Depuis le coup d’Etat au Niger, la guerre sans fin des «fake news»

Des supporters se tiennent à côté d'une moto ornée de cornes de zébu et d'un drapeau russe lors d'un concert de soutien au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger au stade Général Seyni Kountche de Niamey, le 13 août 2023. (Photo AFP)
Des supporters se tiennent à côté d'une moto ornée de cornes de zébu et d'un drapeau russe lors d'un concert de soutien au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger au stade Général Seyni Kountche de Niamey, le 13 août 2023. (Photo AFP)
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Publié le Vendredi 18 août 2023

Depuis le coup d’Etat au Niger, la guerre sans fin des «fake news»

  • Depuis le 26 juillet et le coup d’État au Niger qui a renversé le président Mohamed Bazoum, une quinzaine d'allégations trompeuses sur les réseaux sociaux, visant tantôt à décrédibiliser, tantôt à soutenir les militaires qui ont pris le pouvoir, ont été v
  • A titre d’exemple, une vidéo virale prétend montrer le ministre des Finances du gouvernement déchu en larmes, sommé par les généraux de «rendre compte de l'argent volé» par le régime Bazoum

PARIS : Fausses rumeurs, vidéos détournées, audios manipulés: le récent coup d’État militaire au Niger a remis une pièce dans la machine de la désinformation qui sévit au Sahel depuis des mois, sur fond de divisions grandissantes entre pays ouest-africains.

Depuis le 26 juillet et le coup d’État au Niger qui a renversé le président Mohamed Bazoum, l'AFP a vérifié une quinzaine d'allégations trompeuses sur les réseaux sociaux, visant tantôt à décrédibiliser, tantôt à soutenir les militaires qui ont pris le pouvoir.

Parmi elles, des images d'amateur d'une manifestation en soutien à M. Bazoum, tenue au premier jour de la crise, ont été repartagées plusieurs fois sur X (ex-Twitter) et Facebook dans les jours qui ont suivi, laissant croire à tort que différentes marches ont été organisées par ses partisans.

Une autre vidéo virale prétend montrer le ministre des Finances du gouvernement déchu en larmes, sommé par les généraux de «rendre compte de l'argent volé» par le régime Bazoum. Sauf que la séquence, qui remonte à 2021, n'a rien à voir avec les événements aux Niger: on y voit un ancien ministre de la Justice remercier son mentor.

Le même procédé de décontextualisation est aussi utilisé par les internautes pour dénoncer des ingérences étrangères dans une région de plus en plus divisée, alors que règne l'incertitude sur une possible intervention militaire de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) pour «rétablir l'ordre constitutionnel».

Photos à l'appui, les uns font état d'avions de chasse Rafale français atterrissant à Dakar en renfort de la Cedeao, perçue comme alliée des Occidentaux, d'autres annonçant l'arrivée du groupe paramilitaire russe Wagner ou de premiers contingents burkinabè au Niger.

- Relais pro-russes -

Après le Mali (2020, 2021) et le Burkina Faso (deux fois en 2022), le Niger est le troisième pays du Sahel à connaître un coup d’État en trois ans. Ces derniers, qui ont pris leurs distances avec l'ancienne puissance coloniale française à la faveur d'un rapprochement avec la Russie, ont affiché leur soutien à Niamey.

Pour Ikemesit Effiong, directeur de recherche du cabinet de conseil nigérian SBM Intelligence, la campagne de désinformation visant le Niger ne semble «pas particulièrement bien coordonnée ou gérée de manière centralisée».

Néanmoins, souligne-t-il, les soutiens des nouveaux maîtres du pays «ont largement amplifié la menace de conflit avec la Cedeao, en particulier avec le Nigeria, ainsi qu'avec la France (qui soutient ouvertement le bloc régional, ndlr) pour mobiliser en ligne et sur le terrain», dans une région «où les opinions anti-impérialistes et anti-occidentales sont populaires et faciles à vendre».

Selon les experts interrogés par l'AFP, les moyens mis en œuvre ressemblent en partie à ceux employés précédemment dans d'autres pays de la région. C’est depuis Telegram ou WhatsApp que partent fréquemment les premières assertions, avant d’être partagées sur d’autres réseaux comme Facebook.

De plus, on retrouve aujourd'hui plusieurs acteurs ayant déjà propagé des infox sur le Mali et le Burkina Faso, connus pour leurs prises de positions pro-russes dans la région, et leur hostilité envers Paris.

- «Alliés de circonstance» -

C'est notamment le cas du Groupe panafricain pour le commerce et l'investissement (GPCI), agence de communication dirigée par Harouna Douamba, proche des sphères russes, à l'origine de nombreuses «interférences» propagées via un vaste réseau de faux sites de médias et pages Facebook, selon le collectif international d'enquête All Eyes on Wagner.

Le 10 août par exemple, l'une de ces pages baptisée INFOS DU FASO affirmait que la France préparait un «complot de déstabilisation» du Niger et armait des «terroristes».

Le GPCI, à travers «plusieurs sites suspects impliqués dans la désinformation, partageait des informations sur le Tchad ou le Nigeria et sur d’autres pays de la région» concernant une éventuelle intervention militaire au Niger ou la démission du président Bazoum, abonde auprès de l'AFP le fondateur du compte Casus Belli sur X (ex-Twitter), qui analyse et surveille les contenus suspects notamment en Afrique.

Afrique Média TV, partenaire du média d'Etat Russia Today et relais des actions du groupe Wagner sur le continent africain, participe elle aussi aux opérations de désinformation, selon cet analyste.

La chaîne a ainsi partagé le 9 août une vidéo qui prétendait montrer le président Bazoum, l'air décontracté après avoir signé sa démission, alors qu'il est séquestré chez lui depuis le 26 juillet. Ces images trompeuses ont été démenties par l’AFP.

Pour Maixent Somé, analyste financier burkinabè qui a mis en place un observatoire sur les réseaux sociaux, cette vague de désinformation est autant le fait d'acteurs locaux que d'influences étrangères. «Il y avait un sentiment anti-français bien avant l’arrivée de la Russie», sur lequel ses réseaux ne font que capitaliser, dit-il à l'AFP.

De leur côté, les militants panafricanistes «se sont forgés en alliés de circonstance» de la Russie, notamment pour véhiculer un sentiment de rejet de la France, ajoute-il. Mais ils ont désormais «des agendas personnels», et notamment des ambitions politiques.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".

 


Le réalisateur hollywoodien Rob Reiner et sa femme retrouvés morts à leur domicile

Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
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  • D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire
  • Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery"

LOS ANGELES: Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN.

La police de Los Angeles a fait état de deux personnes retrouvées mortes dans la maison du réalisateur du film "Quand Harry rencontre Sally", mais n'a pas confirmé publiquement leur identité, lors d’une conférence de presse dimanche soir.

Selon la chaîne NBC, le couple serait mort des suites de coups de couteau.

Rob Reiner était âgé de 78 ans.

D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire. Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery".

Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans la série "The Bear".

"C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès tragique de Michele et Rob Reiner. Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile", a annoncé la famille du couple dans un communiqué cité par la revue Variety.

"C'est une perte immense pour notre ville et notre pays. L'héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines", a déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass sur son compte X.

Elle a salué "son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique" qui "ont transformé la vie d'innombrables personnes".

"Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres", a ajouté Mme Bass.