Renforcement des relations saoudo-indiennes grâce à la plate-forme du G20

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, rencontre le premier ministre indien, Narendra Modi, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20. (AFP)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, rencontre le premier ministre indien, Narendra Modi, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20. (AFP)
Les représentants visitent le sommet du B20, qui se déroule sur trois jours, à New Delhi, en Inde, le 25 août 2023. (AFP)
Les représentants visitent le sommet du B20, qui se déroule sur trois jours, à New Delhi, en Inde, le 25 août 2023. (AFP)
Le prince Fahad ben Mansour, au centre, pose avec d’autres représentants du G20 lors du sommet Startup20 à Gurugram, en Inde, le 4 juillet 2023. (Startup20)
Le prince Fahad ben Mansour, au centre, pose avec d’autres représentants du G20 lors du sommet Startup20 à Gurugram, en Inde, le 4 juillet 2023. (Startup20)
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Renforcement des relations saoudo-indiennes grâce à la plate-forme du G20

  • L’Arabie saoudite s'est engagée dès le début dans la présidence indienne du G20, ce qui témoigne de la profondeur de leurs relations
  • Des délégations saoudiennes de haut niveau ont participé à des réunions sur le développement durable, l'alimentation, la santé, l’entrepreneuriat et la technologie

RIYAD/NEW DELHI: Les relations avec l’Arabie saoudite ont continué de gagner du terrain dans l’agenda de politique étrangère de l’Inde au cours des trois dernières décennies. Mais ce n’est que récemment qu’elles ont atteint leur plein potentiel, grâce à la coopération autour de la plate-forme du G20

C’est en 2019 que les relations saoudo-indiennes atteignent un nouveau niveau d’engagement, après la visite du prince héritier, Mohammed ben Salmane, à New Delhi et la création d’un conseil de coopération stratégique. 

Lorsque l’Arabie saoudite a assuré la présidence du groupe des vingt principaux pays riches et en développement en 2020, les deux pays ont commencé à forger de nouveaux partenariats et des programmes qui se sont développés davantage encore cette année, lorsque l’Inde a pris la présidence du groupe. 

 

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Ashwini Vaishnaw et Abdallah al-Swaha signent un accord sur la numérisation et la fabrication électronique à Bangalore, en Inde, le 18 août 2023. (Agence de presse saoudienne) 

«Les relations entre les deux pays se développaient déjà et le G20 leur a fourni une autre plate-forme pour de nouvelles possibilités d’engagement sur une série de questions», confie le Dr Harsh V. Pant, vice-président pour les études et la politique étrangère à l’Observer Research Foundation à Delhi, dans un entretien accordé à Arab News. 

«Les relations se sont renforcées et ont acquis une plus grande profondeur au sein du G20.» 

Lorsque les réunions du groupe de travail ont commencé, en janvier, l’Arabie saoudite a fait preuve d’engagement dès le début en envoyant plusieurs délégations de haut niveau et en agissant également en tant que patron et co-organisateur de certaines réunions clés, en particulier celles qui concernent la politique liée au développement durable, la sécurité alimentaire, la santé, l’entrepreneuriat, les start-up et la technologie. 

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La Dr Maymouna al-Khalil, secrétaire générale du Conseil saoudien des affaires familiales, prend la parole lors de la Conférence ministérielle sur l’autonomisation des femmes. (Photo fournie) 

Tous ces secteurs sont au cœur du plan de diversification et de transformation Vision 2030 de l’Arabie saoudite et de la stratégie de développement de l’Inde, ce qui rend la poursuite de la coopération non seulement prometteuse, mais durable. 

«Bien que l’on puisse examiner les relations en matière d’énergie, de commerce, de défense et de sécurité – domaines dans lesquels les deux parties ont coopéré, compte tenu des défis communs –, la plate-forme du G20 élargit la zone d’opération de l’Inde et de l’Arabie saoudite; elle permet l’émergence de nouvelles possibilités», explique M. Pant. 

«Cela pose les fondements d’un engagement beaucoup plus productif et à plus grande échelle, au-delà du G20… Peut-être verrez-vous beaucoup d’activité sur divers fronts, puisque les bases ont certainement été posées.» 

EN BREF

L’Inde s’est retrouvée cette année à la présidence du groupe des vingt économies avancées, auparavant assurée par l’Arabie saoudite en 2020. 

Des délégations saoudiennes se sont rendues en Inde pour assister à des sommets sur la finance, la santé, la jeunesse et d’autres domaines de coopération. 

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, et le Premier ministre indien, Narendra Modi, ont mené des visites officielles réciproques en 2019. 

1,88 million de personnes d’origine indienne vivent et travaillent en Arabie saoudite. 

Le ministre saoudien de la Santé, Fahad ben Abderrahmane al-Jalajel, indique à Arab News qu’il s’attend à de nouvelles évolutions dans le secteur de la santé. 

«La réunion des ministres de la Santé de cette année et la réunion conjointe des finances, qui se sont tenues les 18 et 19 août, réaffirment les précédentes initiatives en matière de santé annoncées lors de la présidence saoudienne du G20», précise-t-il. 

«Le lancement de l’Initiative mondiale sur la santé numérique en coopération avec l’Organisation mondiale de la santé, le 19 août, a été un moment fort.»

Fahd al-Rachid, conseiller de l’Arabie saoudite au secrétariat général du Conseil des ministres, s’exprime lors du sommet Urban 20 des maires pendant le G20, à Ahmedabad, en Inde, le 7 juillet 2023. (Photo AN)
Fahd al-Rachid, conseiller de l’Arabie saoudite au secrétariat général du Conseil des ministres, s’exprime lors du sommet Urban 20 des maires pendant le G20, à Ahmedabad, en Inde, le 7 juillet 2023. (Photo AN) 

L’expérience du Royaume en matière de solutions de santé numérique a suscité un intérêt particulier. 

«Lors des réunions, j’ai rencontré plusieurs ministres, dont le ministre indien de la Santé. L’investissement dans la santé publique saoudienne est un sujet très prisé», soutient M. Al-Jalajel. 

«J’ai profondément apprécié l’invitation de la présidence indienne à parler, lors de la cérémonie de lancement, de notre expérience en matière de transformation numérique de la santé et de mise en œuvre de technologies de pointe, comme l’hôpital virtuel Seha.»

Le ministre adjoint de la Culture en Arabie saoudite, Rakan ben Ibrahim al-Tawq, a représenté le Royaume à la réunion des ministres de la Culture du G20 à Varanasi, en Inde, samedi. (Agence de presse saoudienne)
Le ministre adjoint de la Culture en Arabie saoudite, Rakan ben Ibrahim al-Tawq, a représenté le Royaume à la réunion des ministres de la Culture du G20 à Varanasi, en Inde, samedi. (Agence de presse saoudienne) 

Il s’agit du plus grand hôpital virtuel au monde, lancé en février 2022. C’est l’une des initiatives prioritaires du programme de transformation du secteur de la santé en Arabie saoudite. 

La plate-forme du G20 a également permis aux entrepreneurs technologiques indiens de contribuer à ces initiatives, en plus d’échanger des connaissances et des expériences entre les deux pays. 

Le ministre saoudien du Commerce, Majid ben Abdallah al-Qasabi, a tenu douze réunions avec des ministres et des responsables des pays du G20 en Inde plus tôt cette semaine. (Twitter/@malkassabi)
Le ministre saoudien du Commerce, Majid ben Abdallah al-Qasabi, a tenu douze réunions avec des ministres et des responsables des pays du G20 en Inde plus tôt cette semaine. (Twitter/@malkassabi) 

La Dr Huda Alfardus, PDG de HealthGena, une entreprise basée à Riyad, et membre de plusieurs délégations saoudiennes aux réunions du G20, signale à Arab News qu’il existe «une dynamique positive» dans les relations et la coopération sur le plan de l’investissement et du transfert de technologie. 

«HealthGena travaille activement avec l’ambassade de l’Inde à Riyad pour créer des possibilités économiques à l’échelle du pays», indique-t-elle. 

«Nous menons actuellement un programme commun pour emmener quinze start-up saoudiennes en Inde et une délégation d’entreprises indiennes la semaine prochaine à Riyad afin de les aider à s’installer en Arabie saoudite.»

Tout au long de l’année, les réunions ont non seulement abouti à des résultats économiques tangibles, mais elles ont également fait naître des initiatives qui visent à rapprocher les deux nations. Certains représentants saoudiens qui ont participé au sommet de l’Alliance des jeunes entrepreneurs du G20, comme la Dr Alfardus, ont déjà signé des accords avec des établissements d’enseignement indiens. 

La Dr Huda Alfardus, PDG de HealthGena, s’adresse à Arab News lors du sommet de l’Alliance des jeunes entrepreneurs du G20 à New Delhi, en Inde, le 15 juillet 2023. (Photo AN)
La Dr Huda Alfardus, PDG de HealthGena, s’adresse à Arab News lors du sommet de l’Alliance des jeunes entrepreneurs du G20 à New Delhi, en Inde, le 15 juillet 2023. (Photo AN) 

«La promotion des liens entre les peuples à travers les échanges culturels et éducatifs peut favoriser la compréhension mutuelle et l’amitié», souligne-t-elle. 

«Encourager les échanges étudiants, les événements culturels et les collaborations entre universités peut contribuer à l’établissement de relations à long terme.»  

Lors du sommet de l’Alliance des jeunes entrepreneurs, qui s’est tenu à Delhi en juillet, le prince Fahad ben Mansour, président du conseil d’administration d’Entrepreneurship Vision et président de l’Alliance saoudienne des jeunes entrepreneurs du G20, a déclaré à Arab News que de nouveaux projets communs devraient bientôt voir le jour. 

«Nous avons quelques entités du secteur privé qui recherchent des possibilités ici en tant qu’investisseurs. Par ailleurs, nous avons trouvé de nombreux investisseurs indiens qui envisagent d’investir en Arabie saoudite», rapporte-t-il. 

«C’est une énorme occasion et nous allons en tirer parti à mesure que nous avançons.»

Le chef de la délégation saoudienne, le prince Fahad ben Mansour, au centre, entouré de représentants internationaux au sommet de l’Alliance des jeunes entrepreneurs du G20 à New Delhi, le 15 juillet 2023. (Photo AN)
Le chef de la délégation saoudienne, le prince Fahad ben Mansour, au centre, entouré de représentants internationaux au sommet de l’Alliance des jeunes entrepreneurs du G20 à New Delhi, le 15 juillet 2023. (Photo AN) 

Les deux pays misent déjà sur ce qu’ils ont accompli, puisqu’ils sont «à l’avant-garde des étapes vers le développement durable, la croissance inclusive et la transition énergétique», affirme Muddassir Quamar, professeur agrégé au Centre d’études sur l’Asie occidentale de l’université Jawaharlal-Nehru à Delhi, dans un entretien accordé à Arab News. 

«La participation enthousiaste de l’Arabie saoudite aux réunions du G20 en Inde met en lumière la confiance entre les deux pays au niveau de leurs dirigeants respectifs et de l’agenda du G20. L’Inde a également adopté une approche proactive en participant aux événements du G20 sous la présidence saoudienne en 2020», ajoute-t-il. 

«La présidence indienne du G20 se concentre sur les objectifs de développement durable, la croissance inclusive, les biens publics numériques, la transition énergétique juste, la santé, l’éducation et l’emploi, ainsi que la paix et l’harmonie internationales. Cela s’inscrit parfaitement dans le cadre des priorités du programme de développement de l’Arabie saoudite, de l’initiative Vision 2030 et des relations indo-saoudiennes.» 

Abdelrahmane ben Saleh al-Fageeh, PDG du groupe pétrochimique Saudi Basic Industries Corporation et chef de la délégation saoudienne, participe à une session plénière du sommet du B20 à New Delhi, en Inde, le 27 août 2023. (Photo AN)
Abdelrahmane ben Saleh al-Fageeh, PDG du groupe pétrochimique Saudi Basic Industries Corporation et chef de la délégation saoudienne, participe à une session plénière du sommet du B20 à New Delhi, en Inde, le 27 août 2023. (Photo AN) 

Pour M. Quamar, le fait que les relations aient pris de l’ampleur se reflète dans leur «dynamisme» et leur «composante stratégique importante, qui comprend les liens politiques, économiques, culturels et sécuritaires».

Il s’attend à ce qu’un nouvel élan vienne du sommet des dirigeants du G20 qui se tiendra les samedi et dimanche. 

«Le G20 peut devenir une plate-forme pour une plus grande coopération indo-saoudienne dans les forums multilatéraux et par l’intermédiaire des organisations multilatérales», poursuit-il. 

«L’Arabie saoudite et l’Inde peuvent renforcer davantage leur coopération et leur partenariat dans des domaines comme le développement durable et la croissance inclusive, en tenant compte des préoccupations environnementales et du changement climatique.» 

«Le thème de la présidence indienne du G20 est “Une famille, une terre, un avenir”, ce qui transmet un message universel invitant l’humanité à travailler ensemble pour un avenir durable et harmonieux pour le monde. Cela peut devenir la clé du renforcement des liens entre l’Arabie saoudite et l’Inde.»

Mansour al-Sanooni, PDG de Saudi India Venture Studio, à gauche, signe un accord avec Siddhartha Bagri, PDG de Pravaig Dynamics, en présence du prince Fahad ben Mansour, lors du sommet de l’Alliance des jeunes entrepreneurs du G20 à New Delhi, le 16 juillet 2023. (Photo Pravaig Dynamics)
Mansour al-Sanooni, PDG de Saudi India Venture Studio, à gauche, signe un accord avec Siddhartha Bagri, PDG de Pravaig Dynamics, en présence du prince Fahad ben Mansour, lors du sommet de l’Alliance des jeunes entrepreneurs du G20 à New Delhi, le 16 juillet 2023. (Photo Pravaig Dynamics) 

Mohammed Soliman, directeur des technologies stratégiques au Middle East Institute de Washington, a reconnu que l’engagement saoudo-indien avait gagné en importance et en attention à l’échelle mondiale ces derniers mois. 

L’Arabie saoudite et l’Inde ont su de quelle manière utiliser la plate-forme du G20 à leur avantage international, confie-t-il à Arab News. 

«Les deux pays voient des possibilités dans le monde multipolaire émergent et considèrent le G20 comme une plate-forme efficace pour relever les défis mondiaux et mettre en valeur leur influence économique et politique.» 

«Le changement le plus significatif dans les relations saoudo-indiennes, imputable au G20, est le renforcement de leur engagement sur la scène mondiale.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.