Les dirigeants du monde entier se réuniront cette semaine au siège de l’Organisation des nations unies (ONU) à New York pour la réunion annuelle de l’Assemblée générale des nations unies. Parallèlement à cette session de haut niveau, deux autres réunions importantes auront lieu. Il s’agit du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) de 2023, convoqué par le président de l’Assemblée générale, et du Sommet sur l’ambition climatique, convoqué par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
L’objectif de ces deux sommets est de redynamiser la volonté politique au plus haut niveau. Le premier visera à remettre les ODD sur la bonne voie et le second à galvaniser l’action climatique en témoignant, selon l’ONU, de «la volonté collective mondiale d’accélérer le rythme et l’ampleur d’une transition juste vers une économie mondiale plus équitable, résistante au climat et basée sur les énergies renouvelables».
Aujourd’hui, à mi-parcours, les ODD – y compris l’ODD 13 sur l’action climatique – sont à la traîne par rapport aux délais convenus pour leur mise en œuvre. Le rapport d’avancement des ODD de 2023 montre que les progrès vers les cibles des ODD ont été plutôt lents, avec seulement 12% des objectifs qui seraient menés à bien d’ici à 2030.
L’accord de Paris sur le climat a été salué comme un accord historique lors de son adoption en 2015, définissant une feuille de route et des objectifs concrets pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Pour contrôler le réchauffement climatique, les pays membres sont convenus de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre leurs efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C. Grâce aux contributions déterminées au niveau national, les parties à la convention ont présenté leurs stratégies de mise en œuvre, leurs défis, ainsi que les possibilités qui se présentent.
Au cours des sept années qui ont suivi leur ratification, ces engagements ne se sont que partiellement traduits en actes. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) souligne que le monde doit agir de toute urgence pour contrôler les émissions de carbone, qui ont atteint des niveaux record.
La crise climatique est une question de justice et d’équité intergénérationnelle, en particulier pour les pays du Sud global qui ont le moins contribué au réchauffement climatique, mais qui en subissent les effets les plus dévastateurs.
Les inondations massives de l’année dernière au Pakistan et les phénomènes météorologiques extrêmes similaires dans d’autres pays mettent en lumière les répercussions violentes des catastrophes environnementales. Les effets et les coûts à long terme du changement climatique sont bien pires pour les pays pauvres. Ils entravent tous les efforts de développement, menacent la paix et portent atteinte aux droits humains fondamentaux des populations. La crise mondiale de l’eau est liée au changement climatique. Les vagues de chaleur et les sécheresses prolongées et étouffantes ont réduit le débit des rivières au point où certains cours d’eau disparaissent avant d’atteindre la mer. Par conséquent, les pays confrontés à un stress hydrique font déjà face à des problèmes de mauvaises récoltes et d’insécurité alimentaire. Près de quatre milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, connaissent actuellement une pénurie d’eau au moins pendant un mois chaque année.
«La crise climatique est une question de justice et d’équité intergénérationnelle, en particulier pour les pays du Sud global.» - Jamil Ahmad
Pour désamorcer ce qu’il décrit comme «une bombe à retardement liée au changement climatique» et mobiliser une action significative, M. Guterres a exhorté la communauté internationale à «accélérer les efforts visant à rendre la justice climatique à ceux qui sont en première ligne de nombreuses crises – sachant qu’ils n’en ont provoqué aucune».
Les pays industrialisés riches sont responsables de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour limiter les dommages causés à la nature et aux sociétés, une réduction rapide des émissions de carbone et une augmentation du soutien financier à l’adaptation en vue d’aider les pays en développement sont indispensables.
La Conférence des nations unies sur les changements climatiques de 2021, connue sous le nom de «COP26», à Glasgow, a décidé de doubler le financement consacré à l’adaptation. La COP27, à Charm el-Cheikh, a décidé de créer un fonds pour les pertes et dommages. Une fois mises en œuvre, ces mesures atténueront, dans une certaine mesure, les souffrances des pays pauvres qui sont en première ligne face à l’incidence du changement climatique.
Le Sommet sur l’ambition climatique vise à débattre de tous ces aspects. Il examinera trois voies d’accélération: l’ambition, la crédibilité et la mise en œuvre, avec des objectifs indicatifs pour les gouvernements, les entreprises, les institutions financières et les villes, entre autres.
Pour ce qui est de l’ambition, les gouvernements devront présenter des plans d’action accélérée en mettant à jour leurs contributions déterminées à l’échelle nationale, en révisant à la hausse les objectifs de zéro émission nette, en concrétisant les financements promis pour les pays en développement et le Fonds vert pour le climat, en mettant en place des plans de transition énergétique et en éliminant progressivement les combustibles fossiles.
Dans le cadre du volet de la crédibilité, les entreprises, les villes, les régions et les institutions financières présenteront des plans de transition, s’engageront en faveur d’une transition juste et procéderont à de réelles réductions d’émissions, au lieu de se contenter d’utiliser des crédits compensatoires de carbone.
Et, dans le cadre du volet mise en œuvre, les dirigeants des gouvernements, des organisations internationales et régionales, des institutions financières, du secteur privé et de la société civile présenteront les partenariats de mise en œuvre existants ou émergents pour accélérer la décarbonisation des secteurs à fortes émissions, notamment l’acier, le ciment, l’agriculture, l’énergie, ainsi que le transport maritime et aérien. Dans ce volet, toutes les parties prenantes devront également s’engager dans des plans visant à assurer la justice climatique en installant des systèmes d’alerte précoce pour tous d’ici à 2027, en augmentant de 50% le financement climatique pour l’adaptation et en activant le fonds pour les pertes et dommages.
Les promesses et engagements issus de ce sommet viendront compléter et soutenir le processus formel de la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de sa convention COP28 qui se tiendra à Dubaï dans le courant de l’année. Le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE), ainsi que d’autres agences des Nations unies soutiennent ces efforts au moyen de partenariats avec des gouvernements et d’autres entités. Les rapports du PNUE sur l’écart en matière d’émissions et d’adaptation, publiés avant les réunions de la COP, fournissent des données utiles aux décideurs politiques. Cette année, deux nouveaux rapports seront publiés à l’approche de la COP de Dubaï.
Les jeunes du monde entier, dont le nombre ne cesse de croître, espèrent bénéficier de possibilités de travail sûres et de qualité ainsi que d’une vie décente. La crise climatique met en péril les espoirs et les aspirations de ces derniers pour un avenir meilleur.
Les défis socio-économiques actuels pourraient encore aggraver la crise si l’appel lancé en faveur d’une action climatique urgente, efficace et durable demeure lettre morte.
Jamil Ahmad est directeur des affaires intergouvernementales au Programme des Nations Unies pour l'environnement.
X: @JamilBAhmad
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com