«De mauvais jours nous attendent »: les barrages d'Istanbul s'assèchent sous la vague de chaleur

Une vue aérienne prise à Istanbul le 29 août 2023 montre des bateaux sur le barrage de Terkos partiellement asséché. (AFP).
Une vue aérienne prise à Istanbul le 29 août 2023 montre des bateaux sur le barrage de Terkos partiellement asséché. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 01 septembre 2023

«De mauvais jours nous attendent »: les barrages d'Istanbul s'assèchent sous la vague de chaleur

  • Onze lacs artificiels de barrage autour d'Istanbul approvisonnent la ville en eau et sont d'habitude remplis par les pluies entre novembre et décembre
  • En cas de pénurie, l'eau pourrait en théorie être acheminée par voie terrestre ou maritime vers Istanbul, aucun plan spécifique n'a cependant été partagé à ce sujet par les autorités

ISTANBUL: Les écrans de surveillance du système de gestion d'eau d'Istanbul devant Ismail Aydin affichent un nombre alarmant: 29.7%.

C'est le niveau d'eau des barrages d'Istanbul lors des derniers jours d'un été particulièrement chaud, indiquant que la plus grande ville de Turquie est au bord d'une pénurie d'eau.

M. Aydin veut cependant être rassurant et éviter de semer la panique au sein de la population.

La saison des pluies s'approche et les barrages seront bientôt remplis, assure-t-il.

Mais l'été particulièrement sec que la ville de près de 20 millions d'habitants a connu l'inquiète pour les mois à venir.

"Les barrages étaient remplis à 60% à la même époque l'année dernière. En 2014, le niveau de remplissage avait baissé à 14%. C'est le second plus bas niveau que nous avons connu depuis dix ans", raconte-t-il.

Onze lacs artificiels de barrage autour d'Istanbul approvisonnent la ville en eau et sont d'habitude remplis par les pluies entre novembre et décembre.

Mais le réchauffement climatique change la nature et la fréquence des événements météorologiques, une source de stress de plus pour M. Aydin.

Il y a eu très peu de pluie cet été à Istanbul.

L'ensemble de la Turquie a été touché par une vague de chaleur avec un record de 49.5 degrées enregistré le 15 août à Saricakaya, dans le centre du pays, pour la première fois dans l'histoire de la République turque.

La croissance problématique

En cas de pénurie, l'eau pourrait en théorie être acheminée par voie terrestre ou maritime vers Istanbul, aucun plan spécifique n'a cependant été partagé à ce sujet par les autorités.

La croissance de la mégapole n'a fait qu'empirer ses problèmes.

Le nombre de barrages est presque le même qu'il y a 30 ans quand la ville ne comptait que 5 millions d'habitants.

Les autorités appellent régulièrement les habitants à ne pas gaspiller l'eau.

"La capacité des barrages d'Istanbul est d'environ 868 millions de mètre cube. Mais notre consommation annuelle est de 1,1 milliard de mètre cube", explique M. Aydin.

"Les barrages d'Istanbul ne peuvent stocker suffisamment d'eau pour un an. Istanbul est une ville qui nécessite constamment des pluies. Nos sources d'eau souterraines ne sont pas suffisantes".

Le manque de pluie a transformé certains barrages en prairies où se promènent des troupeaux de moutons et de chèvres à la périphérie de la ville.

Nejat Karakas a grandi au bord de l'eau et aime se promener régulièrement, depuis qu'il est à la retraite, autour des barrages.

"Cela me fait de la peine. Nous ne sommes pas habitués à voir cela", dit-il, motrant une barque renversée sur les rives fissurées et sèches d'un lac artificiel.

"S'il ne pleut pas d'ici le mois d'octobre, de mauvais jours nous attendent", dit-il.

Nous sommes tous inquiets

Les efforts de M. Aydin pour sensibiliser les Istanbouliotes semblent porter ses fruits.

Hasan Sadikoglu raconte qu'il a placé une grande bouteille en plastique dans le réservoir de sa chasse d'eau pour économiser près d'un litre à chaque utilisation.

"Quand les enfants brossent leurs dents, je leur dis de ne pas laisser couler l'eau en vain", raconte le chaffeur âgé de 53 ans.

Les autorités prévoient d'installer des dispositifs qui réduiraient le débit au robinet chez les ménages qui consommeraient plus d'une quantité d'eau définie par mois.

"Des mesures très efficaces doivent être prises, notamment en matière de gestion de l'eau", affirme M. Aydin.

"Préserver l'eau est une priorité, le recyclage aussi."

Mine Altintas tente déjà d'économiser l'eau lorsqu'elle fait la vaisselle et la lessive.

Mais l'étudiante âgée de 18 ans craint que ses efforts ne suffisent pas.

"Nous sommes tous inquiets. Comme le pays et le monde entier, affirme-t-elle.

"Je ne sais pas ce qui se passera dans 10 ans. Je suis encore jeune et je ne sais pas quelle quantité d'eau nous aurons à l'avenir".


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Short Url
  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Short Url
  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
Short Url
  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com