Restrictions sur l’exportation du riz indien: Quel sera l'impact dans le monde arabe?

Le riz est un aliment de base dans le Golfe, mais l'interdiction par l'Inde d'exporter des variétés non basmati pourrait entraîner une hausse des prix (Photo, AFP).
Le riz est un aliment de base dans le Golfe, mais l'interdiction par l'Inde d'exporter des variétés non basmati pourrait entraîner une hausse des prix (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 01 août 2023

Restrictions sur l’exportation du riz indien: Quel sera l'impact dans le monde arabe?

  • La décision indienne de privilégier le marché intérieur fait suite au retard des pluies de mousson et à la hausse des prix
  • L'effet de la réduction de l'offre et de la hausse des prix variera d'un pays à l'autre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

DUBAÏ/NEW DELHI: La décision de l'Inde d'interdire l'exportation de plusieurs variétés de riz afin de garantir des approvisionnements suffisants dans le pays fait grimper les prix sur le marché mondial. Les experts s'inquiètent de l'impact de cette décision sur les pays souffrant d'insécurité alimentaire.

Bien que l'interdiction ne concerne pas le riz basmati, qui est un aliment de base dans les pays du Golfe, elle entraîne une augmentation des prix de toutes les variétés de riz. Ce phénomène aggrave la vulnérabilité des économies du Moyen-Orient et de l'Afrique, qui dépendent des importations.

Bien que les prix puissent être affectés dans la région arabe, les économistes spécialisés dans le domaine de l'agriculture ne prévoient pas de pénurie de riz. «L'impact ne sera pas lié aux exportateurs vers les pays arabes, ni aux niveaux de production de riz dans la région arabe», a déclaré à Arab News Fadel el-Zubi, consultant principal pour l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture en Jordanie et ancien chef de l'agence en Irak.

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Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du Fonds monétaire international, a déclaré la semaine dernière que cette mesure accentuerait la volatilité des prix et devrait être réexaminée (Photo, AFP).

«L'impact sera visible sur les prix mondiaux dans les marchés boursiers.»

Il a ajouté que les hausses de prix ne se limiteraient pas aux céréales produites en Inde, mais qu'elles s'appliqueraient également au riz produit dans d'autres marchés, des États-Unis à l'Australie.

«Ce sera le principal impact. Cependant, l'augmentation des prix ne sera pas similaire à celle des prix du blé. L'augmentation des prix du riz sera de courte durée. C'est ce que je prévois», poursuit-il.

M. El-Zubi fait ici référence à la flambée des prix du blé sur le marché mondial, conséquence de la guerre entre la Russie et l'Ukraine qui, avant février 2022, assuraient à elles deux près d'un tiers de la production mondiale de blé et d'orge.

Le blocus des ports ukrainiens de la mer Noire par la Russie à la suite de son invasion a fait craindre des pénuries de céréales et une flambée des prix des denrées alimentaires, dont les conséquences auraient été principalement ressenties par les pays les plus touchés par l'insécurité alimentaire dans le monde, en particulier en Afrique. L'été dernier, un accord conclu entre la Russie et l'Ukraine sous l'égide des Nations unies et de la Turquie a permis aux deux pays de continuer à exporter des céréales. Mais au début du mois, Moscou s'est retiré de l'initiative sur les céréales de la mer Noire, ravivant les craintes d'une inflation des prix des denrées alimentaires.

L'interdiction des exportations de riz blanc non-basmati imposée le 20 juillet par l'Inde – le plus grand fournisseur de riz au monde, représentant près de 40% du commerce mondial – a renforcé ces craintes.

En réponse à la décision indienne, Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef au Fonds monétaire international (FMI), a déclaré la semaine dernière que cette mesure augmenterait la volatilité des prix et devrait être réexaminée.

«Dans le contexte actuel, ce type de restrictions est susceptible d'exacerber la volatilité des prix des denrées alimentaires dans le reste du monde et d'entraîner des mesures de rétorsion», a-t-il déclaré.

«Nous encourageons la suppression de ce type de restrictions à l'exportation, car elles peuvent être préjudiciables à l'échelle mondiale.»

Cependant, Devinder Sharma, analyste indien de la politique alimentaire, estime que l'interdiction était la bonne réponse pour garantir la sécurité alimentaire de l'Inde. Selon lui, le FMI ne pouvait pas critiquer les contrôles du marché indien alors que les pays occidentaux continuaient à utiliser de grandes quantités de céréales pour produire des biocarburants.

«Malgré la menace du FMI, je pense que le gouvernement indien a pris la bonne décision. La sécurité alimentaire intérieure de l'Inde est d'une importance capitale», a indiqué M. Sharma à Arab News.

«En ce qui concerne la diminution de l'offre mondiale, pourquoi ne demandez-vous pas à l'Amérique et à l'Europe de réduire leur production d'éthanol? L'Amérique consomme 90 millions de tonnes de céréales alimentaires pour sa production d'éthanol, tandis que l'Union européenne (UE) utilise 12 millions de tonnes. Ils devraient y mettre un terme.

«L'Inde doit veiller à sa propre sécurité alimentaire. Il suffit d'imaginer que 3 millions de personnes sont mortes lors de la famine de 1943 au Bengale parce que la nourriture a été détournée. Je pense que l'Inde a pris la bonne décision».

Pour l'instant, des preuves anecdotiques suggèrent que peu de consommateurs dans les pays arabes s'inquiètent de l'impact de l'interdiction d'exporter imposée par l'Inde.

«En Jordanie, nous consommons du riz basmati et non le riz blanc non-basmati qui a été inclus dans l'interdiction», a déclaré Jamal Amr, représentant des produits alimentaires à la Chambre de commerce de Jordanie, à Arab News.

Selon lui, la Jordanie achète la majeure partie de son riz aux États-Unis, à l'UE, aux pays d'Asie de l'Est, à l'Uruguay et à l'Argentine.

«Je ne stocke pas de riz et je n'ai pas l'intention de le faire. Les choses me semblent normales», a déclaré à Arab News Um Mohamed, une femme au foyer émiratie résidant à Dubaï. «Ma famille et les employés de maison consomment tous du riz comme aliment de base.»

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Un agriculteur récolte du riz dans une rizière à la périphérie de Srinagar, en Inde (Photo, AFP).

Il en est ainsi en Arabie saoudite également. «Le riz est la principale source de nourriture en Arabie saoudite», explique Abu Akram, ingénieur à la retraite.

«À chaque repas principal, nous devons mettre du riz basmati sur la table. Les familles saoudiennes stockent généralement des quantités de riz qui peuvent durer un mois ou deux. Il affirme ne pas s'inquiéter d'une éventuelle hausse des prix, mais envisage de demander à ses fils d'acheter davantage de riz, «au cas où».

À l'ère de la mondialisation, qui implique la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux, les habitudes d'achat des consommateurs de riz du monde arabe ne sont pas à l'abri des fluctuations de l'agriculture indienne.

Les agriculteurs indiens commencent généralement à planter du riz et d'autres cultures à forte consommation d'eau à partir du 1ᵉʳ juin pour coïncider avec la saison annuelle de la mousson. Cependant, le pays a reçu 10% de pluie en moins que la moyenne pour le mois de juin, ce chiffre atteignant même 60% dans certains États.

Bien que les pluies de mousson soient maintenant arrivées, ce retard a retardé la plantation des cultures d'été, ce qui, selon les experts, a incité le gouvernement indien à limiter les exportations de riz.

Quelques jours seulement après l'imposition de cette restriction, les Émirats arabes unis ont annoncé leur propre interdiction d'exportation et de réimportation de toutes les variétés de riz pour une durée de quatre mois à compter du 28 juillet.

Les Émirats arabes unis importent près de 90% de leurs denrées alimentaires, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux. Selon les données de Reuters, les Émirats arabes unis figuraient parmi les dix premiers importateurs de riz non-basmati en provenance de l'Inde en 2020, avec près de 346 000 tonnes achetées.

L'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, le Yémen, le Koweït, Oman, le Qatar, le Royaume-Uni et les États-Unis figurent également parmi les 10 premiers importateurs.

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Un agriculteur étale du riz non poli pour le faire sécher le long d'une route à Toopran Mandal dans le district de Medak, à environ 55 kilomètres d'Hyderabad, le 11 novembre 2021 (Photo, AFP).

De grandes quantités de riz importées par les Émirats arabes unis sont ensuite exportées après avoir été conditionnées dans les zones franches. L'interdiction de réimportation affectera donc les pays qui achètent du riz conditionné aux Émirats arabes unis.

D'autres pays susceptibles de ressentir les effets de l'interdiction d'exporter imposée par l'Inde sont des importateurs africains tels que le Bénin. Mais même les grandes économies comme la Chine seront touchées, bien qu'elle soit elle-même un grand producteur de riz.

Les pays arabes susceptibles de souffrir le plus de l'interdiction d'exporter imposée par l'Inde sont l'Égypte, l'Algérie et le Soudan, tous déjà confrontés à des difficultés économiques et aux effets de la hausse des prix du blé. Dans le cas du Soudan, une querelle meurtrière entre deux généraux depuis le 15 avril a aggravé les malheurs d'une population ravagée par la faim et la malnutrition.

Certains observateurs estiment que l'Inde a pris la mauvaise décision, sapant ainsi son image soigneusement cultivée de partenaire commercial fiable et de leader potentiel du Sud.

«J'ai le sentiment que l'interdiction d'exporter du riz est une réaction impulsive visant à contrôler les prix sur le marché intérieur en vue des élections», a déclaré Gokul Patnaik, ancien président de l'autorité indienne de développement des exportations de produits agricoles et alimentaires transformés, affiliée au gouvernement. 

«Mais cela donne une très mauvaise image de l'Inde, qui est en train de devenir un exportateur de produits agricoles. Auparavant, l'Inde était un importateur net et, depuis peu, elle s'est forgé une bonne réputation en tant qu'exportateur. Les pays qui achètent à l'Inde ressentiront certainement ce type de réaction. Si l'on veut être un exportateur cohérent, il n'est pas bon de faire des allers-retours. »

«Le gouvernement aurait pu contrôler les taxes. Il aurait pu augmenter les taxes à l'exportation. Si l'on veut faire du commerce international, il faut toujours être ouvert à l'importation et à l'exportation. Il ne faut pas interdire», a-t-il ajouté.

«Les pays importateurs attendent de vous que vous soyez cohérent et que vous ne soyez pas seulement un ami des beaux jours. L'import-export est une question de confiance. Si vous perdez la confiance, personne ne voudra continuer.»

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L'interdiction des exportations de riz blanc non basmati a été imposée par l’Inde le 20 juillet (Photo, AFP).

Le riz n’est pas la seule denrée à avoir renchéri en Inde ces dernières semaines. Les prix des tomates et d'autres denrées de base ont également augmenté à la suite de l'arrivée tardive des pluies de mousson dans certaines régions du pays et de pluies diluviennes inattendues dans d'autres.

Les fortes pluies ont endommagé les cultures sur pied dans certaines régions, laissant présager de mauvaises récoltes et des prix encore plus élevés pour les produits agricoles. La colère de l'opinion publique face à l'inflation des denrées alimentaires pourrait devenir un désavantage évident pour le gouvernement, qui doit affronter plusieurs élections régionales cette année avant le scrutin national.

Brajesh Jha, professeur à l'Institute of Economic Growth de Delhi, estime que l'Inde est mal équipée pour devenir un exportateur majeur, mais pense que l'interdiction est largement liée aux élections générales de l'année prochaine, qui priment sur les relations internationales.

«L'Inde est un exportateur de céréales alimentaires. (Mais) le type de terres arables et la population qui dépend des céréales alimentaires (font que) l'Inde ne peut pas être un exportateur», a-t-il déclaré à Arab News.

«Le riz est exporté depuis les régions semi-arides. Compte tenu de l'augmentation de la population, l'Inde a besoin de grandes quantités de céréales alimentaires.»

«Il ne fait aucun doute que la position de l'Inde au sein de la communauté des nations sera mise à mal par ce type de décision, mais les élections sont bien plus importantes (pour le gouvernement) que l'impression que les gens se font de lui», a-t-il ajouté.

D'autres experts estiment que le gouvernement indien aurait dû mettre en œuvre des politiques alternatives qui auraient évité d'aggraver la crise alimentaire mondiale tout en stabilisant les prix intérieurs.

«L'Inde aurait pu profiter de cette occasion pour être un leader mondial qui aide à lutter contre une crise alimentaire potentielle», a déclaré à Arab News Anupam Manur, économiste spécialisé dans le commerce international à la Takshashila Institution de Bengaluru.

«Au contraire, imposer une interdiction sur un produit de base essentiel à un tel moment affaiblira les arguments de l'Inde contre d'autres pays qui militent pour des chaînes d'approvisionnement en imposant des contrôles à l'exportation sur les semi-conducteurs, les éléments de terre rare ou l'interface de programmation d'applications médicales.»

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Des ouvriers repiquent du riz paddy dans le Bengale occidental, en Inde (Photo, Getty Images).

«S'il veut vraiment atténuer la hausse des prix intérieurs, le gouvernement peut ouvrir les entrepôts qui disposent de stocks de riz plus qu'adéquats», a-t-il ajouté.

«L'Inde pourrait ne pas céder à la pression internationale, mais si la production intérieure augmente, elle pourrait faire le grand geste d'assouplir l'interdiction.»

Alors qu'un tel geste apaiserait les inquiétudes mondiales, M. El-Zubi affirme que de nombreux pays arabes, dont l'Égypte, l'Irak, la Syrie et la Jordanie, ne sont pas en mesure de répondre à leur propre demande de blé et de riz, car ils ne disposent pas des ressources en eau nécessaires.

«La Jordanie ne produit que 3% du blé dont elle a besoin», a-t-il déclaré à Arab News.

Selon lui, les pays arabes dont les économies sont fragiles sont confrontés à de graves pénuries alimentaires. Ils devraient donc élargir les sources auprès desquelles ils achètent des denrées alimentaires de base stratégiques, diversifier les méthodes de paiement et élargir leurs chaînes d'approvisionnement alimentaire et leurs itinéraires.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président Ahmad al-Chareh discute de la relance économique de la Syrie avec des ministres saoudiens

Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Abdulaziz ben Saud ben Naif. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Abdulaziz ben Saud ben Naif. (SPA)
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  • Al-Chareh prendra la parole lors de la neuvième conférence de l’Initiative pour l’investissement futur à Riyad
  • Il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et le ministre de l’Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef

LONDRES : Le président de la République arabe syrienne, Ahmad al-Chareh, et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, ont examiné les moyens de renforcer et de développer la coopération dans divers domaines lors d’une rencontre à Riyad.

Al-Chareh est arrivé mardi en Arabie saoudite pour participer à la neuvième édition de la conférence de l’Initiative pour l’investissement futur (FII), qui se tient jusqu’à jeudi et réunit dirigeants et ministres du monde entier.

Les deux parties ont également évoqué les opportunités de coopération économique dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des infrastructures et de la technologie, alors que la Syrie aspire à atteindre une stabilité économique, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assad Hassan Al-Shaïbani, ainsi que le Dr Mousaed ben Mohammed Al-Aiban, ministre d’État saoudien et membre du Conseil des ministres, ont assisté à la réunion.

Lors d’une autre rencontre, Al-Chareh a discuté avec le ministre saoudien de l’Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef, des différents aspects de la coopération sécuritaire, économique, ainsi que du développement régional et international.

Il s’est également entretenu avec le ministre de l’Investissement, Khalid Al-Falih, accompagné d’Al-Shaïbani et du ministre syrien de l’Économie, Mohammad Nidal Al-Shaar, au sujet des partenariats en matière d’investissement, de développement et de reconstruction, ainsi que des efforts visant à soutenir la reprise économique de la Syrie.

Al-Chareh doit prendre la parole lors de la conférence FII9 et rencontrer des représentants de sociétés internationales d’investissement pour discuter de la coopération et de la croissance économique régionale.

Selon l’Agence arabe syrienne d’information (SANA), la visite officielle comprend également des entretiens avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.

Lancée en 2017, la FII — souvent surnommée « Davos du désert » — est devenue une plateforme clé pour l’Arabie saoudite afin de présenter sa stratégie de diversification économique dans le cadre de la Vision 2030.

L’édition de cette année, qui se poursuit jusqu’au 30 octobre, réunit décideurs mondiaux, investisseurs et dirigeants d’entreprise pour débattre des tendances qui façonnent l’économie mondiale et explorer les partenariats dans les secteurs émergents.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Le pape priera au port de Beyrouth au cours de son premier voyage

Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le pape Léon XIV effectuera son premier voyage à l’étranger depuis son élection en mai, visitant la Turquie pour le 1.700e anniversaire du Concile de Nicée et le Liban, où il priera sur le site de l’explosion du port de Beyrouth de 2020
  • Lors de ce voyage, il rencontrera des dirigeants politiques et religieux, célébrera des messes publiques et œcuméniques, et rendra hommage aux victimes et aux figures saintes du Liban

Cité du Vatican, Saint-Siège: Le pape Léon XIV priera sur le site de l'explosion il y a cinq ans au port de Beyrouth, après une rencontre avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d'un voyage en Turquie et au Liban en novembre, a annoncé le Vatican lundi.

Ce sera le premier voyage à l'étranger du pape américain depuis qu'il est devenu chef des 1,4 milliard de catholiques en mai, après le décès du pape argentin François.

Le voyage de Léon débutera en Turquie, à l'occasion du 1.700e anniversaire du Concile de Nicée.

Le pape arrivera le 27 novembre à Ankara, où il rencontrera Recep Tayyip Erdogan ainsi qu'un groupe de responsables, d'organisations de la société civile et de diplomates, avant de se rendre à Istanbul.

Le 28 novembre, il effectuera une excursion d'une journée à Iznik, la ville actuelle où se trouvait Nicée, pour diriger une prière œcuménique.

En l'an 325, le premier concile œcuménique de l'histoire du christianisme avait rassemblé 300 évêques de l'Empire romain et établi des bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions chrétiennes.

Le lendemain, le pape visitera la célèbre Mosquée Bleue d'Istanbul et rencontrera le patriarche orthodoxe Bartholomée Ier, avant de célébrer une messe publique.

Le pape Léon se rendra à Beyrouth le 30 novembre, où il rencontrera le président libanais, Joseph Aoun, et le Premier ministre, Nawaf Salam.

Il se rendra le 1er décembre sur la tombe du saint patron du Liban, Saint Charbel Makhlouf, au monastère Saint Maron d’Annaya, au nord de Beyrouth.

Dans ce qui sera probablement un moment chargé d'émotion, il tiendra le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion au port de Beyrouth en 2020, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une grande partie de la capitale libanaise. Il célébrera également une messe publique.

Le dernier pape à avoir visité le Liban était Benoît XVI en 2012, tandis que la dernière visite papale en Turquie remonte à 2014, lorsque François s'était rendu à Ankara et Istanbul.

Ce déplacement devait initialement être effectué fin mai par le pape François, mort le 21 avril à 88 ans.


Le Kosovo explore une nouvelle ère tech aux côtés de l’Arabie saoudite, selon Vjosa Osmani

La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
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La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
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La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
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  • Osmani exprime sa gratitude pour le soutien historique du Royaume au Kosovo et appelle à des échanges culturels, éducatifs et jeunesse plus approfondis
  • Lors d’une intervention à Riyad avant le FII, Osmani appelle à une coopération élargie dans la tech, l’investissement et l’innovation numérique pour le DAK 2030

RIYAD : Le Kosovo et l’Arabie saoudite peuvent s’appuyer sur leurs solides bases d’amitié grâce à une coopération émergente dans la technologie et l’innovation, a déclaré la présidente Vjosa Osmani à Arab News, lors d’une visite à Riyad pour la 9ᵉ édition du Future Investment Initiative (FII).

Alors que des dirigeants mondiaux, entrepreneurs et investisseurs se réunissent cette semaine dans la capitale saoudienne pour le FII — surnommé le « Davos du désert » — Osmani a affirmé que l’événement « ouvrira de nouveaux chapitres de coopération » entre les deux nations.

La participation du Kosovo représente une opportunité précieuse de créer des liens commerciaux, d’attirer des investissements et d’échanger des expertises avec le Royaume, qu’elle décrit comme « l’un des leaders mondiaux en matière de progrès technologique et d’intelligence artificielle ».

« Nous nous sentons très privilégiés par les relations bilatérales que nous entretenons avec l’Arabie saoudite », a déclaré Osmani.

« C’est l’un des pays qui a soutenu le peuple du Kosovo dans les heures les plus sombres de notre histoire, mais qui est également resté à nos côtés à chaque étape de notre progression en tant que pays vivant désormais dans la liberté, l’indépendance et la prospérité. »

L’Arabie saoudite fut l’une des premières nations à reconnaître l’indépendance du Kosovo en 2008, suite à l’intervention de l’OTAN en 1999 et à une période d’administration de l’ONU — un geste toujours profondément significatif pour Pristina.

« Au fil des années, nous avons développé d’excellentes relations, car l’Arabie saoudite fut l’un des premiers pays à reconnaître notre indépendance, notre lutte pour la liberté et à nous soutenir », a-t-elle précisé.

« Je crois que cette visite ne fera qu’ouvrir de nouveaux chapitres de coopération et, espérons-le, porter cette relation entre nos deux pays vers de nouveaux sommets. »

Le FII, maintenant à sa neuvième année, est devenu l’un des rassemblements mondiaux les plus influents pour l’investissement et l’innovation. Osmani a déclaré que la participation du Kosovo parmi les nations présentes constitue un honneur et une reconnaissance du potentiel du pays dans l’économie numérique.

« Il y a un potentiel énorme que nous pouvons percevoir ici au FII », a-t-elle expliqué. « Bien qu’il s’agisse d’un forum relativement jeune comparé à tant d’autres, il a su attirer des milliers de représentants, qu’ils soient politiques ou économiques.

« Et je pense que ce mélange permet également à nous, en tant que dirigeants politiques, d’apprendre beaucoup du monde des affaires sur la manière de renforcer nos relations et de garantir que les relations politiques et économiques profitent aux populations que nous représentons.

« D’après ce que nous avons vu, le FII est un lieu où les relations ne s’arrêtent pas à la fin du forum mais se poursuivent juste après, avec de nombreux contrats signés, de nombreux accords négociés et de nombreuses relations politiques renforcées. »

Le Kosovo, jeune république comptant l’une des populations les plus connectées d’Europe, a lancé l’ambitieux programme « Digital Agenda Kosovo 2030 » (DAK 2030) pour devenir une « société gigabit » reposant sur la connectivité 5G, la gouvernance électronique et l’innovation en intelligence artificielle.

Osmani estime que le partenariat avec l’Arabie saoudite — qui elle-même développe son agenda numérique et IA dans le cadre de Vision 2030 — peut être transformateur.

« Nous voyons que l’Arabie saoudite devient l’un des leaders mondiaux en matière de progrès technologique et d’IA en particulier », a-t-elle déclaré.

« Étant donné que le Kosovo est leader dans notre région pour la deuxième année consécutive, pays avec le taux de compétitivité IT le plus élevé et une population jeune, connectée et innovante… nous croyons fortement au potentiel énorme d’attirer des investissements directs étrangers dans ce domaine vers le Kosovo. »

Elle a ajouté : « Pour de nombreux représentants ici, qu’ils soient politiques ou économiques, le Kosovo peut être une destination attractive pour l’investissement ou la coopération avec nos entreprises locales.

« Nous croyons fermement que le développement de la technologie et de l’IA doit bénéficier à l’humanité — rendre la croissance économique plus durable, trouver des remèdes à de nombreuses maladies, garantir la qualité de l’éducation et de la santé. »

Osmani a également souligné le soutien de longue date de l’Arabie saoudite à la population majoritairement musulmane du Kosovo, notant que chaque année environ 1 500 Kosovars effectuent le pèlerinage à La Mecque et Médine.

« Nous sommes reconnaissants envers l’Arabie saoudite pour leur coopération à cet égard », a-t-elle dit. « Les Kosovars ont toujours vécu une expérience très enrichissante et spirituelle ici.

« C’est un domaine dans lequel le chef de la communauté islamique, notre mufti M. Ternava, a très bien coopéré avec l’Arabie saoudite et avec votre ministère du Hajj.

« Nous avons eu des visites de l’Arabie saoudite pour discuter de la manière de renforcer cette coopération. Nous sommes très reconnaissants de leur soutien et espérons pouvoir l’amplifier à l’avenir. »

Osmani a salué le « rôle croissant de l’Arabie saoudite pour la paix et la stabilité, non seulement dans la région mais dans le monde », en référence aux efforts de médiation du Royaume concernant Israël-Palestine, Russie-Ukraine et d’autres conflits.

Elle a précisé que le Kosovo soutient le leadership du Royaume « pour s’assurer qu’il non seulement intervient à l’échelle mondiale mais réussisse, car garantir la paix dans le monde est l’une des missions les plus nobles ».

Pour Osmani, paix et stabilité ne sont pas des idéaux abstraits mais des réalités vécues, ancrées dans l’histoire douloureuse du Kosovo.

« Je crois que ces efforts de médiation fonctionnent », a-t-elle affirmé. « Pour certains, la paix est écrite sur le papier ; pour nous, c’est notre vie.

« Nous avons grandi en enfants de guerre. Nous avons subi une guerre génocidaire. Chaque génération, y compris celle de nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents, a traversé des guerres.

« Nos enfants sont la première génération dans l’histoire de notre nation à vivre en paix. Il n’y a rien de plus important que de s’assurer que chaque enfant de notre pays puisse s’endormir paisiblement, sans peur de la guerre. »

Elle a ajouté : « Nous serons toujours reconnaissants envers tous ceux dans le monde qui nous ont soutenus pour sauver nos vies, libérer notre pays et nous donner les moyens de reconstruire après la guerre.

« Aujourd’hui, nous sommes un pays rétabli, un pays en plein essor, économiquement prospère, sous la règle de droit et dans les relations internationales. »

Osmani a salué les « efforts et le leadership de Son Altesse Royale (le prince héritier Mohammed ben Salmane), en coopération avec le président des États-Unis et de nombreux dirigeants mondiaux », en référence au récent cessez-le-feu à Gaza.

Elle a déclaré que le Kosovo « soutient pleinement ces efforts, car nous comprenons combien la paix est précieuse et combien sont bénies les nations qui vivent en paix, car c’est la seule voie vers la prospérité ».

Au-delà de la politique et de l’investissement, Osmani a souligné l’importance du contact direct entre les peuples saoudien et kosovar — via l’éducation, la culture et les programmes jeunesse.

« Vous avez raison, les liens entre les peuples ont toujours été forts », a-t-elle affirmé. « Nous devons trouver de nouvelles façons pour que cette relation fleurisse davantage, que ce soit dans l’éducation, la culture ou d’autres domaines.

« Il y a une opportunité énorme, et c’est pourquoi je suis ici — pour nous assurer que nous élargissons ces opportunités. »

Elle a ajouté : « J’encouragerai notre jeune génération à visiter l’Arabie saoudite, et j’aimerais encourager les jeunes Saoudiens à venir au Kosovo. En se rencontrant, en partageant idées et expériences, c’est ainsi que se créent ces relations. »

Osmani a également lancé une invitation à la direction saoudienne : « Nous serions honorés si Son Altesse Royale visitait également la République du Kosovo à sa convenance, afin que le peuple du Kosovo puisse remercier l’ensemble des dirigeants et du peuple saoudien pour leur soutien. »

Pour Osmani, investir dans la jeunesse est essentiel pour maintenir la vitalité de cette relation.

« Pour que deux pays et deux peuples entretiennent d’excellentes relations, il faut toujours impliquer la jeune génération », a-t-elle précisé. « Ils ont le plus d’énergie et peuvent faire le meilleur travail pour renforcer ces liens entre les peuples. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com