Le tireur du Thalys condamné à la perpétuité pour un «attentat aveugle» évité de justesse

Un croquis de la salle d'audience réalisé le 17 décembre 2020 montre la reaction de l'accusé Ayoub El Khazzani suite au verdict au palais de justice de Paris lors du procès d'un attentat terroriste déjoué contre un train Thalys Amsterdam-Paris en août 2015 (Photo, AFP).
Un croquis de la salle d'audience réalisé le 17 décembre 2020 montre la reaction de l'accusé Ayoub El Khazzani suite au verdict au palais de justice de Paris lors du procès d'un attentat terroriste déjoué contre un train Thalys Amsterdam-Paris en août 2015 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 décembre 2020

Le tireur du Thalys condamné à la perpétuité pour un «attentat aveugle» évité de justesse

  • «Un véritable arsenal» avec lequel il comptait tuer «aveuglement et indifféremment» les quelques 200 passagers à bord
  • Une «intervention héroïque» des passagers, qui a fait un blessé grave, rappelle la cour

PARIS: Un «attentat aveugle» évité de justesse par un concours de circonstances «particulièrement improbables» et «le courage exceptionnel de passagers»: la cour d'assises spéciale de Paris a condamné jeudi à la réclusion à perpétuité Ayoub El Khazzani, le tireur de l'attentat déjoué du Thalys en août 2015.

Droit dans le box, Ayoub El Khazzani, chemise à carreaux, cheveux noirs attachés en chignon, ne manifeste aucune émotion. Dans la matinée, il avait présenté ses excuses aux victimes, la voix étranglée de sanglots. Son avocate Sarah Mauger-Poliak a annoncé qu'il ferait appel.

Le 21 août 2015, ce Marocain, aujourd'hui âgé de 31 ans, avait pris un café devant la gare de Bruxelles avant de monter dans le Thalys Amsterdam-Paris. Il était entré aux toilettes, ressorti torse nu armé d'une kalachnikov, d'un pistolet et d'un cutter, et de près 300 munitions à portée de main dans un sac ouvert sur son ventre.

«Un véritable arsenal» avec lequel il comptait tuer «aveuglement et indifféremment» les quelques 200 passagers à bord, affirme le président Franck Zientara.

El Khazzani agit sur ordre de l'Etat islamique, est piloté par le futur coordinateur des attentats du 13-Novembre, Abdelhamid Abaaoud.

«Un train lancé à grande vitesse», «pas d'issue pour les victimes... Un plan parfait», avait résumé mardi l'avocat général, dont les réquisitions ont été suivies. 

Et puis, avait aussi dit l'avocat général, «il arrive que dans les tragédies surviennent des moments de grâce» : un premier passager, âgé de 28 ans, «par instinct» bloque El Khazzani de tout son poids. 

Un autre passager tente d'intervenir, mais c'est le soldat américain en vacances Spencer Stone, 23 ans, qui le plaque au sol entre les rangées de passagers alors que le tireur vient d'armer et de pointer son fusil vers lui. On entend un «clic», mais la balle ne part pas; les munitions sont défectueuses, souligne la cour. 

El Khazzani sort ensuite son pistolet puis son cutter, mais Stone et un de ses amis, également militaire américain, finissent par le maîtriser «fou furieux», rappelle le président.

«Ce serait le scenario d'un film, j'y croirais à peine» avait résumé à la barre un passager du train.

«Silence»  

Une «intervention héroïque» des passagers, qui a fait un blessé grave, rappelle la cour. Mark Moogalian, professeur d'anglais de 51 ans avait réussi à s'emparer brièvement de la kalachnikov avant qu'El Khazzani ne lui tire une balle dans le cou. «Justice a été faite», déclare à la sortie de l'audience sa femme, présente dans le train.

La cour a confirmé à El Khazzani ce qu'il lui avait été répété pendant les cinq semaines de procès : personne n'a cru à sa version. Ce radicalisé express qui avait voulu venger les bombardements occidentaux en Syrie a répété qu'Abaaoud ne lui avait ordonné de ne cibler que les soldats américains à bord, impossible à anticiper, souligne la cour, et des «membres de la Commission européenne». Il assure aussi avoir renoncé à tirer, «détruit psychologiquement après avoir croisé le regard de Spencer Stone», résume la cour, «pas convaincue» non plus.

L'attaque, précise le président, s'inscrit dans «une véritable campagne d'attentats de masse» organisée depuis la Syrie et coordonnée en Europe par Abdelhamid Abaaoud, qui «trouve son apogée» dans les attentats de Paris en novembre 2015 et de Bruxelles en mars 2016.

Le «silence» d'El Khazzani sur Abaaoud, notamment pendant les mois qui ont précédé le 13 Novembre, a joué dans la décision. «Vous n'ignorez pas la haine qui l'animait, la violence dont il était capable», souligne le président.

Les trois co-accusés d'El Khazzani sont tous dans le box car ils ont croisé la route d'Abaaoud et l'ont aidé dans son périple vers l'Europe.

Bilal Chatra, «Abu Hamza le sniper» en Syrie et «bombe à retardement» selon les avocats généraux, a été condamné à 27 ans de réclusion.

Redouane El Amrani Ezzerrifi, migrant qui aidé Abaaoud «sans savoir qui il était» jure-t-il, a été condamné à sept ans de prison.

Mohamed Bakkali, qui a nié jusqu'au bout avoir été le «chauffeur» d'El Khazzani et d'Abaaoud, et qui est par ailleurs soupçonné d'être un logisticien du 13 Novembre, a été condamné à 25 ans de prison. Il va également faire appel, a indiqué sa défense.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.