Gabon: la France suit «  avec la plus grande attention  » la situation

Omar Bongo était l'un des plus proches alliés de la France dans l'ère post-coloniale et Ali est un habitué à Paris, où sa famille possède un vaste portefeuille immobilier qui fait l'objet d'une enquête de la part des magistrats anti-corruption. (AFP).
Omar Bongo était l'un des plus proches alliés de la France dans l'ère post-coloniale et Ali est un habitué à Paris, où sa famille possède un vaste portefeuille immobilier qui fait l'objet d'une enquête de la part des magistrats anti-corruption. (AFP).
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Publié le Mercredi 30 août 2023

Gabon: la France suit «  avec la plus grande attention  » la situation

  • Omar Bongo était l'un des plus proches alliés de la France dans l'ère post-coloniale et Ali est un habitué à Paris
  • Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a accusé mercredi Emmanuel Macron d'avoir "encore une fois compromis la France dans un soutien jusqu'au bout à l'insupportable", avec son appui au président gabonais Ali Bongo

PARIS: La France suit "avec la plus grande attention" la situation au Gabon où un coup d'Etat a visé mercredi le président sortant Ali Bongo, a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne.

Devant les ambassadrices et ambassadeurs de France réunis à Paris, la cheffe du gouvernement a énuméré plusieurs crises récentes à laquelle la diplomatie française a été confrontée, "et désormais la situation au Gabon que nous suivons avec la plus grande attention".

Ni l'Elysée, ni le ministère des Affaires étrangères n'ont réagi pour le moment.

Mercredi, les autorités gabonaises venaient d'annoncer la réélection d'Ali Bongo avec 64,27% des voix quand un groupe d'une douzaine de militaires est apparu sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24 pour annoncer mettre "fin au régime en place".

Ali Bongo avait été élu en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé le Gabon pendant plus de 41 ans.

Omar Bongo était l'un des plus proches alliés de la France dans l'ère post-coloniale et Ali est un habitué à Paris, où sa famille possède un vaste portefeuille immobilier qui fait l'objet d'une enquête de la part des magistrats anti-corruption.

Mélenchon accuse Macron d'avoir «  compromis la France »

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a accusé mercredi Emmanuel Macron d'avoir "encore une fois compromis la France dans un soutien jusqu'au bout à l'insupportable", avec son appui au président gabonais Ali Bongo.

Alors que le président sortant Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans et dont la réélection a été annoncée dans la nuit, est visé par un coup d'Etat militaire, Jean-Luc Mélenchon affirme dans un message sur X (ex-Twitter) qu'"aucune alerte n'aura été entendue".

"À présent, le Gabon n'a pu se débarrasser de sa marionnette présidentielle que par une intervention de ses militaires", a-t-il ajouté, estimant que "Macron aura, encore une fois, compromis la France dans un soutien jusqu'au bout à l'insupportable. Les Africains tournent la page".

Des militaires ont annoncé mercredi mettre "fin au régime en place" au Gabon, où les résultats officiels de la présidentielle de samedi venaient tout juste de consacrer la victoire du président Ali Bongo.

La France suit "avec la plus grande attention" la situation au Gabon, a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne, tandis que l'Elysée et le Quai d'Orsay se gardent de tout commentaire.

Emmanuel Macron s'était rendu en mars dernier au Gabon pour participer à un sommet sur la protection des forêts tropicales, et avait dîné avec son homologue Ali Bongo. L'opposition l'avait accusé d'"adouber" à travers sa visite le président, déjà élu dans des conditions controversées en 2016.

Emmanuel Macron s'était, lui, rendu au Gabon en mars dernier à l'occasion du Sommet sur les forêts, une visite perçue par certaines personnalités de l'opposition comme un soutien à Bongo avant la présidentielle.

Lors d'un discours à Libreville, le président français avait toutefois nié toute ambition d'intervention en Afrique, affirmant que l'ère de l'ingérence était "révolue".

La réaction de Paris est très attendue alors qu'à la suite du coup d'État au Niger le 26 juillet dernier, elle a refusé de reconnaître le régime militaire et promis de soutenir les pays de la Communauté économique d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), dont certains membres soutiennent une action militaire contre les putschistes.

Lundi, Emmanuel Macron a évoqué l'"épidémie" de coups d'État dans la région francophone d'Afrique, défendant sa politique de fermeté à l'égard des militaires au Niger. La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, avait, elle, estimé début août qu'il s'agissait du "coup d'Etat de trop".

Face au sentiment anti-français grandissant au Sahel en particulier, avec le départ des militaires du Mali et du Burkina, la France avait lancé une réorganisation de sa présence sur le continent, l'objectif étant de réduire sensiblement le nombre de ses forces militaires prépositionnées.

Au Gabon, environ 400 soldats sont encore déployés en permanence, dont certains dans la capitale Libreville, selon le ministère des Armées.

Gabon: l'association Survie exhorte Paris à «s’abstenir de tout interventionnisme militaire»

L'association française Survie, qui milite notamment contre la "Françafrique", a exhorté mercredi la France à "s'abstenir de tout interventionnisme militaire" alors que des militaires ont annoncé mettre fin au pouvoir d'Ali Bongo au Gabon.

"Alors que le régime d'Ali Bongo au Gabon fait face à son tour à un coup d'Etat, dont on ignore encore l'issue, l'association Survie (...) appelle la France à la plus stricte neutralité et en particulier à s'abstenir de tout interventionnisme militaire", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Environ 400 militaires français sont encore déployés en permanence dans le pays, dont certains dans la capitale Libreville, selon le ministère français des Armées.

Ces forces permanentes dites prépositionnées participent à la protection des ressortissants français, se tiennent prêtes à venir en renfort d'opérations et coopèrent avec les armées nationales gabonaises et de pays voisins comme le Cameroun pour des exercices ou encore des formations.

L’association demande que les Eléments français au Gabon (EFG) "ne répondent pas à une éventuelle demande d'Ali Bongo, auquel Emmanuel Macron a rendu visite à Libreville cinq mois avant le scrutin".

"Alors qu'un peu partout en Afrique francophone la présence de l'armée française est décriée, l'association Survie appelle une nouvelle fois Paris à annoncer un agenda clair et de court terme de retrait militaire complet du continent".

Le président français avait été accueilli début mars par son homologue gabonais dans le cadre du Premier Sommet mondial pour la protection des forêts tropicales, le One Forest Summit.

Quelques jours avant ce déplacement, Emmanuel Macron avait annoncé la fin du "pré carré" français en Afrique en évoquant une "diminution visible" du dispositif militaire français sur le continent. Il avait aussi appelé à de nouveaux partenariats avec les Etats du continent.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.