Niger: la junte rompt la coopération militaire avec Paris, recherche de sortie de crise

Un manifestant portant un t-shirt de soutien aux chefs des juntes du Niger, du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso lors d'une manifestation à l'occasion de la fête de l'indépendance à Niamey, le 3 août 2023. (AFP)
Un manifestant portant un t-shirt de soutien aux chefs des juntes du Niger, du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso lors d'une manifestation à l'occasion de la fête de l'indépendance à Niamey, le 3 août 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 04 août 2023

Niger: la junte rompt la coopération militaire avec Paris, recherche de sortie de crise

  • Tard jeudi, les putschistes ont dénoncé «les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France»
  • Paris a affirmé vendredi que seules «les autorités nigériennes légitimes» avaient le pouvoir de revenir sur ces accords

NIAMEY: Une délégation ouest-africaine dépêchée au Niger a fait des propositions de "sortie de crise" auprès des militaires ayant pris le pouvoir à Niamey qui ont eux annoncé la rupture de la coopération militaire avec la France, une décision ignorée vendredi par Paris.

Tard jeudi, les putschistes ont dénoncé "les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France", ex-puissance coloniale dont un contingent militaire de 1 500 soldats est déployé au Niger pour la lutte antiterroriste dans ce pays miné par les violences djihadistes.

Paris a affirmé vendredi que seules "les autorités nigériennes légitimes" avaient le pouvoir de revenir sur ces accords. Ces autorités "sont les seules que la France, comme l'ensemble de la communauté internationale, reconnaît", a souligné le ministère français des Affaires étrangères.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, une délégation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cedeao), conduite par l'ex-président nigérian Abdulsalami Abubakar, est repartie de Niamey au bout de quelques heures.

Si les émissaires n'ont pas rencontré le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé Mohamed Bazoum, ils se sont entretenus à l'aéroport avec des militaires putschistes et ont évoqué "les dernières propositions de sortie de crise de la Cedeao", selon le quotidien gouvernemental nigérien Le Sahel.

Le gouvernement allemand a appelé vendredi à poursuivre les "efforts de médiation" pour trouver une issue politique et éviter toute intervention armée.

Le Bénin, pays voisin du Niger, a souhaité que la diplomatie reste "la solution privilégiée", tout en affirmant qu'il suivrait la Cedeao si elle décidait d'intervenir au Niger.

Plusieurs armées ouest-africaines, dont celle du Sénégal, se disent prêtes à envoyer des soldats.

Une réunion des chefs d'état-major de la Cedeao devait s'achever vendredi à Abuja.

Le 30 juillet, le bloc ouest-africain, qui a imposé de lourdes sanctions à Niamey, avait donné sept jours aux putschistes pour rétablir dans ses fonctions le président Bazoum renversé le 26 juillet, sous peine de d'utiliser "la force".

"Il est peu probable que l'intervention de forces extra-régionales puisse améliorer la situation", a déclaré à Moscou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

«Riposte immédiate»

Les putschistes qui ont promis une "riposte immédiate" à "toute agression" d'un pays de la Cedeao, ont par ailleurs annoncé la levée du couvre-feu instauré depuis le 26 juillet.

Vendredi matin, une centaine de manifestants originaires de plusieurs pays ouest-africains se sont réunis à Niamey pour protester contre toute intervention militaire au Niger.

Plus tard, près de 200 étudiants ont manifesté dans le même sens. S'adressant à eux, un responsable étudiant, Bakin Batouré Almoustapha, a dénoncé une "Cedeao des chefs d’Etat" qui agit au détriment "de la Cedeao des peuples", appelant à soutenir sans réserve les putschistes.

A Tahoua (ouest du pays), des centaines de personnes se sont rassemblées cette fois "pour apporter un soutien indéfectible au président de la République Mohamed Bazoum et exiger sa libération sans conditions", selon un journaliste local sur place.

Le président Bazoum s'est exprimé jeudi, dans une tribune publiée par le quotidien américain Washington Post. Il a mis en garde contre les conséquences "dévastatrices" du coup d'Etat pour le monde et le Sahel, qui pourrait passer, selon lui, sous l'"influence" de la Russie par le biais du groupe paramilitaire Wagner.

Bazoum se dit «otage»

"J'appelle le gouvernement américain et l'ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l'ordre constitutionnel", écrit-il, "à titre d'otage".

M. Bazoum, 63 ans, est retenu avec sa famille depuis le jour du putsch dans sa résidence présidentielle.

Outre la dénonciation des accords militaires, l'ambassadrice nigérienne à Paris a été limogée par les putschistes, tout comme les représentants du Niger aux Etats-Unis, au Togo et au Nigeria.

L'ambassadrice à Paris, Aïchatou Boulama Kané, a affirmé vendredi à l'AFP "être toujours" l'ambassadrice "du président légitime Mohamed Bazoum", ajoutant qu'elle rejetait "comme nulle et non avenue" la décision des putschistes.

Jeudi, les programmes de Radio France Internationale (RFI) et de la chaîne de télévision d'information France 24 ont été interrompus au Niger. La France a condamné "très fermement" cette décision, ainsi que l'Union européenne vendredi matin.

RFI et France 24 sont déjà suspendus au Burkina Faso et au Mali voisins, où les militaires nigériens au pouvoir ont envoyé des délégations mercredi.

Après l'évacuation par la France de 577 de ses ressortissants, vendredi matin, un avion militaire de l’armée de l’air espagnole a atterri à Niamey, pour évacuer les citoyens espagnols - estimés à environ 70 - souhaitant quitter le Niger, selon Madrid.

Enfin, après la France et l'Allemagne, les Pays-Bas ont annoncé vendredi la suspension de leur aide au développement et de leur coopération directe avec le Niger.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».