L'ONU annonce un accord avec Damas pour acheminer l'aide aux zones rebelles

Un convoi transportant de l'aide humanitaire arrive en Syrie après avoir franchi la frontière de Bab al-Hawa avec la Turquie, le 10 juillet 2023 (Photo, AFP).
Un convoi transportant de l'aide humanitaire arrive en Syrie après avoir franchi la frontière de Bab al-Hawa avec la Turquie, le 10 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 10 août 2023

L'ONU annonce un accord avec Damas pour acheminer l'aide aux zones rebelles

  • Bab al-Hawa constituait le dernier poste par lequel l'ONU pouvait acheminer nourriture, eau et médicaments, sans autorisation préalable du régime syrien
  • Après un veto de la Russie, alliée de la Syrie, le mécanisme qui permettait à l'ONU de se dispenser de l'autorisation de Damas, n'a pas été renouvelé

NATIONS UNIES: L'ONU a annoncé être parvenu à un accord avec Damas pour reprendre son assistance humanitaire à travers un passage frontalier avec la Turquie bloqué depuis juillet, crucial pour acheminer l'aide aux zones rebelles.

Jusqu'alors et en vertu d'un mécanisme mis en place en 2014, Bab al-Hawa constituait le dernier poste par lequel l'ONU pouvait acheminer nourriture, eau et médicaments, sans autorisation préalable du régime syrien.

Mais le 11 juillet, après un veto de la Russie, alliée de la Syrie, au Conseil de sécurité, ce mécanisme dénoncé par Damas comme une violation de sa souveraineté n'avait pas été reconduit.

Le régime de Bachar al-Assad, qui ne contrôle pas ce poste-frontière en zone rebelle, avait alors posé ses propres conditions pour que l'aide soit acheminée pendant six mois.

Des exigences jugées alors "inacceptables" par l'ONU.

Guterres salue l'accord
Mais dans un communiqué de son porte-parole Farhan Haq, dans la nuit de mardi à mercredi, "le secrétaire général (de l'ONU Antonio Guterres) salue l'accord conclu (...) entre l'ONU et le gouvernement syrien sur la poursuite de l'utilisation pendant les six prochains mois du poste-frontière de Bab al-Hawa".

Il s'agit d'une "entente" et d'un "engagement" scellés entre le patron des Affaires humanitaires de Nations unies Martin Griffiths et Damas.

L'ONU et ses partenaires vont continuer à fournir une assistance en zones rebelles avec "l'engagement de toutes les parties (...) pour préserver l'indépendance opérationnelle de l'ONU".

En juillet, la Syrie avait exigé que l'ONU travaille pleinement avec elle et ne communique pas avec les "organisations terroristes", en référence au groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ancienne branche locale d'Al-Qaïda), qui contrôle Bab al-Hawa.

«Différends réglés»
"Le fait d'avoir cette entente est le signe évidemment que les questions sont résolues (...) et les différends réglés", a commenté M. Haq, sans être plus explicite.

Mais ces dernières semaines, plusieurs ONG ont mis en garde contre le risque de laisser Damas contrôler l'acheminement via Bab al-Hawa, par lequel passent 85% de l'aide humanitaire.

L'International Rescue Committee (IRC) a exprimé mercredi "la crainte" que l'accord ONU/Syrie ait "un impact sur la capacité des organisations humanitaires, et en particulier des ONG syriennes, à opérer efficacement".

La résolution de 2014 "rassurait les habitants du nord-ouest" sur le fait que "leur accès à une aide vitale était soutenu et protégé par la communauté internationale", a souligné l'IRC qui travaille sur place.

"Cet arrangement n'est pas une alternative viable à la résolution" du Conseil de sécurité de 2014, a renchéri Hiba Zayadin, chercheuse à Human Rights Watch.

"Comment un tel accord conclu avec le gouvernement qui a longtemps entravé et instrumentalisé l'aide peut garantir son acheminement", s'est-elle interrogée.

«Bouger les camions»
D'après M. Haq, la livraison d'aide via Bab al-Hawa reprendra dans "quelques jours, le temps de faire bouger les camions".

En outre, les Nations unies estiment que la Syrie a besoin d'au moins 15 milliards de dollars pour se remettre du séisme du 6 février qui a fait près de 6.000 morts dans ce pays (et quelque 50.000 en Turquie).

ONG et opposants avaient alors critiqué la lenteur de l'aide onusienne dans le nord syrien où vivent plus de quatre millions de personnes.

Mi-février, Damas avait ouvert deux autres points de passage avec la Turquie: Bab al-Salama et al-Rai.

Avec une autorisation renouvelée tous les trois mois, l'ONU s'était félicitée mardi que la Syrie ait reconduit "jusqu'au 13 novembre" la permission de passer par ces deux autres postes-frontières.

Depuis la résolution de 2014 du Conseil de sécurité, Bab al-Hawa était le seul opérationnel depuis 2020.

De leur côté, les Casques blancs, des secouristes opérant dans les zones rebelles, ont critiqué les Nations unies pour avoir "autorisé le régime (syrien) à contrôler l'aide transfrontalière" vers le dernier bastion rebelle.

"Remettre le sort de l'aide vitale à des millions d'innocents entre les mains de ceux qui les ont tués, les ont chassés de chez eux et les ont privés de leurs droits est inacceptable", ont-ils déclaré sur Twitter, rebaptisé "X".

Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.


Liban: un mort dans une frappe israélienne, selon le ministère de la Santé

Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
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  •  Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
  • Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin

BEYROUTH: Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une "frappe de l'ennemi israélien" sur une maison à Wata al-Khiam a fait un mort, a précisé le ministère dans un communiqué. L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays.

Seules l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont censées y être déployées.

Les forces israéliennes, qui devaient se retirer du Liban en vertu de l'accord, occupent toutefois cinq positions frontalières dans le sud du pays.

Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin.


L’émissaire américain Tom Barrack met en garde : « Le Liban doit agir, ou d'autres le feront »

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  • Interrogé sur l'avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l'effondrement économique du Liban, il décrit une voie délicate à suivre pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions
  • Je pense que ce gouvernement est prêt... Nous disons : "Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n'allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n'en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous", ajoute-t-il

NEW YORK CITY : « Si le Liban ne se dépêche pas de rentrer dans le rang, tout le monde autour le fera », a averti vendredi l’envoyé spécial américain Tom Barrack, évoquant la transformation possible du Hezbollah en une entité politique pleinement intégrée au Liban.

Son propos souligne l’impatience croissante de Washington face à l’immobilisme politique libanais et la pression pour un réajustement régional complet.

Interrogé par Arab News sur l’avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l’effondrement économique du Liban, M. Barrack a décrit un chemin sinueux à emprunter pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions.

Le désarmement de la branche militaire du Hezbollah, classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, et la possibilité de sa réintégration dans le pays en tant que parti purement politique sont au cœur de la conversation.

« C’est une excellente question », a déclaré M. Barrack lorsqu’Arab News lui a demandé si l’administration américaine envisagerait de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes s’il renonçait à ses armes. « Je n’esquive pas la question, mais je ne peux pas y répondre. »

Il a reconnu la complexité de la question et a souligné que si Washington qualifie sans équivoque le Hezbollah de groupe terroriste, son aile politique a remporté des sièges parlementaires et représente une part importante de la population chiite du Liban, aux côtés du Mouvement Amal.

M. Barrack a décrit le Hezbollah comme ayant « deux parties » : une faction militante, soutenue par l’Iran et désignée comme entité terroriste, et une aile politique qui opère au sein du système parlementaire libanais. Il a souligné que tout processus de désarmement du Hezbollah devait être mené par le gouvernement libanais, avec le plein accord du Hezbollah lui-même.

« Ce processus doit commencer par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré. « Il doit autoriser le mandat. Et le Hezbollah, le parti politique, doit donner son accord.

Mais ce que le Hezbollah dit, c’est : « D’accord, nous comprenons qu’un seul Liban doit voir le jour ». Pourquoi ? Parce qu’une seule Syrie commence à voir le jour.

Cette volonté d’unité, a ajouté M. Barrack, intervient dans un contexte de changement de la dynamique régionale, en particulier dans le sillage de ce qu’il a décrit comme les politiques « audacieuses » du président américain Donald Trump à l’égard de l’Iran.

« L’avenir de chacun est en train d’être recyclé », a-t-il déclaré, suggérant qu’un recalibrage plus large était en cours au Moyen-Orient, de la reconstruction de la Syrie à de nouveaux dialogues potentiels impliquant Israël.

« Le Hezbollah, à mon avis, le parti politique Hezbollah, regarde et dit logiquement, pour notre peuple, le succès du Liban doit rassembler les sunnites, les chiites, les chrétiens druzes. Le moment est venu. Comment y parvenir ? Israël doit en être un élément constitutif ».

M. Barrack a indiqué que les États-Unis avaient facilité les pourparlers en coulisses entre le Liban et Israël, malgré l’interdiction légale de contact direct imposée par le premier.

« Nous avons constitué une équipe de négociation et commencé à jouer le rôle d’intermédiaire », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est ce qui se passe actuellement.

Au cœur de tout accord se trouvera la question des armes, non pas des armes légères, que M. Barrack considère comme courantes au Liban, mais des armes lourdes capables de menacer Israël. Ces armes, a-t-il dit, sont « stockées dans des garages et des souterrains sous les maisons ».

Un processus de désarmement, a-t-il suggéré, nécessiterait que les forces armées libanaises, une institution qu’il a décrite comme largement respectée, interviennent, avec le soutien des États-Unis et d’autres instances internationales.

« Il faut renforcer les Forces armées libanaises », a-t-il déclaré, « puis, en douceur, avec le Hezbollah ». Ensuite, en douceur, avec le Hezbollah, ils pourront dire : « Voici comment vous allez rendre les armes. Nous n’allons pas le faire dans le cadre d’une guerre civile ».

Mais la capacité des autorités libanaises à mettre en œuvre un tel plan reste incertaine. Barrack a déploré les institutions défaillantes du pays, sa banque centrale défunte, une loi de résolution bancaire bloquée et l’impasse systémique au parlement.

Lundi, l’envoyé a déclaré qu’il était satisfait de la réponse du gouvernement libanais à une proposition de désarmement du Hezbollah, ajoutant que Washington était prêt à aider la petite nation à sortir de sa longue crise politique et économique.

« Ce que le gouvernement nous a donné est quelque chose de spectaculaire en très peu de temps et d’une manière très compliquée », a déclaré M. Barrack lors d’une conférence de presse au palais présidentiel de Beyrouth.

Plus tard, cependant, lors d’une interview avec la chaîne d’information libanaise LBCI, lorsqu’on lui a demandé si les hommes politiques libanais avec lesquels il avait traité s’engageaient réellement avec lui ou s’ils cherchaient simplement à gagner du temps, M. Barrack a répondu : « La culture politique libanaise consiste à nier, détourner et dévier.

« C’est ainsi que les choses se passent depuis 60 ans et c’est la tâche qui nous attend. Il faut que cela change.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis étaient réellement satisfaits du plan d’action du gouvernement libanais, il a répondu : « Les deux (affirmations) sont vraies : « Les deux (déclarations) sont vraies », faisant référence à ses commentaires louant le leadership de Beyrouth, tout en critiquant cet héritage de « retards, détours et déviations ».

Il a ajouté : « Ils sont satisfaits du statu quo - jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est qu’ils vont disparaître ».

M. Barrack a toutefois fait preuve d’un optimisme prudent.

« Je pense que ce gouvernement est prêt », a-t-il déclaré. « Il s’attaque aux problèmes. Nous ne sommes pas tendres avec eux. Nous leur disons : « Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n’allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n’en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous ».

M. Barrack a clairement indiqué que le temps des manœuvres dilatoires était peut-être compté.

« Il s’agit d’un tout petit pays doté d’un système confessionnel qui a peut-être du sens, peut-être pas », a-t-il déclaré. « C’est maintenant qu’il faut agir.

En ce qui concerne la Syrie, M. Barrack a déclaré que la levée des sanctions américaines contre le pays marquait un « nouveau départ » stratégique pour la nation déchirée par la guerre, mais il a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à construire des nations ou à instaurer un fédéralisme dans la région.

Il a décrit le Moyen-Orient comme un « code postal difficile à un moment étonnamment historique » et a déclaré que la levée des sanctions par l’administration Trump le 13 mai visait à offrir au peuple syrien « une nouvelle tranche d’espoir » après plus d’une décennie de guerre civile.

« Le message du président (Trump) est la paix et la prospérité », a déclaré M. Barrack, ajoutant que le changement de politique vise à donner au régime syrien émergent une chance de se reconstruire. « Les sanctions ont donné de l’espoir au peuple. C’est vraiment tout ce qui s’est passé à ce moment-là. »

M. Barrack a précisé que l’engagement initial des États-Unis en Syrie était motivé par des opérations de lutte contre Daesh et ne visait pas un changement de régime ou une intervention humanitaire.

Il a toutefois reconnu que la région entrait dans une nouvelle phase. « Nous ne sommes pas là pour construire une nation. Nous sommes là pour offrir une opportunité, et c’est à eux de la saisir », a-t-il déclaré.

Il a réaffirmé la position de Washington contre un modèle fédéral pour la Syrie, affirmant que le pays doit rester unifié avec une seule armée et un seul gouvernement.

« Il n’y aura pas six pays. Il n’y aura qu’une seule Syrie », a-t-il déclaré, excluant la possibilité de régions autonomes kurdes, alaouites ou druzes.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions renouvelées entre les groupes kurdes et le gouvernement central syrien, notamment sur l’avenir des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Le Pentagone a demandé 130 millions de dollars dans son budget 2026 pour continuer à soutenir les FDS.

« Les FDS sont des YPG, et les YPG sont un dérivé du PKK », a fait remarquer M. Barrack, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est considéré comme une organisation terroriste à la fois par la Turquie et par les États-Unis. « Nous leur devons [aux FDS] d’être raisonnables… mais pas à leur propre gouvernement ».

Il a souligné que les États-Unis ne dictaient pas de conditions, mais qu’ils ne soutiendraient pas une issue séparatiste : « Nous n’allons pas rester là pour toujours à jouer les baby-sitters ».

M. Barrack a confirmé que les États-Unis suivaient de près l’annonce selon laquelle le premier groupe de combattants du PKK avait détruit ses armes dans le nord de l’Irak, un geste qu’il a qualifié de « généreux » et potentiellement important.

« Cela pourrait être le premier pas vers une résolution à long terme de la question kurde en Turquie », a-t-il déclaré, mais il a averti que des questions subsistaient quant aux liens actuels des FDS avec les dirigeants du PKK. « Ils (les FDS) doivent prendre une décision : Sont-elles syriennes ? Sont-ils d’abord des Kurdes ? C’est leur problème.

L’ambassadeur a déclaré que la vision ultime incluait une normalisation progressive entre la Syrie et Israël, s’alignant potentiellement sur l’esprit des accords d’Abraham. « M. Al-Shara a affirmé haut et fort qu’Israël n’était pas un ennemi », a déclaré M. Barrack. « Des discussions sont en cours, à petits pas.

Il a ajouté que les acteurs régionaux, notamment le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, devraient également prendre part à un processus de normalisation plus large.

M. Barrack a souligné que la stratégie américaine actuelle offre une chance limitée mais réelle de stabilité. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il déclaré. « Nous disons : voici une voie. Si vous ne l’aimez pas, montrez-nous en une autre ».

L’ambassadeur a déclaré que les États-Unis étaient prêts à apporter leur aide, mais qu’ils n’étaient plus disposés à jouer le rôle de « garant de la sécurité dans le monde ».

« Nous vous aiderons, nous vous accompagnerons. Mais c’est à vous de créer une nouvelle histoire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: les pourparlers achoppent sur la question du retrait israélien selon les Palestiniens

Les Palestiniens inspectent les destructions d'un camp de déplacés de fortune suite à une incursion de chars israéliens dans la zone de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
Les Palestiniens inspectent les destructions d'un camp de déplacés de fortune suite à une incursion de chars israéliens dans la zone de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
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  • Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un cessez-le-feu à Gaza achoppent sur la question du retrait de l'armée israélienne du territoire palestinien dévasté par 21 mois de guerre
  • Pendant les pourparlers à Doha lancés dimanche par le biais des médiateurs l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza, où 14 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes

Gaza, Territoires palestiniens: Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un cessez-le-feu à Gaza achoppent sur la question du retrait de l'armée israélienne du territoire palestinien dévasté par 21 mois de guerre, ont indiqué samedi à l'AFP des sources palestiniennes proches des discussions.

Pendant les pourparlers à Doha lancés dimanche par le biais des médiateurs -Qatar, Etats-Unis, Egypte-, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza, où 14 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes selon la Défense civile locale.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023. En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive destructrice meurtrière, s'emparant de vastes secteurs de Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé ce derniers jours les objectifs de la guerre: libérer les otages retenus à Gaza, détruire le Hamas et le chasser de Gaza. Il a précédemment indiqué vouloir prendre le contrôle du territoire palestinien situé à la frontière sud d'Israël.

Les négociations à Doha rencontrent "des obstacles et des difficultés complexes", a dit à l'AFP l'une des deux sources palestiniennes, en mettant en cause "l'instance d'Israël" à s'en tenir à une carte prévoyant "le maintien de (ses) forces sur plus de 40% de la superficie de Gaza".

Selon elle, l'armée israélienne envisagerait de se redéployer tout autour du territoire de plus de deux millions d'habitants, assiégés par Israël depuis 21 mois et qui vivent dans des conditions terribles selon l'ONU.

Israël a aujourd'hui pour objectif "d'entasser des centaines de milliers de déplacés" dans le sud de Gaza, "en préparation d'un déplacement forcé de la population vers l'Egypte ou d'autres pays", a accusé la même source.

- "Des progrès" malgré tout -

Les médiateurs "ont demandé aux deux parties de reporter les négociations sur le retrait (israélien) jusqu'à l'arrivée de l'émissaire américain Steve Witkoff", a-t-elle poursuivi.

"Le Hamas a exigé un retrait total des forces israéliennes de toutes les zones reprises par Israël après le 2 mars 2025", a précisé à l'AFP la deuxième source palestinienne, en accusant Israël "de retarder et d'entraver l'accord, afin de poursuivre sa guerre d'extermination".

Elle a néanmoins fait état de "progrès" sur les questions liées à l'entrée des aides humanitaires à Gaza et l'échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Avant son retour vendredi d'une visite aux Etats-Unis où il a rencontré le président Donald Trump, M. Netanyahu a affirmé jeudi qu'il était prêt à négocier un cessez-le-feu permanent à Gaza après une éventuelle trêve de 60 jours.

Mais il a conditionné un cessez-le-feu permanent à un désarmement du Hamas et à un abandon par ce mouvement de la gouvernance du territoire.

- "250 cibles terroristes" -

Dans la bande de Gaza, parmi les 14 morts, un homme, sa femme et leur enfant ont péri dans leur tente après une frappe nocturne israélienne dans un camp de déplacés de Deir al-Balah (centre), selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile.

L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "frappé environ 250 cibles terroristes" au cours des dernières 48 heures à travers le territoire palestinien.

Ces cibles comprenaient "des combattants, des bâtiments piégés, des dépôts d'armes, des postes de lancement de missiles antichars, des postes de snipers, des tunnels et d'autres infrastructures terroristes", a-t-elle détaillé.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.

L'attaque du 7-Octobre a fait 1.219 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Au moins 57.823 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.