Afrique de l'Ouest et Sahel: pourquoi une recrudescence des coups d'État ?

L'Afrique semblait se diriger vers un régime civil doté d’institutions démocratiques et d’un système plus responsable et participatif. Après les récents coups d'État, ces acquis durement gagnés paraissent menacés. (AFP).
L'Afrique semblait se diriger vers un régime civil doté d’institutions démocratiques et d’un système plus responsable et participatif. Après les récents coups d'État, ces acquis durement gagnés paraissent menacés. (AFP).
Mohamed Toumba, l'un des soldats qui ont renversé le président nigérien Mohamed Bazoum, s'adresse aux partisans de la junte au pouvoir au Niger, à Niamey, le 6 août 2023. (Photo AP/fichier)
Mohamed Toumba, l'un des soldats qui ont renversé le président nigérien Mohamed Bazoum, s'adresse aux partisans de la junte au pouvoir au Niger, à Niamey, le 6 août 2023. (Photo AP/fichier)
Des partisans de la junte au pouvoir au Niger se rassemblent à Niamey le 3 août 2023, au début d'une manifestation qui appelle à lutter pour la liberté du pays et à s'opposer à l'ingérence étrangère. (Photo AP/fichier)
Des partisans de la junte au pouvoir au Niger se rassemblent à Niamey le 3 août 2023, au début d'une manifestation qui appelle à lutter pour la liberté du pays et à s'opposer à l'ingérence étrangère. (Photo AP/fichier)
Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. (Reuters)
Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. (Reuters)
Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. (Reuters)
Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. (Reuters)
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Publié le Vendredi 18 août 2023

Afrique de l'Ouest et Sahel: pourquoi une recrudescence des coups d'État ?

  • Le Niger, dernier pays de la région à connaître un coup d'État militaire, accuse un recul démocratique plus important
  • Les experts attribuent cette tendance aux griefs historiques, aux tensions ethniques, aux disparités économiques et aux influences extérieures

NAIROBI: Dans la vaste étendue semi-aride du Sahel de l'Afrique de l'Ouest, une série de coups d'État militaires a porté un coup dur à la stabilité politique et à la transformation démocratique de la région et a consacré une nouvelle ère d'incertitude et d'insécurité.

Le coup d'État du 26 juillet au Niger, le dernier en date dans la région, au cours duquel la garde présidentielle a chassé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, a été rapidement condamné par la communauté internationale, notamment par l'Union africaine et par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.

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Le président nigérien Mohamed Bazoum, que l'on voit ici s'adresser à la 77e session de l'Assemblée générale des nations unies, le 22 septembre 2022, est en détention depuis que des gardes présidentiels l'ont renversé, à la fin du mois dernier. (Reuters/photo fichier).

Des sanctions ont été prises à l'encontre de la nouvelle junte au pouvoir, dirigée par le général Abdourahamane Tchiani, mais les espoirs de voir revenir Bazoum au pouvoir s'amenuisent de jour en jour.

Le coup d'État a soulevé des questions sur la viabilité des transitions démocratiques en Afrique et sur la trajectoire des mouvements politiques dans la région.

La réalité, troublante, est que ces prises de pouvoir militaires ont fait dérailler les progrès démocratiques que de nombreuses nations africaines avaient laborieusement accomplis au cours de plusieurs décennies.

Avant cette récente vague de coups d'État, le continent semblait s'acheminer vers un régime civil doté d'institutions démocratiques et d'un système plus responsable et participatif. Ces acquis durement gagnés paraissent aujourd'hui menacés.

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Les combattants du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, que l'on voit sur cette photo publiée en août 1971, ont entamé une rébellion armée depuis 1956 pour l'indépendance de la République de Guinée-Bissau, une colonie portugaise. (Xinhua/AFP)

Après une baisse du nombre de coups d'État en Afrique depuis 2000, le Mali est devenu une exception avec la prise du pouvoir par les militaires en 2020.

Cependant, l'année 2021 a connu une augmentation significative de prises de pouvoir militaires, avec des coups d'État ou des tentatives au Tchad, en Guinée, au Soudan et au Niger. En 2022, cinq tentatives de coup d'État ont eu lieu, dont deux ont été couronnées de succès au Burkina Faso.

Les implications de ces événements dépassent les frontières des pays concernés. Elles provoquent une onde de choc sur l'ensemble du continent et suscitent des inquiétudes quant à la fragilité de la gouvernance démocratique en Afrique face à plusieurs menaces existentielles.

La communauté internationale s’attend désormais, avec un sentiment mélangé de consternation et d'appréhension, à ce que les interventions militaires deviennent plus fréquentes, ce qui met en doute la stabilité à long terme de nombreuses nations africaines.

Alors que les pays voisins et les institutions régionales doivent affronter les conséquences de ces coups d'État, il est essentiel de comprendre les défis singuliers qui attendent les nations africaines, en particulier celles de la région du Sahel.

Les experts estiment qu'il est important de s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité politique, telles que les disparités socio-économiques, les menaces sécuritaires et l'héritage historique. Ils considèrent en outre que la coopération régionale et internationale doit jouer un rôle essentiel dans le soutien au rétablissement de la gouvernance démocratique et dans la prévention d’interventions militaires.

«Les récents coups d'État observés en Afrique sont orchestrés par des militaires opportunistes qui exploitent les vulnérabilités d’institutions faibles ainsi que les conditions de vie très précaires de leurs nations», explique à Arab News Gbenga Erin, un analyste de la Cédéao qui vit au Nigeria.

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Depuis que les pays d'Afrique de l'Ouest ont accédé à l'indépendance, le sous-développement économique et les griefs attribués par certains à la domination coloniale ont contribué à des coups d'État militaires successifs. (Fichier AFP).

Sur l'ensemble du continent, il existe un large consensus sur le fait que la démocratie offre la structure de gouvernance la plus favorable et qu'elle mérite d'être sauvegardée, ajoute-t-il.

Néanmoins, les problèmes persistants du terrorisme, de la corruption, de la médiocrité des infrastructures et de divers obstacles socio-économiques ont pour conséquence qu'une grande partie de la population africaine a essentiellement connu des degrés variés de privation.

Ces problèmes ont toujours servi de prétexte aux auteurs de coups d'État.

Les tendances démographiques ne font qu'amplifier ces défis. Le Niger est le pays dont la population croît le plus rapidement au monde – à un rythme supérieur à 3% par an.

La région du Sahel, où se déroulent ces incidents, compte actuellement environ 354 millions d'habitants, et la population de certains de ces pays devrait doubler, au minimum, d'ici à 2050.

D'ici là, l'Afrique comptera 40% de la population mondiale des jeunes âgés de 15 à 24 ans, ce qui entraînera dans les écoles et les universités une augmentation de la taille des classes qui dépassera la formation des enseignants.

Par conséquent, les jeunes entrent sur le marché du travail à un rythme bien supérieur à celui de la croissance des emplois disponibles.

Infographie tirée du document de discussion du groupe de la Banque mondiale, août 2016.

Les analystes estiment que l'incapacité des gouvernements régionaux à répondre aux attentes fondamentales de leurs populations telles que l'emploi, la sécurité physique, l'éducation et les soins de santé a contribué à la récente vague de coups d'État militaires.

«Les populations locales de ces pays attendent souvent beaucoup de l'amélioration de la gouvernance, du développement économique et de la sécurité», confie à Arab News Ovigwe Eguegu, analyste politique qui vit au Nigeria.

«En revanche, lorsque ces attentes ne sont pas satisfaites, le gouvernement en place peut susciter de la frustration, ce qui conduit certains à soutenir les interventions militaires qui promettent un changement.»

Alex de Waal, chercheur britannique spécialisé dans la politique des élites africaines, a fait valoir dans un article récent pour The New York Times que la réponse des pays développés était loin d'être adéquate.

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Un marchand ambulant attend des clients à Niamey, au Niger, le 14 août 2023. (Photo AP)

Selon lui, de nombreux pays d'Europe et du Moyen-Orient se sont plutôt concentrés sur la dissuasion des migrants de quitter l'Afrique plutôt que sur la création d'emplois qui les encourageraient à rester.

L'évaluation des progrès démocratiques en Afrique révèle un tableau contrasté de réussites et d'échecs. Malgré certaines avancées, le continent fait souvent un pas en avant et deux pas en arrière.

Des élections régulières coexistent avec des reculs démocratiques, l'institutionnalisation des partis politiques avec une corruption endémique, les libertés politiques avec des contraintes et des inégalités.

«Un grand nombre de ces gouvernements n'assurent pas les prétendus bénéfices de la démocratie tels que la sécurité, la prospérité économique, la protection des vies et des biens», indique à Arab News le Nigérian Christopher Ogunmodede, expert en affaires étrangères.

«Il ne suffit pas de faire la morale aux gens en leur expliquant pourquoi la démocratie est parfaite, etc. Les gens estiment volontiers qu'ils devraient avoir un gouvernement civil […], mais ils sont aussi convaincus que si les gouvernements civils ne fonctionnent pas, ils devraient être démis de leurs fonctions très rapidement.»

Pour Fidel Amakye Owusu, analyste ghanéen spécialiste des relations internationales et de la sécurité, les démocraties africaines doivent se réformer si elles veulent réussir.

«Les pays africains ont un besoin urgent de réformes pour renforcer la confiance et la légitimité des élections, alors que la corruption demeure un problème critique». Toutefois, seuls les gouvernements démocratiques sont en mesure d'améliorer la situation sur le terrain et de lutter contre l'extrémisme, précise-t-il à Arab News.

Cet homme se trouve devant un magasin situé dans la banlieue de Niamey, au Niger, le 14 août 2023. Les prises de pouvoir au Sahel sont liées à l'incapacité de nombreux gouvernements de la région d’assurer les prétendus bénéfices de la démocratie tels que la sécurité, la prospérité économique et la protection des vies et des biens. (AF/fichier)

Dans le même temps, les conditions dans lesquelles l'opposition politique peut demander des comptes aux partis au pouvoir n'ont pas toujours été propices au maintien de l'ordre politique démocratique, ce dont les acteurs armés peuvent tirer parti.

Par exemple, avant le coup d'État au Niger, la participation démocratique était relativement restreinte, explique M. Ogunmodede. Ce dernier évoque le cas du mouvement M26, qui était composé de plusieurs groupes de la société civile.

En 2022, le M26 a été empêché d'organiser une manifestation contre l'opération Barkhane, une mission française de contre-insurrection dans la région du Sahel, ce qui l'a contraint à se limiter à une campagne sur les médias sociaux.

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Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. Les restrictions imposées aux groupes de la société civile nigérienne les auraient incités à soutenir le complot des militaires qui visait à renverser le gouvernement démocratiquement élu du pays. (Reuters/Mahamadou Hamidou).

Les analystes estiment que les réseaux sociaux ont permis la diffusion de fausses informations et de désinformations au sujet de la situation sécuritaire, sapant ainsi la confiance dans les institutions démocratiques de la région.

Alors que les commentateurs des médias sociaux affirment que la situation sécuritaire ne s'améliore pas, les experts considèrent que les opérations de lutte contre l'extrémisme menées par le Niger sont globalement plus efficaces que celles des autres pays de la région.

Beatrice Bianchi, experte du Sahel auprès de la Fondation Med-Or, un groupe de réflexion italien, qualifie les réseaux sociaux de «vecteurs de désinformation» dans les pays du Sahel. «Cela a augmenté les tensions, en particulier chez les jeunes, et cela a radicalisé les gens», explique-t-elle à Arab News.

Après avoir assisté au coup d'État dans la capitale Niamey, Mme Bianchi estime que les manifestations de soutien à la junte ne peuvent être considérées comme représentatives de la majorité de la population.

«La junte a violemment écrasé les manifestants anti-coup d'État puis elle a appelé d'autres personnes à venir les soutenir. Il ne s'agissait pas de manifestations spontanées au départ», indique-t-elle.

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Les forces de sécurité nigériennes lancent des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants en faveur de la junte qui s’étaient rassemblés devant l'ambassade de France à Niamey, le 30 juillet 2023. (Reuters).

Par ailleurs, jouer la carte de l'anticolonialisme peut être un outil politique très efficace, souligne M. Eguegu, car «l'héritage du colonialisme continue de ponctuer les discours dans tous ces pays».

«La lutte pour la décolonisation, associée aux inquiétudes relatives à l'influence étrangère, est un facteur important dans le paysage politique, tandis que la présence d'installations militaires étrangères destinées à combattre les extrémistes, les intérêts géopolitiques et les stratégies de sécurité régionale ajoute à la complexité de la situation», estime M. Eguegu.

Malgré les turbulences politiques observées en Afrique de l'Ouest, M. Owusu, l'expert ghanéen, insiste sur le fait que «le destin de l'Afrique est lié à celui de ses démocraties» et que «les peuples du continent méritent des dirigeants qui accordent la priorité à leur bien-être, promeuvent une gouvernance responsable et défendent les principes de la démocratie».

Par conséquent, la résurgence des coups d'État militaires nous rappelle de manière brutale que ces idéaux ne sont pas encore pleinement réalisés et qu’un effort commun est nécessaire pour protéger et nourrir les aspirations démocratiques des nations africaines.

C’est à cette condition que nous pourrons garantir que l'avenir du continent sera fait de progrès, de prospérité et d'une véritable représentation démocratique.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


En Floride, Trump et Netanyahu mettent en garde le Hamas

 Donald Trump et Benjamin Netanyahu ont fait front commun lundi en Floride contre l'Iran et toute tentative de réarmement, ainsi que face au Hamas, menacé par le président américain en cas de non-respect de la deuxième phase de la trêve à Gaza. (AFP)
Donald Trump et Benjamin Netanyahu ont fait front commun lundi en Floride contre l'Iran et toute tentative de réarmement, ainsi que face au Hamas, menacé par le président américain en cas de non-respect de la deuxième phase de la trêve à Gaza. (AFP)
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  • Le président américain a minimisé les bruits faisant état de tensions avec le Premier ministre israélien
  • Israël a "respecté le plan" pour Gaza, a-t-il estimé, ajoutant n'être "préoccupé par rien de ce que fait Israël"

PALM BEACH: Donald Trump et Benjamin Netanyahu ont fait front commun lundi en Floride contre l'Iran et toute tentative de réarmement, ainsi que face au Hamas, menacé par le président américain en cas de non-respect de la deuxième phase de la trêve à Gaza.

Depuis les pupitres d'une conférence de presse commune organisée dans la résidence Mar-à-Lago du milliardaire, ce dernier a fermement mis en garde Téhéran, ennemi juré d'Israël, six mois après les frappes américaines contre son programme nucléaire.

"J'espère qu'ils ne sont pas encore en train d'essayer de se réarmer, parce que s'ils le font, nous n'aurons pas d'autre choix que d'éliminer très rapidement ce réarmement", qu'il s'agisse d'installations nucléaires ou de missiles balistiques, a-t-il averti.

Un proche conseiller du guide suprême iranien a réagi dans la foulée, déclarant que "toute agression" envers son pays serait "immédiatement suivie d'une réponse très sévère".

"La capacité balistique et de défense de l'Iran ne peut être contenue" et ne nécessite "aucune autorisation", a écrit sur X Ali Shamkhani.

Le président américain a également minimisé les bruits faisant état de tensions avec le Premier ministre israélien.

Israël a "respecté le plan" pour Gaza, a-t-il estimé, ajoutant n'être "préoccupé par rien de ce que fait Israël".

Donald Trump a en revanche pointé du doigt le mouvement islamiste palestinien Hamas et répété que son désarmement - un des points de la deuxième phase du plan pour Gaza - était nécessaire.

"Prix fort" 

"S'ils ne se désarment pas comme ils s'y sont engagés" et "dans un délai relativement court", "ils paieront le prix fort", a-t-il menacé.

La branche armée du Hamas a toutefois réaffirmé lundi qu'elle "ne renoncerait pas" aux armes "tant que l'occupation perdurera".

Benjamin Netanyahu, qui a qualifié son entrevue avec le républicain de "très productive", a profité de sa visite pour remettre à Donald Trump la plus haute distinction civile du pays.

"Nous n'avons jamais eu d'ami comme le président Trump à la Maison Blanche", a-t-il apprécié.

"Il peut être très difficile" mais Israël "n'existerait peut-être pas" sans le leadership dont Benjamin Netanyahu a fait preuve après les attaques sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, a salué le président américain.

La rencontre entre les deux hommes était la cinquième aux Etats-Unis depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump il y a près d'un an.

Washington souhaite accélérer la cadence du plan de cessez-le-feu, fragile, en vigueur depuis octobre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas - qui s'accusent mutuellement de fréquentes violations.

Avertissement envers l'Iran 

Le passage vers sa deuxième phase, qui prévoit le désarmement du Hamas, un retrait progressif de l'armée israélienne de Gaza, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation dans le territoire palestinien, piétine.

Le média américain Axios rapporte que Washington veut faire des annonces concernant un gouvernement palestinien de technocrates comme autorité de transition pour Gaza dès janvier.

Donald Trump s'est borné lundi à espérer que la "reconstruction" puisse commencer bientôt dans le territoire palestinien, dévasté par deux années d'une guerre déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023.

Un des objectifs du déplacement de Benjamin Netanyahu visait à insister sur le "danger que posent l'Iran" et son programme balistique, "non seulement pour le Moyen-Orient mais aussi pour les Etats-Unis", selon une porte-parole de son gouvernement.

Il s'agit d'une "tentative de fabriquer un nouveau casus belli" contre l'Iran après "l'argument du nucléaire", analyse Sina Toossi, chercheur au Centre pour la politique internationale (CIP) à Washington.

L'Iran "se comporte peut-être mal" en cherchant à se réarmer mais reste intéressé par un accord avec Washington sur ses programmes nucléaires et balistiques, a estimé Donald Trump.

Donald Trump a également espéré que Benjamin Netanyahu pourrait "s'entendre" avec le nouveau président syrien et ancien jihadiste, Ahmad al-Chareh, après des frappes d'Israël à la frontière syrienne et contre le Hezbollah libanais.

 


Trump reçoit Netanyahu en Floride et veut avancer sur la trêve à Gaza

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza. (AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza. (AFP)
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  • Benjamin Netanyahu devrait chercher à concentrer les regards sur l'Iran et pourrait plaider pour de nouvelles frappes américaines contre le programme nucléaire de Téhéran, selon des informations de presse
  • Cette rencontre est la cinquième aux Etats-Unis entre les deux hommes depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump il y a près d'un an

PALM BEACH: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza.

Benjamin Netanyahu devrait lui chercher à concentrer les regards sur l'Iran et pourrait plaider pour de nouvelles frappes américaines contre le programme nucléaire de Téhéran, selon des informations de presse.

Cette rencontre est la cinquième aux Etats-Unis entre les deux hommes depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump il y a près d'un an.

Elle intervient au moment où Washington et des médiateurs régionaux souhaitent accélérer la cadence pour lancer la deuxième phase du fragile cessez-le-feu en vigueur depuis octobre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Cette deuxième étape prévoit le désarmement du Hamas, un retrait progressif de l'armée israélienne de Gaza, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation dans le territoire palestinien.

Donald Trump doit recevoir le dirigeant israélien à 13H00 (18H00 GMT) dans sa résidence Mar-a-Lago, à Palm Beach, où il passe les fêtes et a déjà accueilli la veille le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Plus tôt dans la journée, Benjamin Netanyahu s'est entretenu avec le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio et le ministre américain de la Défense Pete Hegseth, ont indiqué des responsables des deux pays.

Dernier otage 

Succès majeur de la première année du mandat du président américain, la fragile trêve à Gaza, prévue par un plan supervisé par Donald Trump, a mis fin en octobre à deux années de guerre dévastatrice, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023. Israël et le Hamas s'accusent néanmoins mutuellement de violations.

Le passage à la deuxième phase piétine, malgré la volonté américaine d'obtenir de nouvelles avancées.

Le média américain Axios rapporte, en citant des responsables de la Maison Blanche, que Washington veut annoncer le plus rapidement possible un gouvernement palestinien de technocrates comme autorité de transition pour Gaza et que Donald Trump souhaite réunir un nouveau "comité de la paix" chargé de superviser ce gouvernement transitoire en janvier lors du forum de Davos en Suisse.

Mais avant d'entamer les tractations sur la deuxième phase, Israël veut insister sur l'importance de la restitution du corps du dernier otage retenu à Gaza, selon une porte-parole du bureau du Premier ministre, Shosh Bedrosian. Le Hamas assure ne pas avoir réussi à le localiser jusqu'à présent.

Benjamin Netanyahu veut s'assurer que "le Hamas est désarmé, que Gaza est démilitarisé" dans cette phase suivante, a-t-elle ajouté.

Or la branche armée du mouvement islamiste palestinien a réaffirmé lundi qu'il "ne renoncera pas à ses armes tant que l'occupation perdurera".

 


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.