Incendie meurtrier à L'Île-Saint-Denis en août: la piste criminelle privilégiée

Cette photographie prise le 31 août 2023 montre les dégâts subis par les derniers étages d'un immeuble résidentiel après l'incendie qui s'est déclaré le 19 août et qui a fait trois morts et plusieurs blessés, sur l'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à l'extérieur de Paris. (AFP)
Cette photographie prise le 31 août 2023 montre les dégâts subis par les derniers étages d'un immeuble résidentiel après l'incendie qui s'est déclaré le 19 août et qui a fait trois morts et plusieurs blessés, sur l'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à l'extérieur de Paris. (AFP)
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Publié le Mardi 05 septembre 2023

Incendie meurtrier à L'Île-Saint-Denis en août: la piste criminelle privilégiée

  • L'information judiciaire a été ouverte vendredi contre X pour dégradation ou détérioration par un moyen dangereux pour les personnes ayant entraîné la mort ou une incapacité de travail supérieure à huit jours, a précisé le parquet de Bobigny
  • Le 19 août vers 9h30, le feu parti du 9e étage a ravagé jusqu'au 12e et dernier étage cette tour en briques apparentes, la plus haute de la cité Maurice-Thorez, au nord de cette île-commune insérée dans un méandre de la Seine

BOBIGNY: L'enquête sur l'incendie d'un immeuble d'habitation de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), qui a fait trois morts le mois dernier, s'oriente vers la piste criminelle avec l'ouverture d'une instruction confiée à deux juges.

L'information judiciaire a été ouverte vendredi contre X pour dégradation ou détérioration par un moyen dangereux pour les personnes ayant entraîné la mort ou une incapacité de travail supérieure à huit jours, a précisé le parquet de Bobigny.

Le 19 août vers 09H30, le feu parti du 9e étage a ravagé jusqu'au 12e et dernier étage cette tour en briques apparentes, la plus haute de la cité Maurice-Thorez, au nord de cette île-commune insérée dans un méandre de la Seine.

Trois personnes ont perdu la vie: une femme née en 1976 et son fils né en 2009, ainsi qu'une jeune femme, porteuse de handicap mental, née en 1997.

Cette dernière est morte d'une chute en voulant passer d'un balcon à un autre situé à l'étage inférieur, aidée par des habitants, sans que les circonstances exactes (défenestration ou chute accidentelle) ne soient établies.

Au moment des faits, la préfecture de Seine-Saint-Denis avait fait état de 19 blessés hospitalisés. Quatre sapeurs-pompiers avaient en outre été légèrement blessés, sur les plus de 200 engagés pour cet incendie.

Contacté par l'AFP, le maire de la commune n'était pas joignable.

"C'est terrible ce qui s'est produit sur ce quartier, c'est un drame humain. C'est extrêmement dur ce type de nouvelles, j'imagine le sentiment de révolte des locataires", a déclaré à l'AFP le président de Seine-Saint-Denis habitat Mathieu Monot.

"Il faut que la justice puisse passer et que les auteurs soient identifiés si on part sur cette piste", a-t-il ajouté, précisant que le bailleur avait porté plainte le 24 août, procédure habituelle dans le cas de sinistres majeurs.

Choquée

"Je suis très choquée par cette annonce, je tombe de haut. Pour avoir été dans l'incendie, avoir vu les gens en panique... j'ai du mal à y croire. On se connaît tous, on est grave solidaires, il n'y a pas de mésentente entre les habitants", a réagi auprès de l'AFP Cynthia Mateta, professeur des écoles de 26 ans qui logeait au 2e étage.

Dans le quartier, l'émoi était palpable parmi les habitants le jour du drame, réminiscence de précédents incidents.

D'après la municipalité, en septembre 2021 un incendie non meurtrier s'était déjà déclaré dans la cage d'escalier de cette tour. Les immeubles de la cité avaient été rachetés depuis par le bailleur social Seine-Saint-Denis habitat qui s'était engagé à faire des travaux de remise aux normes.

La rénovation de la tour incendiée était programmée pour 2025, d'après le maire Mohamed Gnabaly (SE) interrogé au lendemain du drame sur RTL.

Très tôt, les habitants ont pu bénéficier de la solidarité d'Ilodionysiens et de Franciliens. Vêtements ou nourriture ont été déposés au gymnase ouvert par la municipalité pour accueillir en journée les sinistrés.

Désormais, c'est la question du relogement qui préoccupe les habitants de l'immeuble.

D'après le collectif d'habitants reçu pendant trois heures par Seine-Saint-Denis habitat jeudi, un relogement pérenne dans un autre immeuble a été proposé à l'ensemble des locataires des étages compris entre le 8e et le 12e (soit 20 logements), mais pas pour le reste des habitants des étages inférieurs, inquiets à l'idée de retourner vivre sur les lieux du drame.

Sur les 20 relogements prévus, une procédure "conséquente" pour le bailleur, "11 propositions ont été formulées, cinq ont été acceptées", par les locataires concernés, a indiqué M. Monot.

Pour l'heure, les habitants sont logés temporairement chez des proches ou à l'hôtel, pris en charge par le bailleur jusqu'au 8 septembre. Selon Seine-Saint-Denis habitat, cela représente 40 familles environ sur les 46 logements occupés au moment du sinistre.

La tour, dont les appartements ne sont pas encore remis en service et les évaluations de conformité encore en cours, est accessible brièvement aux habitants pour récupérer des affaires personnelles.


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.