Le Japon m'a torturé et l'Amérique n'a rien fait, déclare Michael Taylor, complice de Carlos Ghosn

L'ancien Béret vert américain Michael Taylor lors d'une interview exclusive avec Arab News Japan. (ANJ)
L'ancien Béret vert américain Michael Taylor lors d'une interview exclusive avec Arab News Japan. (ANJ)
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Publié le Dimanche 20 août 2023

Le Japon m'a torturé et l'Amérique n'a rien fait, déclare Michael Taylor, complice de Carlos Ghosn

  • L'ancien Béret vert américain qui a aidé l'ex-PDG à fuir le Japon en 2019 a affirmé avoir subi des traitements inhumains lors de sa détention au Japon
  • M. Taylor a accusé l'administration Trump de faire passer les intérêts commerciaux avant les droits d'un citoyen américain

DUBAΪ: Michael Taylor, un ancien Béret vert américain, est devenu célèbre pour avoir planifié et exécuté l'un des complots d'évasion les plus audacieux de l'histoire récente. Il a accusé les autorités japonaises de torture – et son propre gouvernement d'être resté les bras croisés. 

Dans une interview spéciale avec Arab News Japan enregistrée à Dubaï, M. Taylor, qui a aidé l'ex-PDG de Nissan Carlos Ghosn à fuir le Japon caché dans une mallette d'équipement musical le 10 décembre 2019, a déclaré avoir subi des traitements inhumains pendant son incarcération à Tokyo.

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Le 17 janvier 2020, Michael Taylor et George Antoine Zayek  au contrôle des passeports à l'aéroport d'Istanbul, les deux hommes sont accusés d'avoir aidé l'homme d'affaires Carlos Ghosn à s'échapper via un aéroport d'Istanbul, afin de fuir un procès pour corruption au Japon. (AFP)

Il a indiqué avoir souffert d'engelures, de coups de chaleur et avoir été privé de bains pendant plusieurs mois lors de son séjour à l'isolement au centre de détention de Tokyo, après avoir été extradé des États-Unis pour être jugé pour le rôle qu’il a joué dans l'évasion de Carlos Ghosn.

«Dix-sept mois à l'isolement. Deux douches en six mois et demi. Pas de chauffage. On a des engelures tous les jours, pas d'air conditionné ni de ventilation en été. Les gens s'évanouissent à cause des coups de chaleur», a-t-il confié.

«Alors, oui, je dirais, et c’est ce qu’affirment les Nations unies, qu'il s'agit clairement de torture en violation des droits de l'homme», a-t-il ajouté, affirmant que son dossier était «truqué» et qu'il s'agissait d'une «décision politique».

Outre les conditions de détention auxquelles il a été soumis, M. Taylor a souligné qu'il n'y avait pas eu de «privilège avocat-client». Pour pouvoir parler à ses avocats, il était contraint d'écrire ses entretiens avec les procureurs sur une feuille de papier qui portait la mention «communication privilégiée». 

«Cependant, la “communication privilégiée” est une mascarade, car je devais donner ces papiers aux gardiens, qui les copiaient et en faisaient ce qu'ils voulaient», a-t-il dénoncé. 

«Trente minutes plus tard, les documents parvenaient à mes avocats, assis de l'autre côté de la vitre. Vous étiez surveillé par un garde et un interprète qui notait tout. Il n'y avait donc pas non plus de secret professionnel.»

Arab News Japan a contacté le bureau des corrections du ministère de la Justice du Japon pour obtenir une réponse aux allégations de M. Taylor, mais les fonctionnaires se sont abstenus de tout commentaire.

Lorsqu’on lui a demandé si le gouvernement américain avait fait quelque chose pour l'aider, M. Taylor a répondu par la négative. Il a accusé le président américain de l'époque, Donald Trump, et son secrétaire d'État, Mike Pompeo, d'avoir choisi des intérêts stratégiques et commerciaux au détriment des droits de l'un de leurs propres citoyens.

«Trump et Pompeo sont ceux qui nous ont extradés», a affirmé M. Taylor. «Trump se targuait constamment de protéger les anciens combattants. Et le travail numéro un du président des États-Unis, ou de n'importe quelle nation, est de protéger ses citoyens.»

Cela n’a pas été le cas de Michael Taylor ni de son fils, Peter. Les deux hommes ont été arrêtés aux États-Unis en mai 2020 puis extradés vers le Japon afin d’y être jugés pour avoir aidé M. Ghosn à s'échapper.

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Michael Taylor et son fils Peter. (Photo, Fournie par la famille Taylor/AFP)

«Ils ont aidé les Japonais», a soutenu M. Taylor. «Des rumeurs circulent selon lesquelles il y aurait eu une sorte d'arrangement commercial, qui était une contrepartie pour des destroyers Aegis, des radars Aegis pour le Japon.»

Le système de combat Aegis est un système d'armement naval intégré américain qui utilise des ordinateurs et des radars pour suivre et guider les armes afin de détruire les cibles ennemies. La Force maritime d'autodéfense japonaise dispose actuellement d'une flotte de huit destroyers équipés du système Aegis; elle devrait encore s'agrandir.

M. Taylor a estimé que la demande d'extradition avait été accueillie favorablement par Washington parce que le Japon avait acheté l'équipement militaire Aegis aux États-Unis. 

«Il est tout simplement incroyable que nous soyons extradés pour ce qui, selon les juristes, n'est en rien une violation de la loi», a-t-il observé.

«Pourtant, trois citoyens japonais de Takata, qui sont responsables de la mort de vingt-neuf personnes, n'ont pas été extradés lorsqu'ils ont été inculpés par un tribunal fédéral du Michigan en décembre 2016. Où est la logique?», s’est interrogé M. Taylor.

Ce dernier faisait référence à un scandale qui a impliqué l'entreprise japonaise de pièces détachées automobiles Takata. Dix constructeurs automobiles américains ont rappelé des centaines de milliers de voitures équipées d'airbags potentiellement défectueux fabriqués par l'entreprise.

Les États-Unis ont inculpé trois dirigeants de Takata pour ce scandale en 2017, mais ils n'ont pas ordonné leur extradition. L'entreprise a accepté de payer un milliard de dollars (1 dollar = 0,92 euro) pour mettre fin à l'enquête. Les airbags défectueux sont officiellement responsables d’au moins seize décès.

Malgré la volonté du gouvernement américain de les extrader, lui et son fils, vers le Japon, M. Taylor a déclaré qu'il croyait au karma et qu'il était donc heureux de voir M. Trump récemment inculpé en Géorgie en raison de son rôle présumé dans une conspiration criminelle qui visait à renverser les résultats de l'élection présidentielle de 2020. 

Parmi les personnes que M. Taylor a critiquées dans son entretien exclusif avec Arab News Japan figure M. Ghosn lui-même, dont on peut dire qu'il doit sa liberté à l'ancien Béret vert. 

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Michael Taylor lors d'une interview spéciale avec Ali Itani d'Arab News Japan enregistrée à Dubaï. (Photo AN)

M. Ghosn a été arrêté au Japon en 2018. Il a été accusé d’avoir dissimulé ses revenus et d’avoir commis d'autres délits d'entreprise, ce qu'il a nié. Il réside désormais à Beyrouth, où les autorités libanaises refusent d'extrader leurs citoyens et optent plutôt pour un procès local. 

Kenji Yamada, ministre des Affaires étrangères du Japon, a déclaré jeudi à Arab News Japan qu'il avait demandé aux autorités libanaises d'extrader M. Ghosn afin qu'il puisse être jugé à Tokyo.

Les dirigeants japonais ont indiqué à plusieurs reprises que M. Ghosn avait fui le Japon de manière illégale et qu'il devait y retourner pour être jugé par un tribunal japonais.

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L'ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, s'adresse à une foule de journalistes pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à éviter le procès au Japon, où il est accusé de malversations financières à Beyrouth, le 8 janvier 2020. (Photo, AFP)

Entre-temps, M. Taylor a affirmé que son fils et lui avaient été livrés à eux-mêmes et qu’ils avaient dû débourser des frais juridiques considérables. 

«Mes frais de justice ne sont toujours pas réglés, et ils sont très élevés», a-t-il précisé. «Chaque fois que vous devez faire face à des frais de procédure des deux côtés d'un océan comme celui-là, aux États-Unis et au Japon, ils finissent par s'accumuler de manière impressionnante.»

M. Taylor a toutefois refusé de confirmer les informations qui concernent le paiement que M. Ghosn lui avait promis pour l'aider à s'enfuir du Japon. Selon plusieurs médias, les procureurs japonais ont déclaré que les Taylor avaient reçu 1,3 million de dollars pour leurs services et 500 000 dollars supplémentaires pour leurs frais de justice.

Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait que M. Ghosn était victime ou bourreau dans le procès qui l'opposait à Nissan, M. Taylor a répondu que les faits se passent de commentaires.

«Tout ce que j'ai retenu de cette affaire, c'est qu'elle m'a été présentée comme celle d'un homme torturé au point qu'il ne pouvait même pas, selon le tribunal, parler à sa femme», a précisé Taylor. 

«Essayaient-ils de provoquer un divorce, de briser une famille? Je ne comprends pas cela. Qui fait cela? Quel pays fait cela? Quelle nation civilisée fait cela?»

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Cette photographie fournie par la police d'Istanbul le 8 janvier 2020 montre la valise dans laquelle l'ancien dirigeant de Nissan, Carlos Ghosn, se serait caché pour fuir le Japon, où il était assigné à résidence, et se rendre au Liban en passant par la Turquie. (AFP/Département de la police d'Istanbul)

M. Taylor s'est entretenu avec Arab News Japan avant la sortie d'une nouvelle série documentaire en quatre parties qui doit être diffusée sur Apple TV le 25 août et qui est présentée comme le premier programme sur l'affaire Ghosn à faire valoir le point de vue des Taylor.

Intitulée «Wanted: The Escape of Carlos Ghosn», elle racontera «l'histoire complète» de l’ex-PDG de Renault-Nissan-Mitsubishi, évoquant son ascension sociale, son arrestation et son évasion. M. Ghosn en personne racontera également sa version des faits.

Inspirée du livre «Boundless» des journalistes du Wall Street Journal Nick Kostov et Sean McLain, la série comprend des interviews et des séquences exclusives avec les principaux acteurs qui ont vécu dans le cercle de M. Ghosn.

Depuis sa libération, M. Taylor s'est employé à redresser la barre. Il travaille actuellement pour une nouvelle entreprise baptisée «Vitamin 1», qui, explique-t-il, produit «une boisson rafraîchissante et saine, pleine de vitamines et d'électrolytes, sans sucre». 

M. Taylor a indiqué qu'il prévoyait de commencer à produire la boisson à Dubaï avec la National Food Company des Émirats arabes unis. «J'ai hâte de servir le peuple émirati», a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.jp

 


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.