Séisme au Maroc: Mohammed, l'agriculteur dans un champ de ruines

Un jeune marche avec une natte de paille devant les décombres d'un bâtiment détruit dans le village d'Ineghede, frappé par le tremblement de terre, dans la province d'al-Haouz, dans les montagnes du Haut Atlas, au centre du Maroc, le 13 septembre 2023. (Photo, AFP)
Un jeune marche avec une natte de paille devant les décombres d'un bâtiment détruit dans le village d'Ineghede, frappé par le tremblement de terre, dans la province d'al-Haouz, dans les montagnes du Haut Atlas, au centre du Maroc, le 13 septembre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 14 septembre 2023

Séisme au Maroc: Mohammed, l'agriculteur dans un champ de ruines

  • Mohammed Al Moutawak "ne bougera pas de sa terre", vitale pour ce villageois comme beaucoup d'autres dans cette zone montagneuse du Maroc ravagée par le séisme
  • "On croyait que les grêlons étaient notre pire ennemi, mais maintenant on en a un autre: le séisme, il a tout +défoncé+", lâche l'agriculteur de 56 ans

INEGHEDE: Son hameau est un champ de ruines, ses pommiers sont un gâchis, vidés prématurément de leurs fruits. Mais Mohammed Al Moutawak "ne bougera pas de sa terre", vitale pour ce villageois comme beaucoup d'autres dans cette zone montagneuse du Maroc ravagée par le séisme.

"On croyait que les grêlons étaient notre pire ennemi, mais maintenant on en a un autre: le séisme, il a tout +défoncé+", lâche l'agriculteur de 56 ans, impuissant dans son oasis de verdure fait de pommiers, de noyers et d'un potager cultivés en terrasse sur les reliefs du Haut-Atlas.

Il désigne de ses mains terreuses ses arbres cultivés de génération en génération par sa famille, en contrebas de maisons traditionnelles en pierres et bois, pulvérisées.

La cueillette était prévue pour l'automne. Mais les Golden et Gala gisent aujourd'hui dans l'herbe, leur parfum se mêlant à l'odeur pestilentielle d'un âne en putréfaction coincé sous les gravats, selon les habitants.

Elles ne sont pas suffisamment mûres pour être vendues, et c'est toute une saison qui s'envole et la possibilité de rembourser les dettes contractées.

Comme ailleurs dans ces montagnes de la région d'Al-Haouz, au sud de Marrakech, l'agriculture réalisée à petite échelle ainsi que les vaches, chèvres ou autre bétail, sont une source de nourriture et de revenus essentielle.

Le gouvernement et d'autres bailleurs ont lancé ces dernières années des programmes, certains de résilience face au changement climatique, d'autres plus spécifiquement destinés à désenclaver ces populations et donner plus d'autonomie aux femmes.

Il y notamment eu des programmes de réutilisation des eaux usées traitées en agriculture et des programmes d'économie d'eau d'irrigation agricole via des systèmes de goutte-à-goutte pour alléger la pression sur la ressource d'eau.

"Nous travaillons dur pour collecter un peu d'argent en récoltant des pommes, afin de nous préparer pour la rentrée scolaire et pouvoir aider un peu notre famille", explique Jamel Ait Bouyahia, 42 ans. Derrière lui, des enfants s'amusent à sauter sur des matelas entreposés dans la poussière, leur école étant hors d'usage.

Les répercussions sont grandes. Walid Aït Nasser, lycéen de 19 ans, vient aussi de perdre les précieux 80 dirhams journaliers (7,30 euros) que lui rapportaient les petits travaux ponctuels dans les champs.

La sécheresse et le stress hydrique avaient déjà éprouvé ces petits agriculteurs. Le puissant séisme de vendredi soir les a sidérés, tuant onze des 200 habitants du hameau et apportant, dans ce relief rocailleux, un jaune vif de tentes déployées pour abriter les rescapés désormais sans toits.

Reconstruire mieux

Il n'y a plus d'habitants ensevelis à rechercher ici, contrairement à des bourgades où les secouristes s'activaient encore jeudi, près de six jours après la catastrophe qui a fait plus de 2.900 morts et 5.500 blessés.

L'urgence est à la mise à l'abri des habitants. Des femmes trient les couvertures et vêtements livrés sans discontinuer par des civils, les hommes cherchent ici ou là dans les logis encore debout des verres, une casserole, un bidon à sauver du désastre. Mais l'inquiétude du lendemain est là.

"Le secteur le plus gravement touché par le tremblement de terre est l'irrigation, car presque toutes les canalisations ont été détruites", déplore Jamel Ait Bouyahia, qui estime le manque à gagner avec la récolte perdue à "100.000 dirhams" (920 euros).

Il y a bien de l'eau au puits, "mais des cailloux bougés pendant le séisme ont bloqué des sources", et "tant qu'on n'a pas résolu ce problème, on n'est pas bien du tout", ajoute par ailleurs Mohammed Al Moutawak, visage marqué par le soleil.

La problématique de l'accès à l'eau figurera dans les défis de la reconstruction. Selon l'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable (ONEP) dans la région de Marrakech-Safi, "le réseaux de distribution a été touché dans trois communes, Amizmiz, Moulay Brahim et Talat N'Yaqoub, de la province Al-Haouz".

La phase de reconstruction peut être "un appel du pied aux agents de développement", estime Hlima Razkaoui, directrice de Care Maroc qui travaille tout particulièrement dans cette région.

"Vous avez une carte à jouer pour rebondir, aider ces populations à reconstruire dans un mode résilient et intégrer dès le départ des bonnes pratiques et en prenant en compte à la

fois le manque d'eau et le manque d'espace", dit-elle. Et d'ajouter: "qui dit reconstruction, dit espoir".


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.