La Journée mondiale de l'aide humanitaire met en lumière les crises à l'origine des déplacements

Dans cette photo prise le 5 novembre 2016, un secouriste de l'ONG maltaise Moas porte un bébé lors d'une opération de sauvetage de 146 migrants et réfugiés par le navire Topaz Responder au large des côtes libyennes. Des migrants et réfugiés d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient tentent une traversée périlleuse vers l'Europe en bateau dans l'espoir de trouver une vie meilleure (Photo, AFP).
Dans cette photo prise le 5 novembre 2016, un secouriste de l'ONG maltaise Moas porte un bébé lors d'une opération de sauvetage de 146 migrants et réfugiés par le navire Topaz Responder au large des côtes libyennes. Des migrants et réfugiés d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient tentent une traversée périlleuse vers l'Europe en bateau dans l'espoir de trouver une vie meilleure (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 19 août 2023

La Journée mondiale de l'aide humanitaire met en lumière les crises à l'origine des déplacements

  • Bien que la Syrie reste la plus grande source de personnes déplacées, elle est suivie de près par l’Ukraine et l’Afghanistan
  • Les conflits en cours, ainsi que les bouleversements liés au climat entraînent un déplacement accru de population

DUBAÏ : Youssef Bayrakdar avait 19 ans lorsqu'en mars 2012, lui et sa famille furent contraints de quitter leur maison à Homs, à peine un an après le début du conflit en Syrie. Sa sœur, son mari, leurs enfants et tous les habitants de leur immeuble avaient été tués par des miliciens.

Après cinq jours, les familles endeuillées furent enfin autorisées à sortir leurs morts pour les enterrer. «Les milices ont continué de tuer et ont totalement éradiqué près de 25 quartiers et massacré 100 familles», a raconté Bayrakdar à Arab News.

Lui et sa famille survivante ont fui à la campagne, où ils sont restés jusqu'en 2015. Cependant, la guerre les a rattrapés, avec des roquettes qui tombaient près de chez eux. Alors que ses parents ont choisi de retourner en ville, Bayrakdar et ses deux frères et sœurs ont choisi de devenir politiquement actifs.

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Des migrants d'Afrique, échoués sur le rivage à la frontière libyo-tunisienne à Ras Jedir, implorent d'être sauvés d'une zone désertique entre la Libye et la Tunisie le 26 juillet, des semaines après que les autorités tunisiennes les aient prétendument abandonnés là-bas, démunis de tout (Photo, AFP).

«Aujourd'hui, nous trois vivons dans la partie nord d'Alep (qui n'est pas sous le contrôle du gouvernement) et nous ne pouvons pas rendre visite à nos parents», a-t-il dit. «Je crois vraiment que nous ne les reverrons plus jamais.»

Bayrakdar fait partie des millions de personnes à travers le monde qui ont été déplacées par les conflits, les persécutions, les catastrophes naturelles ou le manque d'opportunités économiques.

Selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, depuis le début de la crise en 2011, 13 millions de personnes en provenance de Syrie ont fui leurs régions d'origine ou de résidence habituelle pour chercher refuge dans d'autres parties de leur pays, dans des pays voisins ou dans d'autres pays. 

Environ 5,6 millions de Syriens ont cherché refuge à l'étranger, tandis que 6,9 millions de personnes sont toujours déplacées à l'intérieur du pays. Bien que certains réfugiés syriens soient depuis retournés chez eux, les agences d’aide ont eu du mal à préciser les chiffres exacts. 

Bien que la Syrie reste la principale source de personnes déplacées, elle est suivie de près par l'Ukraine, l'Afghanistan, le Venezuela, le Soudan du Sud et le Myanmar.

«Environ 52% de tous les réfugiés et autres personnes ayant besoin de protection internationale proviennent de seulement trois pays : la Syrie (6,5 millions), l'Ukraine (5,7 millions) et l'Afghanistan (5,7 millions)», a déclaré Matthew Saltmarsh, responsable des nouvelles et des médias au HCR, à Arab News.

«Mais bien sûr, il y a pleins d’autres pays, notamment le Soudan, le Soudan du Sud, le Venezuela et le Myanmar.»

En effet, la violence persistante au Soudan, qui a débuté le 15 avril, a contraint environ 4,3 millions de personnes à fuir leur domicile. Plus de 3,2 millions sont déplacées à l'intérieur du pays, 900 000 ont fui vers les pays voisins et 195 000 citoyens Sud-Soudanais ont été contraints de rentrer chez eux, selon le Comité international de la Croix-Rouge.

Déstabilisation

La crise humanitaire qui en résulte risque de déstabiliser la région plus large, car plusieurs pays frontaliers du Soudan ont eux-mêmes enduré des décennies de conflits, d'instabilité politique et économique, de faim et de sécheresse, et ont besoin de soutien international.

«Il est important de signaler que le Soudan connaissait déjà un lourd déplacement interne et une crise des réfugiés avant le début du conflit actuel, car il hébergeait déjà plus d'un million de réfugiés déplacés en raison des conflits dans les pays voisins», a déclaré Imene Trabelsi, porte-parole régionale du CICR, à Arab News.

Selon les données des Nations unies, près de 110 millions de personnes dans le monde sont actuellement classées comme déplacées, soit le double du nombre il y a seulement une décennie.

Selon Saltmarsh, les conflits multiples en cours, notamment la guerre en Ukraine, ainsi que les bouleversements causés par le climat, entrainent un nombre accru de déplacements :  les personnes sont déracinées de leurs foyers et sont souvent contraintes de braver des itinéraires dangereux pour afin une relative sécurité. 

«Parfois, il semble que les humains aient plus de facilite à se battre qu’à rechercher la paix», a-t-il ajouté. «Soit la communauté internationale s'unie pour agir pour résoudre cette tragédie humaine, résoudre les conflits et trouver des solutions durables, soit cette terrible tendance se poursuivra.»

«Nous avons besoin d'une action urgente, immédiate et collective pour traiter les causes profondes et les conséquences du déplacement.»

Il existe certaines exceptions notables à ce tableau sombre, des pays et des communautés qui travaillent ensemble pour trouver des solutions permettant aux réfugiés d’être réinstallés et leur  offrant des opportunités pour construire des moyens de survie durables, ou les aidant à retourner volontairement dans leurs pays d'origine.

Cependant, les agences d'aide humanitaire estiment que les gouvernements n'en font tout simplement pas assez pour promouvoir la paix par la diplomatie, laissant les conflits ainsi que les déplacements massifs se poursuivre sans relâche.

«La communauté internationale peut faire beaucoup pour prévenir les guerres et les arrêter», a déclaré Karl Schembri, conseiller en communication pour l'Afrique de l'Est et le Yémen au Conseil norvégien pour les réfugiés, à Arab News.

«La boîte à outils des diplomates offre de multiples instruments qui, dans divers contextes, permettent d'exercer une pression sur les parties en conflit et de les rendre responsables. La prolifération de conflits ne reflète pas tant les possibilités d'action que les degrés d'engagement politique.»

«Les pays plus riches, qui sont eux-mêmes engagés dans des guerres, peuvent fournir tout le financement nécessaire pour aider les personnes déplacées et les victimes de ces catastrophes causées par l'homme.»

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Des migrants sud-asiatiques secourus par la garde nationale tunisienne lors d'une tentative de traversée de la Méditerranée en bateau se reposent au port d'El-Ketef à Ben Guerdane, dans le sud de la Tunisie, près de la frontière avec la Libye, le 24 juin 2021. La Tunisie et la Libye sont des points de départ clés pour les migrants qui tentent la traversée périlleuse de la côte nord-africaine vers l'Europe, notamment l'Italie (Photo, AFP).

Schembri a déclaré que son organisation, le CNR, ainsi que d'autres agences humanitaires travaillent partout où la situation de sécurité leur permet d'opérer pour fournir une gamme d'assistance, de l'aide financière et juridique à l'abri, la nourriture, l'eau et l'éducation.

D'autres agences humanitaires aident les personnes déplacées à renouer les liens avec leurs familles après avoir été séparées. Depuis juillet, par exemple, le CICR a réuni 558 réfugiés soudanais, qui ont fui au Tchad, avec leurs proches restés chez eux.

Cependant, avec les bailleurs de fonds appelés à répondre à autant de crises simultanées à travers le monde, le financement en diminution constitue de plus en plus un défi pour les efforts humanitaires. Jusqu'à ce que des solutions soient trouvées, les responsables des agences d'aide ont déclaré que les gouvernements doivent offrir aux réfugiés un passage sûr et légal.

«Mise en place d'un mécanisme régional»

«Les pays plus riches peuvent mettre la sécurité et la solidarité au cœur de leurs politiques», a déclaré Saltmarsh. «Si vous regardez la Méditerranée - qui est dans les actualités en ce moment - des efforts collectifs, notamment une coordination accrue entre tous les États méditerranéens, la solidarité et le partage des responsabilités sont essentiels pour sauver des vies.»

«Cela inclut la mise en place d'un mécanisme régional d'accostage et de redistribution convenu pour les personnes arrivant par la mer, que nous continuons de préconiser. Le devoir de secourir les personnes en détresse en mer sans délai est une règle fondamentale du droit maritime international.»

«Il est également important de créer plus de voies sûres pour les personnes contraintes de fuir les conflits et les persécutions, tout en réprimant les passeurs et ceux qui profitent du chaos des mouvements humains. La dernière étape consiste à créer des conditions dans les pays d'origine qui dissuadent les gens de recourir à des voyages périlleux pour chercher la sécurité.»

Selon le projet Missing Migrants de l'Organisation internationale pour les migrations, 1 166 personnes sont mortes ou ont disparu en tentant de traverser la mer Méditerranée pour se rendre en Europe entre le début de cette année et le 9 juin.

«Les politiques ont échoué à traiter les causes profondes de la migration, telles que la pauvreté et le manque d'emplois», a déclaré Ahmed Bayram, conseiller régional en médias et en communication pour le CNR à Amman, à Arab News.

«Personne ne veut quitter son domicile, et la communauté internationale doit sérieusement réfléchir à ce qui force les gens à prendre de telles décisions.»

« Je dirais que la communauté internationale n'a pas tout fait pour empêcher les guerres de durer des années. Les dynamiques politiques se sont déroulées dans toutes les zones de conflit de manière à alimenter davantage les guerres.»

« En tant qu'agence d'aide humanitaire, nous examinons ce qui a été fait pour aider les personnes touchées. Le nombre de réfugiés est le plus élevé jamais enregistré. Les répercussions de la guerre et du changement climatique se propagent dans les communautés touchées - catastrophes, conditions de sécheresse, pauvreté et manque d'emplois et d'opportunités éducatives. L'impact se fera sentir pendant des générations à venir. »

Selon Bayrakdar, qui a passé toute sa vie adulte en tant que personne déplacée, seule une action concertée de la communauté internationale pour résoudre la guerre civile syrienne de 12 ans permettra aux familles de se réunir et aux communautés de guérir.

«Nous pensons toujours à aider les déplacés, et ne parlons pas d'arrêter le déplacement, ou d'examiner les raisons pour lesquelles cela s'est produit», a-t-il déclaré à Arab News.

«Arrêter le déplacement peut se faire en éliminant ses raisons. (Cependant), les politiciens (au sein de la communauté internationale) ne ressentent pas la douleur que nous ressentons. Ils n'ont pas perdu leurs proches comme nous l'avons fait.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabenws.com


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.