Deux humanitaires occidentaux tués en Ukraine, Kiev accuse Moscou

Anthony Ihnat et Emma Igual, tous deux travaillant pour l'organisation humanitaire internationale Road to Relief en Ukraine (Photo, AFP).
Anthony Ihnat et Emma Igual, tous deux travaillant pour l'organisation humanitaire internationale Road to Relief en Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 11 septembre 2023

Deux humanitaires occidentaux tués en Ukraine, Kiev accuse Moscou

  • Les victimes sont l'Espagnole Emma Igual et le Canadien Anthony Ihnat, qui travaillaient pour l'ONG Road to Relief
  • Emma Igual, 32 ans, en était la directrice et co-fondatrice

KIEV: Deux travailleurs humanitaires, un Canadien et une Espagnole, ont trouvé la mort près de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, dans une attaque attribuée dimanche par Kiev aux troupes russes, au moment où Moscou a organisé des scrutins controversés dans les territoires annexés.

"Ce bombardement russe montre une fois de plus à quel point la guerre est proche pour tous les citoyens du monde", a commenté dimanche soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dénonçant cette "attaque d'une voiture de volontaires par les terroristes russes".

Les victimes sont l'Espagnole Emma Igual et le Canadien Anthony Ihnat, qui travaillaient pour l'ONG Road to Relief. Emma Igual, 32 ans, en était la directrice et co-fondatrice.

Selon l'ONG, l'attaque a eu lieu samedi matin à Tchassiv Yar, près de Bakhmout. "A la suite d'un tir direct, le véhicule s'est renversé et a pris feu", a-t-elle indiqué.

Moscou a organisé ce weekend des élections décriées dans les territoires annexés d'Ukraine, où le parti du président Vladimir Poutine, Russie unie, a été victorieux, sans surprise, selon la commission électorale russe. A hauteur de 70% des suffrages dans ces quatre régions, selon les résultats de la commission russe dimanche soir.

Malgré de vives condamnations des Occidentaux, la Russie a proclamé en septembre 2022 l'annexion de quatre territoires ukrainiens qu'elle ne contrôle que partiellement - Zaporijjia, Kherson, Donetsk et Lougansk -, à l'issue des "référendums" non reconnus par la communauté internationale. Kiev et ses alliés ont d'ores et déjà dénoncé des scrutins "illégaux".

Vers Bakhmout
Les travailleurs humanitaires tués avaient quant à eux quitté Sloviansk et se dirigeaient vers Bakhmout pour évaluer les besoins de civils "pris dans les échanges de tirs" dans la ville d'Ivanivske.

"Tout mon amour et mon soutien en ces moments difficiles à la famille et aux proches de l'humanitaire espagnole Emma Igual (...). L'Espagne est au côté de ses travailleurs humanitaires qui, par leur dévouement, mettent leur vie en danger pour les autres", a réagi dimanche sur X (anciennement Twitter) le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez.

Le Canada a confirmé la mort d'un de ses ressortissants, sans vouloir donner davantage de détails.

Road to Relief a indiqué que deux de ses bénévoles, Ruben Mawick, de nationalité allemande, et Johan Mathias Thyr, de nationalité suédoise, avaient été "blessés par des éclats et des brûlures", précisant qu'ils étaient hospitalisés dans un état "stable".

Attaque de «drone»
Hospitalisé à Dnipro (centre-est de l'Ukraine), M. Thyr, 34 ans, a déclaré au quotidien suédois Expressen que leur véhicule avait été attaqué par un "drone" qui visait vraisemblablement le conducteur.

"Nous nous sommes renversés et le véhicule a pris feu. Nous avons été aidés par des soldats qui nous ont conduits à l’hôpital. C'est arrivé si vite. Il n'a fallu qu'une minute, du moment où nous avons percuté le fossé jusqu'à ce que la voiture soit enveloppée par les flammes", a-t-il témoigné.

Originaire de Barcelone, Emma Igual avait co-fondé l'ONG Road to Relief, qui se consacre à l'évacuation de civils loin de la ligne de front, avec un Français, Henri Camenen, en mars 2022, peu après le début du conflit en Ukraine.

Dans un entretien au Jewish Chronicle, publié en juillet, elle expliquait que sa grand-mère juive avait fui l'Autriche pendant la Seconde Guerre mondiale et avait été adoptée en Espagne après avoir perdu toute sa famille dans les camps d'extermination.

"J'ai grandi avec cette histoire, ressentant ce que cela devait faire d'être un réfugié ou d'être orphelin. J'étais déterminée à aider les gens se trouvant dans une situation similaire", avait-elle témoigné.

La région de Donetsk a subi les pires combats depuis l'invasion russe lancée en février 2022 et Moscou a revendiqué l'annexion du territoire l'année dernière.

La bataille pour Bakhmout, qui a été capturée par les forces russes en mai, est restée l'une des plus meurtrières de l'invasion, les forces ukrainiennes repoussant désormais les lignes russes le long des flancs nord et sud de la ville.

En février, un secouriste américain de 33 ans, Pete Reed a été tué près de Bakhmout lorsque son véhicule a été touché par un missile.

En mai, le journaliste de l'AFP Arman Soldin a été tué par un tir de missile à Tchassiv Yar.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.