Un enfant de dix ans tué dans une fusillade à Nîmes sur fond de trafic de drogues

Un policier français regarde les habitants du quartier défavorisé de Pissevin à Nîmes, dans le sud de la France, après une fusillade dans cette ville (AFP).
Un policier français regarde les habitants du quartier défavorisé de Pissevin à Nîmes, dans le sud de la France, après une fusillade dans cette ville (AFP).
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Publié le Mardi 22 août 2023

Un enfant de dix ans tué dans une fusillade à Nîmes sur fond de trafic de drogues

  • Plusieurs villes du sud-est de la France dont Marseille, Avignon, Nîmes, dans un arc entre l'Espagne et l'Italie, sont touchées depuis plusieurs années par des assassinats liés au trafic de drogue, une violence qui fait désormais des victimes collatérales
  • Le quartier de Pissevin est le même où un homme de 39 ans avait été abattu en janvier, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants

NIMES: Victime collatérale d'une guerre entre trafiquants de drogue, un enfant de dix ans a été tué lundi à Nîmes, touché par balles dans le quartier populaire de Pissevin, où des renforts policiers sont arrivés pour "sécuriser" des habitants pétris de peur.

"Nîmes: un enfant de 10 ans tué lors de ce qui semble être un règlement de comptes entre trafiquants. C'est un immense drame qui ne restera pas impuni", a réagi mardi matin le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur X (anciennement Twitter), avant d'appeler la famille de l'enfant décédé.

Comme le ministre l'avait annoncé, une vingtaine de fonctionnaires de police de la CRS 8, unité spécialisée dans le maintien de l'ordre en zones urbaines, s'est déployée peu après 15h00 dans le quartier sensible de Pissevin, situé au sud-ouest de Nîmes, où le taux de pauvreté dépasse les 70% et le taux de chômage atteint 46%.

Un renfort policier destiné à "sécuriser" et "pacifier le quartier au maximum" afin que "les habitants retrouvent un tout petit peu de sérénité", a expliqué sur place Anne Valla, directrice départementale adjointe de la sécurité publique du Gard. "Le but, c'est vraiment de reprendre possession du quartier, de montrer aux habitants qu'on est là et qu'on ne laissera pas faire ce qui s'est passé la nuit dernière".

Plusieurs villes du sud-est de la France dont Marseille, Avignon, Nîmes, dans un arc entre l'Espagne et l'Italie, sont touchées depuis plusieurs années par des assassinats liés au trafic de drogue, une violence qui fait désormais des victimes collatérales.

Ce dossier est "en lien avec les trafics de stupéfiants", a confirmé la procureure de Nîmes, Cécile Gensac.

Selon les premiers éléments de l'enquête ouverte pour "assassinat en bande organisée", le garçon se trouvait à l'arrière d'un véhicule pris pour cible aux alentours de 23h30. La magistrate a précisé qu'il était "établi" que l'enfant avait "reçu un projectile, une balle probablement, dans une zone visiblement létale". D'après une source policière, son décès est bien dû à sa blessure par balles.

Le conducteur, son oncle, âgé de 28 ans, a lui aussi été blessé par balles mais n'est "plus en danger" de mort. Un autre de ses neveux, âgé de sept ans qui se trouvait à l'arrière, est sain et sauf.

Un quartier «trop chaud»

L'enfant tué et son oncle sont "indéniablement" des victimes collatérales, selon la procureure, qui a dénoncé "une tragédie des plus absolues". "La famille de la victime n'est absolument associée d'aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale", elle "a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment", a-t-elle ajouté.

Le préfet du Gard, Jérôme Bonet, a lui dénoncé un "crime intolérable".

De source policière, les tireurs seraient au nombre de quatre et auraient fait usage d'armes longues de type Kalachnikov. La procureure de Nîmes a seulement évoqué "plusieurs auteurs". Lesquels étaient toujours recherchés mardi.

Dimanche, un adolescent de 14 ans avait été blessé par balles non loin de là, par des tireurs circulant à bord d'une Renault Clio. Selon une piste envisagée par les enquêteurs, la Mégane de l'oncle qui ramenait les deux enfants aurait pu être confondue par les tireurs avec la Clio utilisée la veille.

"Je suis profondément choqué, attristé et révolté par ce nouveau drame", a réagi dans un communiqué le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, déplorant une situation "invivable".

Le quartier de Pissevin est le même où un homme de 39 ans avait été abattu en janvier, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants.

"Le quartier, il est trop chaud. Je ne laisse pas les enfants ici et je gare ma voiture plus loin", a expliqué à l'AFP Hamed Mohamed, un cariste de 36 ans qui souhaite déménager au plus vite.

Selon des chiffres de l'ex-procureur de Nîmes, Eric Maurel, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu à Pissevin, au Chemin Bas et au Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d'immeubles et de tours.

Ces trois quartiers, qui partagent des indicateurs socio-économiques alarmants, avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l'exode rural, des rapatriés d'Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés.


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.