Les nouveaux droits d’exportation indiens de 40% sur les oignons aggraveront-ils l’inflation alimentaire dans le monde arabe?

Un ouvrier indien portant un sac d'oignons sur son épaule sur un marché de gros à Chennai, le 1er février 2019. (AFP)
Un ouvrier indien portant un sac d'oignons sur son épaule sur un marché de gros à Chennai, le 1er février 2019. (AFP)
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Publié le Mardi 22 août 2023

Les nouveaux droits d’exportation indiens de 40% sur les oignons aggraveront-ils l’inflation alimentaire dans le monde arabe?

  • La décision du gouvernement indien pourrait entraîner une hausse des prix, voire une pénurie immédiate de ce légume
  • Les experts affirment que les récentes décisions de l'Inde mettent en évidence les risques d'une dépendance excessive des pays arabes à l'égard d'un seul fournisseur de produits alimentaires de base

RIYAD/NEW DELHI: À une époque d'interdépendance mondiale croissante dans un grand nombre de secteurs, de l'approvisionnement énergétique à la sécurité alimentaire, les effets des décisions et des événements dans un pays restent rarement limités à ce même pays.

Prenez par exemple la récente décision du gouvernement indien d’imposer une taxe de 40% sur les exportations d’oignons dans le but de calmer la hausse des prix intérieurs. Cette annonce a suscité des inquiétudes dans les pays du Conseil de coopération du Golfe, qui dépendent des importations, quant à la garantie d'un approvisionnement suffisant en oignons.

L’Inde, premier exportateur mondial d’oignons, a affirmé que ces tarifs étaient dans «l’intérêt public», et resteraient en vigueur jusqu’au 31 décembre. Cela signifie pour les pays du CCG que les marchés locaux doivent se préparer à d’éventuelles fluctuations des prix d’un aliment de base.

«Étant donné que les oignons sont un ingrédient de base dans la cuisine, les droits d'exportation de 40%  perçus par l'Inde vont aggraver l'inflation alimentaire dans les pays du Golfe, compte tenu des chaînes d'approvisionnement déjà tendues pour le blé et le riz», a indiqué à Arab News Anupam Manur, économiste auprès de Takshashila Institution, organisation de recherche publique et d'éducation, à Bangalore.

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Les plus grands importateurs de l'oignon indien dans la zone MENA. (Infographie, AN)

Selon l'Observatoire de la complexité économique, les EAU ont importé de l’Inde pour 41,7 millions de dollars d'oignons en 2021, ce qui a fait du pays le quatrième importateur d'oignons indiens cette année-là.

Le volume des importations émiraties d’oignons en provenance de l’Inde a augmenté ces dernières années. En 2020, la valeur du commerce était de 34,8 millions de dollars, contre 27,7 millions de dollars en 2019. Cette augmentation est probablement due à la population croissante des Émirats arabes unis et au prix normalement plutôt bas des oignons indiens.

L’imposition de nouveaux droits d’exportation pourrait faire augmenter le prix des oignons dans la région du CCG, et à terme entraîner des pénuries influant sur les consommateurs et les entreprises. En conséquence, les familles habituées à consommer des oignons comme élément clé de leur alimentation quotidienne pourraient être contraintes à une adaptation de leurs habitudes culinaires.

L'Inde a affirmé avoir imposé ces droits d’exportation afin d'augmenter les approvisionnements intérieurs et de faire baisser ainsi les des prix locaux en hausse. «Les prix de l'oignon ont légèrement augmenté au cours des trois dernières semaines», a déclaré à Arab News Pushan Sharma, directeur de recherche auprès de CRISIL Market Intelligence and Analytics, basé à Mumbai.

«Selon les données du ministère indien de la Consommation, les prix de l'oignon ont atteint le 19 août plus de 30 roupies (0,36 $), soit 20% de plus que l'année dernière.»

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Un vendeur nettoyant et triant des oignons sur un étal du marché de Bangalore, le 7 avril 2023. (AFP)

Les effets d’un climat capricieux sur les cultures ont également joué un rôle dans la pénurie d’approvisionnements locaux.

«Les fortes pluies de juillet 2023 dans les principales régions productrices du Maharashtra et du Karnataka ont endommagé la récolte d'oignons stockée», a affirmé Pushan Sharma. «Les commerçants avaient stocké environ 2,5 millions de tonnes d'oignons, et on estime qu'environ 10 à 20% du stock a été endommagé.

«La saison du rabi, ou culture d'hiver, qui produit 70% des besoins en oignons de l'Inde, arrive généralement à maturité en mars. Cependant, cette année, nous avons connu des températures élevées en février et des pluies inhabituelles en mars, ce qui a provoqué une maturité précoce de la récolte de rabi et réduit la durée de conservation de la récolte rabi d’oignons de cette année de six à cinq mois.

En s’attendant à ce que la récolte de rabi soit épuisée début septembre, les prix ont encore augmenté.

«L'effet de la hausse des prix sera immédiat et s'accentuera progressivement», a indiqué Anupam Manur.

«L’information concernant les droits d'exportation aura déjà atteint les ménages et les commerçants, qui passeront des commandes d'achat plus élevées, ce qui de ce fait entraînera une hausse des prix. Le prix des oignons demain sur le marché aura déjà pris en compte une future hausse des prix.»

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Pushan Sharma a souligné le fait que les fortes précipitations de juillet 2023 dans les principales régions productrices du Maharashtra et du Karnataka ont endommagé la récolte d'oignons stockée. (AFP)

L’imposition de droits d’exportation élevés n’est pas sans précédent. L'Inde a pris des mesures similaires pour stabiliser le prix intérieur du blé en interdisant les exportations en 2022, en limitant les expéditions de riz en juillet de cette année, et en réduisant les droits d'importation sur les huiles de cuisson alimentaires.

«Les pénuries soudaines d'approvisionnement ne sont pas nouvelles, en particulier dans le secteur agricole et alimentaire», a affirmé Anupam Manur. «Un exemple récent en est la pénurie mondiale de blé lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

«Malgré la peur, les pays du monde entier ont trouvé des solutions. Certains ont dû puiser dans leurs réserves, tandis que d’autres ont augmenté leur production pour répondre à la demande. Quelque chose de similaire se produira ici également. D’autres pays producteurs réagiront à la hausse des prix et augmenteront leurs approvisionnements.»

Étant donné que New Delhi a déclaré que les droits d'exportation ne seraient appliqués que jusqu'à la fin de cette année, on espère que toute hausse des prix sera temporaire.

«L'augmentation des prix de l'oignon devrait être de courte durée», a affirmé Pushan Sharma de CRISIL Market Intelligence and Analytics. «Les consommateurs ne devraient faire les frais de la hausse des prix (en l’absence de restrictions à l’exportation) que pendant la période de soudure (jusqu’à fin septembre ou début octobre).

«À partir d’octobre, lorsque les approvisionnements du kharif (mousson ou saison d’automne) et du kharif tardif arriveront sur le marché, les prix devraient revenir à leurs niveaux habituels.»

Cependant, des changements inattendus dans les politiques d’exportation pourraient amener les importateurs à chercher ailleurs des sources plus fiables.

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L’imposition de droits d’exportation élevés n’est pas sans précédent. L'Inde a restreint ses expéditions de riz au mois de juillet de cette année. (AFP)

En ce qui concerne les relations économiques entre l'Inde et les pays du CCG, «cette décision n'influera pas sur la dynamique commerciale, car il ne s'agit que d'une mesure à court terme», a affirmé à Arab News Ajeet Kumar Sahoo, professeur adjoint au Centre pour le commerce international et le développement de l'Université de Jawaharlal Nehru de New Delhi.

«Je ne pense pas que les oignons puissent avoir un impact sur la balance des paiements avec les autres pays. Mais il ne fait aucun doute que les consommateurs d’autres pays disposeront d’un approvisionnement limité en oignons, de sorte que les prix des oignons seront plus élevés, mais ce sera à court terme.»

Muddassir Quamar, également professeur associé à l'Université Jawaharlal Nehru, estime aussi que les relations commerciales entre l'Inde et les pays du CCG continueront de se renforcer, indépendamment de la crise de l'oignon.

«À court terme, cela pourrait augmenter la facture des importations alimentaires des pays du CCG, mais pourrait ne pas influer sur les relations commerciales à long terme dans la mesure où les importations alimentaires fluctuent et dépendent de la production agricole et des politiques de contrôle du marché de chaque pays», a-t-il affirmé à Arab News.

La sécurité alimentaire est une préoccupation pour les pays arabes, et la situation actuelle des importations d'oignons soulève d'importantes questions sur la fiabilité des chaînes d'approvisionnement. Mais une pénurie temporaire d’oignons ne devrait pas causer de problèmes majeurs.

«Cela n'aura pas d'impact sur la sécurité alimentaire en soi, car l'oignon est un agent aromatisant plutôt que purement nutritionnel», a affirmé Anupam Manur. «Ainsi, les citoyens des pays du CCG pourraient avoir des plats plus fades, sans avoir pour autant de menace pour leur sécurité alimentaire.»

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Un ouvrier indien récoltant des oignons dans une ferme du village de Vasna Keliya, près de Dholka, à environ 35 km d'Ahmedabad, le 4 décembre 2018. (AFP)

Néanmoins, les principaux pays importateurs du monde arabe pourraient devoir commencer à envisager des stratégies visant à diversifier l’approvisionnement en oignons, voire à renforcer la culture nationale, afin d’atténuer les effets possibles de cette vulnérabilité à l’avenir.

«Chaque pays doit prendre cette question très au sérieux, en particulier en ce qui concerne les produits alimentaires, les médicaments d’importance vitale et les produits pétroliers», a affirmé Ajeet Kumar Sahoo.

«Ils doivent trouver des alternatives, sinon l’avenir sera très difficile. Chaque pays doit atteindre l’autosuffisance, notamment en matière de nourriture, d’eau et d’énergie.»

Heureusement, c’est exactement ce que semblent faire le Royaume et les autres pays du CCG en élaborant des stratégies pour protéger leurs chaînes d’approvisionnement contre les perturbations.

«L'Arabie saoudite a récemment créé une autorité de sécurité alimentaire pour faire face à de tels incidents, et je m'attends à ce que quelque chose de similaire se produise dans les autres pays du CCG», a indiqué Talat Hafiz, économiste et analyste financier saoudien, à Arab News.

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Talat Hafiz, économiste et analyste financier saoudien. (Photo fournie)

Un certain nombre de mesures supplémentaires pourraient être appliquées par les gouvernements du CCG pour atténuer les effets des droits d'exportation, notamment des subventions aux consommateurs et l'élargissement du stock mondial de fournisseurs d'oignons. Toutefois, le simple fait de se tourner vers d’autres fournisseurs n’est peut-être pas une solution viable à long terme.

«On peut s'attendre à ce que les autres pays exportateurs - le Pakistan, la Chine et l'Égypte - augmentent de leur côté leurs prix à l'exportation d'oignons, étant donné leurs excédents limités à l'exportation et l’écart soudain de l'approvisionnement», a affirmé Anupam Manur.

«À court terme, on peut s’attendre à une crise au niveau de l’approvisionnement, sachant qu’une hausse des prix pourrait entraîner une augmentation de la production lors du prochain cycle agricole.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Les marchés mondiaux chahutés par le regain de tensions géopolitiques au Moyen Orient

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  • Face aux vives tensions géopolitiques entre l'Iran et Israël, les valeurs dites "refuge" sont préférées par rapport aux actions, considérées comme des actifs risqués.
  • L'or grimpait ainsi de 0,69% à 3.409 dollars l'once (31,1 grammes) tandis que les Bourses asiatiques et européennes s'enfonçaient en terrain négatif

WASHINGTON: Les cours du pétrole s'envolent, l'or est en forte hausse et les actions reculent nettement vendredi face au regain de tensions géopolitiques au Moyen Orient après plusieurs frappes aériennes contre l'Iran, visant son programme nucléaire et ses installations militaires.

L'Iran figurant parmi les dix plus grands producteurs de pétrole au monde, les cours de l'or noir réagissaient fortement, l'anticipation d'une offre de pétrole en baisse faisant grimper les prix.

Après s'être envolé de plus de 12% dans la nuit, vers 07H15 GMT, le cours du baril de WTI nord-américain bondissait de 5,60% à 71,85 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord grimpait quant à lui de 5,41% à 73,11 dollars.

"Ce ne sont pas seulement les perspectives des exportations iraniennes qui sont préoccupantes, mais aussi le risque de perturbation du transport maritime dans le détroit d'Ormuz, dans le golfe Persique, une voie essentielle pour environ 20% des flux mondiaux de pétrole et une proportion encore plus importante du transport de gaz naturel liquéfié" (GNL), souligne Derren Nathan, responsable de la recherche sur les actions de Hargreaves Lansdown.

"Environ un cinquième du GNL mondial transite par ce détroit", précise Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

Face aux vives tensions géopolitiques entre l'Iran et Israël, les valeurs dites "refuge" sont préférées par rapport aux actions, considérées comme des actifs risqués.

L'or grimpait ainsi de 0,69% à 3.409 dollars l'once (31,1 grammes) tandis que les Bourses asiatiques et européennes s'enfonçaient en terrain négatif.

Sur le Vieux continent, Paris lâchait 1,13%, Francfort 1,32%, Milan 1,50% et Londres 0,57%. Dans les derniers échanges en Asie, Hong Kong abandonnait 0,97%, Shenzhen 1,10% et Shanghai 0,75%. Tokyo a terminé en repli de 0,89%, Séoul de 0,87% et Taipei de 0,96%.

Sur le marché des changes, vers 07H15 GMT, le billet vert avançait de 0,27% face à la monnaie unique, à 1,1553 euro pour un dollar. La devise israélienne chutait de 1,99% face au dollar, à 3,6284 shekels pour un dollar.

"L'attention se porte désormais sur la forme que pourraient prendre les représailles de l'Iran", commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.

"Si l'Iran se retient" de riposter, "on pourrait avoir un soupir de soulagement des marchés", mais une forte réplique de Téhéran contre Israël "pourrait redéfinir les scénarios macroéconomiques pour le reste de l'année" et un emballement de la confrontation aurait "des implications mondiales", a réagi Stephen Innes, de SPI Asset Management.

La diplomatie iranienne a affirmé avoir le "droit légitime" de répondre à l'attaque, tandis que le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a promis à Israël un sort "amer et douloureux".

Quant aux Etats-Unis, ils seront "responsables des conséquences", a assuré Téhéran, bien que la première puissance économique et militaire mondiale, alliée indéfectibles de l'Etat hébreu, affirme ne pas être impliquée.

Israël a expliqué aux Etats-Unis que frapper l'Iran était "nécessaire pour sa défense", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, prévenant Téhéran de ne pas riposter contre "les intérêts américains".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit que l'opération militaire israélienne durerait "autant de jours que nécessaire".

L'Iran a fermé son espace aérien mais la défense anti-aérienne fonctionne "à 100% de sa capacité", a souligné la télévision iranienne.

"Quoi qu'il en soit, beaucoup d'investisseurs préféreront probablement réduire leur exposition au risque avant un week-end qui s'annonce potentiellement très volatile sur le plan géopolitique", estime Ipek Ozkardeskaya.

La défense sur le devant de la scène

Dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, les valeurs de la défense étaient recherchées. A Paris, Thales prenait 0,88% et Dassault Aviation de 1,25%. A Londres, BAE Systems gagnait 2,57%. A Francfort, Rheinmetall avançait de 1,29% et Hensoldt de 2,55%, Saab de 2,07% à Stockholm et Leonardo de 1,88% à Milan.

Les valeurs pétrolières en hausse

A la cote européenne, les valeurs pétrolières sont portées par la forte hausse des prix de l'or noir. A Paris, TotalEnergies s'octroyait 1,90%, à Londres, BP gagnait 1,69% et Shell 1,99% et à Madrid, Repsol gagnait 1,18%.

 

 


Vision Golfe 2025 : catalyseur de coopérations durables entre la France et le CCG

Vision Golfe est devenu un levier structurant pour développer des synergies économiques durables entre la France et les pays du Golfe. (Photo: fournie)
Vision Golfe est devenu un levier structurant pour développer des synergies économiques durables entre la France et les pays du Golfe. (Photo: fournie)
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  • Véritable accélérateur de coopération économique, Vision Golfe confirme sa capacité à faire émerger des partenariats solides dans des secteurs stratégiques
  • Vision Golfe est devenu un levier structurant pour développer des synergies économiques durables entre la France et les pays du Golfe

DUBAI : Les 17 et 18 juin, le Ministère de l’Économie et des Finances accueillera la nouvelle édition de Vision Golfe, un événement économique de référence qui rassemble entreprises, institutions et investisseurs des deux rives : la France et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Véritable accélérateur de coopération économique, Vision Golfe confirme, édition après édition, sa capacité à faire émerger des partenariats solides dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture durable, la technologie, la santé ou encore le sport.

Cultiver des partenariats durables dans l’agriculture

Pour Hassan Halawi, CEO d’Elite Agro Projects, acteur majeur de l’agriculture intelligente dans la région MENA, la participation à Vision Golfe s’inscrit dans une volonté forte de collaboration face aux enjeux mondiaux.

"Notre participation à Vision Golfe repose sur une conviction partagée : l’importance de la collaboration interrégionale pour relever les défis mondiaux – en particulier la sécurité alimentaire et l’agriculture durable", déclare M. Halawi.

Après avoir pris part à la première édition, Hassan Halawi souligne la qualité des échanges noués grâce au forum et attend beaucoup de l’édition 2025, notamment dans le domaine de l’innovation agricole.

"La France abrite certaines des solutions agri-tech les plus avancées [...] Vision Golfe nous aide non seulement à identifier les bons partenaires, mais aussi à établir des collaborations basées sur la confiance."

Elite Agro cherche à intégrer des technologies françaises dans ses fermes aux Émirats arabes unis et en Afrique, renforçant ainsi la sécurité alimentaire dans des zones soumises à de fortes contraintes hydriques.

La région Sud s’affirme comme acteur économique international

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur, représentée par risingSUD, revient également cette année avec une délégation élargie. Son président, Bernard Kleynhoff, rappelle l’impact concret de la précédente édition.

"Pour notre première participation à Vision Golfe l’année dernière, nous avons emmené 8 entreprises de la région Sud avec de vraies innovations [...] Certaines ont engagé depuis des partenariats avec les pays du Golfe", explique M. Kleynhoff.

Vision Golfe a permis de repositionner la région Sud comme une destination stratégique pour les investissements et l’innovation : "Nous sommes aujourd’hui la 3e région la plus attractive d’Europe pour les projets de recherche et développement."

Pour cette nouvelle édition, risingSUD mettra en avant les secteurs de la tech, de l’intelligence artificielle, de l’énergie et de la santé. 

"Nous allons continuer de promouvoir la région Sud comme une destination stratégique pour les projets d’implantation et de développement", ajoute-t-il.

Au-delà des échanges commerciaux, Vision Golfe joue un rôle clé dans l’élaboration de la stratégie internationale de la région. "Les échanges avec les acteurs du Golfe sur un tel événement nous permettent de recueillir leurs besoins, d’identifier les nouvelles tendances [...] et de partager les bonnes pratiques", explique Bernard Kleynhoff.

Le conseil stratégique français à la conquête du Golfe

Phanuel Abbou, CEO de Thallium Consulting, voit dans Vision Golfe bien plus qu’un simple forum : un levier de croissance stratégique pour son cabinet, spécialisé dans l’accompagnement d’entreprises sur les zones MENA et APAC.

"Le forum s’est révélé être une plateforme exceptionnelle pour identifier des partenaires sérieux, compétents et en phase avec nos ambitions de développement dans les pays du Golfe", souligne M. Abbou.

Depuis sa première participation, Thallium Consulting a accéléré son implantation en Arabie saoudite et à Bahreïn, en partie grâce aux rencontres réalisées lors de l’événement.

"Vision Golfe agit pour nous comme un catalyseur : il favorise non seulement la mise en relation qualifiée, mais également une meilleure compréhension des dynamiques locales", ajoute-t-il.

Phanuel Abbou souhaite profiter de l’édition 2025 pour développer de nouveaux projets, notamment dans le domaine du sport et de l’éducation, avec des initiatives comme Le Club France ou l’expansion régionale de la PSG Academy.

"Nous cherchons à établir des partenariats stratégiques et opérationnels dans les pays du Conseil de coopération du Golfe [...] pour offrir des programmes d’excellence alliant sport, éducation et développement personnel."

Une plateforme unique pour construire les partenariats de demain

À travers les témoignages d’acteurs aussi divers qu’Elite Agro Projects, risingSUD ou Thallium Consulting, une évidence se dégage : Vision Golfe est devenu un levier structurant pour développer des synergies économiques durables entre la France et les pays du Golfe. Portée par des projets concrets, des ambitions partagées et une vision à long terme, l’édition 2025 s’annonce comme un temps fort pour tisser des liens, innover ensemble et bâtir un futur commun entre les deux régions.


VivaTech: Nvidia en tête d'affiche et Macron en défense de la «souveraineté technologique»

Des personnes quittent la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
Des personnes quittent la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
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  • Le salon VivaTech s'ouvre à Paris mercredi en présence de stars de la tech française et internationale et d'un président français soutien de la "souveraineté technologique européenne"
  • Déjà tête d'affiche de l'édition précédente, l'intelligence artificielle (IA) sera à nouveau la vedette

PARIS: Le salon VivaTech s'ouvre à Paris mercredi en présence de stars de la tech française et internationale et d'un président français soutien de la "souveraineté technologique européenne", dans un contexte de tensions commerciales entre Europe et Etats-Unis.

Pour sa première journée, la neuvième édition du salon, qui s'achèvera samedi, accueille pour la première fois en France une conférence du géant américain des semi-conducteurs Nvidia, avec une prise de parole très attendue de son patron Jensen Huang.

Habitué du salon, Emmanuel Macron sera présent pendant cette journée inaugurale, a indiqué l'Elysée.

Le président déambulera dans les allées et s'entretiendra avec plusieurs start-up européennes, avant d'échanger depuis la scène principale avec Jensen Huang et le patron de l'entreprise française Mistral AI, Arthur Mensch.

Déjà tête d'affiche de l'édition précédente, l'intelligence artificielle (IA) sera à nouveau la vedette.

Au salon, situé porte de Versailles, la technologie qui s'est installée depuis plusieurs années dans le quotidien devrait se décliner en solutions et usages concrets.

"Ce qui change par rapport aux années précédentes, c'est que l'on est vraiment passés de l'IA science-fiction à l'IA application", souligne auprès de l'AFP le directeur général de l'événement, François Bitouzet, qui promet des exemples pratiques dans une trentaine de secteurs, du luxe à l'assurance, en passant par la santé, l'énergie, l'automobile, la logistique, l'énergie, etc.

Avec 14.000 start-up et plus de 3.000 investisseurs venus du monde entier, les organisateurs attendent une affluence au moins égale à l'année précédente, soit 165.000 visiteurs.

"Ambitions" 

Le ton de la première journée sera donné par Jensen Huang en fin de matinée, alors que le dirigeant de Nvidia, reconnaissable à son éternel blouson de cuir, s'exprimera au cours d'une conférence inaugurale de plus d'une heure.

Pour le patron de VivaTech, "c'est une fierté" d'accueillir le géant des GPU, des microprocesseurs surpuissants considérés comme indispensables au développement de l'IA générative.

"Ca prouve bien que le marché européen en général, et le marché français en particulier, est intéressant et, aujourd'hui, ils ont des ambitions pour ce marché", souligne François Bitouzet.

"Il va sûrement y avoir des annonces à destination de l'Europe", complète Cédric Foray, responsable technologie, médias et télécoms pour l'Europe au sein du cabinet EY.

L'activité de Nvidia se trouve au cœur de tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine.

Peu avant la prise de fonctions de Donald Trump, son prédécesseur Joe Biden avait annoncé de nouvelles mesures de restrictions sur l'exportation de puces vers la Chine. Annulées par la nouvelle administration, elles ont néanmoins impacté les ventes de la firme américaine, privée de débouchés.

Souveraineté technologique 

Tandis que le nouveau président américain souffle le chaud et le froid sur l'économie mondiale au rythme de ses mesures sur les droits de douane, le secteur européen de la tech est secoué par des interrogations sur la souveraineté technologique.

"Le sujet de la souveraineté, qui n'était pas aussi important dans les discussions il y a encore un an ou deux ans, est devenu une priorité absolument stratégique", pointe François Bitouzet.

La question de la dépendance aux outils numériques américains est renforcée par un écart massif de financements entre le Vieux Continent et les États-Unis, qui se maintient depuis les mesures protectionnistes de Donald Trump.

"Ca n'a pas trop contraint les investissements aux États-Unis", qui ont continué à affluer notamment dans le secteur de l'IA générative, commente Franck Sebag, associé chez EY, auprès de l'AFP.

Un mois après le sommet Choose France, destiné à attirer les investissements étrangers dans l'Hexagone, et quatre mois après le sommet sur l'IA qui a réuni plusieurs chefs d'États et de gouvernements à Paris, Emmanuel Macron sera à VivaTech pour vanter "la souveraineté technologique européenne" face aux Etats-Unis et à la Chine, a précisé la présidence française.

La journée de mercredi se conclura par un dîner à l'Elysée en présence de plusieurs personnalités dont la liste n'a pas été détaillée.

Le Premier ministre François Bayrou fera lui une visite au salon jeudi après-midi.

Plus de la moitié des start-up présentes à VivaTech sont françaises, ont fait savoir les organisateurs.