La santé des présidents français, une vérité à géométrie variable

Les anciens présidents français Valery Giscard d'Estaing (c) et Nicolas Sarkozy (d) assistent au Conseil constitutionnel à Paris le 4 octobre 2018 lors d'une réunion pour marquer le 60e anniversaire de la promulgation de la Constitution de la Cinquième République adoptée par référendum le 28 septembre 1958. (Thomas Samson / Pool / AFP)
Les anciens présidents français Valery Giscard d'Estaing (c) et Nicolas Sarkozy (d) assistent au Conseil constitutionnel à Paris le 4 octobre 2018 lors d'une réunion pour marquer le 60e anniversaire de la promulgation de la Constitution de la Cinquième République adoptée par référendum le 28 septembre 1958. (Thomas Samson / Pool / AFP)
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Publié le Vendredi 18 décembre 2020

La santé des présidents français, une vérité à géométrie variable

  • Juste avant son élection, Emmanuel Macron avait exprimé au Quotidien du Médecin son souhait d'être "transparent sur tout ce qui peut avoir de l'importance"
  • En 1995, Jacques Chirac, 62 ans, promet de "donner toute information significative sur son état de santé", mais refuse de communiquer des bulletins réguliers au nom du respect de la vie privée

PARIS : Le gouvernement promet "la transparence" sur la santé d'Emmanuel Macron, atteint du Covid-19. Mais la santé d'un président de la République reste un sujet sensible en France, à la frontière entre vie publique et vie privée, entre droit à l'information et respect du secret médical.

Emmanuel Macron

"La transparence restera la règle", a promis jeudi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, sans dire si elle prendra la forme de bulletins de santé réguliers.

Il a précisé que le chef de l'Etat avait "des symptômes réels" de la maladie, "une toux et une fatigue importante notamment". Il a aussi de la fièvre, selon l'Elysée.

Juste avant son élection, Emmanuel Macron avait exprimé au Quotidien du Médecin son souhait d'être "transparent sur tout ce qui peut avoir de l'importance".

Il revendiquait le droit au "secret médical", mais promettait de rendre publique "toute information susceptible d'avoir des conséquences quant à (sa) capacité à diriger le pays".

Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, a appelé vendredi à ne pas confondre "transparence et voyeurisme", préférant "qu'on communique moins et qu'on arrête de mentir comme ça s'est passé sous Mitterrand ou sous Chirac".

François Hollande

En décembre 2013, François Hollande avait révélé avoir subi une opération de la prostate en 2011, soit plus d'un an avant son élection à l'Elysée, une intervention "bénigne" dont il n'avait jamais parlé.

Durant sa campagne, il avait pourtant évoqué "la nécessité de transparence sur son état de santé".

Sous sa présidence, les bulletins de santé publiés en juin 2012 et mars 2013 étaient tous deux normaux.

Nicolas Sarkozy

Son prédécesseur Nicolas Sarkozy avait lui aussi publié, cinq jours après son entrée en fonction, le 16 mai 2007, un bref bulletin de santé assurant qu'il était "apte" à exercer ses fonctions.

Un autre bulletin, le 3 juillet 2009, informait qu'il avait subi des examens cardio-vasculaires et sanguins, qui s'étaient "révélés normaux". Mais le 26 du même mois, il avait fait un malaise, lors d'un jogging à Versailles, et avait dû être hospitalisé brièvement à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce.

Nicolas Sarkozy avait déjà été brièvement hospitalisé le 21 octobre 2007 au Val-de-Grâce pour y subir l'ablation d'un abcès à la gorge.

Valery Giscard d'Estaing

Avant lui, en 1974, Valéry Giscard d'Estaing s'était engagé à publier régulièrement des bulletins de santé, mais il ne l'a jamais fait.

François Mitterrand

A son entrée à l'Elysée, François Mitterrand, 64 ans, reprend la promesse à son compte. Dès l'automne 1981, des rumeurs circulent sur une "maladie" ou un "cancer", mais jusqu'à l'été 1992, ses bulletins de santé n'en font pas état.

Son cancer de la prostate n'est rendu public qu'après son opération le 11 septembre 1992. Il subit une seconde opération le 18 juillet 1994 et achève son mandat dans la souffrance.

Neuf jours après sa mort le 8 janvier 1996, son médecin personnel Claude Gubler révèle dans le livre "Le Grand secret" que Mitterrand souffrait d'un cancer depuis l'automne 1981. Le livre est retiré de la vente et le Dr Gubler condamné à quatre mois de prison avec sursis pour violation du secret médical.

Jacques Chirac

En 1995, Jacques Chirac, 62 ans, promet de "donner toute information significative sur son état de santé", mais refuse de communiquer des bulletins réguliers au nom du respect de la vie privée.

Le 2 septembre 2005, il est hospitalisé une semaine au Val-de-Grâce pour un "petit accident vasculaire".

En 2003, des rumeurs avaient couru sur des difficultés auditives du chef de l'Etat, alors démenties par des proches.

Georges Pompidou

Gravement malade depuis plusieurs mois, le président Georges Pompidou décède le 2 avril 1974, à 62 ans, après moins de cinq ans de mandat. Jusqu'au bout et en dépit des spéculations, il garde le secret sur sa "maladie de Waldenstrom", une sorte de cancer du sang.

Charles de Gaulle

Le 17 avril 1964 au matin, le général de Gaulle, 73 ans, subit l'ablation d'un adénome (tumeur) de la prostate à l'hôpital Cochin.

Les députés en sont informés le 17 dans l'après-midi. Un bulletin de santé est publié le lendemain. Il reste hospitalisé 13 jours et sera maintenu sous surveillance médicale pendant une semaine avant de prendre du repos à Colombey-les-Deux-Eglises.

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
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  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.