L'Ukraine redoute des «mois difficiles» après une attaque «massive» russe

Les pompiers éteignent un incendie tandis que des experts de la police recherchent des fragments de missile dans un cratère d'une zone industrielle de la capitale ukrainienne de Kiev, après une attaque massive de missiles contre l'Ukraine le 21 septembre 2023. (Photo, AFP)
Les pompiers éteignent un incendie tandis que des experts de la police recherchent des fragments de missile dans un cratère d'une zone industrielle de la capitale ukrainienne de Kiev, après une attaque massive de missiles contre l'Ukraine le 21 septembre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 21 septembre 2023

L'Ukraine redoute des «mois difficiles» après une attaque «massive» russe

  • Cette nouvelle salve de missiles de croisière russes s'est abattue sur l'Ukraine quelques heures après le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la tribune de l'ONU dans lequel il a fustigé "l'agression criminelle" de Moscou
  • L'arrivée prochaine de la saison froide fait craindre aux autorités ukrainiennes que Moscou ne relance une campagne de frappes pour plonger la population civile dans le noir et le froid, comme à l'hiver 2022

KIEV: L'Ukraine a mis jeudi en garde contre "des mois difficiles à venir" après l'attaque nocturne "massive" russe qui a visé plusieurs villes et fait trois morts à Kherson (sud) et sept blessés à Kiev après des chutes de débris.

Cette nouvelle salve de missiles de croisière russes s'est abattue sur l'Ukraine quelques heures après le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la tribune de l'ONU dans lequel il a fustigé "l'agression criminelle" de Moscou.

L'arrivée prochaine de la saison froide fait craindre aux autorités ukrainiennes que Moscou ne relance une campagne de frappes pour plonger la population civile dans le noir et le froid, comme à l'hiver 2022.

"Des mois difficiles nous attendent: la Russie va continuer d'attaquer les installations énergétiques et essentielles" ukrainiennes, a prévenu le chef adjoint de l'administration présidentielle, Oleksiï Kouleba, accusant les Russes de vouloir "semer la panique et la terreur".

Ce responsable a fustigé sur Telegram "l'attaque massive de missiles" lancée par la Russie dans la nuit: "Des civils, des dortoirs, des stations-service, un hôtel, des infrastructures énergétiques et civiles ont été visés", a-t-il dit.

Pour la première fois en six mois, des installations énergétiques dans l'ouest et le centre du pays ont été endommagées par les frappes russes provoquant des coupures d'électricité dans plusieurs régions, a de son côté indiqué la compagnie énergétique ukrainienne Ukrenergo sur Telegram.

Si Valery Zaloujny, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, s'est lui félicité que ses défenses ont "détruit 36 missiles de croisière" sur un "total" de 43, certains ont réussi à frapper leurs cibles, éparpillées sur une grande partie du territoire ukrainien.

"A Kherson, au milieu de la nuit, l'ennemi a commencé à attaquer des zones résidentielles", a indiqué de son côté le ministre de l'Intérieur, Igor Klymenko, sur Telegram, déplorant "la mort de trois personnes".

"Cinq autres personnes ont été blessées", a-t-il ajouté.

«Effrayant»

La capitale Kiev a également été visée par une attaque. Plus de 20 cibles ont été détruites au- dessus de la ville, a indiqué l'administration militaire. Des éclats de missiles ont fait sept blessés dont une fillette de 9 ans, selon la même source.

Au moment de la frappe dans le quartier de Darnytskiï, dans l'est de la ville, "les fenêtres et les portes ont été soufflées", raconte à l'AFP Maïa Pelioukh. "Une fenêtre m'est tombée dessus", dit-elle, assurant qu'il "n'y a pas de soldats" dans le quartier. "Je ne sais pas pourquoi (les Russes) ont fait ça".

"C'était très effrayant", dit de son côté Daria Kalna, une autre témoin.

Neuf personnes ont également été blessées dans la ville de Tcherkassy, au sud de Kiev, où un hôtel a été touché par un missile, ont annoncé les secouristes ukrainiens sur Telegram, ajoutant que 13 personnes avaient été évacuées du site et "une personne sortie des décombres".

La région de Rivné (nord-ouest) a, elle aussi, été ciblée: "une partie du centre de la région est privée d'électricité", a indiqué Oleksiï Kouleba sur Telegram.

La ville orientale de Kharkiv, près de la frontière russe, a également été bombardée, selon le maire Igor Terekhov, qui a fait état de deux blessés hospitalisés.

Le chef de l'administration militaire régionale, Oleg Synegubov, a dénombré "six frappes (...) spécifiquement dans le district de Slobidskiï". Des infrastructures civiles ont été endommagées, a-t-il dit.

Et la région de Lviv (nord-ouest), très éloignée du front, a elle aussi été frappée, a annoncé le gouverneur, sans donner plus de détails.

Ces attaques ont eu lieu quelques heures après que Moscou a assuré avoir abattu un total de 22 drones ukrainiens en Crimée annexée, au-dessus de la Mer noire ainsi que dans les régions de Belgorod et Orel.

Elles surviennent surtout après que Volodymyr Zelensky a dénoncé à New York, à l'ONU, l'"agression criminelle" de Moscou et "le blocage" de l'instance internationale en raison du droit de veto russe.

Jeudi, le président ukrainien doit rencontrer à Washington des chefs démocrates et républicains pour s'assurer de la poursuite du soutien américain, après plus d'un an et demi d'invasion russe.

Une échéance d'autant plus importante que la Pologne, alliée de la première heure de l'Ukraine, a annoncé la veille qu'elle ne fournissait plus d'armes à Kiev, à un moment-clé de sa contre-offensive qui n'a pour le moment pas permis de reprendre de larges pans de territoires occupés par Moscou.


Le gouvernement britannique choisit Samir Shah pour diriger la BBC

Il est également directeur général de l'ONG One World Media, qui soutient des médias indépendants en particulier dans les pays en développement (Photo, AFP).
Il est également directeur général de l'ONG One World Media, qui soutient des médias indépendants en particulier dans les pays en développement (Photo, AFP).
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  • Né en Inde et arrivé au Royaume-Uni en 1960, Samir Shah dirige actuellement la société de production indépendante Juniper
  • Sa nomination doit désormais être approuvée par les députés

LONDRES: Le gouvernement britannique a recommandé mercredi de nommer à la tête de la BBC Samir Shah, un cadre expérimenté de l'audiovisuel, après la démission de son ancien dirigeant pour conflit d'intérêts.

Épinglé pour un coup de pouce aux finances privées de Boris Johnson, le président de la BBC Richard Sharp avait annoncé sa démission fin avril, secouant une nouvelle fois ce géant de l'audiovisuel public dont l'impartialité est régulièrement mise en cause.

Après quelques mois d'intérim, le gouvernement a rendu public mercredi le nom de son successeur potentiel, Samir Shah, 71 ans, qui travaille dans l'audiovisuel britannique depuis près de 40 ans et a déjà occupé par le passé des postes de responsabilité au sein de la BBC.

Sa nomination doit désormais être approuvée par les députés.

"Sa connaissance de la BBC (...) et son travail considérable pour promouvoir la diversité dans l'audiovisuel seront inestimables pour garantir que la BBC reflète, représente et sert les communautés à travers tout le Royaume-Uni", a déclaré la ministre de la Culture Lucy Frazer.

La BBC s'est également "félicitée" de cette annonce.

Institution incontournable du paysage audiovisuel britannique, cette entreprise a fêté son centenaire en plein doute il y a près d'un an, tourmentée par la concurrence des plateformes payantes et par les menaces qui planent sur son financement public.

Elle cherche actuellement à réaliser 500 millions de livres d'économies (583 millions d'euros) et a récemment fait état de réductions budgétaires pour son programme phare "Newsnight".

"Ce serait un honneur de pouvoir mettre à profit les compétences, l'expérience et la compréhension du service public de radiodiffusion acquises pendant ma carrière pour aider cette brillante organisation", s'est réjoui Samir Shah.

Il sera notamment chargé de négocier avec le gouvernement une augmentation de la redevance, qui constitue la principale source de financement de la BBC.

Les médias britanniques ont récemment rapporté que le Premier ministre Rishi Sunak envisageait de bloquer une augmentation de 9% de la redevance annuelle, qui s'élève actuellement à 159 livres sterling (185 euros) par foyer.

Né en Inde et arrivé au Royaume-Uni en 1960, Samir Shah dirige actuellement la société de production indépendante Juniper. Il est également directeur général de l'ONG One World Media, qui soutient des médias indépendants en particulier dans les pays en développement.

Il a été par le passé responsable des actualités et des programmes politiques à la BBC et un des directeurs non exécutifs de la société entre 2007 et 2010.


L'Iran a lancé une «capsule de vie» dans l'espace

L'Iran a déclaré mercredi avoir envoyé une capsule sur une orbite non divulguée transportant des animaux alors qu'il se prépare à des missions humaines dans les années à venir (Photo, AP).
L'Iran a déclaré mercredi avoir envoyé une capsule sur une orbite non divulguée transportant des animaux alors qu'il se prépare à des missions humaines dans les années à venir (Photo, AP).
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  • L'Iran a connu plusieurs échecs dans le lancement de satellites en raison de problèmes techniques
  • Cette capsule de 500 kg a été transportée par un lanceur de nouvelle génération

PARIS: L'Iran a annoncé mercredi avoir lancé avec succès une "capsule de vie" dans l'espace, nouvelle étape dans l'ambitieux programme aérospatial développé par la République islamique malgré les inquiétudes des pays occidentaux sur ses finalités.

"Après une décennie de pause, la nouvelle capsule de vie de notre pays a été lancée avec succès à 130 km d'altitude par un lanceur fabriqué localement", a déclaré le ministre des Télécommunications Issa Zarepour, cité par l'agence officielle Irna.

Cette capsule de 500 kg a été transportée par un lanceur de nouvelle génération, dénommé "Salman", qui est développé avec l'ambition d'envoyer des astronautes dans l'espace.

L'Iran avait lancé sa première "capsule de vie" en 2010 avec, à son bord, des animaux vivants - un rat, deux tortues et un ver de terre. Il avait ensuite envoyé dans l'espace en 2013 un singe, qui était revenu vivant.

Plusieurs échecs 

L'Iran a connu plusieurs échecs dans le lancement de satellites en raison de problèmes techniques.

Mais le 27 septembre, les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient annoncé avoir placé en orbite un satellite d'imagerie, Nour-3, à 450 km au dessus de la Terre.

Téhéran maintient que ses activités aérospatiales sont pacifiques et conformes à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

Mais les gouvernements occidentaux craignent que ses systèmes de lancement de satellites intègrent des technologies interchangeables avec celles utilisées dans les missiles balistiques capables de livrer une ogive nucléaire, ce que l'Iran a toujours nié vouloir construire.


L'Ukraine face au défi d'un soutien occidental qui se fissure

Une garde d'honneur se tient à côté des tombes de soldats ukrainiens lors de la Journée des forces armées ukrainiennes, au cimetière Lychakiv, dans la ville de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, le 6 décembre 2023 (Photo, AFP).
Une garde d'honneur se tient à côté des tombes de soldats ukrainiens lors de la Journée des forces armées ukrainiennes, au cimetière Lychakiv, dans la ville de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, le 6 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Volodymyr Zelensky devait s'exprimer virtuellement mardi devant le Congrès américain pour tenter de débloquer une nouvelle enveloppe
  • La grande contre-offensive ukrainienne lancée en juin a largement échoué à libérer les territoires occupés dans l'Est et le Sud

PARIS: "Peur d'être lâchée": l'Ukraine, dont la contre-offensive face aux Russes n'a pas donné les résultats escomptés, est prise dans des vents contraires avec une aide américaine en question et une unité européenne chancelante à l'approche d'un Conseil européen décisif la semaine prochaine.

Illustration de la fébrilité ambiante, le président ukrainien Volodymyr Zelensky devait s'exprimer virtuellement mardi devant le Congrès américain pour tenter de débloquer une nouvelle enveloppe financière autant débattue que cruciale pour son pays en guerre. Une intervention finalement annulée à la dernière minute, sans donner de raison.

Le président français Emmanuel Macron recevra, lui, jeudi à l'Elysée le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui semble vouloir faire obstruction sur le soutien à Kiev.

M. Orban a réclamé l'ajournement de deux décisions clés pour l'Ukraine qui doivent être soumises au vote des pays membres de l'Union européenne: l'une relative au soutien budgétaire de 50 milliards d'euros, l'autre sur l'ouverture de négociations d'adhésion à l'UE.

La grande contre-offensive ukrainienne lancée en juin a largement échoué à libérer les territoires occupés dans l'Est et le Sud, questionnant sur la poursuite d'une aide occidentale massive.

Et si des gains ont été enregistrés en mer Noire, permettant à Kiev d'exporter plusieurs tonnes de produits agricoles, la situation militaire sur le front terrestre semble désormais figée, sans véritable solution tactique en vue à court terme. Kiev assure cependant pouvoir gagner si l'aide militaire occidentale se poursuit.

«Gérer Zelensky»

Or "même sous perfusion continue de l'Occident, l'Ukraine manque d'hommes, là où la Russie n'a pas ce problème", souligne auprès de l'AFP un haut responsable militaire européen en poste à l'Otan, constatant que "dans les cycles de formation (dispensée par l'Otan aux soldats ukrainiens, ndlr), ce sont des personnes plus âgées, moins expérimentées qui se présentent désormais".

"Il faut maintenant gérer Zelensky, le faire revenir de sa posture un peu jusqu'au-boutiste. Personne ne dit ça officiellement, mais je pense que c'est quand même un peu ce qui se prépare", commente cette source otanienne.

De source diplomatique française, on s'efforce d'atténuer ces propos en soulignant que l'Ukraine a pour l'heure "un taux de mobilisation très faible" et que du côté de la Russie, "les statistiques sont trafiquées".

Le moral des Ukrainiens s'est certes érodé, las de cette guerre. Mais sur le terrain, le discours des soldats ne change pas.

Bien que la guerre soit très coûteuse, "les Européens ne laisseront jamais tomber l'Ukraine car ils sont conscients que si (Vladimir) Poutine s'empare de l'Ukraine, ce serait un précédent extrêmement dangereux" avec des risques pour les pays baltes et la Pologne, estime en outre Tatiana Kastouéva-Jean, experte à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

La source diplomatique française souligne à cet égard que toutes les raisons ayant conduit à soutenir l'Ukraine, dès le 24 février 2022, restent d'actualité.

"Soutenir l'Ukraine, c'est un enjeu de sécurité pour l'Europe et pour la France", a déclaré cette source à quelques journalistes, ajoutant qu'il fallait aussi "battre en brèche l'idée qu'une crise en chassait une autre", en référence aux craintes des Ukrainiens que la guerre entre Israël et le Hamas ne détourne les Européens du conflit en Ukraine.

«Période à risques»

Il est naturel qu'il y ait des interrogations près de deux ans après le début de cette guerre, observe cette source diplomatique. "Tout le monde comprend qu'on est dans une période à risques mais je ne vois pas de défaitisme à Bruxelles ou à l'Otan".

Pour Tatiana Kastouéva-Jean, il y a néanmoins urgence pour les Européens à faire taire les voix dissonantes telles que celles de la Hongrie au moment où "tout joue en faveur d'un statu quo" sur le plan militaire, et ce, probablement jusqu'aux élections américaines de novembre 2024.

Un signal est d'autant plus souhaitable que sur le plan domestique ukrainien, "des querelles au sein des élites sont apparues", souligne l'experte, en référence notamment à la détérioration des relations entre le présdient Zelensky et le commandant en chef des forces armées Valery Zaloujny.

"Est-ce la fin de l'union sacrée derrière Zelensky ou est-ce juste une parenthèse liée au défi sur le front?", s'interroge-t-elle.

Dans ce contexte, les diplomates français s'efforcent de convaincre leurs partenaires européens et de l'Alliance Atlantique qu'il est également fondamental de poursuivre le soutien à l'Ukraine afin d'envoyer le signal à Vladimir Poutine de "ne pas compter sur l'épuisement du soutien" à Kiev.

Mais pour cela, les Européens doivent aussi accélérer sur la montée en puissance des cadences de leur industrie de la défense et sur l'interopérabilité des équipements.

L'ambassadrice ukrainienne auprès de l'Otan, Nataliia Galibarenko, déplorait récemment que les forces armées en Ukraine utilisaient plus de 200 systèmes différents d'armement.