Sénégal: Deux morts après le placement en détention de l'opposant Sonko

Ousmane Sonko, le plus farouche opposant au président Macky Sall, a été inculpé et écroué lundi pour divers crimes (Photo d’illustration, AFP).
Ousmane Sonko, le plus farouche opposant au président Macky Sall, a été inculpé et écroué lundi pour divers crimes (Photo d’illustration, AFP).
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Publié le Mardi 01 août 2023

Sénégal: Deux morts après le placement en détention de l'opposant Sonko

  • L'opposant a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible
  • Sa condamnation a engendré les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal

DAKAR: Deux personnes ont été tuées lundi dans le sud du Sénégal, lors de manifestations qui ont suivi l'inculpation et le placement en détention de l'opposant Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2024, notamment pour appel à l'insurrection, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Ousmane Sonko, le plus farouche opposant au président Macky Sall, a été inculpé et écroué lundi pour divers crimes, dont l'appel à l'insurrection ayant provoqué des tueries justifiant la dissolution de son parti.

M. Sonko, 49 ans, investi candidat par son parti, voit ainsi s'ouvrir une troisième procédure judiciaire à son encontre, qui risque de compromettre encore davantage sa participation à la présidentielle de février 2024.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé que des "manifestations" ont éclaté lundi après-midi dans la ville de Ziguinchor (sud) où "deux corps sans vie" ont été découverts, dans un communiqué transmis à l'AFP, sans plus de précisions sur les circonstances.

Moins de deux heures après l'inculpation de M. Sonko, le ministre de l'Intérieur Antoine Abdoulaye Félix Diome avait annoncé dans un précédent communiqué la dissolution de son parti, le Pastef, justifiant sa décision par ses appels "fréquents" à des "mouvements insurrectionnels" qui ont fait selon lui de nombreux morts en mars 2021 et juin 2023 et entraîné "des actes de saccage et de pillage de biens publics et privés".

La "stabilité (du Sénégal) est désormais compromise, car le peuple n'acceptera jamais cette ultime forfaiture" du pouvoir contre "le favori" de la présidentielle, affirme le parti de Sonko dans un communiqué. Il a dénoncé un emprisonnement "sous des motifs fallacieux" et dit attendre une "notification" de la dissolution "anti démocratique" pour l'attaquer par des "voies légales".

L'opposant a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible, selon des juristes. Sa condamnation a engendré les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait seize morts selon les autorités, une trentaine selon l'opposition.

«Farce»

"C'est une farce", a réagi Me Ciré Clédor Ly au placement en détention de son client pour huit chefs d'accusation, dont "appel à l'insurrection, atteinte à la sûreté de l'État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste" et "complot contre l'autorité de l'État".

L'avocat a dénoncé "un dessein qui a été formé, réfléchi, planifié et qui a été exécuté".

L'opposant poursuivait lundi sa grève de la faim, entamée dimanche, ont dit ses avocats. Ils n'ont pas précisé le lieu où il allait être incarcéré.

"Je viens d’être injustement placé sous mandat de dépôt. Si le peuple sénégalais, pour qui je me suis toujours battu, abdique et décide de me laisser entre les mains du régime de Macky Sall, je me soumettrai, comme toujours, à la volonté divine", a réagi M. Sonko sur les réseaux sociaux.

Il avait été arrêté vendredi après avoir notamment affirmé sur les réseaux sociaux que les forces de sécurité présentes devant son domicile l'avaient filmé. Il a précisé avoir "personnellement arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d'effacer les images qu'elle a prises", ce que cette dernière a refusé de faire.

Des gendarmes l'ont ensuite arrêté.

Des heurts sporadiques ont éclaté lundi en début de soirée aux Parcelles assainies, dans la banlieue, où des jeunes se sont attaqués aux forces de l'ordre qui les ont dispersés avec des gaz lacrymogènes, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Libérez Sonko !", ont scandé ces jeunes qui ont brûlé des pneus et érigé des barrages de pierres sur la chaussée.

"On s'attend forcément à des manifestations. La question c'est de savoir pour combien de temps et dans quelle proportion ?", a déclaré à l'AFP Mamadou Ngom, un éducateur.

"Cette fois je crois que c'est cuit pour Sonko. Les jeunes vont certes sortir mais ils n'y peuvent plus rien", a de son côté estimé Sidiya Tall, 34 ans.

Les autorités sénégalaises ont par ailleurs coupé lundi temporairement l'accès à internet sur les téléphones mobiles en mettant en avant la "diffusion de messages haineux et subversifs" sur les réseaux sociaux, après les appels à manifester contre l'arrestation de M. Sonko.

Amnesty international a dénoncé cette restriction, qu'elle considère comme "une atteinte à la liberté d'information", et appelé les autorités à "rétablir l'internet", dans un message sur Twitter (rebaptisé X).

Inquiétudes

Dans le centre de Dakar, de nombreuses personnes, inquiètes, se précipitaient pour prendre les moyens de transport qui se faisaient rares.

A Ziguinchor, la grande ville du sud dont M. Sonko est le maire, des heurts ont éclaté lundi entre ses partisans et la police, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des groupes de jeunes mobiles y ont lancé des pierres aux policiers qui ont tenté de les disperser à coup de grenades lacrymogènes.

M. Sonko crie au complot du président Macky Sall pour l'écarter de la présidentielle de 2024. Le chef de l'Etat sénégalais, élu en 2012 pour sept ans puis réélu en 2019 pour cinq ans, s'en est défendu. Il a annoncé le 3 juillet qu'il ne se présenterait pas à ce scrutin.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com