Logement social: la mairie de Paris veut inciter l'Etat à plus de collaboration

Fière d'afficher un taux de 25% de logement social, la maire socialiste entend même pousser l'Etat à passer, selon ses mots, «de la procrastination à l'action réelle». (Photo, AFP)
Fière d'afficher un taux de 25% de logement social, la maire socialiste entend même pousser l'Etat à passer, selon ses mots, «de la procrastination à l'action réelle». (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 16 septembre 2023

Logement social: la mairie de Paris veut inciter l'Etat à plus de collaboration

  • Les premiers locataires de l'Ilot-Saint-Germain sont ravis d'avoir pu élire domicile au cœur de la capitale
  • Actuellement, 700 000 des 2,15 millions de Parisiens (chiffre Insee pour 2022) vivent dans des logements sociaux et la municipalité dénombre 200 000 demandeurs

PARIS: La mairie de Paris a inauguré cette semaine au cœur du très riche VIIe arrondissement un nouvel ensemble de 254 logements sociaux, qu'elle a érigé en modèle de la coopération qu'elle attend du gouvernement en la matière.

A quelques pas de l'Assemblée nationale, l'Ilot-Saint-Germain, sa crèche et son ensemble sportif, aménagés dans d'anciens bureaux du ministère des Armées, constituent "une opération exemplaire de ce que nous pouvons faire de mieux lorsqu'on peut avancer main dans la main avec les pouvoirs publics", s'est réjouie Anne Hidalgo.

Fière d'afficher un taux de 25% de logement social, la maire socialiste entend même pousser l'Etat à passer, selon ses mots, "de la procrastination à l'action réelle", à l'heure où de plus en plus de Français peinent à se loger, notamment pour cause de restrictions aux crédits immobiliers.

Les premiers locataires de l'Ilot-Saint-Germain sont ravis d'avoir pu élire domicile au cœur de la capitale.

"J'en avais pour plus d'une heure pour aller au travail, à présent c'est trente minutes", s'est félicité Gakou, éboueur de la mairie de Paris dans le IIIe arrondissement.

"Je vais vous dire cash, ce n'est pas un quartier populaire (...) j'ai découvert les livraisons" à domicile, ironise Fouad employé au ministère des Armées.

Actuellement, 700 000 des 2,15 millions de Parisiens (chiffre Insee pour 2022) vivent dans des logements sociaux et la municipalité dénombre 200 000 demandeurs.

«Très bon résultat»

Le site de l'Ilot-Saint-Germain, ancien bâtiment du ministère de la Défense, a été racheté par la Ville à un prix dérisoire pour le marché parisien: 29 millions d'euros pour 11 000 m2 habitables, soit un rabais de 57 millions d'euros.

Une bonne affaire rendue possible par la décote "Duflot", du nom de la ministre du Logement de François Hollande, instaurée en 2013, qui permet à l'Etat de céder terrains ou immeubles à bas prix pour y construire des logements.

"On a fait équipe et il faut qu'on continue à appliquer les décotes de manière bien pensée", avait affirmé jeudi Mme Hidalgo devant le préfet de Région Marc Guillaume.

"C'est un exemple de temps, d'investissement et de travail la main dans la main avec un très bon résultat", a reconnu M. Guillaume, déterminé à poursuivre sur cette voie. "Ça nous intéresse, on y travaille avec eux", a-t-il confié à l'AFP.

La mairie s'intéresse à trois sites dans les IIe, IVe et Ve arrondissements, un potentiel de 350 logements.

Mme Hidalgo a interpellé le nouveau ministre du Logement Patrice Vergriete, en se disant "partant(e) pour l'accompagner" dans ces opérations.

Cette collaboration ne va pourtant pas de soi.

Mercredi, le premier adjoint de la mairie de Paris Emmanuel Grégoire a déploré devant la presse les relations "grippées" de la mairie avec le gouvernement, déplorant que, depuis 2017, il "ne veut plus pratiquer aucune décote".

Objectif 30%

Féroce cheffe de file de l'opposition à Anne Hidalgo, la maire du VIIe arrondissement Rachida Dati (LR) n'y est pas favorable. Elle estime que l'importance du coût, porté par l'Etat, en fait "un modèle (qui) n'est pas duplicable et c'est pour cela que de tels projets restent exceptionnels".

Depuis 2008, le taux de logement social dans le VIIe est passé de 1,2% à 3%, un "chiffre (qui) s'explique par le peu de foncier disponible (...) dans un arrondissement déjà très dense, où siègent de nombreuses institutions", selon l'ancienne garde des Sceaux.

Sa collègue Valérie Montandon (LR) ne souhaite pas aller au-delà du taux de 25% de logement social imposé par la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) aux communes de plus de 15 000 habitants.

Elle estime que ce chiffre assure "un bon équilibre" au-delà duquel "il faut arrêter d'en produire et vendre une partie du parc pour développer le logement intermédiaire".

Comme l'a rappelé l'adjoint PCF chargé du logement, Ian Brossat (PCF), la municipalité vise un objectif de "30% de logements sociaux (...) à l'horizon 2035".

Pour y parvenir, elle entend monter en 2024 à 300 millions d'euros - contre 86 millions en 2014 - le budget du compte foncier lui permettant de préempter des bâtiments.

Une "foncière pour le logement abordable" doit également être créée pour "permettre aux classes moyennes de louer des logements à -25% par rapport aux prix du marché", avec un objectif fixé de 320 locations par an.


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.