Sénatoriales: la droite en position de force, la majorité présidentielle dispersée

Le président du Sénat français Gérard Larcher prononce un discours lors de l'assemblée générale du parti de droite Les Républicains (LR) au Cirque d'Hiver à Paris, le 17 juin 2023. (Photo Ludovic Marin AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher prononce un discours lors de l'assemblée générale du parti de droite Les Républicains (LR) au Cirque d'Hiver à Paris, le 17 juin 2023. (Photo Ludovic Marin AFP)
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Publié le Dimanche 17 septembre 2023

Sénatoriales: la droite en position de force, la majorité présidentielle dispersée

  • En campagne dans les Yvelines, le président (LR) du Sénat Gérard Larcher peut dormir sur ses deux oreilles: la mainmise des Républicains sur la chambre haute sera confirmée
  • Minoritaire et éparpillée dans plusieurs groupes au Sénat, la majorité présidentielle n'est pas dans une dynamique très favorable après ses résultats aux dernières élections municipales, dont les sénatoriales sont le reflet

PARIS : Des rééquilibrages attendus, mais pas de bouleversements: les élections sénatoriales du 24 septembre doivent stabiliser la majorité sénatoriale de droite et du centre, malgré quelques dissidences. Le camp présidentiel compte, lui, sur une percée discrète du parti Horizons pour limiter les pertes.

. Sérénité pour la droite et Larcher

En campagne dans les Yvelines, le président (LR) du Sénat Gérard Larcher peut dormir sur ses deux oreilles: la mainmise des Républicains sur la chambre haute sera confirmée, sauf immense surprise, après le vote des 79.000 grands électeurs venus d'une quarantaine de départements et appelés à renouveler le Sénat de moitié comme tous les trois ans.

En poste au «plateau» pendant douze ans et sans discontinuer depuis 2014, le patriarche de la chambre des territoires n'a pas à s'inquiéter sur ses chances d'étirer son mandat à la présidence, même s'il devra s'assurer du soutien intact de ses alliés du groupe centriste, dirigé par le président de l'UDI Hervé Marseille. A priori une formalité.

«L'objectif est vraiment de nous maintenir. Par les temps politiques difficiles et instables que l'on connaît, la stabilité est déjà une grande victoire», relève à l'AFP Bruno Retailleau, le patron du groupe LR, crédité de 145 sénateurs sur 348 au total.

Quelques mois après les débats sur la réforme des retraites qui ont cristallisé les dissensions dans sa famille politique, le sénateur de la Vendée reconnaît tout de même qu'«on peut perdre un siège quand on est divisés», citant l'Essonne ou encore Paris, où les candidats officiels sont concurrencés par deux listes dissidentes.

. Renaissance inquiété, Philippe sur les rangs

Minoritaire et éparpillée dans plusieurs groupes au Sénat, la majorité présidentielle n'est pas dans une dynamique très favorable après ses résultats aux dernières élections municipales, dont les sénatoriales sont le reflet.

Le patron du groupe Renaissance au Sénat (RDPI), François Patriat, espère «rester constant voire croître légèrement», mais plusieurs de ses candidats sont en difficulté, concurrencés ici ou là par des listes proches des partis alliés Horizons, le mouvement d'Edouard Philippe, et du MoDem. Et ce, sans que l'exécutif ne prenne réellement soin de mettre de l'ordre dans les rangs.

«L'Elysée et Renaissance ont besoin d'Horizons et du MoDem à l'Assemblée nationale, donc ils n'ont pas trop intérêt à se mobiliser contre eux aux Sénatoriales», remarque un sénateur de la majorité.

En pleine tournée médiatique avec vue sur 2027, Edouard Philippe a repéré l'ouverture: sans faire de bruit, il a multiplié les déplacements en circonscription pour soutenir ses candidats, bien partis pour renforcer le groupe des Indépendants du sénateur Horizons Claude Malhuret.

Au point d'imaginer la constitution d'un groupe parlementaire plus large et officiellement étiqueté au Sénat ? «Notre objectif, c'est évidemment de faire en sorte qu'Horizons puisse (...) constituer un élément solide d'un pôle central de la chambre haute», a lancé l'ex-Premier ministre en clôture des journées de rentrée de son parti, vendredi. «C'est un rendez-vous politique très important».

. La gauche vise la barre des 100

Alliés dans une quinzaine de départements, mais sans La France insoumise, les trois groupes de gauche du Sénat (socialiste, communiste, écologiste) se sont fixés un défi: atteindre les 100 sénateurs au soir du 24 septembre, contre 91 actuellement.

«Je ne suis pas sûr qu'on y arrive, mais on espère tous progresser un petit peu», glisse Patrick Kanner, le chef de file des socialistes (64 sièges) qui doivent eux aussi gérer quelques divisions, comme dans le département du Nord.

Avec Yannick Jadot éligible à Paris, les écologistes semblent les mieux placés pour grossir leurs rangs: Quatre de leurs douze membres sont renouvelables lors de ce scrutin, et ils espèrent gagner quelques sièges pour «approcher la vingtaine», dixit leur président de groupe Guillaume Gontard.

. Le RN en embuscade

L'une des inconnues du scrutin est la capacité du Rassemblement national (RN) à s'infiltrer dans la chambre haute, où il est actuellement absent.

La dispersion des listes peut leur ouvrir des opportunités dans certains bastions comme le Nord, le Pas-de-Calais ou la Moselle.

«Je pense qu'on fera entre deux et cinq sièges, au maximum», estime le vice-président du parti Sébastien Chenu. Un décompte encore éloigné des 10 sénateurs requis pour constituer un groupe.


JO-2024: la cérémonie d'ouverture «sera inoubliable», selon le président du CIO

Le président du CIO, Thomas Bach, s'exprime lors d'une interview avec l'AFP avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, au siège du CIO à Lausanne, le 26 avril 2024. (Photo Gabriel Monnet  AFP)
Le président du CIO, Thomas Bach, s'exprime lors d'une interview avec l'AFP avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, au siège du CIO à Lausanne, le 26 avril 2024. (Photo Gabriel Monnet AFP)
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  • Le président du CIO, Thomas Bach, a expliqué que «l'approche très méticuleuse, très professionnelle» des autorités françaises lui donnait «confiance» dans le bon déroulement de la parade
  • «Tout le monde est déterminé à organiser cette cérémonie d'ouverture sur la Seine», a-t-il insisté s'abstenant de commenter les «plans B et C» évoqués par le président français, soit un repli possible au Trocadéro ou au Stade de France

LAUSANNE, Suisse : La cérémonie d'ouverture des JO de Paris, le 26 juillet sur la Seine, «sera inoubliable pour les athlètes et tout le monde sera en sécurité», a assuré vendredi le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, dans un entretien exclusif à l'AFP.

Interrogé sur les risques d'attentat qui ont poussé Emmanuel Macron à envisager un plan de repli, le dirigeant allemand a expliqué lors d'une interview au siège de l'instance olympique à Lausanne, en Suisse, que «l'approche très méticuleuse, très professionnelle» des autorités françaises lui donnait «confiance» dans le bon déroulement de la parade.

«Tout le monde est déterminé à organiser cette cérémonie d'ouverture sur la Seine», a-t-il insisté s'abstenant de commenter les «plans B et C» évoqués par le président français, soit un repli possible au Trocadéro ou au Stade de France.

La semaine dernière, le président du Comité olympique britannique Andy Anson s'était dit «préoccupé» par les questions de sécurité entourant cette cérémonie, organisée dans un cadre inédit le long du fleuve, en plein cœur de la capitale, malgré la menace terroriste et l'attaque dans une salle de concert de Moscou le 22 mars.

Thomas Bach s'est plus largement réjoui du retour du public après deux éditions olympiques assombries par la pandémie, à huis clos aux JO-2020 de Tokyo puis sans spectateurs étrangers aux JO-2022 de Pékin.

«C'est extrêmement important, parce que l'esprit olympique vit du fait que le monde entier se rassemble et que les spectateurs peuvent encourager des athlètes du monde entier», a-t-il souligné.

Si l'approche des Jeux continue à susciter scepticisme et inquiétudes en France, «ce n'est pas simplement lié aux JO mais c'est une partie de notre +Zeitgeist+ (l'air du temps, ndlr), parce que nous vivons une époque incertaine», a jugé Thomas Bach, disant «comprendre certaines questions et certaines critiques».

Il a aussi rappelé que le «succès» sportif du pays hôte était «important» pour la réussite des Jeux, alors que la France avait ramené 33 médailles des JO-2020, un bilan en-deçà de ses ambitions.

«L'enthousiasme du pays hôte est toujours relié, d'une manière ou d'une autre, à la performance de l'équipe nationale», a-t-il estimé, sans s'aventurer à chiffrer un nombre de médailles à atteindre.

 


A Sciences Po Paris, la mobilisation pro-palestinienne se poursuit

Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
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  • «Le débat, oui. Le blocage, non», a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation
  • «Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble», a jugé Raphaël Glucksmann

PARIS: La mobilisation pro-palestinienne se poursuit vendredi à Sciences Po Paris avec l'occupation et le blocage de locaux historiques par des étudiants dont les revendications font écho aux contestations qui agitent certains prestigieux campus américains.

Quelques dizaines d'étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont occupé dans la nuit de jeudi à vendredi les locaux, rue Saint-Guillaume, au coeur du huppé 7e arrondissement.

Mercredi soir, une dizaine de tentes avaient été installées dans la cour d'un autre bâtiment, avant que la police ne vienne déloger les étudiants favorables à la cause palestinienne.

Keffiehs sur la tête, drapeaux palestiniens accrochés aux balustrades, slogans fustigeant Israël, plusieurs dizaines étudiants bloquaient encore vendredi en début d'après-midi dans et en dehors le bâtiment nouvellement occupé.

ils ont reçu le soutien de plusieurs figures de LFI dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste "insoumise" pour les élections européennes.

"Ces étudiants sont en train véritablement de porter l'honneur de la France", a déclaré à la presse, Mme Hassan reprenant peu ou prou les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio de soutien aux manifestants.

La direction, qui chiffre à une soixantaine le nombre d'occupants du principal bâtiment, a décidé de fermer plusieurs locaux de son campus parisien. Elle "condamne fermement ces actions étudiantes".

La direction, à qui une partie de la communauté éducative reproche d'avoir laissé les forces de l'ordre intervenir sur le campus, a organisé une rencontre avec des représentants des étudiants vendredi matin.

"Le débat, oui. Le blocage, non", a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation.

Fustigeant "le jeu dangereux" de LFI à des "fins électorales", elle a accusé les leaders du mouvement d'être des "irresponsables" faisant la promotion de "l'anarchie" sur les campus.

Le comité Palestine revendique lui "la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po" et "la fin des collaborations" avec toutes "les institutions ou entités" jugées complices "de l'oppression systémique du peuple palestinien". Il demande en outre l'arrêt de "la répression des voix propalestiniennes sur le campus".

Comme aux Etats-Unis où la mobilisation d'étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique, le militantisme des étudiants pro-Gaza à Sciences Po est accusé d'alimenter l'antisémitisme sur le campus.

Fin des cours

"Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble", a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV.

"Après, dans quelle atmosphère on le fait? (...) Est-ce qu'on est capable d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue? Et jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Donc on a un problème et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer", a complété M. Glucksmann.

Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, qui s'exprimait sur LCI, "il n'y a rien de massif" mais "ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs".

"On n'a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous", a plaidé Hubert Launois, 19 ans, étudiant en deuxième année et membre du comité Palestine. "Ce qui nous pose problème, c'est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d’extrême droite israélien", a-t-il ajouté.

Nouvel élan ou chant du cygne alors que ce vendredi marque, pour une majorité des élèves, la fin des cours et le début des révisions des examens?

"On sait aussi que c'est la fin de l'année. On ne veut pas que ce mouvement meure", a résumé une étudiante de 21 ans, mobilisée, qui n'a pas souhaité donner son nom.

"Les revendications sont légitimes" mais "le blocus reste assez radical comme mode d'action", a observé un autre étudiant. "Il faut trouver un moyen d'apaiser le dialogue (...) "La plupart des étudiants ont en tête la fin de l'année."


Européennes : pour Macron, une victoire du RN relèverait d'une «responsabilité collective»

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe devant le slogan «Une Europe puissante» dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe devant le slogan «Une Europe puissante» dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (AFP)
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  • L'opposition accuse Macron d'avoir tenu un discours électoraliste et demande qu'il soit pris en compte dans le temps de parole de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer
  • Le chef de l'Etat a semblé écarter toute incidence politique directe en France en cas de victoire de la liste du Rassemblement national le 9 juin

STRASBOURG: Emmanuel Macron a jugé vendredi qu'il était "légitime" en tant que président à parler d'Europe, réfutant tout discours électoraliste la veille à la Sorbonne, et il a estimé qu'une victoire de l'extrême droite aux européennes le 9 juin relèverait d'une "responsabilité collective".

"La voix de la France en Europe c’est au cœur de notre diplomatie, de notre politique. Comme chacun de mes prédécesseurs, je suis légitime à aussi, en tant que président, dire un mot de ce qu'il s’y passe, de ce qui s’y joue", a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'un déplacement à Strasbourg.

"C’était une parole de président de la République hier (..) Il ne faut pas être hypocrite sur le sujet", a-t-il affirmé. "Il faut assumer la politique qu'on a conduite, le rôle que la France a mené ces dernières années et le fait que j’ai mis l’Europe au cœur aussi du projet".

L'opposition l'accuse d'avoir tenu un discours électoraliste et demande qu'il soit pris en compte dans le temps de parole de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer.

"Les temps de campagne, si je devais participer à certains d’entre eux -  je n'ai pas encore décidé -  je le ferai à ce moment-là à part, comme je l’avais fait il y a cinq ans", a ajouté Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat a par ailleurs semblé écarter toute incidence politique directe en France en cas de victoire de la liste du Rassemblement national le 9 juin.

"C'est une élection européenne", a-t-il pointé. A la question de savoir si une arrivée en tête de la liste RN emmenée par Jordan Bardella serait une forme de désaveu, il a répondu : "Bien sûr. Surtout ça représenterait un responsabilité collective".

Jordan Bardella, en tête d'une quinzaine de points dans les intentions de vote devant Valérie Hayer, a annoncé qu'il réclamerait une dissolution de l'Assemblée nationale s'il l'emporte le 9 juin.

"On voit bien toute cette stratégie, d'ailleurs des extrêmes, qui consiste à nationaliser le débat (...) Au moins parlons d’Europe quand on parle des élections européennes parce que c’est ça dont il s’agit", a relevé Emmanuel Macron.