Libye - Israël: Départ non confirmé vers la Turquie d'Al-Mangoush suspendue par son gouvernement

Des personnes brûlent une chemise à l'effigie de la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, à Tripoli, en Libye, le dimanche 27 août 2023. (AP Photo/Yousef Murad)
Des personnes brûlent une chemise à l'effigie de la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, à Tripoli, en Libye, le dimanche 27 août 2023. (AP Photo/Yousef Murad)
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Publié le Mardi 29 août 2023

Libye - Israël: Départ non confirmé vers la Turquie d'Al-Mangoush suspendue par son gouvernement

  • La Libye n'entretient pas de relations diplomatiques avec Israël
  • La ministre a rappelé «de manière claire et sans ambiguïté la position de la Libye à l'égard de la cause palestinienne»

TRIPOLI: Le chef du gouvernement libyen basé à Tripoli a limogé sa cheffe de la diplomatie pour avoir rencontré récemment son homologue israélien en Italie, une entrevue interdite par les lois libyennes dont il était forcément au courant, selon des analystes.

Le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah a suspendu dimanche Najla al-Mangoush pour avoir eu une entrevue la semaine passée avec son homologue israélien Eli Cohen à Rome.

Lundi, M. Dbeibah a annoncé son "limogeage" depuis l'ambassade palestinienne à Tripoli, a rapporté la représentation diplomatique sur sa page Facebook. La télévision Al-Ahrar, citant une source gouvernementale, avait elle aussi annoncé son limogeage plus tôt lundi.

Le Premier ministre s'y est rendu pour exprimer "le soutien libyen à la cause palestinienne", affirmant que la position de Mme Mangoush "ne représente pas le gouvernement de la Libye ni son peuple", selon la même source.

La Libye ne reconnaît pas Israël et s'oppose à toute normalisation avec ce pays.

Le sort de Mme Mangoush était inconnu lundi. Selon l'agence de presse turque Anadolu, citant des "sources de sécurité" anonymes, un avion gouvernemental libyen l'aurait conduite de Tripoli à Istanbul dans la nuit. Une source ministérielle libyenne a par ailleurs confirmé le départ de la cheffe de la diplomatie vers la Turquie.

La sécurité de l'aéroport dément avoir autorisé un départ de la cheffe de la diplomatie

Le principal organe de sécurité de l'aéroport de Tripoli en Libye a démenti lundi avoir autorisé un départ vers la Turquie de la cheffe de la diplomatie du gouvernement internationalement reconnu, qui a été "suspendue" dimanche.

Selon des internautes, un avion de type Falcon, suivi sur l'application Flightradar, aurait transporté dans la nuit de dimanche à lundi la ministre, Najla al-Mangoush, vers la Turquie après une autorisation de départ depuis Tripoli donnée par l'Organe de sécurité intérieure (OSI).

L'agence officielle turque Anadolu citant des "sources de sécurité" anonymes a affirmé que Mme Mangoush avait quitté la capitale libyenne pour Istanbul à bord d'un avion gouvernemental.

La ministre n'a pas été "autorisée" à quitter le territoire libyen "par les voies officielles depuis l'aéroport de Mitiga (le seul de Tripoli, ndlr), que ce soit par le terminal ordinaire ou par celui des hautes personnalités", a affirmé l'OSI dans un communiqué.

Mme Mangoush "figure sur la liste des personnes interdites de voyage" à l'étranger, a détaillé l'OSI, en soulignant que "les caméras de surveillance prouveraient" qu'elle n'est pas partie de Mitiga.

 

Selon plusieurs spécialistes de la Libye, M. Dbeibah, à la tête d'un gouvernement mis en place dans le cadre d'un processus de paix parrainé par l'ONU, avait en réalité donné son accord à l'entretien avec le ministre israélien, et Mme Mangoush est un "bouc émissaire".

"Le Parlement de l'Est, (l'homme fort de l'Est Khalifa) Haftar et Dbeibah la rendent responsable de décisions auxquelles ils ont tous participé", a déclaré Anas el-Gomati du Sadeq Institute. Le camp de l'Est, notamment le maréchal Haftar et son fils Saddam, ont eu des contact directs avec des responsables israéliens ces dernières années sans subir aucune sanction.

Depuis un an, deux gouvernements se disputent le pouvoir dans ce pays plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011: celui de M. Dbeibah dans l'Ouest et celui de l'Est soutenu par le M. Haftar.

Selon M. el-Gomati, pour garantir "un soutien américain (à un accord entre les deux camps), des pressions ont été exercées (sur la Libye) pour adhérer aux accords d'Abraham" de normalisation entre les pays arabes et Israël.

«Survie»

Jalel Harchaoui, également spécialiste de la Libye, pense aussi à "une manoeuvre de M. Dbeibah" pour se maintenir au pouvoir face "à une pression qui monte à l'ONU et aux Etats-Unis afin d'installer un nouveau gouvernement de technocrates" pour préparer des élections.

Pour M. el-Gomati, Dbeibah joue "sa survie" qui "dépend surtout des relations et des alliances qu'il entretient au-delà des frontières libyennes avec de puissants acteurs régionaux".

"Le soutien de Tel Aviv à Haftar n'est un secret pour personne", a-t-il rappelé, qualifiant l'annonce de la rencontre de Rome par Israël de "stratégique" car "destinée à faire pencher la balance en faveur de Haftar, en acculant Dbeibah".

Le ministère israélien des Affaires étrangères a nié lundi être à l'origine de cette "fuite", alors que c'est son service de presse qui a annoncé dimanche sur une rencontre "inédite" de M. Cohen avec Mme Mangoush.

Sortir l'information vise, selon l'expert, soit à "pousser Dbeibah à abandonner le pouvoir, soit à le contraindre à un compromis avec le camp de Haftar".

Dbeibah "a eu la tentation de faire un coup en termes de diplomatie mais c'est raté car il n'a pas évalué correctement le risque que la population se focalise sur lui" et non sur Mme Mangoush, a estimé M. Harchaoui.

Des mouvements de protestation ont éclaté dimanche à Tripoli et dans plusieurs villes et la maison du Premier ministre a été attaquée. Des groupes de jeunes ont coupé les routes, brûlé des pneus et brandi le drapeau palestinien.

"Il y a un vrai sentiment d'outrage dans la population face aux politiques d'Israël vis-à-vis des Palestiniens", a expliqué M. Harchaoui.

En Libye, toute relation avec Israël, ses ressortissants ou toute entité le représentant est passible d'une peine d'emprisonnement de trois à dix ans, en vertu d'une loi datant de 1957.

Lundi soir, les parlementaires libyens, portant l'écharpe palestinienne autour du cou lors d'une "session urgente", ont appelé le procureur général à ouvrir une enquête sur "les contacts avec le ministère de l'occupant israélien".


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.