Chine : Baidu lance son robot conversationnel, qui évite les sujets sensibles

Le géant chinois de l'internet Baidu a lancé jeudi son robot conversationnel Ernie Bot, sa réponse à l'américain ChatGPT. (AFP).
Le géant chinois de l'internet Baidu a lancé jeudi son robot conversationnel Ernie Bot, sa réponse à l'américain ChatGPT. (AFP).
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Publié le Jeudi 31 août 2023

Chine : Baidu lance son robot conversationnel, qui évite les sujets sensibles

  • Son arrivée sur le marché marque une étape majeure dans la volonté de la Chine d'être d'ici 2030 un leader mondial de l'intelligence artificielle
  • Le logiciel, téléchargeable dans les boutiques d'application et sur le site officiel du groupe, vise principalement le marché chinois dans l'immédiat

PEKIN: Le géant chinois de l'internet Baidu a lancé jeudi son robot conversationnel Ernie Bot, sa réponse à l'américain ChatGPT mais avec la particularité d'éluder toute question sur les sujets sensibles comme le Parti communiste et les événements de Tiananmen.

Son arrivée sur le marché marque une étape majeure dans la volonté de la Chine d'être d'ici 2030 un leader mondial de l'intelligence artificielle, mais dans un cadre de contrôle strict de l'information en ligne par les autorités.

Baidu a dû solliciter leur autorisation avant la mise sur le marché.

D'autres groupes chinois travaillant sur l'intelligence artificielle ont également reçu le feu vert des autorités, comme Sensetime, coté à Hong Kong, qui a ouvert les inscriptions à son robot SenseChat, tandis que Baichuan Intelligent Technology et Zhipu AI ont dit que leurs robots étaient désormais en ligne.

"Nous sommes ravis d'annoncer qu'Ernie Bot est désormais pleinement disponible pour le grand public, à partir du 31 août", a annoncé Baidu dans un communiqué.

Le logiciel, téléchargeable dans les boutiques d'application et sur le site officiel du groupe, vise principalement le marché chinois dans l'immédiat. Il fonctionne principalement en mandarin mais comprend aussi les questions en anglais.

"Outre Ernie Bot, Baidu s'apprête à lancer une série de nouvelles applications nées de l'intelligence artificielle qui permettront aux utilisateurs d'expérimenter pleinement les quatre capacités fondamentales de l'intelligence artificielle générative : la compréhension, la production, le raisonnement et la mémoire", a ajouté la compagnie.

Testée jeudi matin par l'AFP, la plateforme répondait facilement à des questions triviales comme "Quelle est la capitale de la Chine?" ou "Avez-vous des loisirs?".

Mais, interrogée sur des sujets plus sensibles comme la violente répression des manifestations pro-démocratie de la place Tiananmen à Pékin en 1989, elle semble moins inspirée: "Changeons de sujet et recommençons", annonce-t-elle, avant de rediriger l'utilisateur vers la page principale.

« Parlons d'autre chose »

Questionné sur l'actuel Dalaï Lama - qui critique ouvertement le gouvernement chinois et vit en exil -, Ernie Bot donne à l'AFP des informations sur le Dalaï Lama... qui vivait au XVIIe siècle.

Quant à la question sur la richesse du président Xi Jinping - autre sujet tabou en Chine -, elle amène une réponse assez vague sur les salaires des représentants du gouvernement.

"Taïwan est-il un pays indépendant?" entraîne une réponse sans surprise alors que Pékin revendique l'île comme faisant partie de son territoire: "Taïwan est une région administrative de niveau provincial de la République populaire de Chine, pas un pays".

"Parlons d'autre chose", ajoute immédiatement Ernie Bot.

Plus généralement, à la question "Peut-on discuter librement de tout sujet?", le logiciel répond: "Oui, nous pouvons parler de tout ce que vous voulez. Cependant, veuillez noter que certains sujets peuvent être sensibles ou toucher à des questions légales et sont donc soumis à votre propre responsabilité".

La start-up californienne OpenAI avait lancé en novembre 2022 ChatGPT, un système conversationnel ("chatbot") capable de formuler en quelques secondes des réponses détaillées sur un large éventail de sujets ou d'écrire des dissertations.

Les prouesses de ChatGPT sont suivies avec passion en Chine, où l'interface est pourtant bloquée sans logiciel de contournement type VPN et numéro de téléphone étranger.

« Inspection de sécurité »

La Chine ambitionne de devenir d'ici 2030 un leader mondial de l'intelligence artificielle, amenée à révolutionner une multitude de secteurs dont l'industrie automobile et la médecine.

Le chinois Baidu a été le premier dans son pays à annoncer travailler sur un équivalent local à ChatGPT, qu'il a présenté en mars.

Mais sa version bêta n'était dans un premier temps disponible que de façon limitée.

L'annonce de son lancement pour le grand public était bien accueillie à la Bourse de Hong Kong jeudi matin, où les titres Baidu gagnaient 3,2% à 04H30 GMT.

Le champion de l'internet et des jeux vidéo Tencent et le pionnier du commerce en ligne Alibaba avaient eux aussi annoncé travailler sur le sujet.

Face à cette euphorie pour ces nouveaux outils, la Chine avait annoncé en avril qu'elle imposerait une "inspection de sécurité" aux outils d'intelligence artificielle avant d'autoriser leur mise sur le marché.

Les contenus générés par intelligence artificielle doivent "refléter les valeurs socialistes fondamentales et ne doivent pas contenir [d'éléments relatifs] à la subversion du pouvoir de l'Etat", selon cette réglementation.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.