Accords militaires France-Niger: Une dénonciation qui suscite de multiples questions

Un véhicule blindé de transport de troupes (APC) de l'armée française patrouille dans une zone rurale lors de l'opération Bourgou IV dans le nord du Burkina Faso, le long de la frontière avec le Mali et le Niger, le 11 novembre 2019 (Photo, AFP).
Un véhicule blindé de transport de troupes (APC) de l'armée française patrouille dans une zone rurale lors de l'opération Bourgou IV dans le nord du Burkina Faso, le long de la frontière avec le Mali et le Niger, le 11 novembre 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 05 août 2023

Accords militaires France-Niger: Une dénonciation qui suscite de multiples questions

  • Les putschistes au Niger ont dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec la France
  • Si Paris estime que cette dénonciation n'a pas de fondement juridique, celle-ci soulève de nombreuses questions

PARIS: Les putschistes au Niger ont dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec la France. Si Paris estime que cette dénonciation n'a pas de fondement juridique, celle-ci soulève de nombreuses questions.

Q: Quels sont ces accords dénoncés par les militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ?

R: Cinq accords distincts ont été dénoncés. Ils sont actuellement suspendus par Paris qui réclame le retour du président Mohamed Bazoum élu démocratiquement et ne veut pas coopérer avec les militaires putschistes.

Ces accords "correspondent à différents aspects de la coopération et de l'intervention militaires françaises au Niger", explique Julien Antouly, chercheur à l'Université Paris-Nanterre, dans une série de messages postés vendredi sur le réseau X (ex-Twitter).

Il y a notamment un accord signé le 19 février 1977, qui remplaçait l'accord de défense signé au lendemain de l'Indépendance (1961), "devenu caduc après le Coup d'Etat de 1974", détaille-t-il.

Julien Antouly évoque en outre "deux Accords signés en mars et juillet 2013, relatifs à 'l'intervention de militaires français au Niger pour la sécurité au Sahel'", qui encadrent juridiquement les forces françaises participant aux opérations, "mais leur contenu n'a jamais été publié".

Il note par ailleurs que si la France a mis en avant sa nouvelle stratégie - transformation de sa coopération avec la "dé-Barkhanisation" de son dispositif militaire -, "ces engagements, français et nigériens, ne semblent pas avoir été matérialisés par de nouveaux accords".

Q: Un départ des militaires français est-il inéluctable du Niger ?

R: "Oui", estime François Gaulme, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Si les militaires se maintiennent au pouvoir, il sera difficile pour la France de faire "le grand écart entre récuser le pouvoir militaire et continuer à travailler ensemble contre le terrorisme islamiste", souligne ce spécialiste de la politique de la France en Afrique. "Ce n'est pas tenable".

"Je pense qu'on va vers l'évacuation des militaires français", estime également Florence Boyer, spécialiste du Niger et chercheuse à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), un établissement public français.

Elle relève la difficulté de mettre en oeuvre un retrait des militaires. "Evacuer des soldats, c'est une chose", dit-elle. Mais elle s'interroge sur le maintien ou non d'une coopération militaire sans une présence militaire française sur le sol nigérien ou sur la possibilité d'une coopération plus technique, telle qu'une coopération de formation.

Mardi, le chef d'état-major avait estimé qu'un départ des 1 500 militaires français n'était "pas à l'ordre du jour".

Q: Un départ des militaires français sonnerait-il le glas de la lutte contre le djihadisme au Sahel ?

R: "Bien sûr", répond François Gaulme. "Le Niger est un Etat clé" dans le dispositif antidjihadiste français au Sahel, explique-t-il.

Et de rappeler la configuration: il s'agit de lutter à l'ouest contre le djihadisme du Mali jusqu'à Gao; et de l'autre côté, à l'est, contre le groupe djihadiste Boko Haram. Or "Gao est beaucoup plus proche de Niamey que de Bamako et on a retiré de Gao notre grosse base française", observe l'expert de l'Ifri. "Le Niger est lié stratégiquement et structurellement au Mali", dit-il.

"On essaie de lutter sur deux fronts, sans le Niger, cela semble compromis".

Niamey est aussi un partenaire privilégié des Etats-Unis et des Européens plus généralement. Et le Niger semblait le partenaire stable dans une région où l'influence russe est grandissante.

Q: Une intervention militaire des pays de la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest) est-elle possible et une aide des Etats-Unis, de la France, plus largement de la communauté internationale est-elle envisageable ?

R: En décembre dernier, les pays de la Cedeao ont décidé de créer une force régionale vouée à intervenir non seulement contre le djihadisme mais encore en cas de coup d'Etat. Ils ont posé un ultimatum jusqu'à dimanche pour un retour à l'ordre constitutionnel au Niger, menaçant d'une intervention militaire. Une source diplomatique française estime qu'ils ont en outre les moyens militaires d'intervenir.

Une intervention dans les tout prochains jours "paraît impensable", selon M. Gaulme, qui s'attend à ce que tout le monde temporise. "Stratégiquement, c'est très difficile à organiser dans l'urgence, je ne crois pas à une intervention lundi matin à l'issue de l'ultimatum".

Quant à "un soutien financier et logistique de la France et des Etats-Unis, oui bien sûr, mais je ne vois pas de troupes américaines ou françaises attaquant" le Niger, dit-il.

Q: Le groupe paramilitaire russe Wagner va-t-il étendre sa toile au Niger ?

R: "A notre connaissance, Wagner n'a pas joué de rôle dans le putsch car c'est un mouvement assez peu organisé", a souligné une source diplomatique française. "En revanche, il est clair que Wagner s'intéresse au Niger depuis longtemps. Il travaille à des relais locaux via le (groupe d'activistes) M62", dit-elle. "Et la rapidité avec laquelle des drapeaux russes tout neufs ont été déployés dans les manifestations montre qu'il y avait des choses mises en place".

"Il nous semble avéré que des contacts via des Maliens sont en train de se mettre en place", ajoute-t-elle.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.