Pour sa rentrée, Macron met l'accent sur l'école avant de réunir toutes les forces politiques

Dans les allées du pouvoir, rares sont ceux qui savent ce qu'a en tête le chef de l'Etat (Photo, AFP).
Dans les allées du pouvoir, rares sont ceux qui savent ce qu'a en tête le chef de l'Etat (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 23 août 2023

Pour sa rentrée, Macron met l'accent sur l'école avant de réunir toutes les forces politiques

  • Dans un entretien-fleuve au Point pour sa rentrée politique, le chef de l'Etat détaille son « initiative d'ampleur» pour débloquer une situation toujours complexe à l'Assemblée nationale
  • Après les émeutes urbaines du début de l'été, il confirme son diagnostic controversé de « décivilisation». « Il faut donc s'atteler à reciviliser», affirme-t-il, tout en vantant son bilan économique et sécuritaire

PARIS: Emmanuel Macron a martelé mercredi sa volonté de "rebâtir la nation", en mettant l'accent sur l'école, et annoncé une grande réunion la semaine prochaine avec toutes les forces politiques en quête d'accords "utiles pour la France", dont certains pourraient être soumis à référendum.

Dans un entretien-fleuve au Point pour sa rentrée politique, le chef de l'Etat détaille son "initiative d'ampleur" pour débloquer une situation toujours complexe à l'Assemblée nationale, où il est dépourvu de majorité absolue depuis sa réélection en 2022.

Après les émeutes urbaines du début de l'été, il confirme son diagnostic controversé de "décivilisation". "Il faut donc s'atteler à reciviliser", affirme-t-il, tout en vantant son bilan économique et sécuritaire.

Il va convier la semaine prochaine "toutes les forces politiques représentées" au Parlement -- probablement le mercredi 30 août selon certains partis invités -- "dans un lieu en région parisienne".

La réunion portera "sur la situation internationale et ses conséquences sur la France", et sur les émeutes. Objectif: "renforcer l'indépendance de notre pays et rebâtir notre nation et tout ce qui la tient", à savoir, selon le président, "la famille, l'école, le service national universel, la transmission de notre culture, notre langue, la régulation des écrans" ou encore "notre organisation et nos institutions dans tous les territoires".

"Je suis sûr que nous pouvons bâtir des accords utiles pour la France", insiste-t-il.

 

Emmanuel Macron a téléphoné à Eric Ciotti mardi soir

Emmanuel Macron a appelé au téléphone mardi soir Eric Ciotti, notamment pour évoquer l'"initiative politique" qu'il entend mener à la fin du mois, qui pourrait prendre la forme d'une sorte de "séminaire" avec l'ensemble des partis représentés au parlement, selon l'entourage du patron de LR.

"Le président lui a parlé de son +initiative+, qui serait une sorte de séminaire où chacun pourrait parler librement", a expliqué cette même source, selon qui le chef de l'Etat et le président des Républicains ont ensuite eu "une longue discussion" sur "l'immigration, l'actualité internationale ou l'économie".

 

Réduire significativement l'immigration

"Sortiront de ces travaux des décisions immédiates, des projets et propositions de loi mais aussi des projets de référendums", ajoute-t-il. Avant d'enfoncer le clou: il "compte bien" avoir "recours" au référendum -- même s'il ne précise pas sur quoi, et qu'il a évoqué plusieurs fois cette option en six ans de présidence sans jamais passer à l'acte.

Au passage, il prévient qu'il ne se privera pas d'utiliser à nouveau le controversé article 49.3 de la Constitution, comme sur les retraites, pour imposer sans vote un texte "important". Notamment le futur projet de loi sur l'immigration, le plus sensible des prochains mois, même s'il assure vouloir "éviter" cet outil constitutionnel.

"La situation que nous connaissons n'est pas tenable et nous devons réduire significativement l'immigration, à commencer par l'immigration illégale", déclare Emmanuel Macron, tout en assurant que la France n'est pas "submergée par l'immigration" comme l'affirment certains à sa droite. Il plaide "en parallèle" pour une meilleure "intégration".

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est une énième fois mandaté pour remettre cet ouvrage sur le métier après moult reports.

Les Républicains, qui font monter les enchères sur l'immigration et feraient tomber le gouvernement s'ils venaient à voter une motion de censure avec le reste des oppositions, ont bénéficié d'un traitement à part: le président a appelé mardi leur patron Eric Ciotti, pour évoquer son initiative. "Une sorte de séminaire où chacun pourrait parler librement", selon l'entourage du député.

Emmanuel Macron assure aussi qu'il ne saurait se "contenter d'un taux de chômage à 7%", et décline sa vision d'une transition écologique "désirable" et pas donneuse de "leçons".

Mais c'est sur l'école qu'il s'étend particulièrement dans l'hebdomadaire, jugeant qu'il s'agit d'une priorité face aux défis actuels.

"On a besoin de moins d'écrans, et plus d’école", lance-t-il pour résumer sa pensée, dénonçant une nouvelle fois le rôle "majeur" des réseaux sociaux dans les émeutes et les dérèglements sociétaux.

Trop de vacances

En première ligne sur les chantiers de l'Education confiés au ministre Gabriel Attal lors du remaniement de juillet, le chef de l'Etat précise certains projets.

Fidèle à sa conviction qu'il y a "trop de vacances", il dit vouloir que les élèves "qui en ont besoin" puissent rentrer à l'école "dès le 20 août" pour "faire du rattrapage", et estime qu'il faut des "ajustements" sur le calendrier du bac car certaines épreuves sont trop "tôt dans l'année".

Lors du Conseil des ministres de rentrée, le chef de l’État a par ailleurs voulu couper court à la "petite musique sur les hausses d'impôts" qui bruisse.

Mais il a admis qu'il faudrait "faire des choix", alors que l'exécutif est à la recherche d'économies pour un budget 2024 sous contrainte financière.

"Il n'est pas question, ce n'est pas du tout la philosophie du gouvernement, d'augmenter les impôts des ménages", a déclaré peu après Élisabeth Borne sur France Bleu.

La Première ministre a néanmoins admis que l'augmentation des franchises médicales faisait "partie des réflexions". "Un nouvel impôt qui ne dit pas son nom", ont dénoncé à l'unisson le patron du PS Olivier Faure et celui du PCF Fabien Roussel.


Macron et Xi dans les Pyrénées pour une escapade «personnelle»

Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
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  • L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser «un échange franc et amical»
  • Ce coin de montagne est «directement lié à l'histoire très personnelle» d'Emmanuel Macron, explique son entourage

 

TARBES: Après les ors de l'Elysée, la neige des cimes: Emmanuel Macron et Xi Jinping sont arrivés mardi dans les Pyrénées au second jour de la visite d'Etat du président chinois, pour une escapade "personnelle" censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

"Nos montagnes françaises", "j'espère, continueront de nous inspirer", a lancé lundi, lyrique, le président français en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s'attendre, dans les Hautes-Pyrénées, à des "discussions fructueuses et amicales".

L'avion du chef de l'Etat et celui du président chinois ont atterri à Tarbes en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les deux dirigeants sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où la météo est encore hivernale même si la saison est finie à la station de ski de La Mongie.

Une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien au dirigeant chinois et des dizaines de drapeaux rouges aux cinq étoiles jaunes coloraient les abords de la route menant au col, dans la commune de Sainte-Marie-de-Campan.

"C'est vraiment étrange de voir ça ici", sourit Jean-Michel Garem, un villageois retraité.

Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront dans le restaurant d'altitude d'Eric Abadie, éleveur et ami du président français. Une sorte de réponse à la cérémonie du thé qu'ils avaient partagée l'an dernier à Canton dans la résidence officielle où le père du président chinois avait vécu quand il était gouverneur de la province du Guangdong.

Un cadre qui contraste avec celui du palais présidentiel où, entre un accueil en grande pompe et un banquet fastueux, ils n'ont pas cherché à dissimuler les différends sur le commerce entre l'Europe et la Chine.

Emmanuel Macron a appelé à un "cadre de concurrence loyale", se félicitant à l'issue des discussions d'avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises "provisoires".

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu que l'Union européenne prendrait "des décisions fermes" pour "protéger son économie", dénonçant l'afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés.

"Le soi-disant +problème de la surcapacité de la Chine+ n'existe pas", leur a répondu sèchement Xi Jinping.

Sur l'Ukraine, il s'est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d'œuvrer à une solution politique.

Et il a apporté son soutien à une "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris cet été, poussée également par Emmanuel Macron. Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s'agissant de l'Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de conflit.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut "lucide" sur les chances limitées d'une percée rapide. D'autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il doit recevoir prochainement.

Séduction 

L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser "un échange franc et amical" sur ces sujets épineux. L'idée est de casser l'imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est "directement lié à l'histoire très personnelle" d'Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fête mardi les 7 ans de sa première élection, a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnères-de-Bigorre et La Mongie avec ses grands-parents auxquels il était très attaché.

"La diplomatie d'Emmanuel Macron a toujours misé, de manière peut-être excessive, sur le pouvoir de séduction", analyse Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po. "Il y a toujours eu chez lui l'idée que ses relations personnelles pouvaient renverser les structures", ajoute-t-il.

Le cadre intimiste du Tourmalet participe de cette volonté.

"Mais c'est mal connaître Xi Jinping qui n'est pas vraiment un grand sentimental", prévient le chercheur.

Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann a dénoncé la "tonalité amicale" de cette visite officielle. "L'homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n'est pas notre ami", a-t-il déclaré sur RTL.

Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains) a également pointé sur LCI les "ingérences" de Pékin et sa "stratégie agressive pour mettre à terre notre économie". La tête de liste macroniste Valérie Hayer a néanmoins défendu la volonté du chef de l'Etat de parler à son homologue chinois, souhaitant sur France 2 "un dialogue direct et franc sur l'ensemble des sujets".

Le politiste Bertrand Badie acquiesce: avec la Chine de Xi Jinping, "il y a un vrai travail à faire" car personne, jusqu'ici, "n'a trouvé la clé des relations euro-chinoises".


Affaire Meurice et remous à France Inter: appel à la grève dimanche à Radio France

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France  (Photo, AFP).
Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France (Photo, AFP).
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  • L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu
  • Il avait comparé le Premier ministre israélien à une «sorte de nazi mais sans prépuce»

 

PARIS: Les syndicats de Radio France ont appelé à faire grève dimanche pour protester contre "la répression de l'insolence et de l'humour" après la suspension de Guillaume Meurice, ainsi que contre "des menaces" qui pèsent sur certaines émissions de France Inter.

Six syndicats (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, Unsa) ont déposé lundi soir un préavis de grève pour dimanche de 00h00 à minuit. C'est le jour où est diffusée l'émission hebdomadaire de Charline Vanhoenacker, à laquelle participe d'ordinaire Guillaume Meurice.

L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu tenus fin octobre.

Il avait comparé le Premier ministre israélien à une "sorte de nazi mais sans prépuce", ce qui lui avait valu des accusations d'antisémitisme et une plainte, récemment classée sans suite.

Dans leur préavis de grève, les syndicats demandent à la direction du groupe public "la fin de la répression de l'insolence et de l'humour" et "la réaffirmation sans limites de la liberté d'expression" sur ses antennes.

Menaces 

Plus largement, les syndicats s'inquiètent des "menaces" qui pèsent selon eux "sur des émissions populaires et singulières", en particulier sur France Inter.

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France. Elles assuraient notamment avoir appris le remplacement prochain de l'émission sur l'environnement "La terre au carré".

Les syndicats accusent la direction de Radio France de mener "une politique de casse sociale sur les antennes" alors qu'un "projet de réforme de l'audiovisuel public va être discuté prochainement à l'Assemblée nationale".

Projet de la ministre de la Culture Rachida Dati, la mise en place d'une gouvernance unique pour l'audiovisuel public (dont France Télévisions et Radio France) sera examinée les 23 et 24 mai dans l'hémicycle.

Les syndicats fustigent enfin "une campagne de dénigrement et de calomnies orchestrée par des partis politiques, organisations ou personnalités franchement hostiles au service public de la radio". Ce dernier est fréquemment accusé par des personnalités de droite de pencher nettement à gauche.


L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris à nouveau bloquée

Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
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  • Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage
  • Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites

PARIS : L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris est bloquée mardi matin par des étudiants mobilisés en faveur des Palestiniens, a constaté une journaliste de l'AFP.

Des poubelles, mobilier urbain, vélos en libre service, obstruaient l'entrée du bâtiment situé au 27 rue Saint-Guillaume, un quartier huppé de la capitale.

Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage. Des policiers sont positionnés à proximité.

«On se mobilise avec ces moyens non conventionnels car on pense qu’on n’a plus d’autres choix, on a essayé les mails, les discussions. On est en période d’examen, on est tous fatigués», a déclaré à l'AFP une étudiante en première année qui n'a pas souhaité dévoiler son identité.

Cette jeune femme justifie le blocage par les mêmes revendications qui agitent les campus de Sciences Po Paris depuis plusieurs semaines, notamment une enquête sur les partenariats avec des universités israéliennes et «l'arrêt de la répression des étudiants mobilisés et des sanctions».

Elle affirme que 10 étudiants poursuivent une grève de la faim entamée vendredi après une évacuation de ces mêmes locaux par les forces de l'ordre.

Contactée la direction de Sciences-Po n'a pas répondu à ce stade.

Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites.

Les étudiants en examens peuvent rentrer par une porte annexe, a constaté une journaliste de l'AFP.