Les chars américains Abrams bientôt en Ukraine pour soutenir la contre-offensive

Des chars Abrams de l'armée américaine arrivent à la gare de Mockava en Lituanie pour un exercice militaire de l'OTAN, le 5 septembre 2020. (Photo d'archives de l'AFP)
Des chars Abrams de l'armée américaine arrivent à la gare de Mockava en Lituanie pour un exercice militaire de l'OTAN, le 5 septembre 2020. (Photo d'archives de l'AFP)
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Publié le Mardi 19 septembre 2023

Les chars américains Abrams bientôt en Ukraine pour soutenir la contre-offensive

  • Engagées depuis début juin dans une difficile contre-offensive face à des lignes fortifiées russes, les forces ukrainiennes ont accentué leur pression ces deux dernières semaines
  • Selon un haut responsable militaire américain, les premiers chars arriveront dans les prochains jours et le processus sera achevé dans les semaines à venir

BASE AÉRIENNE DE RAMSTEIN, ALLEMAGNE: La contre-offensive ukrainienne "progresse régulièrement" face aux troupes russes et sera bientôt soutenue par l'arrivée sur le terrain des chars lourds Abrams, a assuré mardi le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin à l'ouverture d'une réunion des alliés de l'Ukraine en Allemagne.

Cette 15ème réunion de coordination de l'aide militaire à l'Ukraine, sur la base américaine de Ramstein (sud), rassemble une cinquantaine de pays en présence du nouveau ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, dont le pays réclame plus de moyens pour repousser l'invasion russe.

Engagées depuis début juin dans une difficile contre-offensive face à des lignes fortifiées russes, les forces ukrainiennes ont accentué leur pression ces deux dernières semaines.

Selon Lloyd Austin, la contre-offensive "continue de progresser régulièrement".

M. Austin a également annoncé que les chars américains Abrams promis en début d'année à Kiev "entreront bientôt en Ukraine".

Selon un haut responsable militaire américain, les premiers chars arriveront dans les prochains jours et le processus sera achevé dans les semaines à venir.

Berlin sous pression

Ces chars seront notamment équipés de munitions à uranium appauvri de 120 mm fournies par les Etats-Unis, selon une annonce faite par Washington en septembre. Ces munitions peuvent percer les blindages mais sont controversées en raison des risques toxiques pour les militaires et la population.

Washington avait promis en janvier l'envoi de 31 Abrams au total, des chars lourds qui rejoindront les Challenger 2 livrés par Londres et les Leopard 2 de fabrication allemande.

Fin avril, 230 chars occidentaux avaient été livrés, selon le chef de l'Otan Jens Stoltenberg. Les Ukrainiens ne disposaient auparavant que de chars de conception soviétique.

Les responsables ukrainiens insistent cependant sur l'urgence d'obtenir plus de moyens pour frapper les troupes russes au-delà de la ligne de front et contrôler l'espace aérien.

Après d'intenses discussions, plusieurs pays se sont engagés à livrer des chasseurs F16 de conception américaine, même si ce matériel pose un défi de formation majeur et ne sera pas utilisable avant plusieurs mois pour les premières unités.

Les responsables ukrainiens exhortent aussi depuis plusieurs mois l'Allemagne à livrer des missiles de croisière de longue portée Taurus.

La question n'a pas encore été tranchée, a reconnu lundi le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius, soulignant qu'une "multitude d'aspects politiques, juridiques, militaires et techniques" doivent d'abord être réglés.

Parmi les questions en suspens figure ainsi celle de savoir si ce type d'arme peut être utilisé sans l'appui de soldats de la Bundeswehr. Berlin craint également que les missiles n'atteignent le territoire russe, entraînant une escalade du conflit.

"Ce dont l'Ukraine a le plus besoin", ce sont des munitions, selon le ministre allemand dont le pays a annoncé, à la veille de la réunion, un nouveau paquet d'aide essentiellement militaire de 400 millions d'euros.

Drones russes

Ouvrant la rencontre mardi, Lloyd Austin a insisté sur la nécessité de "poursuivre les efforts pour doter l'Ukraine de systèmes de défense aérienne et d'intercepteurs", alors que le pays est visé quasi quotidiennement par des drones russes.

Une attaque tôt mardi contre Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine et donc à près de 1 000 km du front, a détruit trois entrepôts et fait au moins un mort et un blessé, selon Kiev.

Dans la région de Mykolaïv (sud), dix drones Shahed ont été abattus au cours de la nuit par les défenses aériennes, a déclaré mardi le gouverneur Vitaliy Kim.

La réunion de Ramstein est la première à laquelle participe le nouveau ministre  ukrainien de la Défense Roustem Oumerov, nommé au début du mois en remplacement d'Oleksiï Reznikov.

"Roustem, j'ai hâte de travailler étroitement avec toi et ton équipe, et je sais que c'est le cas de tout le monde ici", a déclaré Lloyd Austin.

Un haut responsable américain de la Défense avait déclaré avant la réunion qu'il s'agissait d'une occasion "d'entendre de la bouche du ministre Oumerov lui-même quelle est sa vision, quelle est sa priorité".

Au total, selon Lloyd Austin, les États-Unis et les partenaires de l'Ukraine ont engagé plus de 76 milliards de dollars en aide directe à la défense de l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe.


Londres et Washington accusent Moscou de tentatives d'ingérence dans la politique britannique

Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, rencontre le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron, au Capitole des États-Unis à Washington, DC, le 6 décembre 2023. (Photo de SAUL LOEB / AFP)
Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, rencontre le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron, au Capitole des États-Unis à Washington, DC, le 6 décembre 2023. (Photo de SAUL LOEB / AFP)
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  • Londres a convoqué l'ambassadeur russe, selon le ministère britannique des Affaires étrangères, tandis que le ministère américain de la Justice a annoncé des poursuites contre deux citoyens russes
  • Aux Etats-Unis, ces tentatives de piratage «ont visé des employés ou anciens employés de la communauté du renseignement, du ministère de la Défense, du département d'Etat, des sous-traitants de la Défense et des infrastructures du ministère de l'Energie»

LONDRES: La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont affirmé jeudi avoir mis au jour des tentatives de cyber-ingérence russe dans la politique britannique, notamment lors des élections de 2019.

Londres a convoqué l'ambassadeur russe, selon le ministère britannique des Affaires étrangères, tandis que le ministère américain de la Justice a annoncé des poursuites contre deux citoyens russes, dont un agent des services de sécurité russes (FSB).

"Les tentatives de la Russie d'interférer dans la politique britannique sont absolument inacceptables et cherchent à menacer nos processus démocratiques", a déclaré le chef de la diplomatie britannique David Cameron, cité dans un communiqué.

"Malgré leurs efforts répétés, elles ont échoué", a-t-il ajouté.

"Si certaines attaques ont abouti à la fuite de documents, les tentatives d'interférer dans la politique britannique et la démocratie n'ont pas été couronnées de succès", selon le ministère, qui affirme que responsables politiques, fonctionnaires, journalistes et ONG ont été visés.

Les autorités judiciaires américaines ont de leur côté rendu publique l'inculpation mardi par un tribunal de San Francisco (ouest) de deux citoyens russes, Ruslan Aleksandrovich Peretyatko, agent du FSB, selon Washington et Londres, et Andreï Stanislavovich Korinets.

Ils sont accusés d'avoir mené "une campagne de piratage des réseaux informatiques des Etats-Unis, du Royaume-Uni d'autres pays de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (Otan) et de l'Ukraine, pour le compte du gouvernement russe", indique le ministère américain de la Justice dans un communiqué.

Ils font chacun l'objet de deux inculpations de piratage informatique, passibles de peines maximales de 5 et 20 ans de prison.

Aux Etats-Unis, ces tentatives de piratage "ont visé des employés ou anciens employés de la communauté du renseignement, du ministère de la Défense, du département d'Etat, des sous-traitants de la Défense et des infrastructures du ministère de l'Energie, au moins entre octobre 2016 et octobre 2022", selon le communiqué.

Unité spécialisée du FSB 

Les deux prévenus appartiennent à un présumé groupe de cyberpirates associé au Centre 18, une unité spécialisée du FSB identifiée comme "Star Blizzard" par Londres ou "groupe Callisto" par Washington.

Ils sont désormais visés par des sanctions britanniques, mais aussi du Trésor américain, et le département d'Etat a annoncé une récompense pouvant aller jusqu'à 10 millions de dollars pour toute information menant à leur localisation et leur arrestation, ainsi que leurs complices.

"Tous deux sont actuellement recherchés par le FBI et présumés se trouver en Russie", a indiqué sous le couvert de l'anonymat à des journalistes un haut responsable la police fédérale américaine (FBI), précisant ne pas s'attendre à ce que Moscou les livre.

"Mais s'ils voyagent dans un pays qui coopère avec le système judiciaire américain, ils courent le risque d'être extradés aux Etats-Unis", a souligné ce responsable.

Un haut responsable du ministère de la Justice a reconnu que la publication de ces poursuites rendait probablement leur arrestation "plus difficile" mais se justifiait par la nécessité de "perturber" les activités des cyberpirates.

Des députés de différents partis politiques au Royaume-Unis ont été visés, via notamment des techniques d'hameçonnage ciblé (spearfishing), depuis 2015 au moins et jusqu'à cette année, selon la diplomatie britannique.

Elle cite notamment le piratage de documents commerciaux américano-britanniques qui avaient fuité avant les élections de 2019.

Londres indique en outre avoir convoqué l'ambassadeur russe "pour exprimer sa profonde préoccupation au sujet des tentatives répétées" d'utiliser internet pour "interférer dans les processus politiques et démocratiques au Royaume-Uni et au-delà".

A la Chambre des Communes, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Leo Docherty a déclaré que "le FSB est derrière une démarche continue d'interférence" dans ces processus.

"Ils ont ciblé des membres de cette chambre" et de celle des Lords, "des fonctionnaires, des journalistes et ONG", a-t-il ajouté.

Un rapport parlementaire publié en juillet 2020 avait accusé le gouvernement d'avoir sérieusement sous-estimé les risques, et l'avait exhorté à enquêter sur de possibles ingérences russes dans la vie politique britannique, notamment pendant la campagne du référendum sur le Brexit en 2016.


GB: Sunak assure que son plan pour envoyer les migrants au Rwanda «va marcher»

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'exprime lors des questions du Premier ministre à la Chambre des communes à Londres, le 6 décembre 2023 (Photo, Reuters).
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'exprime lors des questions du Premier ministre à la Chambre des communes à Londres, le 6 décembre 2023 (Photo, Reuters).
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  • Rishi Sunak a également affirmé qu'il n'autoriserait «aucune cour étrangère à bloquer» les vols en direction du Rwanda
  • La démission mercredi soir de son ministre de l'Immigration Robert Jenrick a encore fait monter la pression sur le chef du gouvernement fragilisé

LONDRES: Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a affirmé jeudi que son projet de loi visant à expulser au Rwanda des migrants illégaux allait "marcher", en plein bras de fer avec l'aile droite de son parti.

"Nous ferons décoller ces avions. Nous dissuaderons les immigrés clandestins de venir ici, et nous arrêterons enfin les bateaux" qui arrivent sur les côtes britanniques en traversant la Manche, a martelé M. Sunak lors d'une conférence de presse à Londres.

La démission mercredi soir de son ministre de l'Immigration Robert Jenrick, au moment même où le projet de loi était présenté devant le Parlement, a encore fait monter la pression sur le chef du gouvernement fragilisé, à quelques mois d'élections législatives pour lesquelles son parti est donné largement perdant.

La nouvelle mouture du texte qui doit être soumis au vote le 12 décembre ne va "pas assez loin", a jugé M. Jenrick, qui veut empêcher tout recours légal contre les expulsions vers le Rwanda.

L'ex ministre britannique de l'Intérieur Suella Braverman, limogée le mois dernier par Rishi Sunak et porte-voix de ces partisans d'une ligne dure contre l'immigration, l'a exhorté jeudi à "changer de cap" et à "modifier ce projet de loi" voué selon elle à l'échec.

Le texte présenté jeudi aux députés, troisième version d'un projet controversé porté initialement par l'ancien Premier ministre Boris Johnson et bloqué à plusieurs reprises par la justice, "répond fondamentalement aux préoccupations de la Cour suprême", a assuré Rishi Sunak.

Les magistrats avaient jugé le projet illégal en l'état le mois dernier, s'inquiétant pour la sécurité des migrants expulsés au Rwanda.

Le gouvernement conservateur tente depuis de sauver son projet, et le nouveau texte doit permettre de ne pas appliquer aux expulsions et aux détentions de migrants certaines sections de la loi britannique sur les droits humains.

«Tenir cette promesse»

Rishi Sunak a également affirmé qu'il n'autoriserait "aucune cour étrangère à bloquer" les vols en direction du Rwanda, et que ce projet mettrait un terme "à la série de recours juridiques qui ont bloqué notre politique pendant bien trop longtemps".

En juin 2022, un premier avion qui devait emmener une poignée de migrants à Kigali avait été annulé à la dernière minute après une injonction d'un juge de la Cour européenne des droits de l'Homme.

"Si la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg choisit d'intervenir contre la volonté expresse de notre Parlement souverain, je ferai ce qu'il faut pour que les vols soient autorisés", a aussi assuré le chef du gouvernement.

"Nos tribunaux ne pourront plus utiliser aucune loi nationale ou internationale, y compris la loi sur les droits de l'homme, pour nous empêcher d'expulser des migrants illégaux", a-t-il assuré.

Quelque 29.700 personnes sont arrivées au Royaume-Uni cette année à bord de petits bateaux, contre 45.700 en 2022.

"Ce projet ne fonctionnera pas et n'arrêtera pas les bateaux", car certaines clauses permettront aux migrants de formuler "toute une série de revendications individuelles" devant les tribunaux pour contester leur expulsion au Rwanda, a affirmé de son côté Suella Braverman sur la BBC.

Pour mener ce projet à son terme, l'ex patronne du Home office plaide pour que Londres se retire de la Convention européenne des droits de l'Homme et autres conventions internationales sur les droits humains.

Le Premier ministre a toutefois estimé que si le Royaume-Uni évinçait "totalement les tribunaux, tout le système s'effondrerait". Le Rwanda en effet a averti qu'il se retirerait du traité bilatéral signé mardi si Londres ne respectait pas le droit international.

Les sondages avant les législatives, attendues d'ici janvier 2025, donnent les conservateurs largement battus par l'opposition travailliste, créditée d'une avance de près de vingt points.

"Nous devons tenir cette promesse clé (d'arrêter les bateaux), c'est ainsi que nous gagnerons les prochaines élections législatives", a insisté Suella Braverman.


Russie: La présidentielle fixée au 17 mars dans l'attente de la candidature de Poutine

Dans le cadre des réformes constitutionnelles orchestrées par Vladimir Poutine, il est éligible pour briguer deux mandats supplémentaires de six ans après l'expiration de son mandat actuel l'année prochaine (Photo, AFP).
Dans le cadre des réformes constitutionnelles orchestrées par Vladimir Poutine, il est éligible pour briguer deux mandats supplémentaires de six ans après l'expiration de son mandat actuel l'année prochaine (Photo, AFP).
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  • A 71 ans, le dirigeant russe, qui a méthodiquement éliminé toute opposition en Russie, a le droit de se présenter en 2024 puis en 2030
  • Les sénateurs du Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe, ont décidé à l'unanimité de «fixer l'élection présidentielle au 17 mars 2024»

MOSCOU: La Russie a officialisé jeudi la date du 17 mars 2024 pour sa prochaine présidentielle, un scrutin pour lequel la candidature et la victoire de Vladimir Poutine, maître incontesté de la Russie depuis près d'un quart de siècle ne font guère de doute.

A 71 ans, le dirigeant russe a le droit, grâce à une réforme constitutionnelle en 2020, de se présenter en 2024 puis en 2030.

Les sénateurs du Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe, ont décidé à l'unanimité de "fixer l'élection présidentielle au 17 mars 2024", peu après le deuxième anniversaire du lancement de l'offensive en Ukraine.

"Cette décision donne pratiquement le coup d'envoi à la campagne présidentielle", s'est félicitée la présidente du Conseil de la Fédération, Valentina Matvienko.

"La tâche la plus importante aujourd'hui est d'assurer un soutien maximal à notre dirigeant Vladimir Poutine" lors du scrutin, a clamé Andreï Tourtchak, secrétaire du Conseil général du parti présidentiel Russie Unie.

Il a ajouté que la présidentielle devait démontrer que la Russie "a confiance en sa force et en sa victoire", ne laissant planer aucun doute quant à la candidature du maître du Kremlin.

Alors que la Russie a revendiqué en septembre 2022 l'annexion de quatre nouvelles régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement (Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia), la présidentielle doit aussi être le "point culminant de la réunification", a estimé Mme Matvienko.

Le scrutin se tiendra aussi à la veille du dixième anniversaire de l'annexion par la Russie en 2014 d'un premier territoire ukrainien, la péninsule de Crimée.