Sécheresse: dans la Vienne, rivières en alerte et agriculteurs en mutation

Cette photographie prise le 2 août 2023 montre le lit de la rivière Aume, dans le bassin de l'Aume-Couture du village de Saint-Fraigne, dans le sud-ouest de la France. Rivières asséchées, nappes phréatiques en baisse et obligation de s'adapter, les agriculteurs de la Vienne font face à un nouvel épisode de sécheresse et au retour des restrictions, qui perturbent leur quotidien et accélèrent les changements de pratiques. (AFP).
Cette photographie prise le 2 août 2023 montre le lit de la rivière Aume, dans le bassin de l'Aume-Couture du village de Saint-Fraigne, dans le sud-ouest de la France. Rivières asséchées, nappes phréatiques en baisse et obligation de s'adapter, les agriculteurs de la Vienne font face à un nouvel épisode de sécheresse et au retour des restrictions, qui perturbent leur quotidien et accélèrent les changements de pratiques. (AFP).
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Publié le Jeudi 03 août 2023

Sécheresse: dans la Vienne, rivières en alerte et agriculteurs en mutation

  • Le 26 juillet, tout le territoire a été placé en alerte renforcée, voire en crise, stade le plus élevé
  • Malgré un épisode pluvieux cette semaine, les nappes phréatiques affichent une situation «préoccupante», selon la préfecture

POITIERS : Rivières à sec, nappes en baisse et obligation de s'adapter: comme en 2022, les agriculteurs de la Vienne composent avec un nouvel épisode de sécheresse et le retour "rageant" des restrictions, qui accélèrent les changements de pratiques.

Le 26 juillet, tout le territoire a été placé en alerte renforcée, voire en crise, stade le plus élevé. La question de l'eau alimente les inquiétudes dans ce département où sont en projet 30 "bassines", des réserves d'eau artificielles destinées à l'irrigation qui provoquent de vives tensions dans les Deux-Sèvres voisines.

"Tout le monde est concerné" par les restrictions, a prévenu le préfet Jean-Marie Girier devant la presse. "Il nous faut tenir jusqu'à l'automne, jusqu'à des pluies importantes pour restaurer le milieu."

Malgré un épisode pluvieux cette semaine, les nappes phréatiques affichent une situation "préoccupante", selon la préfecture.

"Globalement, toutes les ressources sont à la baisse. Sur certains secteurs, elles sont basses, voire très basses", abonde Murielle Thinon-Larminach, hydrogéologue du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) à Poitiers - conséquence d'une faible recharge durant l'hiver, peu arrosé.

"S'il fait très chaud, très sec, sans pluie, on pourrait tomber sur des niveaux jamais atteints", indique-t-elle à l'AFP.

«La monoculture de maïs, c'est niet»

Avec des nappes très sollicitées, de nombreux cours d'eau et puits asséchés, les prélèvements agricoles sont restreints de moitié sur les zones en alerte renforcée et interdits dans celles en crise, sauf activités dérogatoires (fourrage, semences, abreuvement des bêtes).

Les stocks de fourrage sont d'ailleurs "en tension": malgré un début d'année favorable au pâturage en extérieur, "on est sur le fil: il faut une bonne année prochaine, sinon on aura une décapitalisation du cheptel", anticipe Emmanuel Sainson à la Chambre d'agriculture.

Côté céréales, les producteurs doivent modifier leurs pratiques, dans un département où moins de 10% des exploitations ont recours à l'irrigation.

"Les restrictions sont de plus en plus intenses, ça devient rageant", témoigne Christophe Chavigneau, producteur de céréales à Savigny-Lévescault, près de Poitiers. Du maïs, très gourmand en eau, l'exploitant de 53 ans s'est tourné vers le millet et le tournesol. "Il faut rebondir constamment, toujours se remettre en question."

Dominique Gaborieau, céréalier à Genouillé dans le sud du département, a lui banni la charrue, misé sur la "diversité d'assolement" et opté pour l'irrigation "à bon escient".

"Pour nous, la monoculture de maïs, c'est niet", explique l'agriculteur de 45 ans, récompensé aux Trophées de l'Agroécologie 2021-2022, qui alterne les cultures avec notamment le sorgho ou le soja.

D'autres utilisent les méteils, mélanges de grains moins exposés aux mauvaises herbes et aux maladies, pour sécuriser leur rendement et faire pousser de la prairie sous les céréales.

«Cas extrêmes»

Le volume global de l'assolement de maïs irrigué dans la Vienne a baissé de 40% sur chacune des deux dernières années, au profit notamment du tournesol, moins gourmand en eau, selon la préfecture. Elle salue des irrigants qui d'eux-mêmes, dans certains secteurs, ont restreint leur arrosage de moitié pour préserver la ressource.

"Les agriculteurs connaissent les ressources en eau du milieu où ils prélèvent" et adaptent leurs cultures aux prévisions de sécheresse, relève Chloé Schmitt, chargée de mission à la Chambre d'agriculture. "Ce n'est pas qu'ils s'interdisent à tout jamais le maïs", dit-elle: des années plus humides pourraient favoriser son retour.

Pour l'heure, les contraintes conduisent "le monde agricole à évoluer", assure le préfet, qui porte le dossier des "bassines" dans la Vienne.

Ces réserves dites de "substitution" visent, en principe, à réduire les prélèvements quand la ressource se fait rare ; en échange d'un accès à l'eau stockée, les agriculteurs s'engagent à modifier leurs pratiques.

Mais les opposants jugent illusoires les efforts promis. Et la Cour des comptes est sceptique: dans un récent rapport, elle s'étonnait que le raccordement aux "bassines" ne soit pas "conditionné a priori à des pratiques plus économes en eau".

Pour la Confédération paysanne, c'est tout un "modèle" qui doit évoluer.

"On voit encore des cas extrêmes, des gens avec des grosses surfaces et des gros volumes d'eau utilisés", déplore Pierre-Jean Clerc, porte-parole départemental du syndicat. "Les bassines, c'est une fausse solution: elles sont dans un système agro-industriel qui ne se remet pas en question".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.