Ukraine: Une frappe russe sur un marché fait 17 morts, des munitions américaines à l'uranium appauvri

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba et le secrétaire d'État américain Antony Blinken font une déclaration aux médias avant leur rencontre au ministère des Affaires étrangères à Kiev le 6 septembre 2023 (Photo, AFP).
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba et le secrétaire d'État américain Antony Blinken font une déclaration aux médias avant leur rencontre au ministère des Affaires étrangères à Kiev le 6 septembre 2023 (Photo, AFP).
Des voitures brûlées sont vues sur le site d'une frappe russe sur un marché de Kostyantynivka (Photo, AFP).
Des voitures brûlées sont vues sur le site d'une frappe russe sur un marché de Kostyantynivka (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 07 septembre 2023

Ukraine: Une frappe russe sur un marché fait 17 morts, des munitions américaines à l'uranium appauvri

  • Le bombardement a eu lieu quelques heures après l'arrivée de Blinken, qui a insisté sur le fait que les Etats-Unis restaient «aux côtés de l'Ukraine»
  • Les secouristes ont fouillé les débris et transporté certains blessés pour les soigner devant des véhicules et des échoppes carbonisés

KIEV: Au moins 17 civils ont été tués dans une frappe russe sur un marché dans l'est de l'Ukraine mercredi, le jour-même d'une visite à Kiev du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui a annoncé une aide supplémentaire d'un milliard de dollars aux Ukrainiens auxquels les Etats-Unis fourniront, pour la première fois, des munitions à l'uranium appauvri.

"Les progrès de la contre-offensive (de l'armée ukrainienne) en cours se sont accélérés ces dernières semaines et cette nouvelle aide contribuera à lui donner un nouvel élan", a déclaré M. Blinken dont c'était la quatrième visite en Ukraine depuis le début, en février 2022, de l'invasion russe.

 

Les munitions à uranium appauvri, des armes perforantes controversées

Les munitions à l'uranium appauvri que les Etats-Unis vont fournir à l'Ukraine sont une arme redoutablement efficace pour percer les blindages mais controversée en raison des risques toxiques pour les militaires et les populations.

Que sont les munitions à uranium appauvri ? 
L'uranium appauvri est un produit dérivé du processus d’enrichissement de l'uranium. Il est environ 60% moins radioactif que l'uranium naturel.

L'uranium est un métal extrêmement dense : il l'est 1,7 fois plus que le plomb. Il est tellement dur qu’il ne se déforme pas quand il entre en contact avec sa cible. L'uranium appauvri est ainsi utilisé dans les obus perforants et les bombes pour les rendre plus pénétrants.

Le recours à de telles munitions n'est pas interdit par le droit international.

Où ont-elles déjà été employées ? 
Ces munitions sont en dotation dans de nombreuses armées, notamment américaine et russe.

Elles ont été employées au cours des deux guerres du Golfe de 1991 et 2003 ainsi qu'en ex-Yougoslavie pendant les années 1990.

Le Pentagone a en outre reconnu s'être servi d'obus à l'uranium appauvri à deux reprises en 2015 dans des opérations contre le groupe Etat islamique en Syrie.

Quel risque sanitaire ?

Sur le plan de la santé, "le principal risque n'est pas la radioactivité mais bien la toxicité chimique. L'ingestion ou l'inhalation de grandes quantités peut nuire au fonctionnement des reins. Si une personne inhale de grandes quantités de petites particules pendant une longue période, la principale préoccupation pour la santé sera l’augmentation du risque de cancer du poumon", souligne la commission canadienne de sûreté nucléaire.

Les munitions à uranium appauvri ont notamment été citées comme l'une des causes possibles des problèmes de santé des anciens combattants de la guerre du Golfe ou encore du nombre élevé de cancers ou encore de malformations congénitales dans la ville irakienne de Falloujah. Toutefois, leur rôle n'a pas été scientifiquement prouvé.

"L’aide américaine n’est pas de la charité. Aujourd'hui, grâce à nos partenaires, l’Ukraine freine l’agression russe. Nous n’appellerons jamais au déploiement de troupes américaines en Ukraine", a quant à lui tenu à dire à M. Blinken son homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

Le Kremlin a, de son côté, reproché aux Etats-Unis de "maintenir l'Ukraine en état de guerre".

«Crimes de guerre»
Le bombardement meurtrier d'un marché à Kostiantynivka, une ville de la région de Donetsk, a eu lieu quelques heures après l'arrivée de M. Blinken à Kiev.

Des images de vidéo-surveillance montrent une ruelle commerçante calme à lorsque soudain le sifflement d'un projectile se fait entendre, suivi d'une très forte explosion.

Un rescapé a témoigné auprès de l'AFP de la violence de l'impact, survenu à un moment où les rues étaient très fréquentées. "Tout a été détruit" et "les filles qui vendaient sont toutes mortes", a-t-il dit.

Les secouristes ont fouillé les débris et transporté certains blessés pour les soigner devant des véhicules et des échoppes carbonisés.

Le gouvernement ukrainien a fait état de 17 personnes tuées, dont un enfant, et 32 blessées.

Kostiantynivka, qui comptait presque 70.000 habitants avant l'offensive russe déclenchée début 2022, se trouve à une trentaine de kilomètres de Bakhmout, le théâtre d'une sanglante bataille avec les troupes russes depuis plus d'un an.

"Les terroristes russes ont délibérément visé le marché" alors qu'aucune cible militaire ne se trouvait à proximité, a accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

C'est une "attaque ignoble", a dénoncé une responsable des Nations unies, cela "souligne la nécessité de continuer à soutenir le peuple ukrainien dans la défense de son territoire", a réagi la Maison Blanche.

"Les attaques intentionnelles contre des civils sont des crimes de guerre", a pour sa part commenté un porte-parole de l'Union européenne, tandis que, pour Berlin, c'est "une attaque contre le droit international et l'humanité".

Malgré les multiples bombardements de sites civils en Ukraine faisant de nombreuses victimes, Moscou affirme systématiquement viser et détruire des objectifs militaires.

Tôt dans la matinée, un drone explosif russe avait déjà fait un mort dans la région d'Odessa (sud-ouest), où des infrastructures portuaires nécessaires aux exportations de blé sont régulièrement frappées.

«Tout le possible et l'impossible»
La contre-offensive ukrainienne entamée en juin s'avère difficile mais les militaires ukrainiens espèrent être proches d'une percée, depuis la prise du village Robotyné fin août, qui pourrait leur ouvrir la voie vers le sud et en particulier la Crimée, une péninsule annexée en 2014 par Moscou.

La Russie n'a jamais reconnu avoir cédé cette localité.

Pendant son voyage en train vers Kiev, M. Blinken s'est par ailleurs entretenu avec la Première ministre danoise Mette Frederiksen, elle aussi en déplacement en Ukraine et qui a prononcé un discours devant le Parlement ukrainien dans la matinée.

Le responsable américain a remercié Mme Frederiksen "pour le leadership du Danemark" concernant sa décision, rendue publique il y a deux semaines avec celle des Pays-Bas, de fournir des chasseurs F-16 à l'Ukraine.

Volodymyr Zelensky lui a également exprimé sa "reconnaissance".

Les parlementaires ukrainiens ont dans le même temps entériné la désignation inédite d'un Tatar de Crimée, Roustem Oumerov, au poste de ministre de la Défense.

"Je ferai tout le possible et l'impossible pour la victoire de l'Ukraine, quand nous aurons libéré chaque centimètre de notre pays", a promis peu après sa nomination M. Oumerov qui, à 41 ans, aura la lourde charge de négocier les livraisons d'armes occidentales.


Vote attendu du Conseil de sécurité de l'ONU pour autoriser une force internationale à Gaza

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
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  • Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas
  • Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre.

Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023.

Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza, du désarmement "des groupes armés non étatiques", de la protection des civils, et de la formation d'une police palestinienne. La composition de cette force n'est pas évoquée.

Il donne également mandat jusqu'au 31 décembre 2027 à un "Comité de la paix", organe de "gouvernance de transition" à Gaza jusqu'à la réforme de l'Autorité palestinienne. Selon le plan en 20 points annexé à la résolution, ce comité doit être présidé par Donald Trump.

Contrairement aux premières versions du texte, le projet qui doit être soumis au vote lundi à 17H00 (22H00 GMT) évoque l'éventualité d'un Etat palestinien.

Après la réforme de l'Autorité palestinienne et l'avancée de la reconstruction de Gaza, "les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d'Etat", dit ainsi le texte.

Un avenir clairement rejeté par Israël. "Notre opposition à un Etat palestinien sur quelque territoire que ce soit n'a pas changé", a insisté dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Objections russes 

La Russie, qui a fait circuler un texte concurrent, a justifié cette initiative notamment par le fait que la résolution américaine n'allait pas assez loin sur ce point, affirmant quant à elle un "engagement indéfectible" en faveur de la solution à deux Etats.

Le texte russe, également consulté par l'AFP, n'autorise ni la création d'un Comité de la paix ni le déploiement d'une force à ce stade, demandant au secrétaire général de l'ONU de proposer des "options" en la matière.

Face à ce qu'ils ont qualifié de "tentatives de semer la discorde", les Etats-Unis ont redoublé d'efforts ces derniers jours pour pousser le Conseil à donner son feu vert.

"Tout refus de soutenir cette résolution est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a insisté vendredi l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz dans un texte publié dans le Washington Post.

Les Américains ont également mis en avant l'ampleur du soutien pour ce texte, publiant une déclaration commune avec le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie.

Plusieurs sources diplomatiques ont estimé auprès de l'AFP que, malgré les critiques affichées de la Russie, qui a un droit de veto, et les réticences d'autres Etats membres, qui s'inquiètent d'un manque de clarté dans les mandats du Comité de la paix et de l'ISF, il serait surprenant que le texte américain soit rejeté.

"Les Russes savent que, même si beaucoup de membres du Conseil vont jouer le jeu des Américains, ils partagent des inquiétudes sur le contenu du texte américain et la façon dont Washington a tenté d'accélérer" son adoption, commente Richard Gowan, de l'International Crisis Group, doutant d'un veto russe à une résolution soutenue par les pays arabes.

"Il est plus probable que la Chine et la Russie s'abstiennent, expriment leur scepticisme sur le plan, puis regardent les Etats-Unis se débattre pour le mettre en oeuvre", ajoute-t-il auprès de l'AFP.

 


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".