Liban: Les survivants oubliés de l'explosion au port de Beyrouth

Dany Salameh, un patient atteint de sclérose en plaques dont les symptômes se sont aggravés après sa blessure du 4 août 2020, se déplace chez lui dans la capitale libanaise le 22 juillet 2023 (AFP).
Dany Salameh, un patient atteint de sclérose en plaques dont les symptômes se sont aggravés après sa blessure du 4 août 2020, se déplace chez lui dans la capitale libanaise le 22 juillet 2023 (AFP).
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Publié le Jeudi 03 août 2023

Liban: Les survivants oubliés de l'explosion au port de Beyrouth

  • La déflagration, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire, a dévasté une grande partie du port de Beyrouth et des quartiers environnants
  • Les survivants reprochent à l'Etat libanais, en faillite, de ne leur avoir fourni aucun soutien médical ou financier, et d'avoir bloqué l'enquête sur l'origine du drame

BEYROUTH: Trois ans après l'explosion meurtrière au port de Beyrouth, Dany Salameh ne peut toujours pas se déplacer sans déambulateur, faute de pouvoir payer ses soins. Comme beaucoup d'autres victimes, cet homme de 39 ans se sent abandonné par l'Etat libanais.

"Après le 4 août, l'Etat nous a oubliés", déplore cet ancien ingénieur du son, en caressant son chien dans son appartement situé près du port. "J'ai perdu ma voiture, ma maison, mon emploi, ma mobilité... Pourtant, personne ne s'est occupé de nous".

Dany Salameh se trouvait chez lui quand le drame s'est produit le 4 août 2020, et a été projeté par le souffle de l'explosion d'un bout de la terrasse à l'autre.

La déflagration, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire, a dévasté une grande partie du port de Beyrouth et des quartiers environnants, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6 500.

Elle est intervenue alors que l'économie libanaise avait commencé à s'effondrer à la fin de l'année 2019.

Les survivants reprochent à l'Etat libanais, en faillite, de ne leur avoir fourni aucun soutien médical ou financier, et d'avoir bloqué l'enquête sur l'origine du drame.

Le choc de l'explosion du 4 août 2020 a aggravé la maladie de Dany Salameh, atteint d'une sclérose en plaques, limitant davantage ses déplacements.

Son traitement mensuel coûte 140 dollars et l'injection biannuelle qu'on lui a prescrite atteint les 1 000 dollars. A cela, s'ajoute une opération des voies urinaires qui coûte 10 000 dollars, qu'il ne peut pas se permettre non plus.

Comme il ne prend plus ses cachets depuis plusieurs mois, il a fini par tomber et se blesser à la tête, raconte-t-il, le crâne entouré de bandages.

«Leur pays les a tués»

Amanda Cherri, une ancienne maquilleuse pour célébrités, a dû elle aussi abandonner sa carrière à cause de ses blessures et de douleurs constantes.

"Ma vie s'est terminée ici, quelqu'un a volé ma vie en cinq minutes et je ne sais pas qui c'est", dit cette brune de 40 ans sur le toit de l'immeuble où elle travaillait, surplombant le port.

Lors de l'explosion, deux immenses miroirs se sont effondrés sur elle, et les éclats de deux énormes vases lui ont transpercé le visage et le corps.

Sa main gauche est paralysée et elle ne voit plus que de l'œil gauche.

Sylvana Lakkis, qui dirige l'Union des handicapés du Liban, estime que 800 à 1 000 personnes ont eu des séquelles temporaires ou permanentes après l'explosion, en l'absence de tout recensement des autorités.

"Les personnes devenues handicapées ont droit à un soutien tout au long de leur vie", déclare Mme Lakkis. "Aujourd'hui encore, beaucoup ont besoin d'un traitement qu'elles ne peuvent pas s'offrir".

Au moins quatre survivants devenus handicapés après l'explosion sont décédés au cours de l'année écoulée parce qu'ils n'avaient pas les moyens de se faire soigner ou parce qu'ils avaient reçu des soins inadéquats, selon elle.

"L'explosion ne les a pas tués, c'est leur pays qui les a tués", assure-t-elle.

Plus d'espoir

Depuis l'explosion, Mikhail Younan boîte. Ce père d'un enfant a besoin d'une prothèse de genou coûteuse pour marcher normalement, mais il n'a même pas les moyens de consulter un médecin.

"Si l'Etat libanais m'avait aidé, j'aurais pu avoir une vie à peu près normale", regrette ce livreur de gaz de 52 ans.

"J'ai perdu beaucoup de clients, surtout qu'avec les coupures de courant, je n'arrive plus à monter les escaliers" chargé de lourdes bouteilles de gaz.

Il ne vit plus sans analgésiques et anti-inflammatoires, qui lui provoquent des problèmes rénaux. "La douleur est devenue un compagnon au quotidien", soupire-t-il.

Selon les autorités, l'énorme explosion a été provoquée par une immense quantité de nitrate d'ammonium entreposée sans précautions pendant des années au port.

Les autorités libanaises ont refusé une enquête internationale et sont accusées d'avoir entravé l'enquête locale.

Le juge indépendant Tarek Bitar a été contraint de suspendre une première fois son enquête pendant 13 mois, en raison d'une quarantaine de poursuites à son encontre de la part de responsables politiques et d'intenses pressions.

En janvier dernier, il a repris son travail, mais a été poursuivi pour insubordination par le procureur général après avoir inculpé plusieurs personnalités de haut rang, une première dans l'histoire du Liban.

"Je n'ai plus d'espoir", confie Mikhail Younan. "A chaque fois que la justice fonctionne, quelqu'un lui met des bâtons dans les roues".


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
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  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.