L’envoyé de l'ONU confiant quant à une solution pacifique à la guerre civile au Yémen

L’envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, Hans Grundberg, s’adresse aux journalistes à l’aéroport international de Sanaa, au Yémen, le 8 juin 2022. (Reuters).
L’envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, Hans Grundberg, s’adresse aux journalistes à l’aéroport international de Sanaa, au Yémen, le 8 juin 2022. (Reuters).
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Publié le Jeudi 07 septembre 2023

L’envoyé de l'ONU confiant quant à une solution pacifique à la guerre civile au Yémen

  • M. Grundberg déclare qu’une trêve négociée par l’ONU, initialement prévue en avril de l’année dernière, avait abouti à la plus longue période de calme relatif sur les champs de bataille depuis le début de la guerre
  • Il félicite les autorités saoudiennes pour leurs échanges avec les représentants des Houthis, notamment la visite de l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Yémen à Sanaa, une région contrôlée par les Houthis

AL-MUKALLA: L’envoyé spécial de l’Organisation des nations unies (ONU) pour le Yémen demeure optimiste quant à la capacité du gouvernement du pays et des Houthis à parvenir à une résolution pacifique qui mettra fin à plus de huit ans de guerre civile dans le pays, malgré le manque de confiance persistant entre les deux parties.

S’exprimant mardi lors d’un entretien avec la chaîne de télévision Yemen Today, basée au Caire, Hans Grundberg a affirmé que son bureau s’efforçait de persuader les deux parties de reprendre les pourparlers destinés à résoudre les points de discorde et à parvenir à un accord de paix global.

Il est «fermement convaincu que les Yéménites peuvent résoudre le conflit de manière pacifique et je crois également que la paix peut être juste».

Il ajoute: «Mon bureau et moi-même avons œuvré avec les Yéménites à la promotion d’un seul objectif, soit la reprise d’un processus politique pouvant conduire à un règlement durable du conflit.»

Les Houthis ont pris le pouvoir au Yémen par la force il y a neuf ans. Ils ont assigné à résidence le président internationalement reconnu du pays et ils ont commencé à étendre leur contrôle à travers le pays. Leurs actions ont déclenché une guerre civile qui a coûté la vie à plus de cent mille personnes, selon les chiffres de l’ONU.

Au début de l’année 2015, les forces saoudiennes faisaient partie d’une coalition militaire qui est intervenue dans le conflit pour soutenir le gouvernement yéménite, ce qui a fait pencher la balance du conflit et freiné la progression militaire rapide des Houthis, sans pour autant mettre fin à la guerre ni au blocus imposé par les Houthis à la ville de Taïz.

M. Grundberg déclare qu’une trêve négociée par l’ONU, initialement prévue en avril de l’année dernière, avait abouti à la plus longue période de calme relatif sur les champs de bataille depuis le début de la guerre. Cette initiative a également ouvert la voie à des efforts visant à résoudre des problèmes majeurs, conduit à l’ouverture de points d’entrée dans le pays et incité les factions yéménites à s’engager dans des discussions sans précédent, ajoute-t-il.

«Le véritable défi auquel mon bureau, tous les Yéménites et moi-même sommes confrontés en ce moment est de veiller à ce que nous prenions les mesures nécessaires pour passer de la situation actuelle – une trêve – à des mesures réelles, soit un règlement politique et la mise en œuvre d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale», déclare Hans Grundberg.

Les efforts de paix ont essuyé un échec en octobre de l’année dernière, lorsque les Houthis ont refusé de renouveler l’accord de trêve, reprenant les attaques par drones et missiles contre les infrastructures pétrolières dans les provinces contrôlées par le gouvernement du Hadramout et de Chabwa.

Les années de combats, souligne M. Grundberg, ont engendré un profond manque de confiance entre les factions yéménites, ce qui a entravé les pourparlers de paix.

«Il est essentiel de comprendre qu’après huit années de guerre au Yémen, la confiance est devenue une denrée rare», explique-t-il. «Il ne faut pas s'attendre à ce que la confiance revienne miraculeusement après un conflit aussi prolongé.»

Il continue de tenter de persuader toutes les parties impliquées dans le conflit de s’engager à établir une trêve nationale durable, à faire respecter la trêve précédente négociée par l’ONU, à entamer des négociations sur les questions économiques et à relancer le processus politique.

En réponse aux critiques formulées par certains, selon lesquelles il n’a pas réussi à dénoncer les Houthis pour avoir fait fi des appels à participer aux efforts de paix, Hans Grundberg précise, qu’en tant que médiateur, ce n’était pas à lui de tenir un groupe au Yémen pour responsable des retards dans le renouvellement de l’accord de trêve ou de rejeter les propositions de paix.

«Si je commence à pointer du doigt les personnes responsables de chaque pas que nous faisons dans cette direction, j’échouerai dans ma mission parce que cela me mettra dans une situation délicate», poursuit-il.

Il félicite les autorités saoudiennes pour leurs échanges avec les représentants des Houthis, notamment la visite de l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Yémen à Sanaa, une région contrôlée par les Houthis, en avril. Il précise que les efforts de médiation de l’Arabie saoudite et d’Oman visent à faire participer tous les Yéménites aux négociations.

«Tous ces éléments constituent d’autres points d’entrée qui visent tous le même objectif, celui de permettre aux Yéménites d’entamer des négociations sérieuses entre eux sous les auspices des Nations unies pour parvenir à un règlement durable et à long terme du conflit», affirme M. Grundberg.

Il salue également la récente reprise des relations diplomatiques entre l’Iran, qui soutient les Houthis, et l’Arabie saoudite, qu’il considère comme bénéfique pour le processus de paix, mais il ajoute que seuls des pourparlers entre Yéménites peuvent aboutir à un accord durable qui résoudrait le conflit.

«Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran peuvent aider le Yémen», renchérit-il. «Le fait qu’ils se parlent peut aider Yémen, mais cela ne peut pas être la solution.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.