spatiales respectives, en mettant l'accent sur la technologie et la recherche médicale.

L'agence spatiale saoudienne a été créée il y a quatre ans par décret royal afin d'accélérer la diversification économique, de renforcer la recherche et le développement et d'accroître la participation du secteur privé à l'industrie spatiale mondiale.

Depuis son lancement, le programme spatial de l’Arabie saoudite, financé par l'État, a conclu des accords avec plusieurs agences spatiales, entreprises astronautiques et universités de premier plan du monde entier, afin de renforcer leur coopération.

Le 22 mai, Rayyanah Barnawi, une scientifique qui est devenue la première femme saoudienne à aller dans l'espace, et Ali al-Qarni, un pilote de chasse de formation, se sont rendus à l'ISS dans le cadre d'une mission privée.

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La journaliste d'Arab News Lama al-Hamawi au Centre spatial Mohammed ben Rached (Photo, AN).

«L'arrivée des astronautes saoudiens de l'Axiom 2 à la Station spatiale internationale a été un grand moment de rencontre et d'échange sur l'intérêt de l'espace», a signalé Al-Neyadi, en faisant référence à la visite de Barnawi et d’Al-Qarni. 

«C'était, honnêtement, une expérience surréaliste. Voir deux Arabes arriver à la station spatiale et... discuter avec eux en arabe. C'était incroyable et, encore une fois, c'était passionnant de partager l'expérience avec eux. J'étais déjà en mission depuis deux mois et je leur racontais tout ce que j'avais appris et les choses amusantes qu'ils pouvaient faire.»

«Leur mission était purement scientifique. J'ai été heureux d'aider et de faciliter la plupart des activités à bord. C'était un grand honneur et un plaisir de travailler avec eux», a précisé Al-Neyadi.

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«L'arrivée des astronautes saoudiens de l'Axiom 2 à la Station spatiale internationale a été un grand moment de rencontre et d'échange sur l'intérêt de l'espace», a signalé Al-Neyadi, en faisant référence à la visite de Barnawi et d’Al-Qarni en mai (Photo fournie / L'Agence spatiale saoudienne).

Le programme des astronautes des Émirats arabes unis a été lancé en 2017 par le Cheikh Mohammed ben Rached al-Maktoum, vice-président et Premier ministre des Émirats arabes unis, et le cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyan, à l’époque commandant suprême adjoint des forces armées des Émirats arabes unis et actuel président des Émirats arabes unis.

Al-Neyadi, qui a remplacé Al-Mansouri lors de la première mission scientifique des Émirats arabes unis à destination de l'ISS, sous le slogan «L'ambition de Zayed», a été sélectionné pour cette mission parmi plus de 4 000 candidats à l'issue d'une série de tests physiques et mentaux.

En préparation de la mission, Al-Neyadi a commencé sa formation en septembre 2018 au Centre d'entraînement des cosmonautes Youri Gagarine à la Cité des étoiles à Moscou. Il a également suivi une formation à Houston, au Texas, et à Cologne, en Allemagne, dans le cadre d'accords de partenariat avec de grandes agences spatiales, notamment la NASA, l'ESA et la JAXA.

Al-Neyadi a suivi plus de 90 cours, soit plus de 1 400 heures de formation, notamment en matière de sécurité et de survie, de manœuvres dans une combinaison spatiale pesant jusqu'à 10 kg et de tâches quotidiennes telles que la préparation de la nourriture dans l'espace, l'utilisation d'appareils photo et les communications.

Son entraînement intensif l'a préparé à l'expérience passionnante, bien que totalement étrangère, de vivre et de travailler pendant une période prolongée en apesanteur, à 260 miles au-dessus de la surface de la Terre.

«C'est le moment de la journée que je préfère, en fait, lorsque je fais de l'exercice. Nous avons un appareil sur lequel nous nous exerçons et qui fait face à la plus grande fenêtre de la station», a révélé Al-Neyadi à Arab News.

«Je vois tout passer devant moi: les montagnes, les océans, les endroits que j'ai déjà visités.»

«La meilleure partie est donc de prendre des photos de ces endroits et de les partager avec le public, et c'est incroyable. On peut couvrir toute la Terre, et en 90 minutes, on voit le jour et la nuit. C'est surréaliste de tout voir à cette vitesse», a-t-il expliqué.

Malgré la vue imprenable sur le marbre bleu, une journée typique à bord de l'ISS semble plus familière que ce que l'on pourrait croire. «Je me réveille normalement à 4 heures du matin pour faire mes prières, puis je me rendors si je le peux», a confié Al-Neyadi.

EN BREF

* La station spatiale internationale en orbite basse est un projet auquel participent cinq agences spatiales: la NASA (États-Unis), la Roscosmos (Russie), la JAXA (Japon), l’ESA (Europe) et la CSA (Canada).

Il a poursuivi: «Sinon, je me réveille à 6h30, je prends mon petit-déjeuner, nous nous réunissons autour de l'ATU (unité terminale audio), qui est l'appareil de communication, et nous recevons les informations des différents centres de contrôle dans le monde entier.»

«Ensuite, nous commençons la routine quotidienne, qu'il s'agisse de science spatiale, d'entretien ou d'inventaire. Toutes ces activités sont en cours et nous procédons ainsi tous les jours jusqu'à midi, heure à laquelle nous nous réunissons pour la pause de midi, pour déjeuner et discuter des activités quotidiennes. Nous continuons jusqu'à 19h30, heure à laquelle nous nous réunissons pour le dernier débriefing de la journée», a ajouté Al-Neyadi.

«Il s'agit d'une routine quotidienne. Nous avons des jours spécifiques durant lesquels nous recevons des véhicules en visite ou effectuons des activités extravéhiculaires, et cela constitue ainsi l’activité de la journée. Les week-ends, nous nous réunissons tous ensemble, les sept membres de l'équipage, et nous regardons des films et prenons nos repas ensemble. C'est toujours amusant», a-t-il avisé.

Servir à bord de l'ISS n'est cependant pas sans difficultés. Loin de ses proches, Al-Neyadi se réjouit de retrouver le confort de son foyer à son retour sur Terre, plus tard dans l'année. «Ma famille me manque. Je veux d'abord les rencontrer», a indiqué ce père de six enfants, à Arab News.

«Les deux choses que je veux, c'est une douche chaude et une vraie tasse de café», a-t-il souhaité.

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Premier astronaute arabe déployé dans le cadre d'une mission spatiale de longue durée — Al-Neyadi est arrivé à l'ISS en mars aux côtés de trois Américains et de trois Russes. Il est le premier Arabe à effectuer une sortie dans l'espace en ouvrant la voie à l'industrie spatiale naissante du monde arabe (Photo fournie).

Une chose restera cependant gravée dans sa mémoire pour le reste de sa vie — le jour où il est devenu le premier Arabe à effectuer une sortie dans l'espace, quittant l'ISS sans rien d'autre que des kilomètres de ciel sous ses pieds et l'éternité de l'espace extra-atmosphérique au-dessus de sa tête.

«C'était incroyable, en fait, de mener la sortie dans l'espace», a déclaré Al-Neyadi. «Je dirais que c'est le joyau de la mission. Cela a duré sept heures. Je n'ai rien senti parce que j'étais vraiment concentré sur ma tâche et que je l'ai menée à bien sans problème.»

Je me souviens d'avoir pris une petite note sur ma liste de contrôle, pour me rappeler que «l'impossible est possible», qui est la devise du gouvernement des Émirats arabes unis, selon laquelle il n'y a rien d'impossible. Si nous croyons en un objectif et que nous travaillons dur pour l'atteindre, nous pouvons y parvenir», a-t-il souligné.

Al-Neyadi est né le 23 mai 1981 à Umm Ghafa, à 30 km au sud-est d'Al-Ain, à Abu Dhabi, où il a fréquenté l'école primaire et secondaire avant de suivre les traces de son père et de servir dans l'armée, où il a étudié l'ingénierie des communications.

Il a commencé ses études supérieures au Royaume-Uni, où il a obtenu une licence en ingénierie électronique et des communications à l'université de Brighton, avant de décrocher un master en informatique à l'université Griffith d'Australie en 2008, où il a ensuite obtenu un doctorat.

Dans une série de vidéos produites à bord de l'ISS à l'intention des étudiants restés sur Terre, Al-Neyadi a cherché à souligner l'importance du travail acharné et la pertinence des matières STIM.

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Rayyanah Barnawi, première femme saoudienne dans l'espace et première femme arabe à bord de l'ISS, a mené des expériences scientifiques au cours de la mission Ax-2, notamment dans les domaines de l'ingénierie tissulaire et de la médecine régénérative (Photo, Twitter/Astro_Rayyanah).

«Je crois qu'une partie de la mission consiste à atteindre le public et à présenter ce que l'on fait à bord de la station», a déclaré AlNeyadi à propos de ses vidéos.

«Il s'agit d'une science très importante, d'une technologie très importante que nous présentons. Mais nous devons montrer ces choses importantes de manière simple et interactive pour que les gens puissent apprendre», a-t-il expliqué.

«Et cela est honnêtement, un moyen d'encourager les jeunes étudiants à suivre une formation en STIM. Il s'agit des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques», a-t-il insisté.

Al-Neyadi espère ainsi inspirer la prochaine génération d'astronautes arabes qui mèneront les programmes spatiaux naissants du Moyen-Orient sur la lune, sur Mars et au-delà.

«Lorsque nous parlons d'enseignement des STIM, cela peut ouvrir un grand nombre de possibilités pour les jeunes», a-t-il affirmé.

«C'est pourquoi, de manière amusante et interactive, j'ai voulu montrer cela — la science est amusante, la science est vraiment intéressante — pour que la nouvelle génération puisse penser à quelque chose d'important à l'avenir», a-t-il soutenu. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.