Naufrage meurtrier dans la Manche: Quatre hommes mis en examen et écroués

Opération de recherche et de sauvetage menée par des navires français et britanniques au large de Calais, le 12 août 2023 (Photo, Marine française/AFP).
Opération de recherche et de sauvetage menée par des navires français et britanniques au large de Calais, le 12 août 2023 (Photo, Marine française/AFP).
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Publié le Jeudi 17 août 2023

Naufrage meurtrier dans la Manche: Quatre hommes mis en examen et écroués

  • Deux - nés en Irak en 1980 - sont «soupçonnés de faire partie de la filière d'immigration clandestine ayant organisé le transport de migrants»
  • Les deux autres - du Soudan et nés en 1994 et 2006 - sont «soupçonnés d'avoir participé activement au transport des passagers dans des conditions dangereuses»

PARIS: Quatre hommes ont été mis en examen mercredi puis placés en détention provisoire après le naufrage meurtrier survenu samedi, dans la Manche, d'une embarcation de migrants tentant de rallier l'Angleterre par le détroit du Pas-de-Calais, l'un des plus fréquentés du monde.

Six exilés afghans ont péri. Mercredi, leurs corps étaient encore en cours d'identification à l'Institut médico-légal de Lille.

Les quatre hommes mis en examen, selon une source judiciaire qui confirmait une information du journal Le Monde, avaient été placés en garde à vue le jour du drame.

Deux - de nationalité irakienne et né en 1980 - sont "soupçonnés de faire partie de la filière d'immigration clandestine ayant organisé le transport de migrants", a précisé le parquet de Paris.

Les deux autres - de nationalité soudanaise et nés en 1994 et 2006 - sont "soupçonnés d'avoir participé activement au transport des passagers dans des conditions dangereuses, en contrepartie d'un tarif privilégié sur leur propre passage", a ajouté le ministère public.

Ils ont été mis en examen pour homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence, aide au séjour irrégulier en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre ce délit.

Un juge des libertés et de la détention les a placés en détention provisoire, a précisé la source judiciaire peu après minuit.

Avarie moteur

Les investigations, menées sous la direction de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée et confiées depuis mercredi à deux juges d'instruction, ont "à ce stade permis d'établir que l'embarcation de fortune avait subi une avarie moteur", a expliqué le parquet.

Le canot s'est "déchiré en mer", avec des passagers "pour la plupart" dépourvus de gilets de sauvetage.

Les 38 personnes rescapées dans les eaux françaises ont été auditionnées, a précisé le parquet. Une demande d'entraide pénale internationale a "été adressée" aux autorités britanniques pour que soient auditionnées les 23 personnes secourues côté anglais.

La préfecture maritime (Premar) de la Manche et la mer du Nord recherchait également encore mercredi un potentiel disparu, après une consolidation du bilan des victimes, certains rescapés faisant état de 65 personnes à bord, d'autres de 66.

Malgré ce nouveau naufrage, le plus meurtrier depuis celui survenu en novembre 2021 au cours duquel au moins 27 migrants ont perdu la vie, les tentatives de traversées s'étaient poursuivies dans la nuit de mardi à mercredi.

Jusqu'à la mi-journée, une dizaine d'embarcations ont été vues en mer, par météo calme, dont une a été secourue et ramenée côté français avec une vingtaine de personnes à bord, a indiqué une porte-parole de la Premar.

Sur les côtes anglaises, un photographe de l'AFP a constaté l'arrivée de dizaines de migrants, dont de nombreux enfants et une femme enceinte.

«Secours immédiatement déclenchés»

Samedi, "les secours ont immédiatement été déclenchés" après avoir été prévenus, a souligné le parquet.

L'alerte a été donnée vers 4h20 du matin par un navire de commerce qui a contacté le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris Nez, d'après un communiqué de la Premar. Plusieurs navires se sont ensuite rendus sur zone.

Un hélicoptère et un avion de surveillance maritime, entre autres, ont également été mobilisés.

Au contraire, lors du naufrage de novembre 2021, les autorités françaises sont soupçonnées d'avoir été appelées à l'aide à une quinzaine de reprises et de ne pas avoir porté secours aux personnes migrantes, âgées de 7 à 46 ans. Sept militaires ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger.

Ce naufrage avait engendré une montée de tension entre Paris et Londres et le renforcement des mesures de sauvetage et de lutte contre ce trafic migratoire.

D'après un décompte effectué par l'AFP, plus de 100 000 migrants ont traversé la Manche depuis le développement du phénomène des "small boats", en 2018, en réponse au verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche.

Depuis début 2023, environ 17 000 migrants sont arrivés dans le sud de l'Angleterre à bord de ces bateaux, souvent de simples pneumatiques.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.