L'heure du verdict au procès des attentats de janvier 2015

 Panoramique gauche-droite dessin représentant Julie Holveck et Jean-Michel Bourlès, les deux avocats généraux du procès des attentats de janvier 2015 (Photo, AFP)
Panoramique gauche-droite dessin représentant Julie Holveck et Jean-Michel Bourlès, les deux avocats généraux du procès des attentats de janvier 2015 (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 décembre 2020

L'heure du verdict au procès des attentats de janvier 2015

  • Les trois terroristes, abattus par les forces de sécurité le 9 janvier 2015 après avoir tué 17 personnes et semé la terreur en France, n'étaient «rien» sans les accusés
  • Trente ans de réclusion criminelle ont été requis contre la compagne en fuite d'Amédy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, et vingt ans contre Mehdi Belhoucine

PARIS : Un verdict «pour l'histoire»? Après trois mois d'audiences aussi intenses que chaotiques, la cour d'assises spéciale de Paris a commencé à rendre mercredi son verdict au procès de 14 soutiens présumés des auteurs des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.

Dès le début de la lecture du délibéré, le président Régis de Jorna a indiqué que la cour avait écarté la qualification de crime terroriste pour six des onze accusés présents, comme l'avait demandé leur défense en dénonçant un dossier vide de preuves.

Cette qualification a toutefois été retenue pour le principal accusé, Ali Riza Polat, déclaré coupable de «complicité» des crimes «terroristes» commis par les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amédy Coulibaly.

L'avocat général a requis contre lui la réclusion criminelle à perpétuité.

A la reprise de l'audience, les accusés, encadrés de nombreux policiers, sont apparus tendus derrière leurs deux box vitrés.

De nombreuses parties civiles ont garni les bancs de la salle d'audience pour la lecture de ce verdict. Parmi elles des proches des victimes des attaques, l'ex-otage de la supérette Hyper Cacher Lassana Bathily, des survivants du massacre au siège de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, son directeur de la rédaction Riss...

Dans un éditorial publié mercredi, le responsable du journal satirique a estimé qu'une fois la décision de la justice rendue, «le cycle de la violence (...) se sera enfin refermé, au moins sur le plan pénal car, humainement, les répercussions ne s'effaceront jamais». 

Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont exhorté la cour à ne pas chercher «coûte que coûte» des coupables pour pallier l'absence des frères Saïd et Chérif Kouachi et d'Amédy Coulibaly. L'accusation a demandé de son côté des condamnations «à la hauteur de l'extrême gravité des faits».

- «Pièce maîtresse» -

Les trois terroristes, tués par les forces de sécurité le 9 janvier 2015 après avoir eux mêmes tué 17 personnes et semé la terreur en France, n'étaient «rien» sans les accusés, ont appuyé les avocats généraux en réclamant des peines allant de cinq ans d'emprisonnement à la réclusion criminelle à perpétuité. 

Les plus lourdes peines ont été requises contre deux «complices» présumés des attentats: Mohamed Belhoucine, jugé par défaut après son départ pour la Syrie, et Ali Riza Polat, présenté comme la «pièce maîtresse» des actes préparatoires. 

Trente ans de réclusion criminelle ont été requis contre la compagne en fuite d'Amédy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, et vingt ans contre Mehdi Belhoucine, qui l'avait aidée à partir, tous deux également jugés en leur absence. 

De cinq à vingt ans de prison ont été demandés pour les dix autres accusés, soupçonnés d'avoir fourni des armes ou du matériel «en connaissance de cause de l'engagement jihadiste» des auteurs des attaques, selon les avocats généraux. »Ils sont la cheville ouvrière, la «base arrière» des attaques, ont insisté les magistrats.

Avant que la cour ne se retire pour délibérer après 54 jours de débats, ces hommes âgés de 29 à 68 ans, tous déjà condamnés pour des délits mais jamais pour des faits liés au terrorisme, ont à nouveau affirmé n'avoir «rien à voir» avec les attentats.

Un message appuyé par leurs avocats durant leurs plaidoiries. Face à l'onde de choc et au trauma des attaques des 7, 8 et 9 janvier 2015, la réponse doit être celle d'une «justice exemplaire, pas sanguinaire», a prôné Me Zoé Royaux.

D'autres avocats ont adjuré la cour de «ne pas céder» à ce sentiment de «peur», dans un contexte de menace terroriste au plus haut. 

Filières d'approvisionnement

Trois attentats ont frappé la France depuis l'ouverture du procès le 2 septembre, dont l'un près des anciens locaux de l'hebdomadaire satirique. 

Durant les trois mois d'audience, marqués par les témoignages puissants des survivants et des proches des victimes, la cour a tenté de reconstituer le puzzle de l'enquête, menée essentiellement sur la base de relevés téléphoniques et quelques traces ADN.

Mais les débats n'ont pas permis de lever toutes les zones d'ombre, du circuit des armes aux commanditaires. 

Les enquêteurs ont identifié deux «filières» d'approvisionnement pour les armes retrouvées en possession d'Amédy Coulibaly: l'une «lilloise» et l'autre «belgo-ardennaise». Mais rien n'a été établi concernant les armes de guerre utilisées par les frères Kouachi. Et la façon dont l'arsenal a atterri entre les mains des terroristes reste peu claire. 

Des zones d'ombre «assumées» par le parquet, qui en a rejeté la responsabilité sur l'attitude et les revirements des accusés. 

Quelque 200 personnes s'étaient constituées parties civiles au procès, premier en matière de terrorisme à être intégralement filmé. Initialement prévu pour s'achever le 10 novembre, il a été suspendu plus d'un mois après qu'Ali Riza Polat a été testé positif au Covid-19 puis victime de complications médicales. 

 


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.