Hackeurs et informateurs: comment la Chine espionne l'Occident

Le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, part après avoir témoigné devant l'audition du Comité de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants sur « TikTok : Comment le Congrès peut protéger la confidentialité des données américaines et protéger les enfants contre les préjudices en ligne », à Capitol Hill, le 23 mars 2023, à Washington, DC. (Photo OLIVIER DOULIERY / AFP)
Le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, part après avoir témoigné devant l'audition du Comité de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants sur « TikTok : Comment le Congrès peut protéger la confidentialité des données américaines et protéger les enfants contre les préjudices en ligne », à Capitol Hill, le 23 mars 2023, à Washington, DC. (Photo OLIVIER DOULIERY / AFP)
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Publié le Lundi 11 septembre 2023

Hackeurs et informateurs: comment la Chine espionne l'Occident

  • Selon des chercheurs et des responsables du renseignement de pays occidentaux, la Chine est devenue experte pour le piratage de systèmes informatiques de nations rivales
  • Les mises en garde se multiplient aux Etats-Unis contre l'application TikTok et les risques que ses liens avec la Chine feraient peser sur la sécurité nationale

PEKIN: L'arrestation samedi au Royaume-Uni d'un homme accusé d'espionnage pour le compte de Pékin ravive les inquiétudes des pays occidentaux vis-à-vis des opérations chinoises de renseignement les visant.

Cet épisode survient quelques mois après le survol en début d'année des Etats-Unis par un ballon chinois. Washington, qui soupçonnait un engin espion, l'a abattu, déclenchant une crise diplomatique entre les deux pays.

Voici les principales affaires d'espionnage visant l'Occident ces dernières années et dans lesquelles Pékin apparaît comme le principal suspect.

Piratage informatique

Selon des chercheurs et des responsables du renseignement de pays occidentaux, la Chine est devenue experte pour le piratage de systèmes informatiques de nations rivales, afin de s'emparer de secrets industriels et commerciaux.

Les Etats-Unis, leurs alliés et l'Otan ont imputé en 2021 au gouvernement chinois un piratage massif du géant informatique Microsoft, pour accéder à des courriels et mettre la main sur des informations confidentielles de particuliers et d'entreprises.

Des pirates informatiques chinois sont également soupçonnés d'avoir agi aux Etats-Unis contre le département de l'Energie, des services publics, des entreprises télécoms et des universités, selon Washington et des articles de presse.

Nouvelles technologies

Les mises en garde se multiplient aux Etats-Unis contre l'application TikTok et les risques que ses liens avec la Chine feraient peser sur la sécurité nationale.

Certains législateurs redoutent que la maison mère de TikTok, le groupe chinois ByteDance, puisse accéder aux données personnelles des utilisateurs américains et in fine les transmettre aux autorités chinoises.

Washington a par ailleurs mis sur liste noire le groupe Huawei, connu pour ses téléphones mobiles mais qui fournit également des équipements de pointe pour les réseaux et la 5G.

Sans apporter de preuve, les Etats-Unis disent craindre que ces produits servent de porte dérobée pour surveiller les communications et trafics de données, ce que Huawei dément fermement.

Informateurs

Pékin s'appuie à l'étranger sur des citoyens chinois pour du renseignement et le vol de technologies sensibles, affirme Washington.

L'un des cas les plus médiatisés est celui de l'ingénieur chinois Ji Chaoqun, arrivé en 2013 sur le sol américain avec un visa étudiant. M. Ji a été condamné en janvier aux Etats-Unis à huit ans de prison pour avoir fourni aux services de renseignement chinois des informations sur des scientifiques américains pouvant potentiellement être recrutés comme sources d'information.

En 2020, Wei Sun, un ingénieur chinois naturalisé américain travaillant dans la défense pour le groupe Raytheon, a lui aussi été condamné à de la prison après avoir emmené en Chine un ordinateur de l'entreprise contenant des informations sensibles sur un système de missiles américain.

Politiques

Pour obtenir des informations de première main et promouvoir ses intérêts, Pékin courtiserait également des personnalités politiques et économiques de premier plan.

Selon le Sunday Times, l'homme arrêté au Royaume-Uni est un chercheur qui a eu des contacts avec des députés du parti conservateur au pouvoir alors qu'il travaillait au Parlement.

En 2020, le site d'information américain Axios affirmait qu'une étudiante chinoise avait noué des liens avec une série d'hommes politiques américains, pour le compte des services de renseignement de Pékin.

Cette étudiante, Fang Fang, aurait gagné leur confiance en participant à des levées de fonds pour une campagne en cultivant des amitiés voire des relations sexuelles, affirmait Axios.

Postes de police

Hormis la collecte de renseignements, la Chine dispose aux Etats-Unis et dans plusieurs pays de "postes de police" clandestins, affirme l'organisation de défense des droits humains Safeguard Defenders.

Non déclarées, ces structures sont susceptibles de surveiller des dissidents ou de faire pression sur eux, selon cette organisation basée à Madrid.

Pékin dément ces accusations.

En novembre, les Pays-Bas ont ordonné à la Chine de fermer deux "postes de police" sur leur territoire.

Un mois plus tard, Pékin a fermé deux de ces structures à Prague, selon les autorités tchèques.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.