Japon: le rejet de l'eau de Fukushima a commencé, la Chine renforce ses restrictions

Cette photo aérienne montre des réservoirs de stockage (L) utilisés pour stocker l'eau traitée dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi de TEPCO, paralysée, à Okuma, dans la préfecture de Fukushima, le 24 août 2023. (Photo JIJI PRESS / AFP)
Cette photo aérienne montre des réservoirs de stockage (L) utilisés pour stocker l'eau traitée dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi de TEPCO, paralysée, à Okuma, dans la préfecture de Fukushima, le 24 août 2023. (Photo JIJI PRESS / AFP)
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Publié le Jeudi 24 août 2023

Japon: le rejet de l'eau de Fukushima a commencé, la Chine renforce ses restrictions

  • Pékin a dénoncé jeudi une action "égoïste et irresponsable" de Tokyo et a suspendu toutes ses importations de produits de la mer japonais, en invoquant "la sécurité alimentaire"
  • Le rejet dans l'océan Pacifique de l'eau de Fukushima a été enclenché peu après 13H00 heure japonaise (04H00 GMT) par Tepco, l'opérateur de la centrale

NAMIE, JAPON: Le Japon a commencé jeudi à rejeter en mer de l'eau issue de sa centrale nucléaire accidentée de Fukushima, malgré les inquiétudes de ses pêcheurs et une vive opposition de Pékin, qui a immédiatement renforcé ses restrictions commerciales vis-à-vis de Tokyo.

Pékin a dénoncé jeudi une action "égoïste et irresponsable" de Tokyo et a suspendu toutes ses importations de produits de la mer japonais, en invoquant "la sécurité alimentaire". Le Japon a aussitôt réclamé la fin immédiate de cette suspension.

En juillet, la Chine avait déjà interdit l'importation de denrées de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, et Hong Kong et Macao ont pris des mesures similaires plus tôt cette semaine. La Chine était l'an dernier le premier marché à l'export pour la pêche japonaise.

Le rejet dans l'océan Pacifique de l'eau de Fukushima a été enclenché peu après 13H00 heure japonaise (04H00 GMT) par Tepco, l'opérateur de la centrale.

Ce premier déversement devrait durer environ 17 jours et porter sur quelque 7.800 m3 d'eau contenant du tritium, une substance radioactive qui n'est dangereuse qu'à des doses hautement concentrées.

Tepco prévoit trois autres déversements d'ici fin mars prochain, pour des volumes équivalents.

Au total, le Japon prévoit d'évacuer plus de 1,3 million de m3 d'eaux usées stockées jusqu'à présent sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, provenant d'eau de pluie, de nappes souterraines et des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs entrés en fusion après le tsunami de mars 2011 qui avait dévasté la côte Nord-Est du pays.

Nombreuses précautions prises 

Ce processus sera très progressif --il doit durer jusque dans les années 2050-- et la teneur d'eau tritiée dans les rejets en mer quotidiens n'excédera pas 500 m3.

L'eau a été filtrée au préalable pour la débarrasser de la plupart de ses substances radioactives, à l'exception du tritium.

Le Japon prévoit de rejeter de cette eau avec une importante dilution au préalable, de sorte que son niveau de radioactivité ne dépasse pas 1.500 becquerels (Bq) par litre.

Ce niveau est 40 fois inférieur à la norme nationale japonaise pour l'eau tritiée alignée sur la norme internationale (60.000 Bq/litre), et il est par ailleurs environ sept fois inférieur au plafond établi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'eau potable (10.000 Bq/litre).

La concentration en tritium de l'eau que le Japon a commencé à rejeter est "bien en dessous de la limite opérationnelle de 1.500 becquerels par litre", a indiqué jeudi dans un communiqué l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui supervise l'opération.

Des experts de l'AIEA présents à Fukushima ont prélevé des échantillons de l'eau préparée pour le premier déversement et les ont analysés de manière indépendante, a précisé l'instance onusienne.

L'AIEA a donné en juillet son feu vert au projet japonais, jugeant son impact radiologique "négligeable sur la population et l'environnement".

 Manifestations 

Mais beaucoup voient les choses différemment. Les pêcheurs japonais en particulier redoutent un impact pour l'image et les ventes de leurs produits, qui se fait déjà sentir avec les restrictions chinoises adoptées en juillet.

Le déversement en mer d'eau tritiée est cependant une pratique courante de l'industrie nucléaire dans le monde entier, et le niveau annuel de radioactivité de ces rejets par les centrales nucléaires chinoises est bien supérieur à celui prévu à Fukushima Daiichi, a relevé Tokyo.

Selon des analystes, la position intransigeante de Pékin sur l'eau de Fukushima est très probablement aussi liée aux relations sino-japonaises déjà tendues sur de nombreux sujets économiques et géopolitiques.

Sans surprise, la Corée du Nord a aussi exigé jeudi l'arrêt immédiat des rejets du Japon, "dangereux" selon elle.

D'autres gouvernements de pays d'Asie-Pacifique ayant de meilleures relations avec le Japon comme la Corée du Sud, Taïwan ou encore l'Australie ont exprimé leur confiance quant à la sécurité du processus du rejet contrôlé par l'AIEA.

Des manifestations contre le rejet ont toutefois lieu en Corée du Sud. Plus de dix personnes ont été arrêtées jeudi à Séoul pour avoir tenté de pénétrer dans l'ambassade du Japon, a déclaré la police locale à l'AFP.

Au Japon, signe d'une certaine résignation de la population sur le sujet, un rassemblement de protestation jeudi matin près de la centrale de Fukushima Daiichi n'a réuni que neuf personnes, a constaté l'AFP sur place.

"Une bonne politique consisterait à ne rien faire qui soit potentiellement dangereux, en vertu du principe de précaution", a déclaré à l'AFP une manifestante, Ruiko Muto, 70 ans, qui vit dans le département de Fukushima.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.